Des jours. Cela faisait des jours entiers que Sélène n'avait pas aperçu le moindre élément du futur. Peut-être que c'était la première fois, mais elle avait profondément envie de savoir ce qui allait se produire dans les semaines à venir. On aurait pu croire qu'il ne se passait rien, du coup, mais ce n'était pas le cas, il s'en passait des choses, c'était juste comme si son don avait décidé de la mettre de côté, de ne plus rien lui dire. Pas une envie subite de dessiner un visage, pas de cauchemar et de réveil en pleurs, pas de visions... Ah, si, elle en avait eu, quelques unes, histoire de lui rappeler que son foutu don était toujours bien là, mais c'était toujours tellement obscur et inintéressant que de toutes façons, ça l'agaçait juste. Elle avait dépasser le stade du deuil, de la recherche, de la tristesse, de la dépression, de l'envie de parler. Elle en était simplement au point où il fallait qu'elle fasse quelque chose, c'était devenu vital. Sauf qu'aucun signe ne désirait la pousser à faire le bien, à aider, à sauver, alors elle stagnait dans son univers, sans se gêner pour espionner tout ceux qui sortiraient un peu de l'ordinaire. Même si l'ordinaire était un critère bien malmené à Rédemption.


Pas de nouveaux depuis quelques jours, et pourtant quand certains disparaissaient d'autres arrivaient, parfois en masse, parfois au compte gouttes. Et cette fois, tellement de gens avaient disparu... Pourtant, elle n'avait même pas pu les aider, elle était trop... Egoïste, à ce moment là, pour faire quoi que ce soit qui n'aurait pas tourné autour de sa personne. A présent elle se trouvait seulement stupide. Il y avait sûrement de quoi. Appuyée contre un côté du portail, son extrémité, en pierres dures, elle avait retrouvé son calepin et s'était remise à dessiner. On aurait pu penser qu'elle avait eu un don pour le dessin uniquement du fait que ces sujets étaient presque mystiques, mais ce n'était pas le cas, elle s'en sortait bien, sans ça, et représenter le bâtiments, les arbres, la cour, ne lui avait pas beaucoup posé de problèmes.


Cela faisait peut-être des heures entières qu'elle était là à soigner le moindre détail comme un grand artiste devant un magnifique paysage, elle y prenait tellement d'attention qu'il y avait de quoi se demander si elle n'appréciait pas son sujet, au final. Car après tout... Il faut bien se rappeler que Sélène était particulièrement heureuse de quitter l'appartement, de quitter l'alcoolique qui lui servait de mère, de quitter le fantôme du souvenir de son père. Même si la réalité avait été douloureuse, même si les pertes avaient été fortement plus dures encore, au final, elle était en vie. Chose qui était loin d'être garantie dans le monde « d'avant ». En plus, pour le moment, sa vie était assurée. Certes, elle ne savait pas pour combien de temps, ni ce qu'il se passerait après, mais elle n'avait aucune envie d'y penser, elle s'était déjà fait la promesse de faire la lumière sur toute cette histoire. Malgré tout, il lui fallait un temps pour se reconstruire, elle avait décidé de le prendre maintenant.


Alors elle se fit surprendre par le bruit de pas qui s'approchaient, mais qui ne s'arrêtèrent pas pour elle. Tant mieux. Une silhouette qu'elle ne connaissait pas. Même si... A contre-jour, en observant seulement la taille, la corpulence et la dégaine de la personne, il faut bien l'avouer qu'elle eut un coup au cœur. Ça lui ressemblait. Mais ce n'était pas lui. Elle s'était ancré ça dans la tête, il fallait passer à autre chose, au moins pour le moment. L'adolescente brune s'arrêta seulement de dessiner, observant le nouvel arrivant avec ses valises. Elle aurait parfaitement pu lui crier qu'il devait fuir d'ici, qu'il y risquait sa peau, mais le temps lui avait apprit que parfois, il valait mieux être parmi les gens qui nous ressemblent, même si on y perd peu à peu son âme. Ou au moins l'espoir. L'espoir, c'était d'ailleurs ce qu'elle voulait rendre à tous ces gens, qu'elle croisait tous les jours, mais cela, c'était une toute autre histoire.

