2 heures du mat'. A croire qu'il s'était mis en tête de rattraper ses heures de sommeil pendant les cours aux vus des dernières nuits qu'il venait de passer. Tu m'étonnes qu'au petit matin il tirait une gueule de déterré! Ne pas dormir un minimum d'heures avait ses conséquences. Néanmoins, ce n'était pas les cernes ou autres problèmes mineurs qui l'intéressait pour le moment. Ces derniers temps les évènements louches et inquiétants semblaient se multiplier au sein du pensionnat, ou alors était-ce juste qu'il y faisait plus attention? Quoiqu'il en soit l'épisode « Emma » avait été l'évènement de trop pour qu'il fasse comme si de rien n'était.
Il y avait d'abord eu l'école en elle-même, avec tout ses pensionnaires si particuliers, ensuite Sélène et ses paranoïas plutôt flippantes, et maintenant « ça ». Une gosse perdue en plein milieu des bois, mal en point, et qui s'était volatilisée de nouveau sans laisser de traces. D'un point de vue général, Stan était plutôt du genre nombriliste, qu'on ne vienne pas le faire chier avec les problèmes des autres! Ce n'était sans doute pas sa nature profonde, mais du moins, il s'arrangeait pour qu'on le percevoir ainsi. Pourquoi? Parce qu'il avait beau être grande gueule je m'en foutiste, une fois qu'il était au courant d'un problème, il avait du mal à en faire abstraction, alors ne pas être au courant restait la meilleure solution. Dans le cas présent, non seulement il était au courant, mais en plus il était impliqué!
Il s'était moqué des rumeurs au sujet d'élèves disparaissant mystérieusement, il n'avait pas prit les prémonitions de Sélène tout à fait au sérieux, mais il avait fallut qu'il tombe sur l'un des fantômes de Rédemption. Bordel, ça lui apprendrait à faire des sorties nocturnes à la con! S'il avait suivi sagement les règles comme tout le monde, il n'en serait certainement pas là aujourd'hui.

Là? Mais où ça « là » au juste? Et bien justement...

Longeant les couloirs dans une semi-obscurité le plus silencieusement possible, il avait eu un mal de tout les diables à se préparer sans réveiller ses camarades de chambre. A présent il dévalait les escaliers qui reliait le deuxième étage où se situait les chambres des garçons au premier étage, où se situait celles des filles.
…
Oh, vil garnement! Il va squatter la chambre des filles en pleine nuit! … Même pas! C'est pourtant pas l'idée qui lui a manqué depuis qu'il a posé ses valises à Birdsall, ahah. Hem, bref.
Prenant plus de précautions encore en passant devant la loge du gardien de nuit, c'est finalement dans la bibliothèque du 1er qu'il s'infiltra. Refermant la porte derrière lui en douceur, il s'appuya dos à celle-ci et expira silencieusement.
Bon.
Maintenant qu'il était là, autant y aller franco.
En pleine journée, il était déjà venu y faire des recherches. Il avait d'abord commencé à parler aux autres élèves, cherchant à s'abreuver de nouvelles « rumeurs » sur les mystérieux disparus, ensuite il était venu ici, farfouiller dans l'idée de trouver de vieux albums photos où seraient rassemblés tout les élèves ayant passés par le pensionnat et, si possible, ce qu'ils étaient devenus ensuite.

Pour être totalement sincère, il n'avait aucune idée de ce qu'il cherchait en réalité. Mais comme on le voit souvent dans les films, les trucs les plus intéressants sont les trucs qui sont cachés. Derrière la porte fermée de la salle des archives par exemple! … Qui a dit que c'était ouvert la journée?! Bon, ok, ses plans n'étaient pas les plus géniaux qui soient, mais c'était bien plus « amusant » de cette manière, non? De toute manière, lui, en train de faire des recherches dans la salle des archives. Plus louche que ça tu meurs! Autant demander directement aux profs s'ils enlevaient pas leurs élèves.
… Cette pensée lui avait déjà traversée la tête...
Tout comme celle d'informer Sélène – la première a lui avoir parlé des phénomènes inquiétants du coin – de ses projets. Mais vu l'état mental dans lequel elle était déjà, il avait reporté à plus tard une telle annonce...

