Une soirée pour semer le trouble ? - Bal d'Halloween [Dorian]

C'était de bonne guerre. Mélissandre avait eu sa petite vengeance et Dorian avait le visage légèrement éclaboussé par la bouillasse qui occupait le bout de ses bottes de pirates. Il se contenta de fermer les yeux pour ne pas recevoir de la mixture dans les yeux et finit par sourire. Voilà qui était fait. Ils étaient à égalité. Une nouvelle expédition pouvait commencer.

La maison des horreurs. C'est l'un des noms que l'on pouvait donner à la demeure qui occupait une clairière dans un bois, un bois situé à quelques mètres seulement de Birdsall. Elle était connu, connu seulement par quelques personnes, des personnes qui étaient soit tombé dessus par hasard, ou bien qui avait entendu les rumeurs la concernant. Dorian, lui, en avait pris connaissance par l'intermédiaire de ses aînés. Il y avait même passé une nuit dans cette maison, une nuit blanche plus précisément. Qu'est-ce qui rendait cette maison unique ? Et bien comme chacune des personnes présentes à Rédemption en cette nuit d'Halloween ; son histoire.

Il y a plusieurs histoires concernant cette maison, des histoires pas très joli à entendre. On raconte qu'une famille vivait dans cette maison, une famille qui – d'apparence – était des plus banale. Le nom de cette famille changeait de personne en personne, mais Dorian avait toujours entendu dire que cette famille portait le nom de Corwin. Alexander et Beth Corwin plus exactement. Ils avaient trois enfants ; des jumelles et un petit garçon. On dit que l'enfant était possédé, qu'il agissait étrangement malgré son très jeune âge, on dit qu'il capturait les rats de la maison et qu'il prenait un malin à plaisirs à les lacérer avec un fil de barbelé. Il serrait son étreinte, il l'a serrait jusqu'à ce que le sang coule, jusqu'à ce que la vie du rongeur s'épuise. Personne ne savait le nom du petit garçon, car les Corwin n'en parlait justement pas, beaucoup d'habitant de Birdsall croyait que Alexander et Beth n'avait que deux filles. Deux magnifiques filles, sage et obéissante. Deux magnifiques ange que le jeune garçon rêvait de lacérer. On raconte beaucoup de chose sur le petit garçon, on raconte qu'il aimait dessiner, des dessins assez sombre et morbide, on dit qu'il se représentait souvent devant trois corps pendu à des cordes. Le pire, c'est que les dessins existent vraiment, véritable ou simple ruse de la part d'un farceur, Dorian se souvint les avoirs vu. Rien que d'y penser, il en eu des frissons. Une nuit, on dit que des cris s'échappèrent de la maison. Les cris de Mr et Mrs Corwin, mais aussi les cris des jumelles. Le lendemain, on vit le jeune Corwin débarquer dans les rues de Birdsall, en pyjama parsemé de petites gouttelettes rouge. On dit qu'il paraissait apaisé, une sourire sur les lèvres, le regard balayant les passants qui ne pouvait s'empêcher de s'interroger sur sa présence. On s'occupa de l'enfant, l'interrogea et il les guida dans la maison. C'est alors qu'on y découvrit quatre corps ; celui d'Alexander et Beth Corwin solidement et violemment lacéré par un barbelé sortit de nul part, les corps des jumelles retrouvées dans leur chambre, dans leur placard plus précisément, eux aussi...brutalement lacéré par un barbelé. L'affaire fut classé sans suite. L'enfant fut envoyé dans un orphelinat et plus jamais on en entendit un traître mot à son sujet. Mais, beaucoup laisse courir la rumeur, que l'enfant était responsable de ce crime et qu'il vit toujours dans les rues de Birdsall, caché, inconnu au yeux de tout les habitants. Et que chaque anniversaire de ce drame, il se rend devant la maison et rit, il rit en repensant au plaisir qu'il avait prit.

Dorian raconta la petit histoire à Melissandre. Une histoire qui avait accompagné leur route pour sortir de Rédemption. Car pour se rendre à la maison des horreurs, il fallait quitter...

- Il faut quitter la gueule d'un loup pour replonger de plus belle dans une autre ! C'est Adrian qui ne cessait de le dire ! S'exclama Dorian en passant le grillage par lequel il avait fait entré Melissandre. Quel drôle de comparaison que celle de la gueule d'un loup pour parler de Rédemption. Tu te souviens d'Adrian ? Un ? Tu sais le plus grand du groupe, celui qui ne cessait de focaliser sur tes cheveux quand on venait dans ta boutique ! Même que ton père l'avait grondé une fois...je ne sais plus pour quoi exactement ! C'était marrant !

