À toute action correspond une réaction égale et opposée. Telles sont les lois de la physique. Mais ce principe s'applique t-il seulement aux sciences ? En ce soir de fête, à l'intérieur du grand hall de Rédemption, Alaric pensa que ce n'était pas le cas. Ce qu'il venait de vivre quelques minutes plus tôt - "l'action" - l'avais privé de toute joie qu'il avait pu avoir avant cela l'avait amené à quitter le bal pour éviter toute autre désagrément. Ou dû moins c'est ce qu'il s'apprêtait à faire avant que son regard ne croise celui de la jeune femme à la chevelure flamboyante - la "réaction". Le souvenirs de leur rencontre tout sauf banale au parc lui revint à l'esprit et c'est tout ce dont il eu besoin pour qu'un sourire vienne de nouveau ce dessiner sur ses lèvres.

Elle s'était immobilisée en le voyant, adossé à un mur. Malgré la distance qui les séparaient, il n'avait aucun mal à voir ses yeux et à lire sur ces derniers les sentiments que sa vue lui inspirait. De la peur mélangée à de la joie. Étrange cocktail mais ce n'en était pas un qui lui était inconnu. Il avait vu la même chose dans le regard de ses parents tellement de fois qu'il ne se souvenait même plus de ce qu'ils avaient pu ressentir à son égard avant. Toutefois, cela ne l'empêchait pas de faire comme si de rien n'était. Comme si cette peur n'était pas là. Car il aimait ses parents malgré tout. Et, bien qu'il n'irait pas jusqu'à dire qu'il aimait la jeune femme, pas dans ce sens là en tout cas, sa compagnie lui était des plus plaisante et il ne voulait pas s'en priver pour si peu.

Alaric reprit sa marche. Toutes traces de précipitation dans ses mouvements disparurent tandis qu'il se dirigeait vers Mélissandre. Sa démarche était calme, posée. Ni trop rapide, ni trop lent. Sa posture était parfaite et la main enfoncée dans la poche de son pantalon lui rajoutait un air décontracté. Toute sa personne irradiait l'élégance et la grâce. Ce n'était à la fois qu'une simple démarche tout en étant bien plus. De ce simple enchaînement de mouvement il arrivait à occuper l'espace autour de lui et à se l'approprié. C'était une démarche de roi, d'une personne possédant le pouvoir, la noblesse, mais aussi de nombreuses responsabilités et qui les porte avec honneur et dignité. Un vrai roi celtique comme aux temps anciens. Alaric, se traduisant par "Roi de tout" en gaélique, prouvait une fois de plus qu'il portait son nom à la perfection.

Il ne tarda pas à arriver devant la jeune femme, non parce qu'il s'était dépêché, mais seulement parce que, inconsciemment ou non, les personnes qui se trouvaient sur son chemin s'étaient écartés pour le laisser passer. Son sourire s'élargit tandis qu'il s'inclinait légèrement dans sa révérence habituelle, se gardant de justesse de porter sa main à la tête à la recherche d'un chapeau qui n'était plus là - il l'avait laissé à l'entrer, en même temps que sa veste. Mais cette fois il ne s'arrêta pas là et prit la main de Mélissandre dans la sienne, l'approchant de sa bouche et déposant un léger baiser dessus avant de la lâcher. Le jeune homme se releva et planta une nouvelle fois son regard dans celui de la rousse.

- Bonsoir ma chère. Je suis surpris de te voir ici, je ne savais pas que tu serais présente à cette soirée. C'est une bonne surprise évidemment.

Ses yeux se détournèrent momentanément du visage de Mélissandre et parcoururent son corps quelques instants. La robe qu'elle portait actuellement, tout en nuance de bleus accompagné de tâches blanches idéalement placés, lui faisait penser à un oiseau exotique - son esprit voulant éviter d'associer cela à un papillon, ce qui l'aurait ramené à l'incident un peu plus tôt qu'il avait eu avec sa cavalière - et lui allait parfaitement. Il n'aurait pas été étonné de voir ce genre de robe à l'une des soirées mondaine qu'organisait souvent son père et où la noblesse d'Angleterre se rassemblait. Le genre de robe qui aurait sans aucun doute plu à sa cousine Alarya bien que le bleu, surtout un bleu aussi clair que celui-ci, ne soit pas vraiment sa couleur préférée. Il retourna son regard aux petits yeux yeux bleus tâché de marrons de la jeune femme.

- Si je puis me permettre, tu es resplendissante ce soir. Cette robe te vas à ravir.

Il se garda de laisser échappé un petit rire. Rien à voir avec la situation actuelle. Il venait juste de penser à ce que donnerait une rencontre entre Mélissandre et Alarya et c'était une idée des plus amusantes. Le caractère des deux jeunes femmes variait du tout au tout et il ne doutait pas que le pouvoir de Mélissandre, sa faculté de lire dans les pensées, irrite quelque peu sa cousine, Alaric aurait payé chère pour assister à une tel rencontre.