~ Ils m'entraînent dans l'ombre et m'échappent pour me laisser seule face à la vérité... ~

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♥ ~ Mes yeux s'ouvrent, et je me retrouve ici... Dans cette prairie aux allures de nouveau monde. Pourquoi tout semble s'être arrêté à nouveau? Pourquoi suis je une nouvelle fois amenée à arpenter ce lieu? Une sensation de déjà vu s'empare de mon esprit. L'herbe continue sa danse dans de petites vagues. Je suis là, allongée à plat ventre dans sur un sol humide. Je me relève doucement et observe autour de moi. Un épais brouillard encercle le lieu, et m'empêche de me situer. Je m'assoie et me rends alors compte que la maison est là. Cette veille bâtisse délabrée qui m'appelle et m'attire une nouvelle fois à elle. Je sais qu'elle est le danger et que je ne dois pas y aller... Mais elle semble vouloir me protéger... Je ne peux resister... Je me relève donc et marche en sa direction, sous le ciel si sombre et si bas. Mais plus je marche et plus elle semble loin. Je finit par m'arrêter et par l'observer. Un corbeau se perche sur le toit, il me regarde. C'est mon corbeau... il m'observe fixement avant de s'envoler et de se diriger en ma direction. Je ne bouge pas. A quoi bon? Il ne me fera aucun mal. Mais l'ombre noire finit par s'accroître et par se muer en une silhouette. Une silhouette qui peu à peu se dessine. Elle s'arrête face à moi et c'est alors que je peux la reconnaître. Elle n'est autre que moi, mes cheveux, mon corps, mes yeux, ma peau. Je suis paralysée par son regard froid et son sourire sadique. Je ne peux parler... C'est alors qu'elle tends le bras et que je sens une atroce douleur me torturer de l'intérieur. Son bras pénètre dans ma poitrine et serre violemment mon coeur. Aucun cri ne sort de ma bouche, aucune larme ne coule sur mes joues. Je reste là à la regarder me détruire sans un mot, la bouche entre ouverte. Je finit par fléchir, n'ayant plus aucune force. Me laissant alors tombée sur le sol humide, du sang noir émanant de ma blessure et imprégnant lentement la terre. Mes yeux se referment lentement sur la vision de mon double portant mon coeur dans ses mains avec une expression de plaisir au visage. ~ ♥

Si il ya une chose que je détestais, c'était les cauchemars qui prenaient le contrôle de mon esprit pendant la nuit. Peux être parc que je ne pouvais pas les controler... Ou tout simplement parc qu'il me montrait une vérité que je faisait tout pour ne pas voir... Cette nuit là, le retour à la réalité fut rude. Les battements de mon coeur étaient irréguliers et résonnaient dans mes tempes dans un bruit insoutenable. J'avais chaud, je brûlais de l'intérieur comme de l'extérieur. Je décidais de m'asseoir dans mon lit, en espérant que la douleur s'atténuerait. En silence, j'observais le peu de lumière qui émanait de la fenêtre et qui daignait éclaircir ma chambre. J'appuyais ma tête contre le mur et me plongeais dans la contemplation du ciel étoilé. Celui ci était dégagé et offrait une vue magnifique sur les étoiles. Je ne savais pas quelle heure il était, mais tout m'indiquait qu'il était beaucoup trop tard pour rester éveiller. Sans compter que j'avais cours le lendemain... De toute manière, je n'avais pas le courage de regarder mon réveil. Je savais qu'à la vue de celui ci, je me maudirais de l'avoir regardé.
Une ombre vint alors troubler le ciel. Une ombre noire qui absorbait la lumière et s'approchait dangereusement de la fenêtre. Je plissais les yeux pour l'identifier sans succès. Celle ci me donnait froid dans le dos, et la fatigue n'arrangeait rien à la chose. Malgré tout, je pris le courage de me lever et de m'approcher avec hésitation de la fenêtre, le coeur serré, retenant ma respiration, comme pour mieux percevoir l'ombre. Elle se dessina alors et je put enfin identifier mon corbeau. Un frisson me parcourut. Je me sentais en quelque sorte rassurée que ce soit lui, mais son comportement était tellement semblable à mon rêve que je ne pouvais m'empêcher de ressentir une certaine crainte. Le volatile s'approchait à une telle allure de la vitre que j'avais peur qu'il ne la brise. Heureusement il parvint à prendre équilibre sur le rebord avant que le choc ne se fasse. Il se mit alors à croasser et à taper sur la vitre avec son bec. Génial... Je fis de grand gestes pour qu'ils s'en aille et qu'il ne réveille pas mes compagnes de chambre, mais rien ne semblait le calmer... Sans attendre, j'ouvris la fenêtre en espérant qu'il arrête de s'agiter. Mais au lieu de ça, il s'envola dans la pièce et se positionna devant la porte avant de taper dessus avec insistance. J'avais l'impression que j'allais mourir. Je me précipitais sur lui et l'emprisonnait dans mes bras pour le faire taire avant de lui chuchoter:

- Hey! Calme toi c'est bon je te suis. Laisse moi le temps de m'habiller.

Sans attendre je le déposais sur mon lit avec un signe de main lui indiquant de ne pas bouger. Je ne savais pas si il comprenait, mais apparemment oui. Il se contenta de me regarder prendre mes affaires et me changer. Ce qui, il faut l'avouer me mis un peu mal à l'aise... Ok c'était qu'un oiseau... Mais son regard perçant qui m'observait en train d'enfiler mon jean et mon haut m'incitais presque à lui demander de se retourner. Mais au moment où j'ouvris la bouche, je compris à quel point ma réflexion était stupide... Sans perdre de temps, j'attrapais mon long manteau en laine gris orné d'une capuche à fourrure sombre, ainsi que ma paire de bottes noires en daim et je m'élançais dans le couloir. J'eus à peine ouvert la porte que mon corbeau s'y engagea et se mit à sautiller en direction des escaliers. Je me dépêchais de fermer la porte et je courais alors le plus silencieusement possible jusqu'à lui. Je m'en mordais la lèvre tellement j'avais peur d'être prise une nouvelle fois en flagrant délit... Et en plus avec un animal... J'aurais beau leur expliquer, j'aurais du mal à échapper aux heures de colles. Quoi que se serait mieux que le jardinage... Enfin... Je n'étais pas là pour m'attirer des ennuis.

Je suivis mon compagnon dans les couloirs. Sans vraiment savoir où il m'emmenait. J'avais quand même préférée prendre mon manteau et mes bottes par précaution. Je me serais mal vue en plein mois de novembre, simplement vêtu d'un jean et d'un haut à manches courtes dehors. Et je me rendis vite compte que j'avais bien fait d'avoir eu cette réflexion. En effet, le corbeau m'entraîna dans les cuisines de Rédemption pour que je me retrouve ensuite face à une porte mal fermée. Je ne me posais même pas la question de comment il savait... Il restait un mystère pour moi et parfois il y'a des vérités qu'il ne vaux mieux pas découvrir.

Dehors un vent glacial venait transpercer ma peau et lui infliger une douleur dure à soutenir. Je me dépêchais d'enfiler mes bottes et mon manteau pour ne pas perdre la trace de mon volatile. Celui ci volait à présent. Il se dirigeait vers la forêt, et sans me poser de question, je me mis à le courser en me demandant pourquoi il agissait ainsi. Mon regard se posait exclusivement sur lui et je regardais à peine où je mettais les pieds. Très vite, des arbres vinrent troubler ma vision, et essoufflée, je trébuchais sur une racine, m'écrasant ainsi sur le sol glacial. Sans perdre de temps, je relevais la tête et me rendais compte que mon corbeau avait disparut. Partagée entre la rage et l'épuisement, je n'avais aucune envie de chercher plus loin et je restais là assise, le regard levé dans le ciel, m'exclamant le plus silencieusement possible:

-Reviens ici! Hey! Corbeau!...

