Une soirée pour semer le trouble ? - Bal d'Halloween [Dorian]

Au réveille ce matin-là, j'avais une étrange sensation. La nuit avait été pire que mauvaise à causes des enfants du voisinage qui ne dormaient pas, trop excités pas la fête du lendemain. De toute évidence, du moins à en juger par leur pensées, aujourd'hui se trouvait être la fameuse fête d'Halloween. Fête qui trouvait ses racines bien loin pour des raisons tout autres à mon avis que le simple plaisir d'avoir peur en mangeant des friandises trop sucrées pour atteindre les 85 ans. Enfin là, c'était mon point de vue et il faut dire que très peu le partage. En admettant qu'il y en ait.
Un vague souvenir me prenait alors que j'étais encore emmitouflée dans mes multiples draps, plaids et autres couvertures en tout genre et de couleurs et motifs divers. Oui, j'étais frileuse. Mais là n'était pas la question. Je disais donc que quelque chose me perturbais. Il me semblait que j'étais censée faire quelque chose aujourd'hui précisément. Mais je me mélangeais souvent dans mes pensées et oubliais pas mal de trucs plus ou moins important. Du style... nourire Goliath le poisson rouge ou me rendre chez le médecin pour la visite annuelle.

Je me levais donc pour me diriger vers mon bureau. Ou plutôt bordel. Une multitude d'objets recouvraient le bois foncé. Pour atteindre mon vieux carnet de note, je dû poser quelques piles de papier au sol, pousser mes dés et cartes à jouer, jeter quelques babioles et écarter stylo, post-it livres et lettres. Finalement j'arrivais sur mon carnet noire aux pages jaunies. Des bouts de feuilles colorés dépassaient de la couverture. Des photos souvenirs aussi. Des fleurs séchées. Arrivée à la dernière page, une fine écriture émeraude disait exactement : « Fête d'Halloween à Rédemption. Dorian doit te faire passer le portail. Ce soir à 21heure. Vas-y, imbécile ! »

Alors je après une douche et un brossage de cheveux intense, j'allumais la musique sur un vieil air de blues dont l'identité de l'artiste m'échappait. J'ouvrais la malle poussiéreuse des costumes de famille et plongeais mes yeux et mes mains à l'intérieur. Après plusieurs essayages face à un miroir abimé, je me décidais pour un loup blanc d'un autre temps et une cape noir à capuchon me couvrant tout le corps, tenue par une ancienne broche dorée. Ainsi, sans être explicite, mon costume inspirera le mystère. Effet recherché. Je le déposais sur mon lit, attendant le soir pour le revêtir.

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Je retournais donc chez moi sans me presser après une journée à la boutique. A ma montre, il était l'heure de partir. Tant pis, je serais en retard de quelques minutes. Je mettais donc mon costume noir et attachais mon loup et me dirigeais en silence vers Rédemption dans la nuit d'Halloween.

Face au portail, je lançais un murmure poussé à l'aveugle tout en abaissant mon capuchon :

« Dorian ! T'es là ? »

On lui avait dit que ça allait être super. On lui avait dit que ça lui allait comme un gant. On lui avait dit de venir et de s'amuser, mais on ne lui avait pas dit qu'il pouvait passer une soirée des plus monotone pour halloween. Il fallait qu'il se bouge un peu. Maintenant, c'était trop tard pour reculer, de plus qu'il avait une invitée qui devait l'attendre...enfin, une invitée ! C'est vite dit ! Disons qu'elle c'était invitée, Dorian allait jus ter servir de 'passeur'. Tel était ça mission pour ce soir...mais seulement ! Il devait assumer ce déguisement qu'une amie lui avait conseillée pour l'occasion.

Dans le reflet du miroir, Dorian n'existait plus. Il avait donné ça place à une sorte d'esprit. Un esprit qui revenait des profondeurs des océans pour hanter cette soirée. La peau légèrement pâle, laissant apparaître par endroit quelques veines bleutée - légèrement violacée même - qui progressait en petit ramification par-ci et là du visage. Les lèvres imitaient tout aussi bien un manque d'oxygène. Quant aux yeux, ils étaient opaques, c'était le petit détails à ne pas manquer d'après la maquilleuse en herbe. Et c'était bien vrai. Ensuite, vint l'accoutrement. Un chemisier blanc assez large pour le haut, col en 'V', humidifier à l'eau pour un rendu plus réaliste. Un rendu tout aussi utile pour le pantalon marron en lin assez large, tellement large qu'une ceinture en corde le retenait à la taille du jeune Peysonn. Au pied ? Une paire de sur-botte qui accentuait un peu plus le côté du 'pirate' du déguisement. Des sur-bottes de cuir usée, craquelée, assortit au pantalon dont le bas avait été insérer à l'intérieur des bottes pour dévoiler entièrement ses dernières. Les cheveux, eux aussi n'avait pas été exclu du déguisement. Dorian n'avait pas eu besoins de la moindre perruque, il fallait juste les humidifier et leur donné cette aspect de cheveux mouiller, des cheveux alourdit par l'eau. La transformation allait bientôt se terminer, mais il manquait un accessoire pour justifier l'histoire de cet esprit pirate noyé. Des chaînes aux pieds, des chaînes et un boulet qui n'était pas aussi lourd qu'il n'en avait l'air. Puis à la taille, en plus de la ceinture en corde, un étui de sabre vide. Voilà, la chose qui allait remplacer Dorian le temps d'une soirée. Il avait beau de regarder dans tout les sens, il ne parvenait à se reconnaître.

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Dorian traversa le couloir dans cet état, tenant dans sa main le boulet en résine. Mais que fait son amie avec tout ça dans ses valises ? Bref ! Il accéléra le pas, lorsqu'il sentit le regard de quelques inconnues se figer brièvement sur lui. Le bruit des chaînes métalliques qui s'entrechoquaient à chaque pas, ne faisait que donner un rythme à l'avancer du jeune homme. Il arriva enfin dans le hall qu'il traversa en moins de deux pour se retrouver dans la cour. Dans l'obscurité de la nuit, il avança prés du portail, jetant quelques regards furtifs derrière lui. Personne, et bien que cela dur !

Il longea le mur, jusqu'à ce que les mauvaises herbes l'envahissent, et jusqu'à ce qu'un vieux grillage apparaît. Ce chemin était bien plus périlleux avec des chaînes aux pieds. Dorian chercha aveuglement la faille dans le grillage. Pas-ici, pas là non plus...Là ! Juste là ! Dorian passa à travers, manquant d'accrocher le dos de son chemisier humide. Une fois de plus, il c'était retrouvé en dehors de Rédemption, mais cette fois l'instant de liberté allait être plus bref. Juste le temps de récupérer une connaissance. Celle qui venait tout juste de se manifester.

Dorian s'approcha discrètement de ses côtés et lui chuchota brusquement;
- Ici ! Fit-il, espérant avoir le droit à un petit sursaut de la part de Melissandre.

J'entendais des pensées se rapprocher, accompagnée de bruissements d'herbe. Quelqu'un arrivait et je priais pour que ce soit Dorian. Je regardais aussi loin devant moi que le pouvais ma visibilité. Seulement, je ne m'attendais pas à ce que cette personne se retrouverait derrière moi. Je me retournais aussitôt et un cri voulu s'échapper de mes lèvres, mais je le retins en plaquant mes mains sur ma bouche. Surprenant. Mais je ne savais pas dire si c'était le déguisement ou la manifestation qui me fit plus d'effet que l'autre. En tout cas, le costume de Dorian semblait réussis. Je dis "semblait" car avec une lumière si pâle et si lointaine nous provenant de la pleine lune, il n'était pas évident de le juger immédiatement.

« Idiot ! » lançais-je en riant.

Je le regardais d'un œil enfantin et pétillant, essayant accommoder davantage mes yeux à la nuit pour trouver ce que représentait son costume. Rien ne me vint à l'idée si ce n'était le basique fantôme de part son boulet et sa pâleur inhabituelle. Ses pensées ne m'en disaient pas plus. Mon seul moyen d'assouvir ma curiosité sans le vexer était d'attendre d'être mieux éclairée.

« Tu vas bien, apparemment... On y va ? »

Apparemment, car je ne trouvais pas de pensées négatives dans son esprit. Il me semblait qu'il était au courant de mon pouvoir, alors faire plus de précision paraissait inutile. Je me rapprochais un peu plus du portail en cherchant comment il avait pu sortir. Le secouer ne me faisait pas avancer. Alors je me retournais vers Dorian, entendant de l'aide de sa part. J'étais déçu de ne pas avoir trouvé seule. Mais peut-importait, le tout était de me retrouver à l'intérieur. Et de préférence, en gardant Dorian à mes côtés. Oui, car je n'étais pas venue seulement pour jouer les invités mystère, mais aussi pour passer une bonne soirée. Aussi et surtout. Et je comptais bien la passer en compagnie de Dorian, du moins pour un temps. Je l'aimais bien, ce type. Sa façon de se comporter me faisait rire. Il était tout le temps dans l'ombre des autres. Toujours très posé, très en retrait, très discret. Mais lorsque l'on se concentrait sur lui et uniquement sur lui, s'en ressortait des qualités bien sympathiques. C'est un garçon tout ce qu'il y avait de plus gentil. Et si je ne pouvais pas le compter lui comme faisant partie de mes amis, alors personne ne pourrait être pris comme tel.