C'est donc en se la jouant voleur du dimanche qu'il se pointa devant la salle des archives avec une pince et une tige métallique. S'installant devant la porte close, il entreprit de la déverrouiller façon Mac Giver.
Première tentative, deuxième, troisième.. bordel de merde ! Quand on les voyait faire ça avait l'air tellement facile! Soudain il s'immobilise, fixant la serrure et fronce ses sourcils. Reposant lentement ses ustensiles sur le sol, il se penche lentement en avant et colle son oreille à la porte.

« ... »

C'était une blague?
Toisant de nouveau la porte, il hésite. Il n'avait pas entendu quoi que ce soit, son ouïe n'était pas assez fine pour capter le son d'une respiration de l'autre côté de la porte, mais son don de détection le titillait sérieusement, lui indiquant qu'une personne avec un don se trouvait à proximité. Il n'y avait personne dans la bibliothèque. Il avait vérifié. Mais qu'est-ce que faisait une personne enfermée là-dedans en pleine nuit? Il serait plus prudent de filer et de remettre ses plans foireux à plus tard...

« Hey, y a quelqu'un ?! »

Ah, oui. Stan n'était absolument pas prudent...

Il resta un instant à attendre une réponse. Stan avait un certain don de patience. Malheureusement, il ne l'utilisait pas souvent. Hem. Quoiqu'il en soit, si la personne derrière la porte n'avait rien à faire là, il ne craignait pas grand chose, leur petite infiltration nocturne resterait entre eux. Si c'était un prof ou quelqu'un du genre qui faisait des « heures supplémentaires » - dans la salle des archives, c'est sérieux là? – il se ferait enguirlander une fois de plus. Re-hem. Hey! Et si c'était un couple d'amoureux qui prenait du bon temps dans un coin tranquille...? Dans ce cas, ils avaient des gouts douteux pour leur lieu de rendez-vous! Bon, ok, admettons, y a pas tellement de choix au sein du pensionnat avec toutes ces règles à la con. De toute manière, son sa Détection ne lui indiquait qu'une personne, et dans le cas contraire.. il aurait imaginé ça un peu plus « bruyant »! Ahah.

Il haussa ses sourcils et se tapota le milieu du front en marmonnant.

« Mais que j'suis con.. »

La clé de cette fichue porte devait se trouver quelque part dans le bureau de la bibliothèque! Enfin.. si lui-même n'était pas fermé à clé...
Il se relevait après avoir fourré ses ustensiles de fortune dans la poche arrière de son jean pour aller voir ça lorsqu'il entendit le déclic de la serrure, la poignée s'abaissant alors.
Il sourcilla en apercevant la jeune fille qui lui fit face. Ce n'est pas tellement le fait de tomber sur une petite brunette au fin fond de la salle des archives – quoique, comment elle était arrivée là celle-la?! – que la réplique de cette dernière qui le laissa sans voix avant de se faire claquer la porte au nez. Posant son pouce et son index contre ses paupières closes, il se frotta les yeux. Non mais... il hallucinait? Fallait vraiment qu'il dorme.

Il arqua un sourcil lorsque la porte s'ouvrit de nouveau. La demoiselle semblait ravie de son petit effet en contradiction, remarqua t-il un peu plus tard, avec ses doigts crispés autour du carnet qu'elle tenait contre elle.
Néanmoins cette rencontre pour le moins inattendu lui tira un sourire.

« Dommage, j'aurais bien mangé un morceau. »

Il croisa ses bras sur son torse en toisant la petite demoiselle qui lui faisait la leçon. Elle l'envoyait clairement au lit, ça ne faisait aucun doute! Qu'est-ce qu'il pouvait faire contre ça? Il n'avait plus qu'à retourner sagement se coucher alors... Et puis quoi encore! Si même sa mère – qu'il adorait soit dit en passant – avait un mal de chien à le faire obéir, c'était peine perdu pour la pizzaiolo que voilà!
Se penchant légèrement en avant pour se retrouver juste à son niveau, il lui répondit sur le même ton qu'on emploi généralement avec les enfants.