Je restais là, inerte en cette nuit de novembre peu commune. Mes yeux scrutaient la cime des arbres de la foret, dans l'espoir d'apercevoir une silhouette briser le sombre ciel. Je ne prenais même pas la peine de me relever, trop occupée à retrouver sa trace. Ce qui ne m'inquiétais n'était pas le fait qu'il est disparut ainsi en me laissant seule dans la foret, non. Ce qui m'inquiétais ce n'était que mon corbeau m'est ainsi réveillée pour m'entraîner dans la foret. Je devais d'ailleurs m'estimer heureuse de n'avoir vu, ni réveillée personne avec la discrétion dont j'avais fait preuve. Autant dire aucune malgré mes efforts. Allez suivre un volatile dans la nuit presque noire, et dans le plus grand des silences. J'étais essoufflée par ma course, et mon seul sens encore à l'affût était ma vue. Mon ouïs étant dérangée par les battements de mon coeur résonnants dans mes tempes, et mon odorat étant perturbé par la douleur du vent glacial sur ma peau et dans mon corps. Même mon touché semblait s'être éteint. Ma peau blanche souffrait de la froideur de la nuit. Mes mains dénudées et plongées dans la terre devenaient froides et douloureuses, mais je ne les sentaient qu'à peine. C'était comme ci j'avais quittée mon corps, et qu'il restait prisonnier et seul dans cette souffrance.
C'est alors qu'une petite voix me ramena à la réalité. Je n'entendis pas sa phrase, n'ayant perçue que mon nom, qui résonna dans ma tête et me glaça le sang. J'allais crier, et comme dans cet esprit de discrétion je décidais de porter mes mains à ma bouche afin de réprimer cette peur, me retournant alors violemment vers l'intéressée avec une mine effrayée. En voyant devant moi cette jeune fille brune, je me sentis rassurée. Mais que me voulais telle? Comment connaissais telle mon nom?... Je ne put réprimer un soupire de soulagement pendant que mes mains retombèrent sur le sol et que je me relevais pour ensuite retirer rapidement les feuilles mortes qui avaient élues domicile sur mon manteau. Je relevais la tête et l'observais en prenant soin de garder mes distances. Je crue d'abord qu'elle était un de ces esprits habitants ma vie, mais son regard était vivant et me prouva alors le contraire. Je la détaillais mal dans cette obscurité, seuls ses yeux brillaient sous la lumière de la lune. Je fronçais les sourcils et tentais de l'identifier en vain. Je ne l'avais jamais vue, et je lui avais encore moins parlée. Il me semblais qu'elle était une élève, mais on ne sait jamais. Peux être était elle de ces personnes qui soufflent mot de tous à leur insu. Je savais qu'elle se doutait de ma question, mais je pris quand même la peine de lui poser.

«Que veux tu?»

Il n'y avait aucune once d'agressivité dans ma question, juste une pointe de fermeté afin de lui montrer que j'attendais des réponses claires. De nombreuses questions se bousculaient dans ma tête, comme son nom, ce qu'elle voulait, qu'est ce qu'elle faisait ici, et surtout, comment elle connaissait mon nom. Je n'étais pas dans l'établissement depuis longtemps, et je n'avais pas parlée à beaucoup de monde depuis mon entrée. La solitude était tellement plus apaisante, tellement simple.
Je sentis la douleur de mes mains remontée alors en moi. Comme ci je venais de retrouver mes sens et la sensation de souffrance. Elles me brûlaient et par réflexe je les portaient aux grandes poches de mon manteau en espérant les réchauffer. Mon regard ne lâchait pour autant pas des yeux la jeune fille. Je me demandais toujours où était partit mon corbeau, mais cette inconnue égayait ma curiosité et je ne pouvais détacher mes yeux d'elle, étudiant chaque réaction, et attendant sa réponse avec impatience, le coeur serrer par une pointe d'inquiétude. Pourquoi avais je cette impression que cette rencontre faisait partie de l'histoire? Comme ci elle avait été écrite...

♥ Apprendre à Aimer ♥

On ne peut vivre dans le monde
qu'avec des illusions ;
~ et dès qu'on a un peu vécu, ~
toutes les illusions s'envolent.
Voltaire




♥

Elle m'avait donc vu mourir... Je ne savais pas quoi répondre. J'avais toujours pensée que ma vie durerais encore quelques années avant de m'échapper. Au moins le temps d'être une autre et de vivre différemment, de vivre heureuse pour ne pas être égarée. Mais peu importe... Je m'étais décidée à l'aider, je voulais l'aider quoi qu'il en coûte. Je n'avais pas peur de la mort, je regrettais simplement qu'elle veuille me reprendre ma vie aussi tôt. J'aurais put essayer de lui échapper et de retarder l'heure, mais non ca n'aurait servis à rien... Il n'y a aucune raison de la fuir, quitte à vivre, je préférais l'affronter.

