Quel heure est-il ? 22 h. Il est tard, j'ai cours demain, je crois. Sommes-nous vendredi ou samedi ? Tant pis, si je dois aller en cours demain, j'irais. Je suis endurante, je ne vais pas m'évanouir parce que j'ai simplement manqué quelques heures de sommeil. J'avais besoin de prendre l'air, cette journée avait été chiante à mourir. Non, les élans asociaux de la moi d'avant n'avaient pas fait leur retour. J'étais simplement solitaire. C'était comme cela. C'était en moi. Cependant, je pouvais parler avec les personnes, comme une fille normale, j'étais normale... Je ne suis plus celle d'avant, je vous l'assure...
J'étais dehors et forcée d'admettre que je n'avais aucune idée de comment j'étais arrivée là. Non, je n'avais aucun souvenir d'avoir fait le trajet qui m'avait mené jusqu'ici. Ces satanées pertes de mémoire ! Elles étaient de plus en plus fréquentes Heureusement, elles ne concertaient que ma mémoire instantanée et ce que je perdais me revenait peu de temps après. J'avançais donc encore. Je ne savais pas trop où j'allais. Je savais au moins que je ne me trouvais plus dans l'enceinte de l'école. J'aimais l’extérieur. Oui, j'aimais sentir l'air frais sur mon corps Sentir ce léger vent frôler ma peau, les frissons parcourir mon être. Pour un soir de janvier, la température était étonnement supportable et même agréable. De plus, la nuit tombée était magnifique. Le décor environnant était aussi fantastique qu'une photo en noir et blanc. Oui, je me serais crue dans un décor de vieux film sans couleur des années 20. C'était beau, c'était calme. Ce paysage si terne, si paisible, qui ne pensait en rien aux hommes. Qu'importe pour cette nature d'être belle ou non car elle savait qu'il n'y avait personne pour l'observer. Une nature naturelle qui ne se souciait donc pas d'être vue, une vraie beauté.
Bientôt, il y eut devant moi un arbre. Un grand arbre à l'apparence solide. C'était, je pense, un arbre d'un certain nombre d'années. Je m'en approchais, quelques peu fascinée, sans pour autant savoir pourquoi. Son tronc était épais, recouvert d'une écorce conséquente. Des crevasses profondes s'y étaient formées. Cet arbre avait vécu. Cela se sentait. Plus, cela se voyait. Mais... Je pris alors conscience d'une chose. J'en avais entendu parler ce me semble. L'arbre du pendu. Cet endroit avait été le théâtre d'assassinat de coupables de meurtres ou de trahison. Des exécutions. Un étrange sentiment me parcourut. Des hommes, des femmes, peut-être même des enfants avaient reçu la sentence mortelle ici.
Hum... Tant pis. Cet endroit n'était pas désagréable malgré tout. Je m'assis en tailleur près de l'arbre et, machinalement, je commençais à chantonner un air que j'appréciais beaucoup. J'aimais chanter, c'était une source de plaisir.