« Je me suis dis que tu devais avoir peur ici, ce n'est pas très amusant d'être toute seule dans le noir, alors je suis venu te tenir compagnie. Il hausse ses sourcils et fait une petite moue comme s'il avait de la peine pour elle, puis se redresse, affichant un air bien plus enthousiaste. Tu me fais visiter?! »

Aussitôt dit, aussitôt fait! Ne lui laissant pas vraiment le choix, il posa ses deux mains sur ses épaules et lui fit faire demi-tour, la renvoyant vers l'intérieur de la salle des archives. Et referme la porte.
On y voyait pas grand chose là-dedans, heureusement qu'elle avait laissé allumer une lampe dans une des rangées de livres qui composait la salle. Il avait relâché ses épaules pour fermer la porte et dégainait dès à présent une lampe de poche qu'il avait pensé à emporter. Évidemment, lui demander ce qu'elle faisait là titillait sa curiosité, mais il ne fallait pas qu'il oublie pour quoi il était venu. Il avait une sérieuse tendance à la dissipation. Ce n'était pas ses profs qui le contredirait. Même si ce n'est certainement pas le terme qu'ils auraient employé en premier lieu...

« Hm, pas terrible la déco. »

Balayant les rayonnages de son faisceau lumineux, il braqua sa lampe sur Eden – une lampe au faisceau peu puissant, heureusement pour ses yeux – la voyant « vraiment » pour la première fois. Un joli brin de fille. Qui n'avait pas tellement sa place ici.

« Tu ne saurais pas où se trouve les archives sur les anciens élèves? »

S'il y en avait... mais il devait toujours en avoir, non? Si ce n'était pas ici, ce serait ailleurs.

Il baissa sa lampe en la voyant cligner des yeux. A première vue, elle n'aimait pas être traitée comme une gamine. Hey! Qui aimait ça? Stan était exactement le genre de chieur à faire ce qui vous énervait le plus. Pas tout à fait méchant, mais bien souvent pénible. Le lui dire n'était d'aucun effet puisqu'il était déjà parfaitement au courant! Alors il se contenta d'un air innocent et d'un vague haussement d'épaule après son « attaque » visuel.
Braquant la lumière sur un nouvel objectif, il commença à avancer dans les rayons sans trop savoir exactement ce qu'il cherchait. Qu'il tombe pile poil sur un dossier « Les disparus de Rédemption » ce serait vraiment le must, mais bon, faut pas rêver hein.

Léger rire alors qu'il déplace quelques vieux livres plus ou moins poussiéreux. Mademoiselle avait le sens de l'humour, même à deux heures du matin passées!

« Des pickles dans les dossiers de la Guerre Froide... répéta t-il avec un petit sourire amusé. J'espère que c'est toi qui les y a mis, sinon ils ne doivent pas être de la première fraicheur. »

Il remonte son bras devant son visage, étouffant une quinte de toux au creux de son coude en tirant des bouquins tout en haut de l'armoire. Ils n'avaient pas dut être ouvert depuis une décennies ceux-là à voir tout les moutons de poussières qui se mirent à voler dans l'air. De vieilles revues qui devaient dater de l'ouverture du pensionnat. Des nouvelles du monde à l'époque mais rien sur le pensionnat en lui-même. Surement très intéressant historiquement parlant, mais rien qui ne l'intéresse lui.
Il reposa les magasines et agita sa main devant lui pour disperser les dernières poussières qui lui chatouillaient le nez et lui donnait envie d'éternuer. Assez pénible quand on veut être discret.

« Eden.. la fille du pêché originel.. C'est mignon. Il coince la lampe dans la poche de son pantalon, plus ou moins en équilibre, pour avoir les deux mains de libres et déplacer une grosse pile de bouquins. Moi c'est Stan. »

Il repose la pile de livres sur un chariot à roulettes branlant qui semblait aussi vieux que le pensionnat lui-même et lui rendit son sourire en relevant la tête vers elle.