Dorian libéra un rire assez bref. Amusé par la façon dont Melissandre tentait de découvrir la manière que Dorian avait usé pour la rejoindre ici-même. Il profita pour détailler, malgré l'obscurité, l'accoutrement de la rouquine pour cette soirée. Il n'y avait rien à redire sur le costume, il semblerait que le spécialiste des bouquins ait optée pour quelque chose de...mystérieux ? Cela était tout aussi angoissant, surtout pour ceux qui ignoreront l'identité de celle qui se cache sous ses vêtements.

- Désolé de te décevoir, mais l'entrée des artistes c'est pas pour ce soir ! C'est par-ici !
Dorian aurait pu laisser Melissandre chercher, juste quelques minutes supplémentaires, mais ce ne fut pas le cas. Le jeune Peysonn n'était pas taquin à ce point-là, de plus qu'il ne voulait s'attarder devant le portail. Alors, il invita son amie à le suivre. Il reprit le chemin, celui où il fallait longer le mur, jusqu'à ce que le grillage prenne le relai. Quelques secondes d'attente et Dorian dévoilà l'entrée. Il fit passer Melissandre en première, veillant à ce que son costume ne s'accroche pas lors du passage, et puis vint son tour.

- Bienvenue à Rédemption ! Lança Dorian, légèrement ironique dans ses paroles. Il invita Melissandre à le suivre de nouveau. Enjamba les mauvaises herbes jusqu'à retomber dans la cour, quelques mètres devant - ou derrière - le portail. Les bruit de pas sur le gravier, c'était l'unique sons qui résonnait à l'extérieur. Il monta l'escalier qui menait à la porte principal, il abaissa la poignée et laissa passer Melissandre en première afin qu'elle découvre par elle-même l'ambiance du Hall pour cette soirée. Un hall décoré à l'occasion. Un fond sonore résonnait, la fête avait commencé. Ils étaient arrivée juste à temps.

- T'y voilà ! En espérant que tu ne le regrettes pas ! Fit Dorian avec un grand sourire lorsqu'il entra à son tour dans le hall, refermant la porte derrière lui. Il jeta un regard sur le costume de Melissandre, enfin il pouvait en avoir un meilleur aperçut. C'était toujours aussi intriguant. Alors, comme ça, tu n'as jamais mis les pieds ici ? Demanda Dorian, considérant cela comme une chance presque...mais aussi comme quelque chose d'étranges. Comment avait-elle pu échapper à cela en ayant quelque chose de...particulier. Il ne lui avait encore jamais posé la question. Craignant de paraître un peu trop indiscret, il espérait seulement que Melissandre viendrait à s'expliquer sur le sujet au long de la soirée. Pour le moment, il fallait s'amuser, n'était-ce pas le principal objectif de cette nuit ?

Cet imbécile s'était bien moqué de moi pendant que je cherchais, je l'avais entendu. Mais malgré tout, étant donné qu'il n'avait eu aucune pensée explicite sur la vraie sortie, je ne pouvais pas me douter que je cherchais dans la mauvaise direction.

Je suivais donc prudemment Dorian jusqu'à son entrée personnelle et constatait en effet que celle-ci n'avait rien à voir avec un portail, si ce n'était le fait de pouvoir sortir ou entrer. Enfin, c'était toujours ça. J'aimais bien Dorian et sa conscience. Pour une fois, elles n'avaient rien d'extraordinaire, mais cela était rassurant de savoir qu'il n'avait rien de spécial à garder. Au moins, je pouvais les écouter sans trop réfléchir et en parler si j'en avais envie. Pas besoin de trop me forcer.

« Bienvenue à Rédemption ! »

Cette phrase m'arracha un sourire radieux. J'y étais déjà entré, plus d'une fois, mais en passant par le portail bien entendu. Cependant, je n'étais jamais allé plus loin que la cour. En effet, de temps à autres, je me rends à Rédemption pour voir quelques amis, mais je n'étais pas encore entré dans le bâtiment, de peur de crouler sous les pensées. Ce soir serait l'occasion de faire une bonne découverte.

J'appréciais l'effort de galanterie de Dorian et passait la porte en première, entrant dans le hall manifestement décoré pour l'occasion.

« T'y voilà ! En espérant que tu ne le regrettes pas ! »

« J'en doute. Je pense que je vais bien m'amuser... »

Je reportais mon attention sur Dorian, essayant de me concentrer exclusivement sur ses pensées. J'appréciais la musique qu'ils avaient mise. Elle me permettait d'étouffer quelques-unes d'entre elles. Au finale, ne m'en parvenait qu'une dizaine dont celle de Dorian qui était bien plus nette. Une chance pour moi. Mais je ne pourrais pas tenir très longtemps avec autant de pensés, il faudra que je sorte tôt ou tard.

« Alors, comme ça, tu n'as jamais mis les pieds ici ? »

« Si si, je suis déjà venue, mais je restais à l'extérieur... Je viens de temps à autres, mais disons que les lieux trop fréquentés me disent rien. »

Apparemment, cela l'intéressait de connaitre mes "particularités"... Soit. Mais il fallait que je m'efforce de répondre seulement aux questions qu'il avait formulées. Je tenais à être agréable avec lui.

Je regardais un peu autour de moi pour contempler les costumes plus ou moins réussis des élèves de Rédemption et voir si je suscitais quelques questions... J'éclatais de rire en voyant une énorme citrouille sur patte. Elle n'était pas la seule à avoir choisi cet accoutrement d'ailleurs. Plusieurs élèves s'était transformé en citrouille mutante pour ce soir et formaient ainsi une sorte de gang. J'éclatais d'un rire cristallin que j'essayais de taire derrière mes mains et effacer cette image ridicule.

« Tu avais prévu quelque chose ? »

Une manière détournée de lui demander s'il avait compté que je lui révèle quelque chose à mon sujet et à la fois de lui laisser l'occasion de s'éclipser s'il en avait envie ou bien tout autre chose. En y pensant, Dorian avait peut-être prévu d'aller voir d'autres personnes que moi à cette soirée. Si c'était le cas, je ne voulais pas le retenir. Après tout, je lui avais simplement demandé de me faire passer les murs de Rédemption. Ceci dit, je serais bien resté en sa compagnie pour ce soir. Il était plus reposant que la plupart de mes autres connaissances.

Quelque chose de prévue ? Dorian réfléchit un instant, mais rien ne lui vint en tête. A moins que la mémoire lui fasse défaut. Il n'avait personne à retrouver en particulier dans la soirée, sauf Melissandre bien évidemment, mais ça c'était fait, elle se tenait devant-lui, dans le hall de l'école.

- Rien en particulier ! Répondit-il en haussant légèrement ses deux épaules, s'apprêtant à plonger ses mains dans les poches de son pantalon, mais manque de peau, le déguisement ne comptait aucune poche. Triste affaire pour quelques qui ne sait jamais quoi faire de ses mains. Alors, il croisa ses bras. On peut faire un tour au coeur de la soirée si tu veux...à moins que tu veuilles aller dans un autre endroit ! Mais bon, je penses pas qu'il y'ait grand chose à voir autre que la fête !

Tout bien réfléchit, Rédemption n'avait rien d'autre à montrer ce soir. Enfin, c'est ce que pensait Dorian, un habitué des lieux si on peut dire. Cependant, peut-être que pour Melissandre qui - d'aprés elle - n'avait fait que rester à l'extérieur, il pourrait être interessant de voir quelques coins et recoins de l'école. Dorian y pensa, mais il doutait fort que la rouquine soit ici pour une visite guider, sinon pourquoi se vêtir de costume. Il y'avait une soirée ciblée dans le réfectoire, d'ailleurs Dorian se demanda à quoi pouvait ressembler la salle aprés le passage de divers élèves qui avaient été solicité pour mettre en oeuvre une décoration. Une décoration que l'on pouvait - en partie - retrouver dans le hall.

Dorian avança en direction du grand escalier, invitant Melissandre à suivre. Le refectoir était la destination principale, mais sur le chemin, il était possible de faire quelque détour si Melissandre désirait jeter un oeil par-ci ou là. Son faux boulet dans les mains, Dorian monta les marches, toujours accompagné par le bruit des chaînes qui reliaient ses chevilles.

- Tu connais d'autres personnes qui viennent d'ici ? Demanda Dorian qui arriva à la moitié de l'escalier. Aprés tout, il était possible que Melissandre ait quelques connaissances dans l'école; elle vivait à quelques mètres de là et elle avait dit fréquenter le devant de Rédemption de temps en temps. Elle ne devait certainement pas fréquenter le devant de Rédemption par plaisirs...si ? Drôle de plaisirs, quoi que de l'extérieur, l'école devait avoir une toute autre image. Ce fut la prochaine interrogation du jeune Peysonn lorsqu'il parvint au sommet de l'escalier, toujours en compagnie de Melissandre.

- Tu en entends beaucoups parlé de Rédemption, à l'extérieur ?

