Du noir, que du noir. Le bleu a disparut. Une princesse perdu dans les ténèbres. Le noir est comme le néant. Il aspire tout, les couleurs, l’incolore, la vie. Et quelques fois … les souvenirs.

Le passé fait mal, le passé est synonyme de douleur. Le passé n’existe plus pourtant ? Il n’y a que le futur … et ceux qui sont trop faibles pour se tourner vers lui.

Qui sommes nous ? Ou allons nous ? Tant de questions inutiles. Personne ne peut sortir de sa propre histoire. Nous, pauvres pantins du temps. Le temps qui s’écoule est si gracieux, si rapide, si hypnotisant …

Une chevelure bleutée, perdu dans le cosmos infini des souvenirs. Prisonnière du passé. Mais pas du sien ? Non non … Des milliers de têtes et de voix se reflétaient dans des morceaux de glace brisée. Toutes ces voix différentes, ces cris, ses pleurs emplissaient l’espace d’un son hypnotique.
Le chagrin et le poids du passé écrasent la jeune fille. Max n’en peux plus. Trop longtemps qu’elle est là, sans raison, sans le vouloir. Elle veut s’enfuir, loin de cet enfer.

Que des noms étranges, Sélène … Taylor … Sacha … Emma … Stanislas … Lola … Stark ? Mellissandre. Et encore d’autres qui n’attirèrent son attention. Tant de voyages avec le temps. Temps de souffrance. Mais un seul mot la captiva. Un cri. Raphaël. RAPHAËL ! Raphaël …

Un soir d’orage. Elle atterrit dans un jardin. Un jardin inconnu. De l’herbe trop verte et du tonnerre. Elle attacha ses cheveux bleu avec un élastique en queue de cheval et se massa les bras, tremblante. L’air glacé engouffrait sa gorge comme pour l’étouffer.
Elle s’avança vers la maison pour trouver refuge. Il fait nuit noir. Elle s’approcha alors de la fenêtre pour coller ses mains a la vitre. Elle toussa, frigorifiée.

Une jeune fille, au pied des escaliers, semblait crier le nom de Raphaël, d’un air impatient. Quelques rougeurs apparurent sur les joues de Max quand elle vit son petit prince descendre les escaliers. Mais il paraissait étrange, crispée. La bleutée regarda l’orage, elle en sursauta. Puis son regard terrifié se dirigea vers la fenêtre. Deux corps au sol, un petit prince en larmes. Une grande sœur sous le choc. Des cris et des larmes. Toujours de la souffrance.

Elle recula, péniblement. Max sentait en elle un sentiment de dégout, de tristesse et de désespoir. Ces trois sensations encore jamais ressenti depuis bien longtemps. Elle se mit a pleurer, pleurer, sous la pluie qui venait de tomber. Puis cherchant a se calmer, elle finit par siffloter une mélodie, ses cheveux bleus azur tombant maintenant sur ses épaules. Les gouttes d’eau se glissant, jouant avec ses formes.
Elle glissa ses doigts d’une main dans ceux de l’autre et ferma les yeux, encore prise de spasmes.

Quand elle les rouvrit, elle était a Rédemption. Elle reconnut les couloirs qui sentaient le vieux livre humide. Elle sursauta. Combien de temps avait-elle disparu ?! était-elle vraiment retourné a la réalité ? Elle se souvint de la scène a laquelle elle avait assisté. Son prince était un assassin ? Non non … impossible. Pas lui … Elle croisa un élève et l’agrippa.

« On est quand ?! Quelle année ? quel jour ?! »

Il bafouilla la date d’un jour de décembre en 2009. Cela faisait donc plus d’un mois qu’elle n’était plus là. Elle était toute affolée, ce qui ne ressemblait pas a son comportement habituel. Elle voulait a tout prix éviter les gens qu’elle aimait avant observer. Surtout … lui. Elle ne voulait plus y penser, plus le regarder. Plus l’aimer.

Elle courut dans les sous-sols. S’évader loin d’ici. Puis elle remonta vers la salle informatique, ça lui fit penser a Lee. La salle était déserte. Pourquoi ? Elle semblait bien consciente. Mais ou est passé la démence ? Ou est passé sa moitié ? Il n’y a plus personne autour d’elle. Tout est vide. Vide comme elle. Elle se sentit seule.

« Elle .. elle a osé m’abandonner … oh non … »

Elle mit une main devant sa bouche. Une envie de vomir, de rejeter tout l’impur en elle survint. Il fallait qu’elle évacue, toute cette immondice. Elle repensa soudain au visage de Raphaël cette nuit là. Puis a son petit frère sacha qu’elle avait osé .. osé…

Rejet.

Elle regarda son reflet dans l’écran d’un ordinateur. Ses cheveux bleus, tout ce bleu …
Turquoise, Azur, bleu ciel, bleu marine, indigo, lapis lazuli, smalt, cyan, bleu de prusse, outremer, saphir …

Tss. Rejet !

Elle fonça vers la sortie quand elle rentra dans une personne. Cette personne était la dernière qu’elle avait vu. Raph… NON ! Trop de souffrances, trop de paroles en l’air. Trop d’amour. Sentiment éphémère. Elle recula d’un bout, le fixant de ses petits yeux saphir et détourna le regard, ses joues rosées.

« Toi … »

Elle rangea ses « mon amour, mon chéri, mon cœur, je t’aime tellement » au fond d’elle et se contentait de garder un semblant de fierté. Elle aurait voulu se jeter dans ses bras tellement … tellement … elle le désirait. Sentiment interdit, conscience oblige. Qu’est-ce qu’il faisait là aussi ?! Comme si c’était le jour … De plus, Max repensa a ce qu’elle avait vu, a ce qu’elle avait assisté. Il avait tué ses parents. Il avait tué ses parents. IL LES AVAIT TUES !

« Qu’est-ce que tu fais là … ? »

Assassin. Jamais elle ne pourrait le lui dire en face. Assassin. Jamais elle ne pourrait le lui reprocher. Assassin. Elle aussi avait péché. Assassin. Je t’aime … je le sais.
Assassin. Ma folie ! Ou es-tu passé ?! Je suis perdue… dans ces ténèbres.

L'amour... Qui est le malade, le sadique, le dérangé qui a inventé l'amour? Qui a mis des mots, cruels et trop précis, sur ce sentiment confus et chaotique qu'est l'amour? Pourquoi ne pas se contenter de dire "Je t'aime" avec les yeux, avec les mains, avec son corps tout entier?