« Maintenant que tu es là ... Il n'y a plus de raisons de reculer. »

Je ne la connaissais pas, je ne l'avais jamais vue, et pourtant j'allais risquer ma vie pour elle. C'était peux être stupide, je ne savais pas pourquoi je faisais ça mis à part pour la reconnaissance de quelqu'un, pour son amitié, pour la pensée d'avoir aidée quelqu'un, et ainsi me faire pardonner de toutes les âmes que j'ai fait souffrir.

« Je t'aiderais. Même si je met en jeu ma vie. »

Une ombre noire vint troubler l'ambiance étrange qui trônait autour de nous. Mon corbeau. Ses ailes déployées, il apparut et prit place entre moi et Sélène. Un regard de mort, un battement d'aile silencieux, un croassement strident. Il s'approcha de Sélène et l'observa sous toutes les coutures avant de s'envoler sur une branche au dessus de nous. Il ne nous lâchait pas du regard, à la fois intrigué et rassuré. J'étais bouche bée, le fixant. A la fois prise de colère et d'une envie de meurtre pour qu'il m'est abandonné seule dans la forêt, et à la fois prise de frissons pour la façon dont il agissait. Il n'était pas apparut souvent lors de mes interactions avec les autres. Mais quand il l'avait fait, il c'était méfié et les avaient en quelque sortes attaqués. Et là, il était calme, serein, confiant envers elle.
J'aurais aimée pouvoir le comprendre plus que je le pouvais, connaître ses avis, ses pensées, percer le mystère qui l'entourait. Mais je ne parvenais à rien, je restais là à subir ses changements d'humeur avec une réelle impuissance, sans jamais pouvoir lever la main sur lui et l'empêcher d'agir, de peur de le détruire, de me détruire. Car je sentais en lui cette ombre de vie qu'il m'avait pris et qui le liait à moi d'une façon assez étrange.
Serais t-il là pour me protéger de la mort ? Mourrai t il avec moi ? Si vraiment je risquais ma vie, pourquoi me laisserais t il me jeter dans la gueule du loup alors qu'il me protégeait jusqu'à présent ? Je m'embrouillais moi même, mais sa tolérance m'incita à penser que j'avais peux être fait le bon choix en l'aidant malgré tout. Mais c'est alors qu'une question existentielle me traversa l'esprit... *Pourquoi ...

« Je suis peux être un peu trop curieuse... Mais en quoi risquerais je ma vie en t'aidant à entrer en contact avec ton fantôme ? ... »

Tu pourras poser toutes les questions que tu voudras... On pourras à jamais te donner le plaisir de la vérité... Mais jamais tu ne pourras tout connaître...

Ma voix était si faible que Sélène ne parut même pas entendre mes paroles. Elles ne lui étaient de toute manière pas déstinées... Mais la jeune brune semblait prise dans ses pensées... Débitant des mots et des phrases, la plupart du temps, sans aucun lien. Seule elle, devait comprendre ce qu'elle disait... Et encore... Son esprit semblait lui même se brouiller et être perturbé. C'est comme ci elle était absente...
Je la regardais, tentant d'oublier cette partie de moi qui refusait mes choix, et me rabaissait chaque fois davantage... Chaque mot qu'elle prononçait, résonnait dans ma tête et j'avais l'impression de devenir folle à chacune de ses paroles. Je luttais contre elle ... Je luttais contre moi même ... Je ne devais pas l'écouter, l'oublier, la faire disparaître. Elle attendait quelque chose de moi... Mais je ne savais pas quoi... Que cherchait elle à faire ? Voulait elle tout simplement me détruire de l'intérieur ?