Cela l'interessait; savoir ce que les autres pensaient de l'école, savoir quel réputation tenait Rédemption. Il était même impatient de savoir cela. Est-ce que les habitants de Birdsall se doutait de la nature des pensionnaire ? Ou bien, est-ce qu'il croyait dur comme fer à un mensonge créé de toute pièce pour 'protéger' la petite population qui vivait derrière la grande grille noir. Puis une question en attira une autre; est-ce qu'il arrivait au directeur de sortir de son antre ? Melissandre l'avait peut-être croisée à travers sa vitrine, ou bien au détour d'une rue...Dorian en doutait, puisque lui même ne le voyait que trés rarement dans l'enceinte de Rédemption, d'ailleurs il se demandait bien quel type il pouvait être; sympathique ? Sérieux ? Travailleurs ? Sadique ? Fou ? Timide ? Gourmand ? Enfin bref ! Peu d'importance à cette connaissance. Dorian - pour le moment - voulait savoir ce qu'il se disait au-delà des murs de Rédemption.

Mes yeux s'illuminèrent quand il parla de visiter les lieux. Bien sûr que j'en avais envie ! Quelle question ! Curieuse comme je suis, je n'aurais loupé pour rien au monde l'occasion de faire un tour dans les pièces principales et les plus fréquentées de l'école. Après tout, j'aurais très bien pu en faire partie cette année, au même titre que Dorian. Mais pour lui qui vivait ici et qui passait la majeure partie de ses journées dans Rédemption, il n'était pas étonnant qu'il n'y voie pas grand intérêt. Je souriais en remarquant le réflexe qu'il avait eu de vouloir glisser ses mains dans les poches de son pantalon. C'était toujours amusant, ce genre de choses. Oui, je suis une vraie gamine. Mais quelle importance ? On m'avait toujours dit que j'avais le regard et les mimiques d'une enfant.

« On peut y aller pour l'instant. Mais je ne peux pas rester trop longtemps dans la foule. Alors si ça t'ennuie pas de faire une pause, tu pourrais me montrer quelques-unes de tes pièces favorites ? »

« Tu connais d'autres personnes qui viennent d'ici ? »

Si je n'avais pas été télépathe, j'aurais certainement pris ça comme une invitation à retrouver mes autres amis afin de le laisser respirer. M'enfin, apparemment ce n'était pas le cas. Juste une question de gentillesse. Encore une fois. Décidément, ce garçon me serait paru trop gentil pour être honnête. Mais une fois de plus, j'étais télépathe... Ah... Ce don m'évite bien des maux de tête. Et c'est aussi particulièrement drôle de voir mes proches se torturer pour décrypter les paroles de leurs interlocuteurs. Ils sont bien souvent sur de fausses pistes. Souvent, je m'étais dit que je n'aimerais pas être à leur place. Bref, passons.

« Oui, je connaissais quelques personnes, mais ils sont tous parti. Alors cette année, je n'ai que toi et Taylor. Puis d'autres connaissances... »

Je venais venir la question... Et... BINGO ! Mélissandre à encore... D'accord, j'arrête. J'aurais bien dansé sur une table, mais bon...

« Tu en entends beaucoup parler de Rédemption, à l'extérieur ? »

« Non, pas vraiment. Je n'ai pas vraiment envie d'en entendre parler en fait, j'évite les commères et ce sujet en général. Mais il me semble qu'on en entend pas franchement parler... D'après toi on devrait avoir des raisons d'en parler ? »

Mon sourcil droit se soulevait légèrement, dans une expression perplexe. J'attendais sa réponse, qu'elle soit prononcée ou non. A l'entendre parler, on aurait dit que cette école avait des côtés dissimulés et pas franchement appréciables.

Dorian et Melissandre avançaient tranquillement dans un des couloirs de Rédemption. Tout en destination du réfectoire, mais Dorian décida de retarder l'arrivée, prenant en compte la demande de la rouquine. Cette dernière ne voulait pas s'attarder dans la foule et Dorian comprenait, enfin il essayait de comprendre, se rappelant brièvement de Lola qui lui avait soulignée les quelques désagréments de se retrouver dans une foule lorsque l'on est télépathe. Alors, oui, finalement, une visite des lieux serait la bienvenue ! De plus que Melissandre semblait apprécier l'idée.

La conversation tournait un peu dans tout les sens, puis s'immobilisa pour le moment sur la réputation de Rédemption. Personne - à l'extérieur - n'en parlait d'après la rouquine et comme elle le disait; Valait-il la peine que des bruits se bousculent au sujet de l'école ? Une raison particulière ? Dorian y songea.

- Je ne sais pas ! Fit-il d'un air penseur. En vérité, Dorian s'attendait à ce que Melissandre affirme que des bruits couraient sur l'école, aprés tout, n'y avait-il pas assez de choses étranges dans l'établissement pour qu'il n'y ait pas d'échos vers l'extérieur ? Cependant, Melissandre avouait ne pas s'attarder sur les commérages. Peut-être était-elle passée à côté de quelque chose ? Qui sait !

Dorian dévia sur un autre couloir du premier étage. Le premier étage, l'étage des filles comme dirait certains. Cependant, ce n'était pas faux ! C'est ici que se trouvait les dortoirs des filles, mais pas seulement ! Il y'avait une salle de jeu, la bibliothèque, la salle informatique...en parlant de salle informatique ! Dorian se rappela alors que Melissandre avait fait connaissance avec Taylor. D'un pas toujours aussi tranquille, Dorian continua de progresser dans ce couloirs vide de monde, fort heureusement pour Melissandre.

- Tu sais, même si Redemption se fait discret, je dois t'avouer que c'est pas trés net ici ! Avoua Dorian, en jetant un bref regard d'un bout à l'autre du couloirs, avant de reposer son regard sur Melissandre. Quand je te disais l'autre jour que tu avais de la chance de ne pas être ici, j'étais vraiment sérieux ! Rappela le jeune Peysonn avant de mettre en avant les nombreuse disparitions passés, des disparitions que Dorian ne cessait d'expliquer par de simple fugue de la part des élèves. Tu te rends compte que depuis le temps que je suis ici, je connais presque plus personne ! Les visages les plus familier ont pratiquement tous disparus ! En fait, tu es l'une des rares personne que je connaisse depuis un certains temps et qui n'ait pas disparus ! Mais la différence, c'est que tu ne vis pas à Rédemption !

Cela faisait bien longtemps que Dorian n'avait pas eu une conversation de la sorte avec Melissandre. En temps normal, la conversation des deux n'entamait pas ce sujet là. Ils parlaient un peu de tout; livre, météo, projet futur, passion, sortie de cinéma, préférence...bref ! Rédemption n'avait jamais autant hantée la conversation que ce début de soirées, peut-être était-ce le fait que Melissandre ait envahit le bâtiment pour que les choses évoluent de la sorte...et puis comme Dorian l'avait dit; Melissandre était l'une de ses rare ' vieille connaissance ', elle connaissait certaines choses en commun avec Dorian, tel que le groupe...ce groupe que Dorian fréquentait autrefois.

- Bref ! Passons ! Alors, comment trouves-tu cet étage ? Réservée aux filles...enfin une partie de l'étage seulement ! Là, c'est la bibliothèque...un peu plus loin c'est la salle de jeu et juste aprés c'est la salle informatique ! Relança Dorian d'un air plus joyeux. Comment as-tu connu Taylor au fait ?

Voilà quelque chose d'intéressant ! Depuis quelques temps j'entendais pas mal de pensées négatives, brouillées et franchement pas rassurantes. Certains songeaient à des évènements étranges et inexplicables. D'autres avait perdu quelques amis. Mais je n'avais jamais cherché aussi loin que Dorian m'avait emmené. Loin de moi l'idée que cela est à voir avec Rédemption. Et pourtant, si je m'y étais intéressé d'un peu plus près... J'aurais fait le lien.

Aussi j'avais remarqué que le groupe d'amis de Dorian ne se rendaient plus à ma boutique, seulement lui quand il en avait le temps et l'envie. Je n'aurais jamais imaginé qu'ils aient tout bonnement disparu. Donc en résumé, des élèves disparaissaient sans raison au point que Dorian en ai perdu un groupe d'amis au complet.

C'était une sensation nouvelle qui m'envahissait. Me dire que je ne reverrais plus ces gens me rendait presque nostalgiques. En y pensant, je les appréciais. Lorsqu'ils venaient me rendre visite et acheter mes livres, j'étais toujours contente de les revoir. Nous avons beaucoup ri ensemble. De la nostalgie ? Peut-être.

Puis soudain, je me faisais du souci pour Dorian. Après tout, pourquoi serait-il plus en sécurité que les autres ? S'ils n'étaient pas parti de leur plein gré, et j'en doutais sérieusement, lui aussi pourrait disparaitre. Mais je gardais mes inquiétudes pour moi, préférant ne pas l'effrayer avec ses scénario catastrophiques et mes idées folles.