« J'en ai bien peur oui. »

Elle n'avait pas pu s'empêcher de répondre à cette question qui ne s'adressait sûrement à personne et qui n'en était peut-être même pas vraiment une. Voir des gens venir de l'extérieur lui rappelait qu'il y avait quelque chose en dehors de tout ça, une vie, une existence, un monde. Que tout ne tournait pas autour de la crainte de disparaître. Et dire que dehors, elle n'aurait jamais pu montrer à qui que ce soit ce dont elle était capable. Alors qu'ici... Il fallait avouer que Rédemption avait des points positif, même si ils se comptaient sur les doigts d'une main. Après tout, la vie serait toujours extrêmement difficile pour les gens comme eux, ici ou ailleurs, autant s'y faire. Pour la première fois depuis ce qui lui semblait être une éternité, elle se mit à sourire, un sourire un peu rêveur, sans malice, sans mystère, sans tentative de charme, peut-être avec de la complicité, mais c'était un sourire qui venait d'ailleurs, du fin fond de son cœur brisé, qui pourtant continuait à scintiller, qui pourtant refuser de disparaître.

Elle observa du coin des yeux le comportement du jeune homme, peut-être un peu surprise. Il fallait avouer que la plupart du temps, quand Sélène disait quelque chose, et que les gens la connaissait un minimum même de « réputation », ils se diraient vite fait bien fait. La paranoïaque. On dit que les enfants ne sont pas gentils entre eux, mais rassurez vous, ça ne va pas mieux en grandissant. Le regard des autres qui se posait sur elle et la jugeait, elle ne le supportait plus, mais il fallait vivre avec, alors elle avait finit par s'y faire. D'un côté, elle avait eu des surnoms bien pire que celui ci, et Dieu sait qu'ils auraient pu revenir si elle avait avoué son passé peu clément à certaines personnes.

« Merci, c'est gentil. J'm'appelle Sélène. »

Elle n'était pas particulièrement sociable. En fait, il l'avait été, beaucoup, petite elle était la gamine qui riait aux éclats et allait parler à n'importe qui au plus grand bonheur de ses parents. Jamais elle ne manquait de dire bonjour, jamais elle n'était impolie. Et puis après elle avait dû l'être, pour des raisons plus professionnelles, et finalement elle s'était forgée une carapace, un peu avant Rédemption, et ça avait continué. Alors maintenant, elle désirait plus que tout redevenir quelqu'un. Prendre un nouveau départ.


Elle s'était remise à dessiner, s'appliquant à faire ressortir les traits harmonieux de l'établissement, et puis elle s'était tentée aux couleurs. C'était la première fois, sans doute pas la dernière. Elle était contente du résultat, elle était persuadée que Rédemption pouvait devenir un endroit... Enfin... Comment dire... Un refuge pour les gens comme eux. Elle en avait la conviction, et c'était plus ou moins en train de devenir sa motivation.

« Je pense qu'il y a du bon ici. Malgré les apparences, c'est ce que j'essaye de montrer, en fait... »

Maladroite avec les mots, elle se remit à sourire en lançant un petit rire, terriblement nerveux. Cela faisait des jours qu'elle n'avait adressé réellement la parole à personne. Se reconstruire, après tout cela. C'était possible, elle était en train de le prouver. Dans son carnet, il y avait tout, y comprit toutes ces pages qu'elle aurait ardemment désiré détruire, arracher, brûler... Mais elle ne le faisait pas, parce qu'il fallait qu'elle affronte. Les visages des personnes les plus chères à son cœur, et des inconnus, toujours des inconnus. Des pages et des pages de visages.. De portraits, souriants ou tristes, d'un autre temps. A présent elle ne dessinait plus pour elle. Mais pour le monde. Pour qu'enfin la paix retombe, avant même que la guerre ne sonne.