Raphaël soupira. Il lui arrivait encore de penser à elle. De penser à cette nuit, cette nuit horrible où il avait certainement fait fuir à jamais la seule personne qui aurait pu le comprendre. Celà faisait un mois... Alors pourquoi avait-il encore ce... cet douleur qui le prenait, ce sentiment d'avoir fait du mal, trop de mal? Pourquoi ressentait-il tant d’inquiétude? Pourquoi avait-elle disparue d'ailleurs? Pourquoi ne l'avait il pas revu?

Raphaël releva la tête, lança un regard circulaire à sa chambre. Vide. Silencieuse. Il se leva lentement, se dirigea vers la salle de bain et se passa un peu d'eau sur la figure. Oublier. Pitié, par pitié, oublier. Oublier la sensation d'un corps qu'on serre contre soi, des baisers que l'on échangent. Ça n'avait été que quelques minutes d'une seule nuit. Alors pourquoi était-ce si difficile à oublier? Il passa la main dans ses cheveux, regarda sa triste image dans le miroir puis décida que faire un tour lui ferai le plus grand bien. Il tenta de sourire. Il échoua. Il attrapa une veste avant de quitter la chambre en claquant la porte violemment. Fuir. Il n'était bon qu'à ça.

Les couloirs étaient presque déserts. Quelques élèves erraient, comme lui. Certains se dirigeaient vers la salle de méditation, d'autres vers la salle de repos. Raphaël continua son chemin. Il s'arrêta quelques instants devant la porte du petit théâtre. Il avança la main de la poignée, hésitant, avant de laisser retomber son bras le long de son corps, en poussant un soupir. Peine perdu. Pourquoi tant vouloir se faire un peu plus de mal? Le garçon secoua un peu la tête avant de continuer son chemin.

Il descendit à l'étage des filles. Deux gamins de primaire couraient dans les couloirs. Il les laissa passer, l'éclat de leur rire résonnant sur les murs. Les pas du jeune homme résonnaient aussi, mais d'une façon différente, plus triste, plus inquiétante. Passant devant la salle informatique, il entendit quelques bruits étranges. Il s'arrêta, fixa la porte, hésitant à entrer. Il finit par l'ouvrir. A ce moment, quelque chose lui rentra dedans. Quelque chose de bleu.

Comment celà pouvait-il être possible? Comment pouvait-elle se tenir devant lui? A sa vue, elle s'était rejeté en arrière. Elle le regardait, une lueur de peur ou de souffrance étincelant au fond de ses yeux. Il avait une furieuse envie de la prendre dans ses bras, de l'embrasser. Et puis se mêlant à cela, une violente envie de fuir. Encore et toujours fuir. Il n'était bon qu'à ça après tout. Elle lui demanda ce qu'il faisait ici. Il avait envie de lui retourner la question, avant de lui en poser une centaine d'autres. Mais il voyait qu'elle le détestait. Que ses question spouvait attendre. Qu'il pouvait les ranger et les oublier. Encore et toujours oublier.


"Je... j'ai entendu des bruits bizarres... et euh... Tu es sur que tu va bien?"


Il était pitoyable. Il l'avait toujours su mais maintenant, il en était sur. Il était pitoyable.

Il n’y a maintenant plus rien pour te sortir de là petite. Affronte ton destin, tes sentiments. Parce que tu es pathétique de croire que tu peux leur échapper. Alors croise les doigts et accepte de tout recommencer. Prends ton courage a deux mains et cris. Pleure. Chiale de toutes tes forces. Et a ce moment là, a l’intérieur de toi, tes malheurs s’évaporeront comme des libellules a la recherche du bonheur. Et tu seras heureuse, car partir a la quête de ses libellules sera ta raison de vivre.

Max n’en revient pas. Son cœur est vide. Elle a froid, peur. Le monde lui parait maintenant petit. Aussi petit qu’une boite. Et dans cette boite ou se trouve le monde, il a fallut qu’elle tombe sur lui. La seule personne qu’elle ne voulait pas croiser. Pourquoi ? Pourquoi a-t-il fallu qu’elle tombe sur LUI ? Son petit regard perdu la faisait craquer. Depuis le début ou elle l’avait vu.

Ses membres tremblent, comme si le jeune homme allait lui faire du mal, comme s’il était le mal. Mais le tentateur n’est pas synonyme du diable ? Petite Êve innocente qui désire croquer dans la pomme. Et si cette pomme c’était l’amour ? La folie lui chuchote pourtant a l’oreille de ne pas le faire. Est-ce la folie qui a raison ? Folie et Raison. Tout cela est étrange. Et bien trop complexe pour le cerveau de la bleutée.

Elle ressent un profond besoin de courir, de courir après les libellules. Mais s’enfuir n’est pas très raisonnable. Mais il ne la rattraperais pas … il s’en fiche bien d’elle, il l’a dit lui-même. « Je ne suis pas du genre a tomber amoureux au premier regard ».

Tss. Mais pourquoi tu m’as embrassé ? Pourquoi m’as-tu touché ? Pourquoi avoir fait naitre du désire en moi ? Maintenant, je souffre … parce que je ne veux plus t’aimer ! Je veux me libérer…

Elle lève les yeux vers lui. Ils brillent de larmes. Chaque larme est une cascade. Elle s’écoule pour mieux tomber et disparaitre. Max le pousse loin d’elle d’un mouvement et tourne la tête. Elle a l’air a moitié en colère et troublée. Elle suffoque, comme si l’air lui était étranger. Elle ne sait pas quoi dire, la voix aussi l’a abandonné .. elle est décidément bien seule face a sa faiblesse. Lui … Elle ne sait plus dire son nom. Elle ne veut plus y penser.

« Ah ? Tu as entendu du bruit ? Pourtant, je n’en faisais pas. »

Max fut sèche dans ces paroles. Elle a mal. Tellement mal. La douleur est aussi insupportable que si on lui arrachait le cœur de sa poitrine. Et a l’intérieur, tout ses petits combattants se battent pour le récupérer. Elle doit faire confiance a une partie d’elle-même pour régler le problème.

Je suis folle ? Plus maintenant. Je peux regarder le monde ? Bien sur que tu peux. Il n’est pas bleu … Bien sur que non. J’ai peur. Sois courageuse. Mais qui est-tu ? Je suis tes yeux, ta voix, ton cœur, toi. Le vraie toi. Mais ou est ma folie ? Je lui ai ordonné de te laisser tranquille pour le moment. Vous ne pouvez pas ! Bien sur que je peux. Je suis … ta volonté.

« Je ne vois pas pourquoi tu restes là encore a me fixer avec tes petits yeux. Je vais parfaitement bien. »

Elle ferme les yeux. Mensonge. Elle est terrorisée. Et cela se voit quand on la regarde. Elle veut être invisible pour le prendre dans ses bras, pour le caresser, pour l’embrasser. Mais elle est bien là … Devant lui. Il ne bouge pas. Alors c’est a elle de le faire.