« J'ai bien fait de ne pas entrer dans cette école... » dis-je dans un marmonnement

Pour ce qui était de l'étage... Disons que je le trouvais sympathique. Mais je n'aurais jamais supporté vivre ici. Je me serais sentie trop enfermée. A moins que je ne passe ma vie à côté d'une fenêtre. Non franchement, l'idée de passer toute une année dans ces lieux m'aurait déprimé. Et pourtant... plus j'y pensais, plus je me disais que j'aurais peut-être mieux fait d'accepter cette année. A la fois parce qu'il s'était révélé que j'avais eu un nouveau don, et aussi parce que ma situation commençait à vraiment me porter sur le système. Peut-être que si j'y allais quelques temps je pourrais enfin le contrôler un peu mieux et reposer un peu ma tête....

« Eh bien.. c'est sympa. Mais je m'y vois pas... Le seul endroit qui m'inspire, c'est la bibliothèque, mais je doute qu'ils acceptent que j'y dorme ! »

Pour Taylor... Eh bien il ne saurait que le strict minimum. Je garderais le silence sur notre... petite expérience. Pas que je ne lui fasse pas confiance, mais que je partageais ce jour avec elle et que s'il devait être au courant de quelque chose à son sujet, ce ne serait certainement pas moi qui lui révèlerait.

« On s'est rencontrée par hasard au parc d'attraction. Je l'aime beaucoup. C'est quelqu'un de très intéressant. Tu ne trouves pas ? C'est à en avoir la chaire de poule. Tu imagines un peu l'effet que ça doit faire ? Vraiment, ça me fascine. » dis-je en souriant de plus belle, les yeux pétillant à se souvenir. »

Dorian acquieça les paroles de Melissandre. Imaginer le fait de voir des morts, il avait bien essayé mais se doutait que ce soit vraiment ainsi que percevait Taylor. Il se remémora la rencontre avec cette dernière et se rappela plus particulière lorsqu'elle lui avait fait comprendre que les esprits ne manquaient pas à Redemption. La chaire de poule ? Il afficha un sourire, partageant d'avantage ce propos.

- Comme tu dis ! Surtout quand tu sais que tu as une chance sur deux d'être en compagnie d'un fantôme sans que tu t'en rendes compte ! Ajouta Dorian, sans préciser que l'occasion pouvait se présenter en cette nuit d'Halloween. Cependant, c'était le soir parfait pour ce genre chose, tout compte fait, la petit précision pourrait-être la bienvenue. Surtout ici ! Taylor soupçonne que l'école soit sur un ancien cimetière...Ajouta Dorian en manquant de s'entraver avec ses chaînes.

Ils arrivèrent au bout du couloir, deux possibilités; gauche ou droite. Dorian s'orienta sur la droite, la gauche n'était que des chambres. Rien d'intéressant. Sur la droite par contre, il n'y avait rien mais c'était un moyen pour regagner le prochain escalier qui menait aux étages supérieur ou bien au rez-de-chaussée. Direction deuxième étage.

- Notre étage ! Annonça Dorian une fois arrivée en haut des escaliers. Le deuxième étage, lieu où la gente masculine pouvait y trouver leur lit, mais aussi leur salle de repos. Il avança dans le couloir. Les chambres sont par ici ! Et par là c'est le côté...mixte diront nous ! Fit-il en montrant le couloir qui menait au diverse salle comme celle de méditation, de théâtre...bref ! Dorian ne manqua pas de préciser chaque lieu à Melissandre.

- Alors vous vous êtes rencontrées dans le parc d'attraction ? Vous avez bien choisis le lieu ! Fit-il amusé, puis il rajouta en cherchant dans ses souvenirs. Je n'y suis jamais retourné depuis...ça fait pas mal de temps ! J'imagine que c'est toujours aussi...désert ?

Le parc d'attraction de Birdsall, un lieu qui avait un certains charme cependant, un charme effrayant d'ailleurs. Dorian se souvint de sa première visite de ce lieu délaissé. Un satané automate vêtu comme un clown était parvenu à lui mettre la peur de sa vie. Les clowns, c'était vraiment pas le fort du jeune Peysonn, d'ailleurs peut-être qu'il aurait du se déguiser en clown ce soir...enfin, en clown sanguinaire pour faire ressortir le côté halloween. Au lieu de ça, il était un revenant des sept mers, ou d'un pauvre type qui ne savait nager...qui sait !

- Sinon, tu en es où niveau de ton pouvoir ? Tout roule ? Demanda Dorian.

Les petites précisions que m'avait accordé Dorian me fichèrent des frissons tout le long de mon dos. Il n'y avait rien de plus excitant, surtout pour un soir comme celui-ci. Je me serais bien aventuré dans des couloirs interdit d'accès, ou encore dans la forêt. Tiens, dans la forêt. C'était plutôt une bonne idée ! Je retenais. En espérant ne pas oublier. Comme d'habitude.

« Oui, toujours. Mais j'y vais justement parce qu'il n'y a personne. »

En y pensant, s'il avait été suffisamment fréquenté pour être en état de marche, je n'y serais certainement jamais allé. Pas que je n'aime pas ce genre de loisir, plutôt que me retrouver en haut des montagnes russes avec un mal de tête atroce n'est pas le genre d'option que je prône. C'est compréhensible.

Nous avancions dans la visite de Rédemption. Il n'y avait strictement personne. Seulement nous. Autant dire que la paranoïa me montait à l'esprit, avec tout un tas de scénario catastrophe.

« Sinon, tu en es où niveau de ton pouvoir ? Tout roule ? »

Dur dur de répondre à cette question quand on avait aucun critère de comparaison. J'aurais pu annoncer des progrès si j'avais eu une échelle de réussite. Mais je n'en avais pas. Alors je supposais seulement que non. Tout ne roulais pas. En plus de ça, je pensais avoir un second pouvoir, comme si un n'était pas suffisant. Alors soit, il était particulièrement intéressant, mais deux pouvoirs, c'était deux raisons d'entrer à Rédemption. Une de plus, une de trop.

« Pas vraiment... J'aimerais bloquer toutes ces pensées et arrêter ce bruit incessant, mais bon... Pour ça, il faudrait que je trouve un télépathe plus expérimenté, ou que j'entre à Rédemption. Mais les télépathes ne courent pas les rues, et Rédemption pour l'instant, c'est hors de question. En plus, ce n'est pas peut-être même pas faisable. Alors je deviendrais complètement folle et entrerait dans l'école en pleine nuit pour venir te charcuter pendant ton sommeil pour te faire taire ! »

J'y étais allé un peu fort ? Vraiment ? Mais non. Peysonn était moins chochotte que moi.

Dorian hocha légèrement la tête sur le côté, comme pour approuver à moitié les dernières paroles de Melissandre. L'idée était originale, mais étrangement il n'avait pas envie d'être la cible d'une folle en furie. Il fit un sourire, amusé par la scène qui venait de se faire dans sa tête; une Mélissandre à la coiffe d'une cruella d'enfer qui viendrait défoncer la porte du dortoir pour parvenir à ses fins.

- Pour simple raison de sécurité, je ne te montrerais pas ma chambre ! Répondit-il en prenant un air réfléchit.

Il repensa à ce que Melissandre lui avait dit au sujet de ses pouvoirs. Elle aussi rêverait de faire toute ses voix qu'elle réceptionnait sans le vouloir. Cela devait-être un problème commun à tout télépathe, car Lola c'était plaint du même problème, elle lui avait même fait une brève description de la sensation qu'elle ressentait à chaque fois qu'elle fréquentait une foule de gens. Peut-être que cette sensation se retrouvait chez Melissandre.

Des télépathes dans les rues ? En effet, ce devait-être rare à Birdsall, même si la ville était voisine à Rédemption. Soudainement, Dorian eu une idée, pourquoi ne pas présenter Melissandre à Lola, après tout les deux filles avaient un point commun, elles auraient certainement beaucoup à partager toute les deux au sujet de la télépathie. Cela parut une bonne idée aux yeux de Dorian, qui sans le maîtrisé affichant un large sourire de contentement.

- Si tu veux je pourrais te présenter à quelqu'un qui à exactement le même problème que toi...enfin ! Elle a le même pouvoirs, mais elle aussi aimerait bloquer toutes les pensées ! Peut-être qu'on la verra à la soirée !

Pour le moment, Dorian continua d'avancer dans le second étage. Se disant que même à Rédemption, Melissandre ne parviendrait certainement pas à calmer les pensées d'autrui. La preuve; Lola était à Rédemption, certes depuis peu, mais elle y était et elle semblait tout aussi...désespéré ?
Qu'en était-il au sujet de Dorian ? Lui avait fait quelques hauts et quelques bas. Il était parvenu à un contrôle plus ou moins total, une progression assez soudaine d'ailleurs, mais qui du jour au lendemain cessa. Un retour à la case départ, un retour brutale, que l'on pouvait expliquer avec seulement quelques connaissances. A présent, il fallait remontrer la pente et regagner niveau par niveau...jusqu'à la perfection ? Dorian n'osait l'espérer.