Je clignait des yeux en attendant une nouvelle fois la voix de Sélène, celle ci me sortant alors de mes pensées. Je remarquais alors que j'étais là sans bouger dans cette foret, luttant contre le froid de cette nuit de novembre par une immobilité à toute épreuves depuis un bon moment. Mon corbeau nous fixait toujours avec cette même intensité... Il pencha sa tête sur le coté et ses yeux vides plongèrent dans les miens. Un frisson parcourut alors mon corps et m'incita à détourner le regard vers Sélène. Je m'approchais d'elle et lui prenait la main avec un petit sourire timide mais attachant, en espérant la ramener un peu à la réalité et la rassurée sur ma décision. Son regard m'inquiétais et comme pour ne pas qu'elle s'y perde davantage, je lui déclarais :

« Emmènes moi au lieu de sa mort... On aura plus de chances de le retrouver. »

J'évitais de revenir sur le sujet de ma mort, qui apparemment la déstabilisait plus que moi, attendant qu'elle m'entraîne jusqu'à ce lieu qui avait assisté aux derniers instants du surveillant, mais c'est alors qu'un croassement strident et étrange retentit.

Et nous sommes encore tout mêles l'un à l'autre...
Elle à demi vivante...
Et moi mort à demi...
[Victor Hugo]

Mon corbeau pencha dangereusement la tête sur le coté avant de s'immobiliser calmement en reprenant sa position précédente. Une étrange douleur me parcourut alors et me fit arborer une grimace de souffrance. Je jetais rapidement un regard à Sélène avant de reporter mon attention sur le volatile. Ses plumes ébouriffées semblaient plus ou moins abimées... Je ne l'avais pas remarqué jusqu'à maintenant... Peux être était-ce une illusion... Après tout, il faisait nuit noire et j'avais l'impression de ne pas être moi même. Malgré tout, je m'approchais de l'arbre où l'oiseau était perché et je tendais la main en sa direction, ne me préoccupant même plus de Sélène. J'avais cette impression que quelque chose n'allait pas... J'espérais qu'en tendant le bras, il s'approcherait, mais j'étais consciente au fond de moi qu'il ne le ferait pas. Il ne l'avait jamais fait, alors pourquoi aujourd'hui serait différent ?
Quelques secondes passèrent sans qu'il n'est aucune réaction... Mais comme je m'y attendais, il ne s'approcha pas et finit par s'envoler, laissant tomber mollement une de ses plumes sur le sol de la forêt. Je l'attrapais et l'observais, glissant lentement mes doigts sur la petite chose aux reflets bleutées sous la faible lumière de la lune. Une drôle de sensation se fit alors sentir sur mon index... Je relevais le doigt et constatait la présence d'une tache de sang. Mon coeur se serra et une boule au ventre se fit sentir dans mon petit corps.
La plume disparue, laissant l'intérieur de ma main vide. Le sang lui aussi disparut, comme ci il n'avait jamais été là. Je relevais la tête, cherchant mon corbeau du regard. Mais celui ci c'était volatilisé. Je ressentais une certaine peur face à ce qui venait de se passer... J'avais peur que ce soit ce à quoi je pensais... Mes mains tremblèrent légèrement mais je serrais les poings pour ne pas que ça se remarque... Ce n'était pas possible... Il était allé trop loin pour reculer... Je devais renfermer ma douleur au fond de moi comme je l'avais toujours fait et continuer... Je me voilais peux être la face, mais je n'avais pas envie de penser à ça. Sans attendre, je me dirigeais vers Sélène avant de déclarer faiblement:

« Allons y. »

Les dents serrées et le regard absent, je revins à ses cotés avant de rajouter :

« Où pourrais t'on trouver Seth ? »

~ * ~

J'étais là, attendant sa réponse jusqu'à ce que celle ci brise le silence et mes pensées noires. A vrai dire je ne savais pas vraiment quoi faire. Je me sentais inutile d'être là, immobile, ne pensant qu'à moi avec mon besoin affectif, mon envie d'être acceptée dans un monde qui semblait m'avoir toujours rejetée. Je pris place face à elle comme pour l'empêcher de s'en aller, pour lui dire que je trouverais, que je parviendrais à l'aider. Mais elle prononça alors ces mots ... Ces mots qui résonnèrent dans ma tête et me firent prendre conscience que je ne pouvais pas l'aider sans rencontrer Seth. Celui ci n'étant pas même présent. Pourtant c'était lui qui l'avait guidée jusqu'à moi ... Alors qu'attendais t il exactement de moi ? Qu'étais je censée faire ? Je baissais les yeux, observant le sol glacé sous mes pieds, mes mains plongées dans mes douces poches qui ne semblaient pas réussir protéger ma peau du froid. J'attendais désespérément que quelque chose vienne avec moi, que ce soit des réponses, que ce soit lui ...