Raphaël est un idiot Max. Pourquoi tu dis ça ? Il ne fait rien pour te retenir. Tu crois qu’il m’aime ? A ton avis. Bien. S’il veut fuir, je le ferais a sa place, pour qu’il me retienne ici a tout jamais.

Elle le pousse sur le côté, avec un petit geste doux malgré elle. Elle détourne le regard. Ses joues sont légèrement rosées par un sentiment qui subsiste. Elle ouvre la porte lentement, son cœur va exploser. Elle court.

… Elle court.

Je t’aime.

Pourquoi lui mentait-elle? Pourquoi disait-elle qu'elle allait bien? Et pourquoi restait-il la, à la fixer, à l'ouvrir sans qu'aucun son ne sorte, à être incapable de dire qu'il l'aimait, qu'il l'aimait vraiment que ce qu'il lui avait dit était un mensonge, qu'il voulait juste la protéger. Oui, la protéger. La protéger de lui parce qu'il ne voulait pas vivre s'il la tuer, pas elle, pas Max. Il avait déjà tuer ses parents, alors il refuser de la tuer elle. Même si elle devait le hair pour ça. Même s'il devait rester à la fixer, sans parvenir à ne rien dire.

Après tout, que disait le proverbe? Ah oui! Que l'on récolte ce que l'on a semait. Voilà ta récolte Raphaël. Voilà tout ce qu'il te reste. Alors maintenant pleure, pleure encore et encore et redresse toi. Arrête de nous emmerder avec tes conneries d'amour.

Il ne comprend plus rien. Il ne s'entend plus, dans le tumulte ravageur de son propre esprit. Raphaël sombrait très lentement, dans la tempête abominable qu'était lui-même. Il était son propre bourreau, sa propre prison. Celle, invisible, qui la retenait de prendre l'ange bleue dans ses bras. Comment pouvait-il luttait contre lui, contre sa propre nature?

Le contact d'une main sur son bras réveilla le jeune homme. C'était elle, elle le poussait, elle l'écartait avec douceur, avec tendresse. Elle s'enfuyait.


NON

Elle ne pouvait pas. Elle ne devait pas. Mais déjà elle courait, elle mettait le plus de distance possible entre elle et lui. Comme lors de leur première rencontre, elle voulait le fuir. Comme lors de leur première rencontre, cela lui était insoutenable.

Pourquoi devait-il toujours se retrouver à lui courir après? Elle était à quelques centimètres devant lui, dans le couloir. Il tendit le bras pour attraper le sien. Il s'arrêta brusquement, l'entrainant avec elle. Ils se retrouvèrent face à face dans le couloir. Alors, doucement, Raphaël lâcha son bras et s'écarta d'un pas.


" Écoute moi Max... Je ne te demande pas de me regarder, juste de m'écouter. Ce que j'ai fais, ce soir là, ce que je t'ai dis, tout cela est et restera absolument inexcusable. Jamais je ne te dirais assez pardon. Parce que je ne pensais pas ce que j'ai dis. Ou plutôt, je ne pensais pas tout ce que je t'ai dis. Quand je t'ai dis que je t'aimais, c'était la plus stricte des vérités. Par contre,quand j'ai nié tout ce que j'avais dis, là, c'était un mensonge. Je t'ai fais du mal. Énormément de mal. Mais je t'en pris, crois moi quand je te dit que ces deux mois sans toi on était les pires de mon existence. Crois moi quand je te dis que tu as hanté chacun de mes rêves, chacune de mes pensées. Tu... Je... Je suis désolée."


Il l'a regarda, tachant de reprendre son souffle après son monologue. Il avait dit la vérité.Mais comment pouvait elle le savoir? Elle ne pouvait pas sans assurer. A ses yeux, il n'était qu'un idiot, un être haïssable. Il la comprenait parfaitement, il se haïssait lui même à cet instant.

Avant de se résoudre à la quitter, il s'approcha d'elle, lui caressa lentement la joue et déposa un léger baiser sur son front. Puis il tourna les talons et s'éloigna dans les couloirs, le bruit de ses pas résonnant sur les murs du couloir vide qu'il traversait .

L’amour … L’amour … On tuerait pour aimer. On tuerait pour se faire aimer … Il n’y a rien de semblable. Max n’aimait pas les sentiments incontrôlables mais des fois, la vérité nous prends a la gorge sans nous laisser le temps de réagir. On est comme plaqué face a l’inexorable. L’impensable se réalise. Sans qu’on est prié une seule fois pour qu’il arrive. Si vite … On est submergé par la chaleur montante en gradation. Plus rien n’a d’importance dans le moment présent.

Ses yeux sur moi.

Elle avait beau courir pour lui échapper, a s’en essouffler. L’air s’engouffrant dans sa gorge, ayant pour simple but de l’étouffer de l’intérieur, brulant chaque respiration. Elle haletait, les larmes aux yeux, ruisselant sur ses joues comme signe de défaite. Défaite face a l’amour, face a la vérité. Elle courrait encore. Elle le sentait derrière, elle le sentait partout autour d’elle, comme si aucune échappatoire n’existait dans le moment présent.

Ses yeux sur moi.

Elle courrait. Quelque chose la saisit sur le moment. Elle sursaute, elle n’ose se débattre. Il est là, il a couru avec elle. Pour elle. Elle en pleure encore. Elle le voulait. Elle voulait qu’il affronte avec elle la vérité. L’opiniâtreté de Max l’abandonnait peu a peu. Elle était vide. Il lui manquait quelque chose. Son regard de marbre la fixait comme une rose en décomposition. Une fleur qu’il s’apprêtait a arracher a la racine. Sèchera t-elle près de son cœur ou fanera t-elle instantanément ?

Ses yeux sur moi.

Des mots, que des mots. Des mots amoureux. Des mots vrais. Des mots qui font pleurer comme une épée sous la gorge. Ou simplement comme un bonheur trop immense. Plus rien n’a d’importance que ces mots. Le bruit autour a disparu. Le sifflement s’infiltre dans les oreilles. Un bourdonnement… Un bourdonnement …

« Écoute moi Max... Je ne te demande pas de me regarder, juste de m'écouter. Ce que j'ai fais, ce soir là, ce que je t'ai dis, tout cela est et restera absolument inexcusable. Jamais je ne te dirais assez pardon. Parce que je ne pensais pas ce que j'ai dis. Ou plutôt, je ne pensais pas tout ce que je t'ai dis. Quand je t'ai dis que je t'aimais, c'était la plus stricte des vérités. Par contre, quand j'ai nié tout ce que j'avais dis, là, c'était un mensonge. Je t'ai fais du mal. Énormément de mal. Mais je t'en pris, crois moi quand je te dit que ces deux mois sans toi on était les pires de mon existence. Crois moi quand je te dis que tu as hanté chacun de mes rêves, chacune de mes pensées. Tu... Je... Je suis désolée. »

Ses yeux sur moi.