- J'espère qu'on continuera à se donner des nouvelles l'année prochaine ! Bon, je ne sais pas où j'irais, mais quand même ! Fit-il en passant son boulet d'une main à l'autre, avançant dans le long couloirs au tintement que faisait ses chaînes. Comment Melissandre pouvait ignorer que Dorian était dans la dernière année, la dernière ligne droite comme dirait certains ! Comment ? Et bien, elle ne pouvait pas ! Dorian engagea brièvement le sujet à chaque fois qu'il se rendait chez Melissandre. Bon ! Il savait que cela pouvait être assez lourd, mais c'était plus fort que lui, il ne pouvait passer une journée sans se dire cette pensée, une pensée qui était une réalité certaine. Pour lui, c'était sûr, l'année prochaine, Rédemption ne sera qu'un souvenir, une page tournée, Rédemption ne sera plus qu'un mot qu'il articulera pour raconter d'où il vient. Cependant, il trouvait étrange que l'école ne guide aucun élève de Terminale pour le choix des fac pour l'année prochaine, il devrait peut-être faire ses recherches par lui-même.

- Et toi, tu comptes rester à Birdsall longtemps ?

Oui, cela valait peut-être mieux qu'il ne me la montre pas, sa chambre. Au cas où je ferais une crise de folie et où je déciderais de tuer tous mes amis. Et, il fallait bien le dire, la folie me guettait. Si je n'arrivais pas à maitriser ce pouvoir, dans quelques années, je perdrais la raison et ne saurais même plus distinguer mes pensées de celles des autres. A ce rythme, je ne passerais pas le cape de la trentaine. Ou bien il me faudra vite intégrer Birdsall, ou bien je devrais trouver un type qui puisse me former. Mais encore une fois, un télépathe, ça cours pas les rues. Même dans ce coin. Aussi perdu et étrange soit-il.

Pour ce qui était de me présenter une personne comme moi... Mauvaise idée. Je ne voulais pas franchement évoquer ce genre de problèmes... Mais après-tout, peut-être pourrait-elle me renseigner. Peut-être qu'elle pourrait me dire si oui ou non elle fait des progrès en ce qui concerne la maitrise de la télépathie ? Mais à côté de ça, je n'avais pas vraiment envie de parler de tout cela... Ce n'était pas vraiment mon sujet de prédilection et à vrai dire, si je devais tisser des liens avec une personne, ce ne serait certainement pas en passant par ce sujet. Mais il fallait dire que l'idée était tentante. Bien trop tentante... Ah ! Qu'est-ce que tu m'agaces avec tes idées, Dorian !

« Oui... Enfin je ne sais pas trop... Pourquoi pas ? Nous verrons bien. »

« J'espère qu'on continuera à se donner des nouvelles l'année prochaine ! Bon, je ne sais pas où j'irais, mais quand même ! »

« Évidemment ! Comme si j'allais te laisser filer sous prétexte que tu quittes Rédemption ! Et si tu ne me donnes pas de nouvelle chaque mois au moins, je viendrais te chercher et t'enfermerais dans ma cave ! »

Quelle bonne idée, Mélissandre... Oui oui, je sais je sais. Je suis brillante. Un Dorian, ça peut se révéler bien utile.

« Et toi, tu comptes rester à Birdsall longtemps ? »

La question qui tue ou celle à laquelle je ne voulais ni penser, ni répondre. Mais c'était Dorian. Alors je devais faire un effort... Bon Dieu quelle idée d'être aussi agréable ! Qu'elle nulle !

« Eh bien... Oui je pense. De toute manière, pour aller où ? Birdsall, c'est bien le seul endroit où on ne me regarde pas d'un mauvais œil. Alors tant que je ne saurais pas maitriser ce pouvoir, je n'irais nul par ailleurs. Puis Isaac m'a dit qu'il s'en foutais du moment qu'il était avec moi, alors... Faut dire que son boulot ne demande pas à se trouver dans une ville spécifique. Birdsall lui va très bien. J'y resterais peut-être toute ma vie, qui sait ? »

Un sourire vint s'afficher sur les lèvres de Dorian, lorsque Melissandre lui annonça que Birdsall pourrait être son unique lieu de vie. Après tout, peut-être qu'elle avait raison, ou pas. La réponse dans quelques années.

Un nouvel escalier; Monter ? Descendre ? L'étage du dessus était en quelque sorte le territoire des surveillants, Dorian ne voulait pas se risquer à y mettre les pieds. Il en avait suffisamment vu ses derniers temps, puis ce n'était pas très prudent avec Melissandre. Le retour au rez de chaussé semblait le plus convenable, c'est alors que Dorian s'engagea dans la descente d'escalier.

- Voilà pour ce qui est des étages ! Tu as vu le plus gros ! En haut c'est les chambres des surveillants, puis le toit ! Je pense pas que ça t'apporte beaucoup de voir ça !

A nouveau dans le hall. Il était toujours aussi désert, rien n'avait changé. La musique continuait de résonner. Le temps c'était écoulé, la petite visite avait su faire passer le temps. Maintenant, que faire ? Valait-il vraiment la peine de se rendre au coeur de la soirée ? Dorian n'en avait pas plus envie que ça et ce devait certainement être pareil pour Melissandre. Dorian se posa en bas des marches, alors qu'un zombie en tenue hawaïenne traversa rapidement le hall.

- Alors, contente de ta visite ?

Demanda Dorian, sans vraiment attendre de réponse. Au final, Rédemption n'avait rien de particulier; dortoirs, couloirs, bibliothèque, salle de classe, cuisine, laverie...rien ne méritait vraiment à ce qu'on s'y intéresse de trop prés. Peut-être un rendu bien réfléchit, pour justement ne pas intéresser trop de monde.

- Bon, il faut avouer que c'est pas aussi passionnant que visiter la maison des horreurs, mais mine de rien ! On y a passer pas mal de temps ! Ajouta Dorian en regardant sa montre.

La maison des horreurs ? C'est ainsi qu'il fit référence à la vieille maison abandonné, prés d'une forêt, à quelques mètres de Birdsall. Un lieu qui compte plus d'une rumeurs, plus d'une histoire et extrêmement bien connu pour les habitués. C'était comme l'attraction qu'il fallait faire au moins une fois dans sa vie. Un lieu plus angoissant que Rédemption ? Dur à croire, n'est-ce pas ? Cependant, la vieille maison était angoissant uniquement que par son apparence délabrée et par les dires sur lesquels elle se reposait, alors que Rédemption c'était tout autre chose.

- Que veux-tu faire maintenant ?

Si je n'avais jamais pensé que Rédemption puisse-t-être aussi étrange, alors pour le coup, ce soir j'étais bien surprise. Les élèves ressemblaient à des élèves normaux, rien chez eux ne semblait trahir leurs "spécialités", enfin si on excluait leurs pensées plus ou moins fantasques. Alors on avait peine à s'imaginer que leur école pouvait être aussi simple tout en cachant tant de choses. A première vu, cette école n'avait rien de bien particulier. Mais finalement, je le savais, je le sentais, il y avait beaucoup plus que ça entre ces murs.

« Alors, contente de ta visite ?»

« Je ne pouvais rêver mieux, mon chère. »

Un clin d'œil pour rajouter du poids à ce compliment. J'aimais bien alourdir mes propos par des mimiques qui n'appartenaient qu'à moi ou bien des petits signes basiques. C'était un petit jeu. Encore un. Un peu comme celui qui consistait à entretenir le doute. Au risque de me répéter, le doute seul, même le plus infime, sert à rester toujours un peu de mystère. La vie ainsi, comme je la prend, est beaucoup plus agréable et attrayante. De mon sens en tous cas.

« Que veux-tu faire maintenant ?»

« Ce que tu voudra qui pourra me permettre de m'amuser un peu. Je te suis ! »

J'avais dis ça d'un ton gamin, comme j'aimais le faire souvent dans ce genre de contexte. De toute manière, mon visage lui même avec un petit éclat enfantin, comme on me le disait souvent. Oh, non, je ne le prenait pas mal. Au contraire, je trouvais ça très amusant.

- Quelque chose d'amusant...Songea Dorian qui leva les yeux au plafond, à croire que la réponse y était accroché.

Un moment de réflexion. Qu'est-ce qui pouvait-être amusant un soir d'Halloween ?

Il y avait dans un premier temps, cette soirée au réfectoire, là où se concentrait la majorité du petit monde de Rédemption. Mais n'est-il pas trop risqué pour mademoiselle la télépathe. Pourtant, il y avait de la musique, des boissons et même un buffet certainement...et du monde, le petit hic que Melissandre ne voulait pas trop côtoyer sous peine de finir la tête choux fleur. Enfin, façon de parler, puis comment expliquer la présence de Melissandre dans l'école ? Certes, elle était déguisé et pouvait être n'importe qui...Dorian préféra, lui aussi, ne pas trop se mouillé. Un comble pour un esprit pirate, non ?

Ensuite, il y avait des petits plaisirs bien spécifique à Halloween ; la récolte des bonbons ? Euh, oué ! Mais il y avait aussi le fait de bombarder les portes avec des œufs. Pourquoi cette pensée occupait l'esprit de Dorian, alors qu'il était bien trop respectueux pour ne pas faire ce genre de chose ? Et bien, juste parce que le simple fait le penser l'amuser. Qu'est qu'il aurait aimé avoir suffisamment de cran pour agir – en l'espace d'un instant – comme un sale môme, un sale môme de dix-neuf ans. Il esquissa un sourire, puis la laissa de côté, ce n'était qu'un délire de ses pensées, rien de plus.