« Et bien, c'est avec plaisir que j'accepte ton aide Eden! Il rit et lui fait un clin d'œil complice avant de replonger dans les bouquins qu'il vient de sortir. J'adore tes blagues pas drôles. »

Il plisse ses yeux, reprenant en main la lampe pour pouvoir décrypter le nom de chaque ouvrage.
Mauvaise pioche une fois de plus, mais il fallait s'y attendre.

« Je cherche tout ce qui... »

Soudain il se tait et se redresse. Il n'avait pas le droit d'être là. Elle non plus. Mais ça ne faisait pas d'elle quelqu'un de « confiance ». Il y avait quelque chose d'anormal qui se passait ici. Le truc, c'est qu'il ne savait pas « quoi » exactement. Il savait juste que plus il en savait, plus ça devenait vicieux et flippant. Qui était au courant de.. quoi? De ce qui se passait ici? Il aimerait bien en être! Ou pas. Quand il y réfléchissait, il n'était pas certain de vouloir connaître toute la vérité à propos de ces « disparitions d'élèves ». Parfois, les films n'avaient rien à envier à la réalité. Ce qui était bien plus effrayant et angoissant. Qui était au courant? Mais surtout, à qui il ne fallait surtout pas en parler?

Il referme le livre qu'il venait d'ouvrir et se tourne vers la jeune fille. Il avait supposé que ce n'était pas ses affaires dans un premier temps, mais finalement, il lui demanderait quant même.

« … Dis moi Eden, qu'est-ce que tu fais ici? »

Effectivement, cette fille était une vraie pipelette. Il sourcilla en l'observant alors qu'un flot ininterrompu de paroles sortait de la bouche de cette bien curieuse nana. Curieuse dans le sens où elle l'intriguait et où il se posait toujours la question de « Qu'est-ce qu'elle fichait enfermée là-dedans?! », pour le reste, ils n'étaient pas assez intime pour s'en rendre encore bien compte.
Quand elle eut fini de déblatérer sur les différentes possibilités du fait qu'il préfère un surnom raccourci à son prénom entier – à noter qu'il ne la détrompa pas dans ses dires, mais ne les confirma pas non plus – il s'installa contre le chariot, s'y asseyant à moitié, sans oser non plus y reposer de tout son poids – on est jamais trop prudent avec ces vieux machins – et la dévisagea songeusement, les bras croisés sur son torse, la laissant terminer son explication des plus foireuses sur la raison de sa présence ici.

« Ok... il fronça légèrement ses sourcils et prit une profonde inspiration tranquille avant de commencer. Alors à mon tour d'émettre des hypothèses. De un, prendre l'air dans la salle des archives? J'aurais encore préféré que tu continues sur ta lancée pizzayolo. De deux, tu es toute seule ici, donc tu n'attends personne. De trois, il est 2h du mat', donc tu espérais vraiment te retrouver seule, et de quatre... il pose son regard sur le carnet qu'elle tenait toujours avant de remonter ses yeux sur les siens. .. Vu comme tu t'y accroches, ça doit avoir un rapport avec ce livre. »

Il se redressa, décroisant ses bras, et s'avance d'un pas, sûr de lui et déterminé, sans pour autant aller plus loin.

« Maintenant dis moi.. qu'est-ce qui m'empêche de te le prendre et de voir par moi-même ce qu'il y a dedans 'que je ne croirais pas' ? »

Il se montrait surement plus agressif que nécessaire, mais ces derniers temps les mauvais coups du sort s'accumulaient. Il y avait ces histoires dérangeantes à propos du pensionnat évidemment, mais aussi des problèmes qui le touchait de plus près.. Mélissandre qui avait fait ressortir des choses cachés bien involontairement, ces médicaments qui faisaient de moins en moins effet.. il commençait à partir un peu en vrille et il n'avait rien trouvé de mieux pour ne pas perdre pied que de se lancer dans cette pseudo-enquête sur des élèves disparus qui ne mènerait certainement à rien.
Il s'en rendit compte après coup et émit un léger soupire las, se frottant le front. Bordel, c'est vrai ça, qu'est-ce qu'il foutait là? Plus ça allait, plus il se le demandait. Plutôt que de se remettre à fouiller, il reporta de nouveau son regard sur la jeune fille.