Max n’en revient pas. Elle a hanté ses rêves ? L’amour existe. Pour elle aussi ? Elle en pleure encore. Des larmes de bonheur dessinant ses joues empourprées. Elle se sent impuissante et soumise. Comme un simple pantin du destin. Un pantin de glace. Elle murmure. Des sons inexpressibles. Elle murmure. Un chant mélodieux. Et amoureux ? Elle pose un doigt sur ses lèvres.

« Chut. »

Pas un mot de plus. Elle le fit reculer jusqu’au mur le plus proche, le collant, le coinçant. Il devait affronter la vérité. Avec elle. Elle se mit contre lui, le dévorant des yeux, se mordant la lèvre avec timidité. Une timidité calquant la passion sans limites. Elle approcha ses lèvres des siennes et l’embrassa, légèrement furtivement, comme une caresse. Cela lui laissant un gout amer dans la bouche. Une once de malice sucrée venait mélanger ce parfum exquis.

Mes yeux sur lui.

Marche arrière. Marche avant, surplace. Amour, vérité. Aucune signification. Abstraction. Elle se colla contre lui, posant sa tête sur son épaule, sa main sur le mur, son bras tendue, juste a côté de la tête de Raphaël. Il n’y a plus qu’eux deux, sans la folie, sans les larmes. Sans personne. Juste eux dans ce monde noir et bleu.

Sa peau était douce et agréable au toucher. Il était aussi doux qu’une sucrerie qui fond dans la bouche, comme un plaisir qui se déguste. On avait envie de le garder serrer contre soi par peur qu’il ne s’échappe. Et pourtant, on sentait cette réciprocité. Lui aussi la serrait contre lui, lui aussi dégageait sa force pour ne pas qu’elle se sépare de lui. Le silence régnait dans les couloirs vides. Seul leurs souffles et leurs spasmes dégageait une excitation commune et partagée.

Max se sentait bien. Il l’embrassait, il était là contre elle. On voyait qu’il la désirait. Et ce sentiment la faisait rougir jusqu’aux oreilles. Elle aurait voulu que ce moment dur éternellement. Elle aurait voulu que leur corps dansent avec élégance et indécence. Mais ne serait-ce pas trop précipité ? C’est donc ça qu’on surnomme amour et désire ?

C’est en train de remplacer ma folie … Ils sont en train de m’emprisonner dans une prison incassable.

Elle croisa son regard alors qu’elle ne s’était même pas rendu compte d’un petit échange. Elle avait voulu le coincer, maintenant, c’était elle qui l’était. Pourquoi … ? Pourquoi était-ce si bon ? Elle n’en savait rien. Et alors qu’il parsemait sa nuque de baisers, elle posa ses mains dans le bas de son dos. Elle caressait délicatement celui-ci avait de glisser ses mains sous son haut pour sentir sa peau si chaude trembler sous ses mains.

Il lui mordilla l’oreille, elle fondit littéralement. Totalement. La bleutée se collait le maximum au mur et le collait un maximum contre elle. Ils étaient tous les deux coincés. Et la sensation qui s’en échappaient était juste délicieuse. Puis, entre deux baisers, entre deux caresses, il lui demanda quelque chose qui avait osé sournoisement s’échapper de son esprit.

« Dis moi... Où étais-tu passé pendant ces deux si long mois? »

Elle sursauta, ses yeux s’assombrirent. Il n’était plus aussi azur. Elle le regarda dans les yeux, comme si la crainte avait chassé le désir, comme si la peur emplissait la sérénité jusqu’à la faire disparaitre. Elle ne savait pas quoi répondre. Elle se souvenu des images terribles auxquelles elle avait assisté. Raphaël … tuant … tuant … Elle mit une main devant sa bouche, comme pour s’empêcher de crier.

« Je … Nulle part … je te jure, nulle part.. »

Elle tenta de le pousser, de se dégager. De s’éloigner ENCORE une fois de lui. Pourquoi était-elle si faible ? Elle voulait rester avec lui, elle lui faisait confiance, trop confiance. Mais le doute, le doute emplissait son esprit déjà affaibli par la démence et l’euphorie. Du bleu … du bleu … je veux du bleu …

Et cette phrase qui revient sans cesse. D’où venait tant cette attirance pour ce bleu. Et si le sang était bleu ? Et si l’air était bleu ? Oui, bon.
Max baissa les yeux, elle n’arrivait pas à se dégager de son étreinte. Il ne la laisserait pas partir de toute façon. Elle bafouilla.

« J’ai été trop longtemps … prisonnière du passé. Maintenant lâche moi ! Je n’ai pas envie de parler avec un menteur !»

Et ses yeux redevinrent aussi azur que le ciel

Pourquoi fallait-il toujours tout foutre en l'air? Non, pourquoi devait-il, lui, toujours tout foutre en l'air? Pourquoi s'escrimer t-il à faire éclater sa bulle de bonheur, à poser des questions connes qui flanquaient tout par terre? Il n'était pas associal. Son psy s'était sans doute trompé. Il aurait du marquer sur son dossier: "Tendances à l'auto destruction". Là, oui, il aurait compris cette névrose qui le ronge. Mais là, c'était l'incompréhension. Quel était ce mal qui le forçait à foutre en l'air sa propre vie? Fucking shit.


« J’ai été trop longtemps … prisonnière du passé. Maintenant lâche moi ! Je n’ai pas envie de parler avec un menteur !»


Choc. Pause. Lui, un menteur? Raphaël se dégagea lentement et la fixa, interloqué. Qu'avait-elle bien put voir? Qu'avait-elle vue? Il fouilla lentement dans sa mémoire. Il y avait tant de choses qu'elle aurait put voir. Il se mordilla la lèvre. Il la regardait dans les yeux, tentant de deviner - en vain- ce qui la troublait à ce point. Pendant ce temps, elle s'était complétement dégagée. Ils se tenaient là, tout deux les bras ballants, incapable de parler, incapable de faire quoi que ce soit. Quelque chose c'était brisé entre eux. Elle n'avait plus confiance et lui... lui, il avait peur. Peur de son passé sans doute. Peur de la perdre pour la deuxième fois en deux mois. Peur, peur, peur.

Le silence entre eux devint insupportable. Tout du moins pour Raphaël. Alors, n'y tenant plus, il lâcha dans un souffle:


« Qu'est ce que tu as vu Max?»