Une autre chose amusante ? Il y avait la fameuse frayeur d'Halloween. Vagabonder dans des endroits peu sûr et se raconter des histoires tout en dévorant un sachet de guimauve ou autre sucrerie. Une pensée plein de nostalgies.

Il sortit enfin de son songe et reporta son attention sur Melissandre. Elle voulait s'amuser et Dorian aussi, après tout c'était son dernier Halloween à Rédemption. Peut-être serait-il temps d'en profiter un maximum, de se lâcher enfin, de délaisser le temps de cette soirée cette image de jeune adulte sage, timide et de tout cette réputation plate. Il rassembla toute ses idées et ne pu s'empêcher d'en rire. Etait-il devenu fou ? La fatigue ? Les nerfs ? Qui sait !

- Bon...attends...Il respira un bon coup et reprit. Bon, alors, déjà on va balancer des trucs sur toute les portes de l'école ! Ensuite on finit à la maison des horreurs tout en se goinfrant de bonbons et...et...

Soudainement, Dorian s'arrêta, s'apercevant que tout ça n'était qu'un simple abus de pensées, il n'oserait jamais. Toujours le sourire au lèvre, il regarda Melissandre.

- Dommage qu'on ne puisse pas faire tout ça ! Sérieusement, la seul chose amusante ce soir, serait la petite soirée qui se passe à côté...sinon, je vois pas trop ! Fit-il avec un peu moins d'enthousiasme.

Les pensées de Dorian me faisaient sourire. Lui qui, comme il le pensait si bien, était un garçon tout ce qu'il y avait de plus calme et sans extravagance, avait tout de même des idées un peu folles. C'était presque rassurant, d'ailleurs, de savoir que je n'étais pas la seule dont les idées débordaient parfois les limites du correct. Car, l'avantage d'être télépathe, c'est que l'on se rend bien compte de la nature des gens qui nous entour, et là en l'occurrence, je trouvais autre chose chez Dorian. Des envies cachées qu'il mettait de côté un instant pour enfin, à ma plus grande joie, les ressortir sous forme de parole. Là, au moins, je pouvais intervenir sans trop l'embarrasser, puisqu'il l'avait dit lui-même. Pourquoi faisais-je tant attention de ne pas le froisser ? Parce que c'était Dorian, que c'était un ami. Il était inhabituel pour moi de ne pas débiter mes phrases à tout bout de champs avant même qu'il n'ait seulement prononcer un mot. C'était vraiment un comportement étrange de ma part, mais je supposais qu'il était content que je n'agisse pas comme cela avec lui. J'espérais que cela lui face plaisir.

Alors, en arborant un de mes plus grand sourire, je sautillais sur place en lui prenant les mains, excitée comme une gamine. C'était une des meilleurs idées qu'il n'avait jamais eu. Je crois que, moi-même, je n'aurais pas osé y songer.

« Non, pas question de se rabattre sur le buffet en discutant de banalités pour faire passer le temps ! Ton idée était super ! On s'y met dès maintenant ! Il faut d'abord se rendre dans le réfectoire et dérober quelques truc à manger pour après. Et tu crois qu'on peut trouver des oeufs où ? Les cuisines sont accessibles ou non ? Sinon on pourrait toujours prendre de quoi chez moi ? T'es vraiment génial Dorian ! »

De plus, pas de risque qu'on nous reconnaisse étant donné que personne ne nous avait encore parlé et que même s'il y avait des soupçon, le doute serait toujours présent. Pas de preuve, pas de certitude. Cultiver le doute, c'était vraiment ce que je préférais le plus au monde. Après les marshmallow, les glaces et les pop-corn salés bien entendu.

Soudain, je m'arrêtais de sautiller, un peu embarrassée de m'être emportée ainsi. Cependant, mes yeux pétillaient de joie et je ne pouvais m'empêcher de sourire comme une imbécile heureuse.

« Enfin... Si tu es d'accord. »

- Si je suis d'accord ? Répéta Dorian en hésitant un peu sur la réponse qu'il allait prononcer. Il était assez partagé, pourtant l'idée venait de lui, cependant il l'avait pensée sans pour autant prévoir de le faire réellement. Balancer des œufs sur les portes de Rédemption, était-ce un grand délit, peut-être que non si on tient le fait qu'il s'agit d'une tradition d'Halloween. Voler dans les cuisines ? Cela passera inaperçu avec la fête qu'il se déroulait dans le réfectoire.

- Bon ! Ok ! On se lance ! Trancha Dorian en se levant de la marche d'escalier. Mais que lui arrivait-il ce soir ? Le costume aurait-il déteint sur lui ? Avait-il décidé de pousser l'incarnation du pirate jusqu'au bout ? Non, bien sûr que non, rien de tout ça ! Juste une idée folle, encouragé par une autre personne qui devait l'être tout autant.

Melissandre en était capable, Dorian aurait du le prévoir. C'était une fille qui avait du cran – elle au moins – et elle savait s'amuser. Elle venait à nouveau de le prouver en se réjouissant du programme qui venait de s'incruster au long de cette soirée. Elle était partante, elle avait déjà tout prévu. Dorian lui, était aussi partant, mais pas autant, son côté soucieux, il ne pouvait l'abandonner aussi soudainement. D'ailleurs, il n'hésita pas à mettre en garde Melissandre ;

- Surtout, faut pas qu'on se fasse prendre ! Parce que t'es pas censé être là et j'étais pas censé te faire entrer et c'est pas vraiment le moment que je me fasse remarquer à nouveau ! Ah oui, je te l'ai pas raconté ça encore...

Dorian – tout en guidant Melissandre jusqu'au cuisine de l'école – lui expliqua ses quelques mésaventures. Il expliqua tout en détail à Melissandre, de cette rencontre avec le directeur qui lui avait cassé son portable et ce qui en était devenu de la rencontre avec Taylor ; la pauvre était condamnée au jardinage. Il n'avait pas l'habitude de ça, c'est pourquoi il raconta tout ça avec l'air le plus outré.

- Tu te rends compte un peu ? Je suis sûr que ça va jouer sur mon dossier pour l'inscription à la fac l'année prochaine ! Si seulement t'avais vu son petit air qu'il a prit...franchement, il fait flipper ! Alors je compte sur ta discrétion !

Dorian s'arrêta devant une porte au fond d'un petit couloir situé deux mètres après l'entré du réfectoire où la soirée semblait réussite. Dorian abaissa la poignet et manque de malchance, la porte n'avait pas été fermé à tour de clef. Il passa en premier. Personne à l'horizon, la cuisine était dans le noir complet. La seul source de lumière provenait des hublots des deux portes battantes qui menaient directement dans le réfectoire. La cuisine de Rédemption était semblable à toute les cuisines d'écoles niveau équipement ; une grande cuisine avec ses ustensiles en tout genre. Il y avait une grand porte en métal, certainement celle du réfrigérateur qui fut tout aussi facile à ouvrir que la porte de la cuisine. Un courant d'air frai s’échappa de la grande pièce réfrigéré.

- Des œufs...des œufs...Échappa Dorian en entrant dans le réfrigérateur, regardant chaque étagère à la recherche d’œufs. Il trouva enfin, sauf que...des jaunes d’œuf en poudre ?!! Lança t-il surpris. C'était possible ça ? Apparemment, oui ! Il regarda Melissandre. Il va falloir trouver autre chose que des œufs !

Il regarda sur les autres étagères. Mais rien ne lui paraissait évident. C'est alors qu'il décida de fouiller dans un autre recoins de la cuisine. Il prévenu Melissandre et se retira du réfrigérateur pour fouiller dans les placards. Lait, eau, farine, huile, vinaigre...il y avait de tout, sauf quelque chose qui pourrait concurrencer les œufs.

- Tu trouves quelques choses d'intéressant ? Demanda t-il à Melissandre.

J'étais heureuse qu'il ait accepté. C'était d'ailleurs là, la raison de mes sautillements et de mes petits cris aigus d'excitation que j'étouffais avec difficulté sous mes mains. Je me rêvais de faire quelque chose du genre depuis un petit moment déjà. Oh oui, j'aurais pu très bien me débrouiller seule pour ce genre de conneries, mais c'était toujours mieux à plusieurs. Et le plus drôle, dans ce cas, c'était que je ne m'étais jamais imaginée faire ça avec Dorian. Je n'en aurais même pas eu l'idée.
Pour répondre à la mise en garde de Dorian, je rabaissais mon capuchon sur mes visage rosé et mes cheveux de rouquine de manière à ce que l'ombre ne puisse pas laisser distinguer les traits de mon visage et je resserrais encore un peu plus ma cape en remettant avec attention la broche qui la retenais à mon cou.

J'avais l'habitude d'entrer de temps en temps à Rédemption, on ne m'avait jamais interdit d'y pénétrer. Mais seulement une fois par semaine, je franchissais le portail tout à fait légalement et restais exclusivement dans la cours. Enfin, je ne savais pas vraiment si on me l'interdisait ou pas, étant donné que je n'avais jamais demandé à personne l'autorisation et que lorsque j'y rentrais, c'était souvent furtivement, alors que c'était ouvert pour laisser passer les élèves revenant de sorties ou autres. Bref.

