♫ There is a child sleeping near his twin ♫

Des couloirs. Marcher. Toujours plus de couloirs. Des personnes regardent. Sans importance, qu’ils pensent ce qu’ils veulent. Pauvres petites choses voyant sans vraiment voir.

♫ The pictures go wild in a rush of wind ♫

Trop de couloirs. Trop de murs et de plafonds. L’architecte de ce bâtiment n’est qu’un fou. Tous les architectes ne sont que des fous. Ils ne comprennent rien aux vrais besoins des hommes. Peu de personne en ont connaissance … Changer.

♫ Why did we go there? What were we thinking? We need to breathe out, I need to break through ♫

Enfin dehors. Du vent. Oui, c’est ainsi que ça devrait être. Semblant de liberté. D’autres personnes le regardent étrangement. Pathétiques êtres vivants enfermé dans leurs propres cages. Ils se croient libre pourtant. Ils ne connaissent rien de la vraie liberté. Changer.

♫ I do want to save my soul now... I don't want to lose control... ♫

Trop. Trop de pensées. L’esprit inondé. Incapable de voir clair. Besoin d’être concentré. Concentré. Quelque chose. N’importe quoi … Rédemption. Non. Plus simple … Quelqu’un … Changer.

♫ Sparkling angel I believe you are my saviour in my time of need ♫

Là. Dans un coin. La personnification de sa lucidité. Tout aussi attirante. Tout aussi fragile. Tous les autres chemins mènent à la folie. Mais le choix reste difficile. Quoi qu’il arrive la folie restera là, prêt à bondir de nouveau et à l’engloutir. Et tôt ou tard elle réussirait. Ne serait-il pas mieux d’abandonner ? Abandonner … Comment l’idée même est-elle arrivée là ? Le choix était d’un coup devenu plus facile.

♫ I am, I will. So no longer will I lay down, lay dead ♫

Alaric s’avança vers la jeune femme d’une démarche lente pleine de détermination et d’une confiance en soi peu commune. Il porta ses mains à ses oreilles et enleva les écouteurs qui s’y trouvait et les rangea dans la poche droite de sa veste noire, là où se trouvait son mp3. Même en plein moi de Novembre, le froid commençant à se faire sentir réellement, il continuait de garder sa veste ouverte, laissant voir une chemise de la même couleur en dessous. Le col de celle-ci était remonté. Plus bas, il portait un simple pantalon tout aussi noir que le reste. Arriver devant la jeune femme, toute de noir vêtu également, les fumées de sa cigarette s’insinuèrent sournoisement dans ses narines, réveillant en lui une envie qu’il n’avait pas ressenti depuis un moment. La raison lui revenait lentement tandis que ses pensées étaient concentrées sur la jeune fille, ignorant tout le reste et leurs lots de folie. Il entama la discussion de sa voix toujours aussi calme et posée même lorsque son esprit était tout sauf cela.

« Bonjour mademoiselle. »

Maintenant qu’il s’était rapproché il remarqua enfin qu’elle était assise sur une valise. Elle devait sûrement être nouvelle ici alors. Impossible de faire machine arrière maintenant. Non pas qu’il en avait envie.

« Vous avez besoin d’aide peut-être ? »

Etrange. Aucune réaction. Aucun sentiment de sentiment d'agacement ni de mépris. Rien. Il avait plus d'une fois été sous l'emprise de ses sentiments lorsque quelqu'un le tutoyait sans qu'ils ne se connaissent. Mais là, rien. Peut-être que cela était dû à sa confusion quelques instants plus tôt. Ou peut-être cela était dû à la jeune femme. Des questions, toujours des questions. Mais jamais aucune réponse. Alors, il fallait se débarrasser de toutes ces questions. Dans les tréfonds de son esprit une flamme s'alluma, toute petite, vacillante, si fragile. Il prit ses interrogations une par une et les brûla. La petite flammèche grossit, se nourrissant de chaque pensée qu'il recevait. Lorsqu'il eu finit ce n'était plus une flamme mais un véritable brasier qui faisait rage dans sa tête. Mais cela ne lui faisait pas de mal. Au contraire, il ne s'en sentait que mieux. Libéré en quelque sorte. Comme un homme perdu en pleine mer trouvant une bouée. Libéré du danger imminent. Mais pas de la peur.

Laisser sans pensées, il ne restait d'Alaric que ses habitudes. Des habitudes apprises après dix-huit ans passées au sein d'une famille de noble. Dix-huit ans à errer dans les soirées mondaines, à "socialiser" avec des gens pour diverses raisons. La majorité d'entre eux se faisaient également appelé "nobles" mais peu d'entre eux l'étaient vraiment. Alaric joint ses pieds et inclina légèrement son buste, gardant sa tête bien droite. Son bras droit vint, d'un mouvement lent et fluide, se placer le long de son corps tandis que son coude se pliait pour que le tout forme un parfait angle droit.

« Alaric Aegis Gwolou Stark, pour vous servir. »

Alaric se redressa avec un sourire aux lèvres. La folie le menaçait plus que jamais de prendre possession de lui, mais le jeune homme se dressait là, les yeux rivé sur la jeune femme, l'agrippant mentalement tandis que la mer se déchaînait tout autour, près à l'emporter au moindre signe de faiblesse. Tout son être était dirigé vers elle. Chacune de ses pensées la concernait. Ses yeux ne la quittait pas une seule seconde et observait chacun de ses mouvements, chaque plissement de sa peau. Il humait les relents de son odeur. Il écoutait sa voix comme un marin écoute les chants d'une sirène. Pourtant, il n'était pas follement tombé amoureux de cette jeune femme qu'il venait de rencontrer. Il n'était pas non plus spécialement attiré par elle, bien qu'elle ne soit pas dépourvue d'arguments dans ce domaine là. Non, il faisait ça pour son propre bien et pour aucune autre raison. Etais-ce si mal de ne pas vouloir perdre le contrôle, de vouloir rester maître de soi-même ?

« Nouvelle ici ? Je vois. Il faut que vous alliez régler votre arrivée au bureau des surveillants. Là-bas ils vous donneront votre emploie du temps ainsi que le numéro de votre chambre. Je me ferais un plaisir de vous accompagner et de vous faire visiter les lieux après cela si vous le souhaitez. »

Il tendit ensuite la main vers la valise de la jeune femme. En bon gentlemen qu'il était il ne pouvait pas en toute conscience la laisser porter sa valise elle-même. Et la laisser lui demander de le faire était aussi hors de question. Cela aurait insinué une négligence de sa part et Alaric était tout sauf négligent. Parfois toutes ces règles et ces manières pouvaient être lourdes, mais il ne lui était jamais venu à l'esprit d'agir différemment. Il était né et avait grandi ainsi. C'était maintenant une part intégrante de lui. S'en défaire serait comme s'amputer d'un membre, mais avec des répercussions psychologiques bien pires.

« Vous voulez que je vous aide à porter votre valise ? Elle paraît lourde et vous avez dû faire un long voyage. »