Il avait envie de lui dire: "Arrêtons de nous autodétruire maintenant. Sinon après, ce sera trop tard. On s'aimera trop ou on aura trop l'habitude de vivre en ayant constamment mal. Alors par pitié, délivrons nous, cessons d'être des enfants, grandissons. Ce n'était que deux fois, deux moments. Fermons les yeux et faisons comme si tout cela était un rêve.", mais il en était incapable. Peut-être parce qu'il l'aimait trop, peut-être parce qu'il aimait trop s'autodétruire. Il y avait sans doute un plaisir pervers à se consumer à petit feu. Il soupira et s'éloigna d'elle, reculant jusqu'au mur d'en face pour s'asseoir par terre. Il passa la main dans ses cheveux.

«*Regarde la vérité en face Raphaël* Ta gueule! *Vous n'êtes pas fait pour être ensemble* Ta gueule! *Tu t'insulte toi même abruti! Je ne peux pas me taire, je suis toi* Très bien, je me demande à moi même de la fermer. *Abruti*»

Il la regarda encore et encore. Réponds putain, dis quelque chose. Je t'en prie Max...

Je t'aime. Moi non plus. Je t'aime à en vivre, je meurs a t'aimer. Je suis folle … de toi ?

Max était sur le point de craquer, de crier, de pleurer. Ce n'était pas a son habitude d'exciter les libellules de son âme. Tout dans son regard démontrait qu'elle était au bout. Au bout de la douleur, comme si elle ne pouvait en supporter d'avantage. Comme si le d'avantage la détruisait. « Qu'as tu vu ? » Elle s'envolait. La clarté du matin disparaissait, la vision brouillée par les larmes. « Qu'as tu vu ? » Les mots dans le désordre, un néant assourdissant. Il n'y a plus rien, plus rien, juste une tête de victime à qui on demande de répéter sa bêtise. Une honte. Les libellules s'envolent. « Qu'as tu vu ? » Une abomination. Un cœur déchiré. Un flot de sang. Les ténèbres. Un amas de pourriture purulente et putride. « Qu'as tu vu ? »

« Je ne sais pas ... »

Mensonge. Cette petite ne fait que mentir. Quelle honte! Elle n'a même pas le cran d'être honnête avec la personne qu'elle prétends aimer! Il n'y a pas à tarir d'éloges. Elle ne mérite même pas qu'on la regarde. Petite intéressante. Voyager dans le temps ne fait que diminuer le tien. Voyager dans le passé, tu ne fais que fouiner. Souvenirs, souvenirs. Imbrisables, incassables, secrets, perdus … à jamais ? Ou peut-être pas.

La jeune bleutée regarda le jeune homme, dans les yeux. Il n'y avait que son souffle qui s'échappait de ses lèvres rosées entrouvertes. Le silence plaquaient les deux adolescents dans une bulle d'angoisse. Max avait cette boule au ventre qu'ont toutes personnes quand la situation leur échappe. Elle ne savait pas quoi dire, enfin … elle le savait, mais n'y arrivait pas. C'était une mauvaise idée, ça ne pouvait être qu'une mauvaise idée. C'était sur. Alors pourquoi ? Pourquoi les mots semblaient vouloir s'échapper d'eux même comme des petits vagabonds a la conquête du monde.. Elle le repoussa, encore une fois. Cette acte pourtant si doux ne se traduisait pas verbalement par un « je t'aime mon amour » mais plus par un « Je suis désolée j'y arrive pas. » Pas compliqué vu le regard attristé de l'adolescente. Ses yeux océan brillaient, comme ils n'avaient jamais briller. Sa tête était en désordre, toutes ses pensées se fracassaient les unes contre les autres. Impossible de réfléchir. Et la folie qui vient s'y mettre, chuchotant dans son esprit comme un serpent avide et malsain. « Je n'aime pas les pommes, alors ta gueule. » Elle se focalisa sur lui, lui et lui seule. Sur son doux parfum. Une fragrance qu'elle reconnaitrait entre toutes. Quelque chose de tellement dissociable. Elle s'approcha et l'embrassa délicatement, posant ses lèvres sur les siennes, les effleurant, les caressant. Une douceur exquise qui la fit frémir elle même. Elle le prit dans ses bras, le serrant toujours un peu plus, le serrant comme s'il allait s'échapper, comme s'il voulait s'enfuir. Une paranoïa qui se rapprochait enfin du « je t'aime mon amour . » Une torture éternelle qu'est l'amour. Une prison de glace, une prison de feu. Une prison de libellules ? Tout doucement, elle approcha sa bouche de son oreille pour murmurer, tremblante.

« Je t'ai vu cette nuit là ... »

Elle avait mal. Parce qu'il allait surement avoir mal. Mais elle ne pouvait plus lui mentir, elle ne pouvait plus le blesser. Il fallait qu'elle le délivre, qu'elle joue le prince charmant sur son beau cheval blanc. Il fallait qu'elle y croit. La vie est un conte de fées ! La vie est un conte de fées ! La vie est un conte de fées... La vision de Raphaël la faisait encore tressaillir. Mais elle tenait bon, elle ! Héroïne de son conte de fées ! Maitresse du temps et des libellules ! Immondice absolue …

Je t'aime plus. Moi aussi ? Je t'aime à en mourir. Je vis en t'aimant. Je suis folle … à lier?

Il y avait certains silences, certaines silences qui font peur. Celui-là faisait mal, comme si chaque seconde de silence supplémentaire était un coup de poignard dans son cœur. Il commençait à avoir du mal à respirer. Oui, vraiment. Il avait tellement mal. Il aurait voulu la prendre dans ses bras et ne pas savoir. Mais c'était impossible. Tout bonnement impossible. Comment pourrait-il vivre en ne sachant pas ce qu'elle savait de lui? C'était impossible. Il le savait.

Elle s'approcha, elle l'embrassa. Les lèvres de Max avait le goût... le goût du bleu. Elle avait des lèvres acidulés, sucrés et douces. Elle avait les lèvres bleues. Elle avait le goût rassurant de la folie qui lui était familière. Elle était sans doute folle, il était sans doute fou. Ils étaient eux, liés par cette chose inexplicable. Pourquoi fallait-il qu'ils s'empressent bien vite de tout détruire? De poser les questions dont on sait que les réponses feront mal?


« Je t'ai vu cette nuit là ... »


C'était fait. Cette nuit là? Raphaël comprit trop vite. Il n'y avait qu'une nuit qui pouvait être "celle là". Mais... non. Elle ne pouvait pas avoir vu ça. Pas ça. Pas ça! Pitié, pas ça. Raphaël était prêt à implorer jusqu'à un Dieu auquel il n'avait jamais cru pour qu'elle n'est pas vu ça. Le jeune homme commença à trembler comme une feuille emportée dans un courant d'air en automne. Il s'accrocha à un des pans de la robe de Max. Ainsi, il l'implorait elle de rester à ses côtés. Il avait besoin d'elle. Juste d'elle. Seul, il ne pouvait plus s'en sortir. C'était impossible. IMPOSSIBLE.