« Tu sais, en ce moment, j'suis près à croire tout un tas de trucs... »

Il l'observe plus curieusement. C'est vrai que son carnet l'intrigue, mais peut-être que ça n'a rien à voir?

« Est-ce que... ça a un rapport avec.. ton don ? »

Hey, oui tient. Comment elle a fait pour entrer là? La porte devait bien être fermée, ça l'étonnerait beaucoup qu'elle est attendu là pour se faire enfermer dedans! Bon ok, il fourrait un peu son nez là où il n'avait pas à le faire, mais que voulez-vous, il était curieux, têtu et maitrisait bien mal les limites du savoir-vivre. Ou tout du moins n'en tenait pas énormément compte.

Elle a l'air sur les nerfs la jeune fille, il l'a un peu cherché et poussé à bout. Il la quitte du regard pour le poser sur le carnet à ses pieds. Vraiment? Ca ne la dérangeait pas qu'il le lise? Son.. Journal Intime? Non. Elle dit ça sous le coup de la colère, pure provocation, il connait, il en joue beaucoup lorsqu'il se trouve à sa place, bien qu'il évite de se mettre autant à découvert. Si on peut dire. Et s'il le lisait vraiment? Serait-elle toujours aussi convaincu que cela n'avait aucune importance qu'un parfait inconnu dévoile les petits secrets de la gamine de 11ans d'alors?

Il se penche et ramasse le carnet. Oui, il est curieux. Et l'envie d'y jeter un œil fait plus que l'effleurer. Surtout avec ce qu'elle sous-entends. Quels mystères si incroyables ces quelques pages de papier peuvent-elles bien renfermer? Et qui est cette « Elle » qui est partie? Oh, oh, on se croirait dans un roman dont on découvre les secrets petit à petit! Mais tout de même, il y a des limites qu'il sait s'imposer de lui-même. Elle est juste perturbée et elle lui envoie ça à la figure pour.. le faire taire sans doute? Erf, c'est vrai qu'il a tendance à ne pas mâcher ses mots, on lui a déjà fait la remarque, maaaais... bon, que voulez-vous, on ne se refait pas! Surtout si on en a pas la moindre envie, et que ce qu'en dise les autres.. vous vous en fichez. Toujours est-il qu'il reposa le carnet derrière lui, sur le petit chariot.

C'est avec une certaine perplexité emprunte de méfiance qu'il se retourna vers elle. Une minute. Qu'est-ce qu'elle lui disait là? Elle n'était pas au courant? … Bon sang! Enfin quelqu'un de « normale »! Hum, c'était vite dit. Lui qui avait toujours trouvé ça extraordinaire, ces dons qu'une poignée de personnes possédait à travers le monde, s'était retrouvé bien perplexe et abasourdi par le nombre hallucinant de para regroupés ici, à Birdsall! Et tout le monde semblait trouver ça normal. Il y en avait bien sur pas mal qui se posaient des questions, mais tout Rédemption savait que chaque personne en son sein possédait un petit quelque chose de spécial que le commun des mortel ne possède pas. Une caractéristique, un don, un pouvoir, appelé ça comme vous voulez! En même temps, avec les cours spéciaux de M. West, c'était plutôt difficile de passer à côté...

…

Une seconde.

C'est vrai ça, comment ne pouvait-elle pas être au courant? Une nouvelle?! Lui qui s'apprêtait à lui répondre, lui dévoilant tout simplement son don de détection, il referma sa bouche et l'observa d'un nouvel œil.

Une nouvelle venue qui s'enferme dès les premiers jours dans la salle des archives pour lire un vieux journal intime? C'est louche tout ça. Mais.. qu'est-ce que ça pouvait être d'autre?

« Eden.. tu n'es pas de Rédemption, n'est-ce pas ? Il laisse passer une seconde blanc, puis rajoute, avant qu'elle ne se confonde une nouvelle fois dans un blabla d'excuses incohérent. J'ai effectivement un don, celui de déceler le mensonge de la vérité, alors ne mens pas. »

En parlant de mensonge, ça, s'en était un gros! Quoiqu'il aurait put en absorbé un de ce genre! Héhé, c'était ça le truc avec son second don, en fonction de ce qu'il en faisait, la personne en face de lui ne pouvait jamais savoir de quoi il était capable. Après.. si elle lui mentait quant même? Bah, il pouvait toujours tenté le coup, et c'est ce qu'il avait fait!