« Je me sens vraiment inutile de ne pas pouvoir t'aider ... »

Une étrange sensation s'empara de la forêt. Comme ci nous n'étions plus seules, comme ci notre appel avait été entendue. Mes mains, faiblement couvertes se frigorifière comme sous une brise du nord, et tout mon corps fut parcourut de frissons. Je levait les yeux, espérant que ce soit lui, qu'il est entendu le désarroi de Sélène, son envie de le voir. Mais au moment où je découvrais lentement l'origine de ce mal qui c'était emparé quelque secondes de mon corps, je ressentis de l'appréhension face à ce que j'allais voir. Le pire étaient les meurtres, car contrairement aux suicides où aux accidents, ils résultaient de la haine et de la colère. Je ne savais pas encore qu'elles étaient les conditions de sa mort jusqu'à ce que je pose mes yeux sur lui. Une vague de joie me parcourut jusqu'à ce que l'horreur prenne part de moi et me face reculer de deux pas. Il était si proche d'elle, son âme effleurant le corps de la jeune fille sans pour autant vouloir pousser les interdits. Je restais muette, observant la scène sans savoir quoi dire. Il y'avait cette étrange atmosphère, si prenante qui m'effrayait. Sa puissance était aussi grande ? Sa peine était elle aussi puissante ? Je remarquais alors la présence de nombreuses âmes plus en arrière, cachées dans les bois, nous observant avec intérêt. Pourquoi autant ? ... Je ne put observer tous les visages, reprenant mes esprits au son de sa voix. Sa voix fantomatique qui me serra le coeur et qui me brisa de l'intérieur.

« Comme eux ... »

Je le détaillais, avec cette peine sur mon visage. Tous ce sang indélébile qui avait coulé sur son corps, ses vêtements dans le seul but d'encrer à jamais la souffrance qu'il avait dut ressentir au moment de sa mort. Et cette plaie béante qui remplaçait son coeur ... Ce ne pouvais être qu'un meurtre... Je ressentais la haine couler de sa blessure et s'emparer de son corps. Je ne pouvais plus rien dire, puis je me résignait à penser à moi pour enfin prononcer ces paroles incohérentes en fermant les yeux

« Ils ... Ils sont plusieurs et ... Seth dit que nous sommes en danger ... Qu'il faut fuir... »

J'obéissais à ses souhaits mais me sentait toujours aussi perdue dans ce qu'il disait. En danger ? Il n'avait pas dit elle, mais vous ... Comme ci en acceptant de les aider tous les deux, j'allais en subir les conséquences ... J'ouvrais alors les yeux pour observer Sélène

« De quel danger il parle ? ... »

J'avais du mal à croire à ce danger. Comme toujours mon envie d'être heureuse me voilait la vérité et semblait s'efforcer à me protéger tout en me mettant en danger. C'est alors qu' une ombre noire apparut d'entre les arbres et vint se poser sur l'épaule de Seth. Je reconnus là mon corbeau ... Il était revenu... attiré par toutes ses âmes égarés dont il avait fait partie avant que je ne le rencontre, et dont il ferait sans doute partie quand je ne serais plus là ... Je fut surprise de le voir sur son épaule, sur l'épaule de cet être intouchable, irréel, insaisissable. J'avais envie de m'approcher, mais je ne put me résigner à le faire, attendant des réponses comme une enfants perdue ... La lumière de ma folie qui aveuglait la sombre vérité, semblant s'éteindre peu à peu sans que je ne le veuille ...