Il avait peur. Parce qu'elle l'avait vu, lui. Elle avait vu ce qu'il était réellement, c'est à dire un monstre. Un monstre, une chose hideuse qui avait tué ses parents. Voilà. Voilà ce qu'il était, ce que Max savait à présent. C'était donc ça qui lui faisait si peur. Il avait peur de ne plus pouvoir se cacher derrière quelque chose, derrière son charme naturel. Il allait devoir accepter qu'elle sache. Max savait.

Et si elle l'abandonnait? Rien qu'à l'évocation de l'idée, Raphaël sentit des larmes lui montaient aux yeux. Que pourrait-il bien faire sans elle? Les larmes coulèrent sur ses joues. Rien, il ne pourrait absolument rien faire


« Je t'en prie, ne me laisse pas seul... Peu importe ce que tu as vu, je ne suis pas comme ça. Je... je ne me contrôle pas. Max, je t'en supplie. Reste, je t'en supplie.»

Il serra convulsivement le pan de la robe qu'elle portait. C'était la même que celle du fameux soir d'Halloween. Il avait de plus en plus de mal à respirer. Sa vue se troublait un peu, des tâches noires apparaissaient devant ses yeux. Il prit sa tête entre ses deux mains, tentant désespérément de se calmer. Malheureusement, cela ne faisait que s'empirer. Si cela continuer, il allait finir par perdre connaissance. Il reprit dans sa main la robe dans sa main et la serra fort, s'y accrochant comme à une bouée de sauvetage.


Soit ma bouée de sauvetage Max.

Un tour de manège,
un tour de nos vies.
Nos vies, qui tournent en rond
Un tour de magie...
Pour voir si le voyage vaut le coup.

La respiration s'arrête, le souffle court. On s'accroche, on décolle. Mais vers ou ? Vers le paradis. Un nuage d’où on peut voir le monde. Max le voyait bien ce monde. Elle était mieux dans les airs, ses cheveux confondant le ciel, a dormir sur son nuage. Les larmes aux yeux, mais acceptant ce fait, elle voyait bien qu'elle n'avait nul part sa place ici. Elle aurait pu se téléporter à toutes les époques, aucune ne serait la sienne. Aucune place, si celle du ciel. Attendez voir, elle penserait à la mort ? Si jeune, si fraîche, si amoureuse, elle le penserait ? Pourtant, elle serait bien... seule. Sans personne pour l'ignorer, sans personne pour se moquer d'elle, plus personne pour la critiquer, sans personne à détester... Juste a continuer à observer. Observer le monde d'un oeil azur. Elle éloigna cette pensée malsaine de sa tête pour se concentrer sur le plus important. C'était maintenant et seulement maintenant qu'elle accepta que sa vie n'avait aucun sens, qu'elle venait s'offrir à lui. Qu'elle ne pensait plus q]u'à ça, qu'elle avait oublié le reste. Car oui, le reste était sans importance. Ce qui s'était passé le soir de Noël était sans importance. La main du Directeur sur son être était sans importance, La mort de Lola était sans importance. Elle venait de penser cela ?! Elle ?! Oui, il n'y avait plus que Raphaël, sa vie était à présent basé sur ça... Quel terrible manège !

Un tour de manège,
un tour de nous qui.
Tournons autour de nous,
autour de toupie...
Pour voir si notre amour vaut le tour.

Tour... Tourne... Tourne.

Le voir pleurer pour elle. Quelle sensation merveilleuse... Elle le désirait qu'encore plus. Tandis qu'il s'accrochait désespérément à elle, Max lui saisit les poignets, doucement avant de l'embrasser, d'une tendresse presque angoissante. Elle ne fit que sourire, caressant le dos du jeune homme. Beauté repoussante. Puis inconsciemment, elle compris. Que deviendrait-elle sans Raphaël ? S'ils ne se mariaient pas ? S'ils n'avaient aucun enfant ? Est-ce qu'il ressentait la même chose la concernant ? Pourrait-il vivre sans elle ? Max frissonna. Décidément, sa vie était parsemé de questions... Autant qu'il y a de trous dans du gruyère. Transition. Son ventre gargouilla. Avait-elle faim ou était-ce l'angoisse de la fin ? Elle se recula, l'air joueur et se jeta a nouveau dans les bras de son aimé, riant d'innocence.

« Chut... Chut... Je me fiche de ce que tu as fait... Car maintenant, plus rien n'a d'importance. Non plus rien... »

Elle l'avait dit. Oui, plus rien n'avait d'importance. Tout ces prénoms dans sa tête... Car oui, elle connaissait son passé, son présent et son futur. Paradoxe temporel oblige. Max trichait. Depuis le début elle trichait. Elle savait ce qui allait lui arriver, ce qui ne lui arrivera pas. Elle savait ce qui lui était arrivé, et ce qui jamais n'exista. A ses yeux, tout était merveilleux. Mais une seule scène demeurait à jamais graver ! Cet instant mémorable. Fermant les yeux, contre lui... a jamais. Oui, a jamais. Elle remonta a nouveau ses lèvres aux siennes. Douleur sucrée, douceur morbide. Elle les caressa, puis l'embrassa à nouveau. Le baiser durait. Elle le désirait éternel. Mais rien n'est plus éternel que la fin? La jeune bleutée le regarda dans les yeux, caressant ses cheveux bouclés châtains.

« Tu te souviens de notre rencontre Petit Prince ? Tu m'avais dit que tu m'aimais... C'était le soir d'Halloween... » Elle baissa les yeux. « Tu es un idiot de petit biscuit... » Elle finit par sourire tristement. « Ne me laisse plus jamais seule. Ou que j'aille, rejoins moi... Je ne veux plus te quitter. »


Ce beau manège. Ce grand manège,
me met la tête à l'envers.
Ce beau manège, ce grand manège,
me met le cœur en l'air.

Et elle se mit à danser, car de la musique s'échappait des couloirs. Elle riait, oui, elle riait. Comme une enfant dans son costume de princesse, jouant avec son prince charmant... Elle riait, oui, elle riait. Comme une adolescente perdue, venant de retrouver son prince. Mais sa propre joie lui provoquait des migraines. Elle l'embrassa encore, comme s'il allait bientôt partir. NON ! Il avait promis qu'elle pourrait venir... ou qu'il aille.. Son esprit s'embrumait... Ouille, Max commençait doucement à sombrer. Alors elle continua a le câliner... il sentait si bon qu'elle se laissait droguer par l'odeur. PLUS RIEN N'A D'IMPORTANCE ! Elle aurait pu le crier au monde entier. Elle aurait pu.. Si elle avait un micro universel évidemment. Elle s'agenouilla devant son prince.

