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Eh ? Vous savez ce que c’est que la danse ? C’est un moment ou le corps humain bouge en rythme, se libère pour s’amuser, fait des rencontre, se détends. Mais en vérité, il y a plus que ça. On ne sait même pas pourquoi on danse. On le fait simplement par tradition, par devoir. On le fait sans savoir danser. C’est comme parler sans avoir prononcer un mot. C’est comme manger sans se demander pourquoi on venait de mélanger du ketchup et de la guacamole.

Le bal. Un moment si délicieux. Mais un peu trop … superficiel ? David ne savait pas vraiment quoi penser. D’ailleurs … pourquoi s’était-il inscrit ?! Il ne savait pas danser. Enfin, il savait à une époque. C’est comme s’il avait tout perdu. Un sentiment d’impuissance le parcourait. Un sentiment de lassitude également. Mais en tant que professeur, il devait. Donc il serait présent, d’autant plus que sa cavalière n’allait pas l’attendre indéfiniment.

Il était donc fin près. Mais quelle heure était-il ? Il regarda sa montre. Il marchait dans les couloirs jusqu’au hall. Il accompagnait Sidney ce soir là. Charmante demoiselle surveillante. Il avait du quitter son petit confort, il avait du mettre un costume, il avait du… Il avait du … tout simplement faire des efforts. Il se devait d’être civilisé. Heureusement, les manières qu’il avait du XXe siècle sauvaient la mise. Il devait faire passer une bonne soirée à Sydney même si lui … bref.

Les mains dans les poches, souriant et tout. Il avait, comme d’habitude, une posture imposant et un charisme d’une détente exacerbé. Il était confiant mais à la fois tendue. Mais bordel, pourquoi il va danser ?! Lui ?! Pourquoi il parle ? Pourquoi il mélange du ketchup et de la guacamole ?! Oui, ça serait meilleur avec de la moutarde … Bref ! Il avançait toujours. Il portait un costume à rayures. (Oui oui il a que ça.) et des converses noirs. (Oui, les rouges habituelles sont trop voyantes.) Il arborait un petit sourire. Il tenait dans sa main une petite boite. Le cadeau obligatoire.

Ce n’était pas vraiment son truc d’offrir des cadeaux. Surtout qu’en gros maladroit, il ne savait pas vraiment quoi faire. Donc il avait opté pour un truc simple mais original. Il avait quelques recherches au sujet de cette jeune demoiselle. … Auprès de ses collègues bien sur ! Pour savoir ce qu’elle aimait … Mais personne n’a su répondre. Il était décidément seul. Seul face à cette fatalité. Il devait faire plaisir à Sidney. Mais comment ?

Toujours aussi ponctuel – ironie quand tu nous tiens – Il pressait le pas. Dans sa tête, tout se mélangeait. Ketchup ? Guacamole ? Rooh. David passa devant un miroir et remit ses vêtements correctement, se toisant lui-même à travers son reflet comme si l’impondérable du moment et de la situation présente le rendait nerveux. Il se dirigea ensuite calmement vers le hall. Il l’aperçut, resplendissante. Malgré ça, il avait toujours ce regard préoccupé, comme si son attention était ailleurs. Il … gardait son regard dur.

« Mademoiselle Sidney. Excuse moi, je peux te tutoyer ? »

Il n’aimait pas vouvoyez les gens. Ça les mettait mal à l’aise et lui aussi. Alors il y allait direct. Il lui tendit la petite boîte ou il y avait le cadeau qu’il avait choisi. Un collier. Un collier tout simple. Le pendentif était un petit cadenas parsemé de petite pierres blanches et luisante. Il ne s’était pas ruiné hein. Il avait juste fait un effort. Il arbora un grand sourire.

« J’espère que ça vous plait …~ »

Merde. Il l’avait vouvoyé. Quel idiot. De plus, son sourire paraissait factice. Décidément, il avait juste l’air d’un crétin. Il soupira, comme pour relaxer une certaine pression. Car oui, il avait mal. Vraiment mal. Comme si tout cela lui tordait l’estomac … et le cœur.

Connais tu le gout de vivre ?
Ou rêves tu d’illusions utopiques et infondées ?
La mort t’attends. Elle te prendra.
J’ai beau l’appeler. Elle ne me vois pas.

La jeune demoiselle était aussi charmante que la nuit. Aussi brillante que les étoiles et aussi singulière que la Lune. David se sentait drôle. Sidney l’intimidait un peu, de par sa pureté. Une pureté sans fondements qui laissait dans les yeux de la jeune femme u regard luisant. Elle semblait suivre des lucioles imaginaires éclairant les ténèbres, d’une petite lumière chaude. Son sourire réchauffait son cœur comme un surplus de bienfait. Il avait attendu dans le hall son arrivée à peine quelques minutes. Elle arrivait. Sa nervosité s’amplifiait. Elle n’avait que la démarche perdue et incertaine. Comme un petit chien en liberté, cherchant une laisse. Oui .. glauque la métaphore.

As-tu seulement l’impression d’être perdue ?
Dans ce monde de fous …
Tes souvenirs sont la clé.
Les miens ne sont que malédiction.

Elle semblait aussi stressé que lui. Il en sourit. Il tentait malgré lui de garder une certaine bien séance. En temps normal, il aurait fait le malin, lui aurait pris la main, entrainé en riant, lui tirant les joues en sortant le célèbre : « Oh allez décoince toi ! » Mais là, que pouvait-il faire ? La pauvre semblait tellement gênée qu’il en devenait lui-même paniqué. A peine arrivée, cette délicieuse mademoiselle catastrophe fit tomber son cadeau au sol. Alors doucement, elle se jeta par terre pour le ramasser. Il arqua un sourcil. Elle laissa échapper – encore – un petit « mince ! » qui était tout à fait à craquer. Il se mit à rire, sincèrement, pour tenter de la détendre.

Arrête d’avoir peur.
Concentre toi sur ce que tu as à faire.
C’est ton destin … de vivre.
De vivre aussi libre que sans frayeur.

« Tu es sur que ça va ? »

Sa voix n’était qu’un murmure. Une douceur aussi délicate qu’une sucrerie qui fond dans la bouche. Il s’inquiétait réellement pour cette pauvre créature craintive. Il s’inquiétait vraiment de ne pouvoir la détendre. Il voulait l’aider … vraiment. Même si au fond de lui, il n’avait qu’une envie, c’est partir en courant, et s’endormir sur un canapé, afin de plus entendre son cœur battre. Il prit la main de cette surveillante et lui baisa la main. Il se souvenait que c’est ce qu’il fallait faire à une dame quand on l’accompagne à un bal. Cependant, juste par coutume, ça n’avait aucune signification précise ou encore sentimentale. Juste … pour la forme. Juste .. pour lui écorcher un sourire.

Connais tu le désir ?
Le désir de vivre. Le désir de mourir.
Mais entre les deux, n’y a-t-il rien de plus beau ?
Oui … Il y a rire. Sourire.

« Désolé si je te met mal à l’aise. On est là pour passer une bonne soirée non ? »