Je n'avais jamais entendu cette histoire. Et pourtant, ce n'était pas faute d'entendre des rumeurs. De toute manière, je n'avais pas le choix. Apparemment, pas grand monde ne semblait la connaitre, cette maison des horreurs. Je n'avais pas eu la chaire de poule alors qu'il m'avait conté la triste fin de la famille Corwin. Non, je n'étais pas ce genre de fille à qui on pouvait aussi facilement faire peur. Il m'en fallait plus, beaucoup plus. Moi, tout ce que je ressentais en pensant à l'atrocité des meurtres et à la possible culpabilité du petit garçon, c'était de l'excitation. Encore une fois, je me rêvais de voir des fantômes ou ce genre de trucs. Par mesure de précaution, je ne me rendais jamais dans des cimetières. Isaac me l'interdisait, de peur que je devienne folle à liée si jamais j'entendais, par miracle, les pensées des morts. Là, une folle occasion se présentait à moi. Car si les esprits des membres de cette famille existaient, le seul endroit où ils devaient être c'était bien chez eux, dans cette maison.

J'enjambais le grillage sans crainte, une lueur d'amusement dans mes yeux, le sourire toujours présent. Je rejetais mon capuchon en arrière pour mieux voir et apprécier la nuit calme. Il ne m'était que rarement donné d'entendre si peu de pensées la nuit. Seulement pour des heures avancées, quand tous les habitants de Birdsall dormaient autour de moi.

« Ouais. Je m'en souviens. Je l'aimais bien, malgré tous les piques qu'il me lançait. Isaac le portait pas dans son coeur, en effet. Il me semble que la dernière fois qu'il lui a parlé c'était pour lui gueuler dessus. Mais bon. Ca ne change rien à mon jugement, l'avis d'Isaac. »

Isaac. Ma façon d'en parler laisser tomber quelques interrogations à mes interlocuteurs, la plus part du temps. Mais Dorian était habitué à cette appellation, du moins c'est ce que je croyais. Dans tous les cas, appeler son père par son prénom était peu courant. Lorsque je parlais d'Isaac généralement, on avait plus tendance à le croire être mon frère, mon cousin ou bien mon petit ami, suivant les sujets. C'était plutôt amusant, d'ailleurs.

Je levais les yeux sur la vieille maison abandonnée. Rien de bien impressionnant à première vue, si ce n'était le fait qu'elle soit abandonné. Cela laissait fuser les hypothèses. Enfin, sauf lorsqu'on avait déjà une version dans la tête, ce qui était mon cas, grâce à Dorian, ou à cause de lui.

Lorsque je passais le pas de la porte, je cherchais l'interrupteur, instinctivement. Une faible lumière s'alluma alors, laissant paraitre quelques ombres plutôt inquiétantes derrière les meubles poussiéreux et vieillots. Mon premier réflex fut de me diriger vers la bibliothèque. Il n'y avait pas beaucoup de livres intéressants. Plus des articles sur la cuisine ou des albums photo. Des albums photos... Je l'ouvrais vivement sur le plancher grinçant et découvrais alors les visages de la famille. Seul quatre membres y étaient représenté. Le père, la mère et les deux fillettes. Mon regard se tourna vers Dorian, impressionné par l'exactitude de son histoire. En effet, les Corwin semblaient vouloir oublier cet enfant, au point de le cacher, même dans leurs albums.

L'étage, je l'avais monté en courant, découvrant une par une les chambres, m'arrêtant longtemps sur celle du petit gars oublié. Quelques taches rougeâtres parsemaient le plancher et les murs de temps en temps. Le lit n'était pas fait, comme dans son récit. Mais je m'arrêtais là dans les explications. Je retournais alors dans la chambre des parents et m'asseyais en tailleur sur celui si. Examinant la tache de sang séchée et vieille de quelques dizaines d'années.

« C'est fantastique... Je crois que je reviendrais souvent ici pour lire. »

En effet, j'avais une fois de plus trouvé un endroit propice au calme et à la lecture. De plus, il y avait largement de quoi se faire des petites frayeurs ici, même si je n'avais pas entendu les pensées des morts. C'était agréable finalement, d'avoir quelques frissons.

Nous avions donc fini la soirée ainsi, assis sur les lits mal faits des morts à discuter de l'histoire qui hantait les lieux et des fantômes que l'on aurait bien voulu voir. Une fin mémorable que je n'oublierais pas d'aussitôt, même avec cette mémoire de poisson rouge qui me caractérise si bien.

Je l'aimais beaucoup, ce Dorian.

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