« Je répondrais a tes désirs petit prince... Ma vie t'appartiens désormais... Et la tienne aussi ~shishishi! »

Ce rire. C'était celui de la folie. Et merde, Démentia se tenait presque tranquille. C'était sur. Qui est Démentia ? Personne en fait. La vie de Max était comme son chewing-gum, il faisait des loopings impressionnants dans une bouche sans jamais se déchirer. Équilibre instable. « Petite folle... Tu vas le contaminer le pauvre... Tu ne voudrais pas qu'il devienne fou par ta faute ? Mais il l'est déjà c'est exacte. On s'est bien amusé toutes les deux n'est-ce pas? A rédemption... Tu crois t'être repenti ? Pour mériter Raphaël... Pour mériter la fin du monde. »

GO AWAY MY DEAR MADNESS... JUST GO AWAY FOR...

Once Upon A Time, I Was Falling In Love...

Il aurait voulu arrêter d'exister. Cesser de se faire du mal. Ses mains serraient la robe de Max un peu plus fort, comme s'il avait peur qu'elle disparaisse à jamais. Il essaya d'imaginer un monde où elle ne serait pas là. La douleur et l'angoisse furent si grandes que les larmes coulèrent de leur propre chef sur ses joues. Il leva les yeux vers elle. Elle le regardait. Elle l'embrassa, lui emprisonnant les poignets. Il répondit à ses baisers, le souffle court. Elle était son oxygène, la seule chose qui lui permettait de rester en vie. Elle était sa raison de vivre. Il ne pouvait pas vivre sans elle. Pourquoi la vie s'escrimait à les séparer? A mettre entre eux des obstacles invincibles. La main de Max courait sur son dos. Celle de Raphaël se perdait dans l'océan de ses cheveux. Il aurait aimé figer le temps à cette instant. Il aurait aimé arrêter de vivre à cet instant précis.

Plus rien n'avait d'importance? Les larmes arrêtaient lentement de couler. La mort de ses parents n'avaient plus d'importance? Il aurait aimé le croire, sincèrement. Mais il avait encore mal, encore et toujours ce vide qui lui faisait mal, qui le tuait à petit feu. Ses mains tremblèrent. Et là, pour la première fois depuis longtemps, il avait envie d'une clope. Max l'embrassa. C'était si doux, ça faisait si mal. Le baiser dura. Dura jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus respirer. Quand ils se séparèrent, il l'embrassa sur le nez et posa son front contre celui de l'ange. Raphaël entreprit lentement de respirer. Pourquoi est ce qu'il n'y arrivait pas? Peut-être parce qu'il ne voulait pas y arrivait? Attendez.... il voulait mourir? Peut-être bien. En tout cas, la perspective ne l'effrayait pas. Étrangement, elle le réconfortait plus qu'autre chose.


« Notre rencontre est tout ce qu'il me reste »


Il l'avait chuchoté, comme on ferait un aveu honteux et douloureux. Leur rencontre était la seule chose à laquelle il voulait bien croire. Il l'embrassa doucement. Il ne pouvait plus vivre sans elle, c'était une évidence.

Elle se leva, elle dansa. Il la regarda. Il était incapable de faire quelque chose d'autre. Il serra ses jambes contre son torse. Il était ridicule. Ils étaient deux gamins paumés qui ne comprenaient rien à la vie, qui n'avaient pas leur place ici, qui n'avaient leur place nulle part. A part en Enfer peut-être. Ils étaient les créatures innocentes d'un Démon morbide. Ou alors ils étaient les Démons? Les bourreaux, leur propre bourreau? Il avait mal à tête. Il avait mal. Il voulait que cela cesse. Max s'agenouilla devant lui. Il prit son visage dans ses mains.


« Je veux tellement partir d'ici. Et je te veux, toi. »

Et il l'embrassa. Il était incapable de faire quoi que ce soit d'autre.

La fin. La fin était proche. La fin venait les narguer, attendant de pouvoir leur sauter dessus. Max & Raphaël. The Time has come. Ils étaient prêts. Et la folie aussi. La jeune bleutée se mit à réfléchir. À réfléchir sur la vie qu'elle a mené. De tout remettre dans l'ordre. Qu'est-ce qu'elle allait quitter ? Ses parents qui auraient voulu un garçon... Ses parents adoptifs qui ne la reconnaissaient plus a cause de ce maudit trouble spatio-temporel. Sacha, son petit frère qu'elle a osé rayer de la structure même espace-temps. Puis sa rencontre avec Lola... Sa complémentaire... Son adorable orangée... Puis sa mort, par ce connard de Riley. A ce moment là, elle avait maudit le monde entier, a ce moment là, elle aurait voulu mourir a sa place. Mais ce soir là, tout changea. La rencontre avec le petit prince, mélange éphémère de douceur, de douleur et bonheur. Parfait mélange de la mélancolie, de la nostalgie amoureuse. Max fut heureuse. Puis brisée. Puis heureuse. Puis détruite. Un petit grain de folie avait parsemé son existence. How can we dance when our earth is turning ? Puis il y a eu le soir de Noël. Peut-être avait-elle exagéré ? De toute façon, elle ne voulait pas réellement … faire d'efforts. Le garçon des ténèbres est parti. Tant mieux pour lui. Il a sauvé du temps précieux. Le temps... Le temps... Pourquoi tout revient à lui ? Depuis le début. Depuis le début de la fin, elle sent son coeur battre étrangement. Il fait... tic tac.. tic tac.. Tic... Tac... Toc ? How do we sleep while our beds are burning ? Son cœur était une montre. Une horloge a moitié défoncée par le temps qui se perds. Envie de crier. Envie de crever. Et si ce sentiment était réciproque ?

« Que ? Vraiment ? » Elle ferma les yeux. « Si telle est ta volonté petit prince... » Elle releva la tête en souriant. « Ensemble. Pour l'éternité. »

Elle n'avait plus cette crainte qu'ont les hommes avant de faire le saut dans le vide. Non, elle ne l'a jamais eu. Elle était prête a se jeter... mais pas seule. Celui qui la retenait donc en vie le désirait aussi. Avant de mourir, on a cette boule au ventre, elle nous tord dans tous les sens, elle nous donne envie de vomir, elle nous tue à l'avance. Max savait qu'elle devait surmonter cette douleur pour atteindre ce but ultime. Tic tac... tic Tac... Tic tac... Encore ce bruit dérangeant... Il fallait que cela stoppe ! Mais comment ? Et ou aller ? La jeune bleutée savait qu'il n'y avait plus de place nul part … Quoique.. A un endroit encore, ils seraient heureux pour la dernière fois. Il n'y avait qu'un seul endroit qu'elle n'avait encore jamais visité. Parce qu'elle pensait que l'atteindre serait impossible. La fin du monde. Peur abstraite des humains.. La fin des rêves, la fin de la vie en toute chose. Parfait non ?