~ * ~

Je serai donc une âme perdue ? Comme toutes celles qui avaient fait de ma vie un cauchemar, qui m'avaient privés du doux mensonge sur ma mère et qui m'avaient séparés de la plus belle chose qui me soit arrivée dans toute mon existence, la seule personne en qui j'avais put avoir confiance et que j'aurais accompagnée les yeux fermés n'importe où. Ma confiance en lui était telle que je m'en voulais encore d'avoir été ce que je suis, d'être née ainsi, d'avoir tentée de contrôlé ce pouvoir aux allures de torture plus que de don. Il m'accordait sa confiance, il croyait en moi en ce que j'étais, mais je n'étais pas digne de l'accepter, alors pourquoi tisserais je à présent des liens avec cet âme devant moi... Je le laissais approché sans vraiment oser faire de gestes, mes yeux observant sa chemise à la couleur si pure, tachée et souillée par ce rouge agressif et empli de douleur. Je ne le regardais pas dans les yeux, comme je l'avais toujours fait. Je ne devais pas croiser leurs regards perdues et céder à cette tentation qui m'avait fait perdre tellement.

Ses mots résonnaient dans ma tête et me brouillaient l'esprit dans un halo de pensées négatifs qui prenaient part de mon esprit et m'empêchait de réfléchir, de penser, de ressentir, de faire. Je finis par me reculer, étrangement dérangée par ce qu'il dégageait et ce qui venait toucher à une chose bien trop dangereuse pour que je lui en face cadeau. Un pas en arrière, léger et silencieux avant de murmurer dans le souffle du vent pour que seul lui puisse entendre.

« Je t'écoutes Seth ... Je suis là pour l'aider, alors je le ferais ... »

Je n'avais qu'une seule envie, c'était de disparaître, de revenir en arrière et de préféré ignorer toutes les tentatives de mon corbeau pour m'amener à l'extérieur. J'avais froid, j'étais brisée, perdue, j'avais peur de ne pas pouvoir arriver au but que je m'étais fixé en acceptant la vie et en refusant ce qui aurait sans doute soulagé mon existence. Que devais je faire ? Vivre avec cet espoir sans cesse détruit ou me laisser aller dans le chemin qu'avait tracé ma vie pour y découvrir sans doute, une issue à cette fin qui me poursuivait et semblait me rattraper sans cesse. Si seulement je ne ressentais pas cette culpabilité pour ma mère, pour avoir fait d'elle ce qu'elle était, pour l'avoir emprisonnée dans un corps pourrissant, si seulement je n'éprouvait pas cette haine pour mon père, ce vide et cet amour réfréné pour Ty.



« Dis moi ce que tu attends de moi exactement ... Tu voudrais qu'elle fuis, pour se protéger ? »

Je n'étais qu'une messagère, qu'un élément qui raccroche les deux parties de l'histoire, les deux grands moments de l'existence, la vie, et la mort. Tout restait flou dans ma tête, des questions se bousculaient encore au fond de moi, des questions que je n'osais poser, sachant que les acteurs de l'histoire étaient eux et que je devais me contenter de répondre à leurs attentes. Plus vite j'aurais accomplie ma tache, et plus vite je pourrais n'afférer à sauver mon âme déjà en phase de se perdre dans les profondeurs du désespoir.

« Contre qui vous battez vous ? ... »

~ * ~

Les lumières m'appelaient comme une douce veilleuse nocturne qui chasse les mauvais rêves enfantins.

♥



- Elle est bizarre non ? ...
- Regarde pourquoi elle nous regarde comme ca ?
- Elle va peut être nous tuer ...
- Ah mais arrêtes ! Elle me fou deja les chocottes !
- Ouais non mais moi ça me donne des frissons là ... Venez on s'en va.
- Ouais ta raison ... brrr ...

Ce matin un flocon de neige est tombé sur la vitre de la maison. Il était si beau ... J'arrivais à voir tout les détails de son petit corps. Si petit, et si artistique avec ses petits bras frigides qui apellent le ciel et fondent doucement contre la chaleur de la douce paroie vitrée. Je sais pas pourquoi, mais j'étais comme hypnotisée par cette merveille tombée du ciel et redevenant ce rien qu'il avait été. C'est sans doute stupide ... Ouais je crois que je suis stupide ... Ca craint si je commence à m'ermeveiller devant un flocon de neige.

- Dis pas ça.