Elle aurait pu se mettre à tourner les pages, et peut-être serait-elle tombé sur le portrait du nouvel arrivant. Mais ça aurait été prendre le risque de tomber sur d'autres portraits, parfois trop durs pour être à nouveau détaillés. Œuvres éphémères d'un passé, ou d'un futur particulièrement douloureux à ses yeux. Elle posa le crayon bleu, et s'arrêta de colorier le ciel de son dessin de la même façon qu'elle aurait voulu modifier la réalité, puis elle tourna la tête vers le dénommé Gregory. Elle commençait sérieusement à penser qu'elle avait perdu l'habitude de communiquer avec les gens, au point qu'elle ne savait même pas quoi lui dire. A la place de cela, elle imaginait. Elle se demandait qui il avait pu être, avant, si il était un de ces playboy star du lycée qui passe son temps à se vanter. Elle ne lisait pas dans les gens, mais elle n'arrivait simplement pas à imaginer que ce genre de personnes se retrouvent ici.

« Excuse moi, je suis pas très douée avec les gens. Pas la meilleure première rencontre ici, je pense. »

Elle ferma un œil en continuant de l'observer puis releva les yeux vers le ciel qui s'emplissait doucement de nuages gris clair. Une chance qu'il n'y avait pas de vent, sinon il aurait fait frais. En disant la fin de sa phrase, elle s'était rendue compte que si elle était loin d'être la plus nette ici, elle n'était sans doute pas la pire. Ou du moins elle n'espérait pas être la pire. Malgré tout, elle se força à ne pas divaguer et baissa le regard sur sa page.

« Qu'est-ce qui t'amène à Rédemption, Gregory ? »

Prix de la question qui ne voulait rien dire, et tout à la fois. Peut-être une façon de savoir si il savait ce qu'il se cachait à l'intérieur de ces murs épais. Ceux qui ne savaient pas risquaient beaucoup plus, elle savait de quoi elle parlait. Pensait. Plutôt. En essayant de réfléchir à ce que elle aurait répondu à sa propre question, elle fronça les sourcils et, à nouveau, laissa échapper un court rire nerveux.

« Te sens pas obligé de répondre, c'est super personnel en fait. »

Elle ne croisait pas son regard. Elle avait prit cette habitude de ne pas regarder les gens dans les yeux. Non seulement ils voyaient ça comme une sorte d'affront – chose qu'il fallait éviter lorsqu'on se trouvait entre ces murs – et ça pouvait rapidement attirer des ennuis, ou permettre aux autres de coller une étiquette sur votre visage. De plus, certains regards respiraient tellement la mélancolie, la tristesse et la fatigue face à cette vie qui n'en finissait plus, qu'elle avait déjà l'impression d'avoir des visions de suicide. Malgré tout, pour le peu qu'elle l'avait observé, ça n'avait pas été le cas, tant mieux, sans aucun doute.

En temps normal – et si elle avait été normale... – Sélène lui aurait présenté toutes ses condoléances quant à la mort de son père. Malgré tout, vu la façon dont il avait dit cela, si calmement, elle s'en retint. Même si elle restait tout à fait attentive à ce que disait Gregory, elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'ils avaient cela en commun, un problème avec leur père. Ce n'était peut-être pas la seule chose, vu ce qu'il venait de révéler. Elle fronça légèrement les sourcils en penchant étrangement la tête sur le côté. Si lui aussi pouvait voir le futur, d'une façon indirecte, est-ce qu'il finirait par le voir de façon beaucoup plus directe ? Et par conséquent beaucoup plus effrayante.

« C'est possible effectivement. »

Elle se tut presque pendant une minute, détournant le regard, songeuse. Ces derniers temps, elle ne parlait plus vraiment, alors lui avoir fait un monologue l'avait un peu chamboulée. C'était stupide. Totalement stupide. Ridiculement stupide même, mais c'était vrai. Sans reposer son regard sur le jeune homme, elle reprit doucement.