« Je suppose que tu ne veux pas attendre. Je suppose que rien ne te retiens. Je suppose qu'on peut y aller. Je suppose que... »

On raconte que Max était folle. Mais vraiment folle... dans le terme de démence, maladie mentale. On raconte qu'elle ne savait pas attendre, impatiente demoiselle, on raconte qu'elle aurait forcé Raphaël à partir dans un élan d'empressement. Mais c'était faux, le jeune homme lui même avait murmuré a son oreille, lui avait gémit langoureusement qu'il voulait s'enfuir, sans plus attendre. Alors, la jeune fille aux cheveux de la mer les avait emmené tous les deux. Ce voyage fut long... Long pour elle, car traverser des millénaires en quelques secondes, on pourrait appelé ça un exploit n'est-ce pas ? La fin du monde.

Raphaël prit la main de Max. Max soupira et le prit dans ses bras. Ils partirent enfin. Le voyage ne dura que quelques secondes. Un firmament multicolore, un arc-en-ciel de tornades... aspirés dans un tourbillon d'étoiles... On pouvait voir les aiguilles du temps se déréglées, l'angoisse quand elles se stoppent .. puis se détruisent. Ils arrivèrent enfin, le paysage se dégradait lentement... mais quand même trop rapidement. Un spectacle magnifique que Max ne pouvait presque pas voir. A terre, elle était épuisée. Elle n'était jamais allez aussi loin. La terre grondait, le ciel criait, Max accompagna ce chant vivant par un hurlement. Son esprit était en bouilli. Son âme avait déjà été mangé en purée par Raphaël. Quand à son cœur. Qui a dit qu'elle en avait un ? Just Kidding. Elle se releva grâce au jeune homme qui se tenait à côté d'elle et se soutint sur son épaule. Elle se contenta de regarder cette explosion sans rien dire. La vie chantait l'heure de la mort. D’où ils venaient, ils n'étaient rien. Et maintenant, ils étaient les deux derniers riens du monde.

« Si on meurent... » elle eut un petit rire faible. « Autant qu'on meurent en même temps que le monde... Nous serons les deux derniers. »

Max vint chercher les lèvres de Raphaël et l'embrassa dans un dernier effort. Have you heard the news that you're dead ? Et ce fut la fin de tout. De la folie et du reste. Car qu'y a t-il de plus beau que d'être sage dans ce monde de fous? Elle était surement la plus sage de tous, et donc la plus folle. Sage de s'enfuir au loin dans les étoiles, fuir le monde qu'elle déteste pour le regarder crever. Un sourire innocent cache bien des secrets. Et alors dans plus vertueuse des vertus, la jeune fille aux cheveux bleus se tourna vers lui pour crier le plus doucement possible, accompagnant l'hymne a la mort du monde :

« Je t'aime. »

Et ce fut ENFIN la fin de tout.

***

Cependant. Revenons sur cette pauvre Max. Oui, vous avez bien compris... elle est morte. Et Raphaël aussi... tous les deux tués par cet égoïsme humain. Mais le plus cruel de cette histoire c'est que Max est une tricheuse. Vile et joueuse... elle avait tant de fois tricher. Tout était calculé... pauvre soumise du temps et de ses vilains tours, elle ne put se débarrasser de lui qu'à l'époque ou il mourut. Car oui, à la fin du monde, même le temps se suicide.
Max est une menteuse... Elle a toujours tout su. Elle a toujours contrôler son pouvoir. Alors pourquoi ? On confond souvent tyrannie et monarchie. Quelle différence ? Le tyran de rédemption en est également le roi, et elle voulut être reine. Ce fut l'histoire d'une jeune fille qui, a s'amuser à voler trop haut, vu ses ailes bruler.

Elle n'eut pas beaucoup d'amis. Surement parce qu'elle était trop décalée... Il eut une fixation sur le bleu, on raconte que son cœur était fait de saphir... Mais en avait-elle un ? Just Kidding. On dit qu'elle adorait les sucreries... qu'elle ne rêvait que de chuppa Chups, qu'elle racontait à tous le monde que quand elle serait adulte, elle déménagerait au mont Milkimalaya... ou même la neige serait faite de sucre glace! On dit qu'elle avait des qualités indéniables en dessin... et qu'elle eut zéro à un contrôle pour avoir dessiné un monde bizarre et malsain... et que même le professeur eut peur. On dit qu'elle aurait dessiné un arc en ciel sur le mur de la salle de bio avec des précipités d'ions... On dit qu'elle aurait pratiqué du kung-fu contre Riley... on dit que le soir, quand elle n'arrivait pas à dormir, elle cherchait à savoir la date de la mort des gens autour d'elle... On dit qu'elle pouvait y parvenir... On dit même que le directeur a cherché à le savoir... On dit tellement de choses à son sujet que ça en devient presque amusant. Et le plus dérisoire de cette histoire c'est que ces choses sont vraies. Max n'a jamais tenu de journal intime... Elle gardait tout dans sa tête jusqu'à ce qu'elle explose en même temps que le monde.

Égoïstement, elle voulait le voir, elle voulait devenir autre chose qu'un petit grain de poussière. Étrange à dire mais tout savoir n'est pas forcément agréable. C'est tellement terrifiant qu'on en fini par craquer. Mais la jeune fille, malgré tous les efforts qu'elle eut fait pour se différencier des autres eut finalement réussi, le jour de sa mort... main dans la main, avec celui qu'elle aimait... elle eut ce sourire, ce sourire de menteuse, ce sourire faussement innocent. Elle savait au fond d'elle qu'elle avait réussi. Et ses cheveux bleus légendaire se perdirent a flotter dans l'espace infini... dans le noir complet, l'azur fut comme un nouveau ciel...

Max n'a jamais tenu de journal intime... mais on retrouva 3 petits morceaux de papier adressés à 3 personnes.

• A Alaric Aegis Gwolou Stark : On dit qu'a la fin du monde, il n'y a plus que les ténèbres... t'es jaloux hein ?
• A Sélène Utreuil : J'ai toujours préféré les petites filles...
• A Monsieur le Directeur : J'ai triché.

Équilibre Instable.

GO AWAY MY DEAR MADNESS! PLEASE GO AWAY FOR THE END OF THE WORLD.

? : Eh max! Action ou vérité?
Max : Action!
? : Montre tes fesses à tous le monde!
Max : *baisse sa culotte* OUAIIII REGARDEZ MES DEMI LUUUUNES! :D ♥