Elle semblait soudain bien ailleurs alors qu'elle avouait n'avoir rien à faire ici. Bon... et maintenant? Il n'avait pas pensé lui tirer les vers du nez aussi facilement. Est-ce qu'il était content? Il la regarda s'asseoir par terre, sa bonne humeur semblant soudain vaincue par une lassitude latente. Alors non. Il n'était pas tellement content. Disons qu'elle avait juste satisfait une partie de sa curiosité, mais du coup cela levait une multitudes d'autres questions, à commencer par ce qu'elle faisait là? Qu'on s’introduise en douce dans un lycée, c'était pas non plus extraordinaire, mais en règle général c'était pour y retrouver des amis, or elle lui avait dit un peu plus tôt qu'elle n'était là que pour lire son journal. Bizarre comme situation, faut avouer.

« … Disons que martyriser des jeunes filles n'est pas mon passe-temps habituel. »

Il se masse la nuque et pousse un bref soupire. Il fait quelques pas pour la rejoindre et s'accroupit en face d'elle, lui tendant la main pour attraper la sienne et reprends au début.

« Salut, moi c'est Stanislas Skealls. C'est vrai, j'apprécie pas des masses mon prénom entier. Sinon, j'suis en alternance ici, et un glandeur de première. Ravi de te rencontrer Eden Kyles. »

Il rabaisse sa main et finit par s'asseoir en face d'elle.
Son regard se pose sur elle, la scrutant, puis il incline légèrement son visage de côté, réfléchissant.

« Hm.. j'ai effectivement un don, mais ce n'est pas celui de déceler la vérité. »

D'ordinaire on ne parle pas de ces choses-là avec autant de facilité ou de désinvolture. Non, d'habitude, on en parle même pas du tout. Ces capacités si spéciales que possède chaque para est leur secret. Une chose qu'on ne peut confier à personne, car personne ne comprendrait.
Mais ici, ce secret n'en était plus un. Il devait même d'une banalité alarmante. Alors les langues se déliaient plus facilement. Cet endroit n'avait absolument rien de normal.

« Je peux détecter les gens comme moi, comme nous, ceux qui possèdent des dons particuliers. »

Il la dévisage songeusement. Elle avait semblé surprise quand il avait évoqué son don. Elle n'était donc vraiment au courant de rien de ce qui se passait dans ce pensionnat? Il se demanda un peu plus encore ce qu'elle faisait ici. Peut-être un rapport avec cet autre « VIP » que lui qui savait qu'elle se trouvait là?

« Hum. »

Il se relève et retourne au chariot, récupérant le carnet noire avant de revenir s'asseoir en face d'elle, le lui tendant. Léger haussement de sourcils alors qu'il la fixe, bras tendu vers elle.

« Je ne vais pas le lire. Alors on fait la paix? »

Comme il le lui avait dit, harceler et mettre à mal les jeunes filles, ce n'était pas tellement son truc. Il se faisait bien détester parfois, mais c'était plus avec les personnes qu'il n'appréciait pas, ou lorsqu'il le jugeait nécessaire. A la limite, il pouvait trouver amusant de gêner ou d'embarrasser ses camarades – ou même des parfaits inconnus – mais faire de la peine n'était en règle général par quelque chose qu'il faisait volontairement. Même si c'était plus une sorte de.. colère? Qu'il ressentait chez Eden à ce moment. Colère contre quoi exactement? Ça, seule la jeune fille devait le savoir. Elle, et peut-être aussi ce carnet qu'il lui tendait. Mais il venait tout juste de dire qu'il ne le lirait pas.

« On pourra alors peut-être parler de nos 'dons' ensuite. Il marque une pause, puis arque un sourcil, la mine interrogatrice, demandant le plus naturellement et innocemment du monde en adoptant un ton plus léger, comme pour mettre fin au léger malaise qui s'était installé. Penrith? C'est où ça? »