Je cherchais alors dans la cuisine où Dorian m'avait fait entrée avec prudence et m'approchais de tiroirs divers, tombant sur des ustensiles ou bien des légumes de toute sortes.

« Tu trouves quelque chose d'intéressant ? »

« On peut toujours se rabattre sur des tomates... Ou alors aller chez moi. Isaac dort et il me semble qu'on en a une bonne douzaine. »

Puis, une petite idée me venait à l'esprit alors que je cherchais aussi discrètement que possible dans les caisses multiples. J'avais envie de faire peur, ce soir. Des enfants ? Oui. N'y avait-il pas de jeunes gens à Rédemption ? Seraient-ils susceptibles de frissonner face à un pirate fantôme et une forme étrange cachée sous son capuchon, armée d'un couteau bien aiguisé ? Je doutais que Dorian soit d'accord. Mais après tout, pourquoi pas ? Je mettais l'idée de côté, sans l'oublier pour autant.

Des tomates ? Dorian cessa les recherches de son côtés. Il vint retrouver la partie de cuisine où fouillait Mélissandre. Finalement, ce ne seront pas des œufs qui feront l'affaire, mais des tomates bien rouge...d'ailleurs n'était-ce pas mieux ? Après tout, le rouge était une couleur qui devait-être mis à l'honneur en cette soirée d'Halloween.

- Je pense que ses tomates nous serons très utile ! Il suffit juste d'ajouter quelques trucs en plus et ce sera parfait !

Aussitôt dit, aussitôt fait. Dorian fouilla à nouveau un peu partout avant de mettre la main sur un grand fait-tout, ce grand ustensile métallique qui suffirait pour la petite mixture que le Terminale avait en tête. Dorian chargea ses mains au maximum de tomate et les jeta dans le contenant. Il invita Melissandre à venir déchaîner sa créativité. L'idée ? Et bien, elle était simple...

- Faisons quelques choses de...collant, visqueux, mais rouge ! Déclara Dorian qui se lança à nouveau dans les fouilles. Il trouva des poches de ketchup, celles qui devaient servir à ravitailler le distributeur. Il ajouta sa trouvailles dans le l'espèce de marmite et regarda – amusé – les ajouts de sa coéquipière. Au fur et à mesure que l'étrange mixture évoluait, Dorian ne pouvait s'empêcher d'imaginer l'instant où il pourrait enfin éparpiller tout ça sur les portes, sans vraiment réfléchir, juste pour s'amuser. D'ailleurs, les tâches commencèrent leur apparition. D'un air innocent, comme il savait parfaitement le faire, Dorian approcha de Mélissandre avec un poche de ketchup préalablement percé et d'une seul pression il arrosa le visage de la rouquine.

- Oh, vraiment désolé ! Mais cette couleur te va à ravir ! Fit-il d'un air faussement désolé, puis se prépara déjà à la riposte. Il vint se planquer derrière un plan de travail. La cuisine fut la première pièce arrosée par le passage des deux jeunes gens. Une genre de salle test, pour convenir de la bonne couleur et du bon dosage pour donner à la mixture une allure d'entrailles mixé.

C'est un heure plus tard, que Dorian et Mélissandre sortir de la cuisine, marqué de leur créativité. Dorian portait la marmite, laissant l'honneur à Mélissandre de choisir leur première cible. Porte du refectoire ? Porte des salles de cours ? Portes des bureaux des surveillants peut-être ? Ou encore celle du machiavélique directeur ? Ou simplement le jolie portail extérieur ? A moins que Miss Octavius avait une toute autre cible en tête.

- Alors ? On commence par où ?

Je regardais, très satisfaite, Dorian s'occuper de notre petite préparation. Le Ketchup ? Une bonne idée. Rien de mieux pour salir. C'est le genre de truc collant et gluant à souhait qu'on évite de se fiche dessus. En général cette sauce, quand elle est sèche de quelques heures, à des allures de sang sécher. D'où la bonne idée de Dorian.
Don je me mettais à l'oeuvre, moi aussi, bien décidée à remplir les critères listés par mon ami. Je fouillais un peu partout dans la cuisine à la recherche de trucs pouvant faire affaire. Je faisais une poche de ma cape et la remplissait de tout ce qui me tombait sous la main. Des bananes, de la compote dans un grand pot en verre forma " on est nombreux dans la casa "que je tendais à Dorian, d'autres sauces plus ou moins rouges, de la gelée et tout un tas d'autres trucs plus ou moins ragoutant. Je déversais donc le contenu de mes trouvailles près du gros récipient et entreprenais de tout déverser à l'intérieur, prenant soin de bien écraser les bananes à l'aide d'un ustensile qui ressemblait à une sorte de passoire. Oui bon, la cuisine et moi, ça fait deux. Je ne cuisine que rarement, alors pas étonnant que je ne connaisse pas vraiment les noms des trucs et des machins qui font une cuisine. Bref.

La... bouillasse qu'on avait fait n'avait rien de bien attrayant. Pas suffisamment pour paraître comestible. On aurait dit... On aurait pas dit. Jamais je n'avais vu pareille mixture. En tout, c'était absolument abominable. Et l'odeur... N'en parlons pas. Mais un truc visqueux me tira de mes constations.

« Oh, vraiment désolé ! Mais cette couleur te va à ravir ! »

« Ah, vraiment ?»

Je passais mes doigts sur ma joue, découvrant le liquide sur ma peau, l'éclaboussant au passage du ketchup que j'avais récupéré. Mon regard se fit plus malicieux alors et alors que je me débarbouillais, je pensais à ce que je pourrais éventuellement faire pour me venger. Pour l'instant, je le poussais violemment. Enfin, violemment, du mieux que je le pouvais. Car il ne bougeait pas d'un fil sous mon poids. Génial. Plus ridicule, on fait pas. Ou difficilement. Je lui réservais une belle crasse, pour plus tard.

Après avoir rajouté tout un tas d'ingrédients surprises à notre semblant de sang poisseux, il finissait par me demander où allait-on commencer notre petite folie d'Halloween. Alors moi, par instinct, je répondais d'un air enfantin.

« En bien je pense que les portes des dortoirs, de tous les dortoirs, conviendraient pour un début. »

Mon rire raisonnait dans le couloir, marquant le début de nos méfaits.

Les portes des dortoirs, tous, sans exception. Dorian acquiesça d'un signe de tête. Melissandre aurait pu dire un tout autre endroit, il aurait été tout de même d'accord, il ne réfléchissait plus, comme il se l'était convenu. Il emboîta le pas.

Dortoirs des filles, Dorian plongea sa main dans l'espèce de boue rouge qu'ils avaient préparé. Une première application, un peu incertaine peut-être, mais rapidement Dorian se corrigea et s'en donna à cœur joie. Une pleine poigne de la mixture fut envoyé sur la première porte de chambre, qui dormait ici ? Aucune, idée ! Dorian plaqua sa main contre le bois de la porte et la laissa glissé jusqu'en bas laissant une traîné le long de la porte. Petit message ; ' Joyeux Halloween ! ' ou une simple traînée, ou un simple lancé, ou encore de petit dessin de fantôme, citrouille... et le tour était joué. Porte par porte, Dorian et Mélissandre progressait dans le couloir. Le Terminal s'amusait, il échappa quelque rire même, quel erreur aurait été de renoncer à cette idée.

Au tour des garçons. Toujours avec le même plaisirs irréfléchi. Chaque porte, même celle qui menait à la chambre où dormait Dorian, sinon ce serait assez suspect et puis ce n'était que des tomates, du ketchup et...il ne souvenait plus vraiment ce que contenait cette écœurante purée. Le couloir fut – en quelques minutes – comme celui des filles ; marqué par le passage d'un mystérieuse fille et d'un fantôme. Comme tout couloir, il y avait une fin. Dorian, les mains recouverte de l'étrange mixture regarda Mélissandre avec un large sourire.

Cela faisait assez longtemps qu'il ne c'était pas amusé de la sorte. Il en avait même oublié à quel point cela pouvait faire du bien de temps en temps. Tout oublié le temps de salir deux étages, le tout en une demi-heure, une demi-heure qui décrocha sur le visage de Dorian bien plus que le banal sourire qu'il maintenait quotidiennement.

-Suis-moi !

Dans le feu de l'action. Dorian guida Melissandre devant une toute autre porte, situé au rez-de-chaussé. Il restait encore deux portes à baptiser ; celle des surveillants et celle du directeur. Presque deux portes incontournable, même pour y lancer de la bouillie rouge et froide. Ce ne fut pas vraiment sur la porte des surveillants que Dorian y prit le plus grand plaisir, mais sur l'autre porte. Cette porte qui était capable d'élever le rythme cardiaque de la plupart des élèves, rien que par le fait d'exister.

- Joyeux Halloween M'sieur ! Marmonna Dorian en lança avec poigne une boule de mixture qui vint s'étaler en plein milieu de la porte. Il laissa Melissandre en profiter, avant de fuir comme des braconnier.