« Mais il est aussi possible que tout se déclenche ici. Avec de la colère, de la peur, de la joie, de l'amour... »

Elle ferma immédiatement la bouche, se forçant à ne pas s'arrêter sur ce dernier mot. D'ailleurs elle y parvint, et quelque part, elle en fut réellement fière. Malgré tout, elle eut un léger sourire en fermant les yeux une seconde et en expirant plus fort qu'elle ne l'aurait dû. Ça aurait pu être un soupir, ça n'en fut pas un. Secouant doucement la tête, elle se remit à l'observer avec un sourire encourageant. C'était dingue qu'il se mette à la croire comme ça. Mais bon, tant qu'à faire, autant aller au bout des choses, n'est-ce pas ?

« Et certaines ont même deux « dons », je ne pense pas qu'il soit possible d'en avoir encore plus, en tout cas, je ne me suis jamais vraiment posé la question je crois. »

Elle trouvait que la conversation était réellement étrange pour des ados moyens, devant un pensionnat. Cette pensée la fit sourire, même, au fond, la vie normale, c'était bien derrière à présent. Pour certains, ils ne l'avaient même jamais vécue. Alors ça ne leur manquerait pas. Mais Dieu seul savait que cette vie manquait terriblement à Sélène. Malgré le fait qu'elle évitait d'y penser, ou de se prononcer sur le sujet. Prise d'un léger vertige, elle grimaça. Les vertiges, ce n'était pas bon. Pas bon du tout. Elle les avait apprit par cœur, ils annonçaient souvent une vision, ou une très forte nausée. Et dans les deux cas, ça ne l'enchantait pas plus que cela. Parce que oui, elle avait tendance à l'oublier, mais si elle était encore là, c'était bien qu'il y avait une raison. Posant sa main sur son ventre dans un geste qu'elle voulu presque discret, elle secoua à nouveau doucement la tête.

Elle avait quasiment sursauté lorsqu'il avait reprit la parole, et elle s'était retournée vivement vers lui avec un sourire. Un sourire énorme. Un sourire qui remonte le moral et qui fait plaisir à voir. Un sourire qui pourtant, quand on connaissait Sélène, sonnait terriblement faux. Et pourtant, si quelqu'un lui avait dit ça à cette instant, elle aurait répondu : et pourquoi pas ? Oui. Pourquoi ne pas sourire et vivre comme quelqu'un de normal, l'espace de quelques minutes. Si seulement les gens avaient su à quel point Sélène aurait tout donné pour recommencer sa vie. Trop de souffrance. C'était égoïste, purement, mais sachant pertinemment qu'elle ne pourrait pas le faire, alors, elle préférait de loin essayer d'acquérir une vie meilleure. Elle était déterminée. Elle commençait maintenant.

« Ouep ! »

Se redressant, elle se posa sur ses genoux et le fixa dans les yeux pendant un moment en silence. Elle essayait peut-être simplement de déterminer ce qu'il pensait réellement d'elle. Ou alors... Alors elle était en train de se demander si c'était une bonne idée. Oui, mais quoi ? Ah ça...

« En fait... Je dois t'avouer quelque chose, j'ai moi-même un deuxième don. »

Elle avait prit une attitude plus sérieuse, plus sûre d'elle. Même si elle n'en restait pas moins légère pour ne pas l'effrayer, sans pour autant passer pour quelqu'un qui n'en avait rien à faire et à qui ça ne changeait pas la vie. Elle avait juste trouver un juste équilibre entre les deux. C'était cela. Et puis elle se tassa un peu sur elle même en frissonnant. Elle avait un pressentiment étrange, enfin, vous savez, cette impression désagréable que quelqu'un vous observe. Et elle n'aimait pas cela du tout. A nouveau, elle détourna les yeux vers la fenêtre du bureau du Directeur. Rien. Elle était réellement paranoïaque, donc. Ou alors elle pensait simplement qu'il était le seul danger en ces lieux. Même si c'était bien loin d'être le cas. Oui, bien loin...