Au détour d'un couloir du rez-de-chaussé, Dorian était assis au pied d'un mur. Le saladier posé à ses côtés.

- Nous avons atteint notre objectif ! Toutes les cibles ont été touchées ! Je répète, toutes les cibles ont été touchées ! Fit-il à Melissandre comme si ils étaient – tout deux – en pleine mission commando. Bien joué partenaire ! Ajouta t-il en tendant une main vers Melissandre pour se donner une se serrer la pince. Puis il soupira, toujours ce large sourire au lèvre.

Arrivée devant le grand couloir sombre, je restais plantée là, souriant comme une gamine face à ce que je m'apprêtais à faire. L'envie et l'adrénaline me poussèrent à presser le bouton sur ma droite, allumant la lumière qui se propagea peu à peu dans le long couloir jusqu'à atteindre enfin son fond et encore des détours que je devinais.

Je tournais alors la tête vers Dorian, lui offrant la blancheur de mes dents et mon expression d'excitée déchainée, puis, sans hésitation, je plongeais ma main dans notre mélange répugnant et regardais dégouliner le long de mes doigts l'étrange chose d'un rouge un peu terne et gluant. Une texture amusante qui sentait le chacal mort vieux d'une dizaine de jours au moins. Bon peut être pas, mais c'était pas loin. Je replongeais ensuite mes doigts dedans et me tournais vivement vers la première porte en jetant violemment le semblant de sang que nous avions fait. Des éclaboussures sur les murs et un tracé qui laissait imaginer que cela aurait pu être le sang de la victime d'un tueur en série se déclarant le soir d'Halloween. C'était puéril ce que nous étions entrain de faire. Puéril, mais amusant. Tellement que je me risquais même à en jeter au plafond, au passage, créant une énorme tâche dégoulinant le long du mur en coins et goutant un peu sur le sol. Parfois, il m'arrivait de laisser trainer ma main sur une de ces giclées, lançant apparaitre la forme de ma main à travers et tatouant ensuite les murs de mes mains ensanglantées.

La dernière porte, c'est Dorian qui l'honorait le premier. Avec plus de plaisir que ce que j'avais pu voir précédemment. C'était si plaisant de capter ses pensées, de voir son sourire aussi gigantesque que le miens sous l'acte et d'entendre son rire se mêler au miens. Il n'était pas si blasé qu'il en donnait l'air et je le savais depuis longtemps, mais cette fois, je le voyais. Et c'était bien mieux.
Alors je l'accompagnais avec joie, me déchainant contre la porte du pensé directeur, dessinant un sourire ironique dans la tâche rougeâtre.

Détalant pour ensuite s'asseoir à même le sol, loin de notre oeuvre, je soufflais de la course tout en riant sans pouvoir vraiment m'en empêcher. Ou sans le vouloir. Je frappais la main que Dorian me tendais, créant quelques éclaboussures encore sur le mur derrière nous, puis lui serrant finalement la main dans un mélange gluant de doigts et de cette mixture mal odorante.
A ses dires, je passais mes doigts sur ses joues, dessinant deux traits rouges de chaque côtés de mon visage et en fit de même avec mon ami.

« Génial ! Il nous en reste encore la moitié du plat» dis-je en me penchant au-dessus du récipient.

Je me levais alors, lui tendant ma main pour le relever, ce que je fis difficilement à cause de ma paume glissante. Puis je détalais, prenant cette fois les devants, me déplaçant au hasard. Enfin, pas tout à fait en fait. Je suivais les pensées étouffées, les rendant plus fortes à chaque pas. Une manière comme une autre de me guider vers un point de repère. Ensuite, une fois arrivés à un endroit que je reconnaissais mieux, je courrais en direction opposée pour enfin, contre toute attente, débouler sur le balcon.

De là, je me penchais légèrement au-dessus du vide, oubliant ma peur de celui-ci. Constatant que quelques personnes passaient régulièrement en dessous, une envie me passa et je me tournais vers Dorian, affichant toujours le même sourire.

« Ca te plairait ? »

Dorian regarda Mélissandre. Est-ce qu'il pensait ce qu'elle pensait ? Voulait-elle vraiment arroser des innocents avec cette bouillasse ? Il s'approcha d'avantage du vide pour jeter un coup sur les quelques personnes qui ignorait ce qu'il planait au-dessus de leur tête.
Ce serait certainement pas très apprécier, mais ce pourrait-être marrant. Dorian était assez indécis, puis une vision vint se pointer sous son regard. Sous ses yeux venait d'apparaître le gars le plus insupportable du monde, le plus idiot, le plus imbécile de sa classe. Ce type là ne pouvait tomber mieux, vraiment.
Bien qu'indécis, Dorian bascula rapidement dans la détermination. Sans dire un mot et sans prévenir, il plongea sa main – à nouveau – dans cette bouillasse ragoûtante et en échappe une bonne poignée sur la tête de ce camarade de classe qu'il ne pouvait encadrer depuis bien longtemps.

Un cri assez bref, des exclamations de dégoût, des interrogations. Dorian tira Melissandre en arrière afin qu'on ne puisse les voir d'en bas. Il échappa un rire.

- Je peux vraiment pas le voir celui-là ! Fallait absolument qu'il goûte à ce truc ! Lança t-il comme pour se justifier de sa soudaine détermination à ce petit jeu. Finalement, c'était encore mieux que repeindre les portes des dortoirs. Quelques insultes résonnèrent d'en bas, avant que le silence s'installe de nouveau. Dorian jeta – à nouveau – un coup d'oeil au-dessus du vide. Attendant avec impatience une nouvelle victime, cependant il croisait les doigts pour que ce ne soit pas quelqu'un qu'il appréciait. C'était au tour de Melissandre de choisir une cible, une cible qui tarda de ce montrer.

SLATSH ! C'est exactement ce qui résonnait à chaque fois que la masse visqueuse et rouge venait s'écraser et s'étaler sur la tête des passants. Des victimes à ce petit jeu, il y'en avait eu cette nuit. Dorian répéta l'action autant que Melissandre l'avait répété, jusqu'à ce que leur main vienne racler le fond du récipient. Bientôt, le jeu allait toucher à sa fin. Quel heureuse soiré.
Même si il n'y avait plus de raison à leur présence sur le balcon, Dorian et Melissandre y restèrent encore un moment.

-Et là tête de cette fille...Commença Dorian en éclatant de rire. J'ai cru qu'elle n'allait jamais réussir à rentrer ! Et je te raconte même pas son petit-ami …

Dorian calma son rire. Concluant sur un soupire de soulagement. Il regarda ses mains englué par leur recette d'Halloween. Jamais il n'aurait pensé arrivé à créer quelque chose de cette aspect là ; c'était visqueux, froid et l'odeur peu charmante. Et demain les choses allaient reprendre les cours des choses. Dorian pensait déjà à demain, ce qui l'enchantait pas vraiment.

-Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? On file à la maison des horreurs ? Demanda t-il, voir si Melissandre était toujours partante. Quel question ! N'est-ce pas ?

Je savais qu'il comprendrait... J'étouffais mes rires, rejetée par terre par Dorian qui nous préservait des regards du type si insupportable d'après lui. Puis je me risquais à regarder par-dessus le balcon, tirant sur mon capuchon pour ne pas qu'on me découvre, au cas où. Le type en avait plein les cheveux et le semblant de sang dégoulinait sur ses épaules. Les jurons qu'il lançait me laissaient perplexe. Bon, si cela avait été moi, je n'aurais certainement pas hurlé de joie. Mais j'aurais au moins eu la bonne idée de me joindre à ces personnes. M'enfin. Ses pensées me montraient la médiocrité du personnage. Violence et idiotie trônaient dans son esprit et son vocabulaire était bien pauvre d'après ce que j'avais pu constater, se limitant à de banales insultes. Les mêmes qui raisonnaient dans les embouteillages ou dans les films de série B.

Ma première victime mit un certain temps à se montrer. Mais j'étais heureuse de cette attente car j'avais hérité d'une proie de choix. Une frêle jeune fille d'environs une dizaine d'année aux allures de princesse débarquait suivie de ses amies. Je visais alors avec précision la tête blonde, maculant sa robe rose bonbon d'une énorme tâche. Le second tire était destiné aux cheveux d'une de ses amies qui riait trop fort à mon goût. Pour le coup, les autres se taisaient et s'enfuyaient à l'intérieur du bâtiment, ne comprenant rien à leur malheur.

Et quand la partie touchait à sa fin, Dorian me posa enfin la question que j'attendais depuis quelques minutes. Je mourrais d'envie d'aller dans cette "maison des horreurs". Je ne voyais pas du tout de quoi il parlait. Du moins, je n'en percevait pas vraiment le fond. Je cessais de rire et me tournais vers lui, arborant le même sourire qui avait empli mon visage la plus grande partie de la soirée.

« Oui ! Mais avant, j'ai encore une petite chose à faire... »

Puis, le plus rapidement possible, je jetais ma main dans le liquide rouge et en balançais une poignée sur les pieds de Dorian et finalement, j'agitais ma main devant son visage pour l'éclabousser légèrement.

« Voilà. Maintenant on peut y aller ! » dis-je en lui donnant une tape sur ses épaules.

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