« Je... »

Elle se remit à observer une énième fois Gregory, et pour une raison inconnue, la vue de ce visage quand même plus rassurant que ses sombres pensées la fit sourire. Encore. Elle devint plus légère, et même... Oui, même, elle pouffa de rire en s'esclaffant :

« Je te ferais bien une démonstration, mais je suis pas encore trop au point dessus alors tu vas te moquer … ! »

Si elle pensait réellement ce qu'elle disait ? Bonne question. Elle n'était sans doute pas sûre elle même, mais aucun doute qu'elle était en train de se former un masque quant à l'inquiétude qui s'était logée dans un coin de sa tête comme la pire des maladies et qui commençait tout doucement à la ronger.

Elle s'était donc mise à regarder Gregory avec un sorte de curiosité étrange, qui la retenait d'utiliser son pouvoir. Peut-être aussi parce qu'elle n'était pas persuadée d'en être capable. Mais au fond elle était calme, un peu absente d'elle même. Calme, et bien. Et elle écoutait sa voix comme si il était en train de la bercer, c'était peut-être un peu ça, après tout. Elle n'en savait rien, ne voulait même pas savoir. Elle voulait ressentir ce que ça faisait d'exister dans le regard des autres. Elle était en train de le percevoir, doucement mais sûrement. Alors elle avait sourit. Gentiment, calmement, amicalement.

« Non, je savais rien de tout ça, j'ai eu l'impression de tomber au milieux de fous. Vraiment. C'en était même réellement flippant, je veux dire. Quand t'as des gens qui se transforme en animaux et d'autres qui deviennent invisibles, tu te demandes dans quel roman t'es tombé tu vois. Même si j'ai jamais vraiment beaucoup lu mais... Tu saisis quoi. Et puis, je dessinais depuis très longtemps, alors on m'a expliqué ce que c'était, enfin, que c'était un don. Sur le coup, j'aurais même pu être vexée, c'était limite si normalement je dessinais pas si bien que ça. Mais il paraît que si. Bah, de toutes façons je deviendrais jamais une artiste, j'en ai pas l'ambition. Mais... Je parle, je parle, et au fond je ne dis pas grand chose d'intéressant. »

Et puis une phrase avait retenue son attention, même si elle s'en était cachée, ce n'était pas son genre de se moquer des autres parce qu'il savait ce que ça faisait. Ils avaient peut-être bien plus en commun qu'elle aurait pu le dire, ou même le supposer. Alors, elle pencha doucement la tête sur le côté et reprit, plus doucement, plus amicalement encore.

« Dis, tu viens d'où ? De quelle ville ? »

Elle aurait même pu lui demander quels souvenirs il en avait et tout cela, mais elle se retint. Ce n'était pas forcément très bon, elle le savait. Malgré tout, c'était plus fort qu'elle de se demander qui il était, si elle pouvait avoir confiance, dans quelle mesure, jusqu'à quel point, si ils pouvaient devenir amis, si ils pouvaient s'entendre, s'allier et s'entraider ? Elle ne savait pas. Sélène avait peur des gens. Peur de ce qu'ils pouvaient lui faire subir. Déjà qu'elle avait été heureuse de quitter sa grande Londres pour un patelin paumé, si elle avait su ce qu'il se passait ici, elle ne serait pas venue. Les clubs douteux des rues malfamées étaient bien moins dangereux, elle n'avait aucun doute là dessus.


Alors elle inspira, et elle cessa de le regarder. Après tout, ça pouvait très bien le mettre mal à l'aise, qu'est-ce qu'elle en savait, elle ? Rien. Elle ne connaissait rien de lui. Si ce n'était son prénom, et... Et son nom. Elle rouvrit son carnet en cherchant le portrait du garçon, évitant les pages noircies par les coups de crayons acharnés qui avaient voulu faire ressortir le sang de ses visions. Tout était en noir et blancs. Et certaines pages étaient abimées. Donc, son portrait. Elle le regarda pendant un moment, c'était peut-être aussi une façon de l'observer sans qu'il se sente oppressé. Parfois, elle se demandait comment avait fonctionné son pouvoir, et pourquoi il devenait ce qu'il devenait. Tout était bien trop compliqué pour une seule personne, même pour un génie, sans doute.