Maitre des lumières, titre prestigieux qu'on lui avait attribué lors d'un de ses spectacles au théâtres des ombres, il n'avait pu s'empêcher d'en ressentir un sentiment de grande fierté. La fierté... Parfois, il avait envie que quelqu'un d'autre que son père puisse le féliciter... Mais après tout, qui avait-il réellement à ses côtés ? Sa mère était au ciel avant qu'il n'aie eu le temps de la connaitre. La troupe du cirque ? Ils étaient tous tellement spéciaux et extravagants, sympathique, certes, mais il n'en étais pas aussi proche qu'il le laissait paraitre. Adrian avait besoin de se changer les idées...

Adrian retira sa tenue de scène, cela faisant environs vingt minutes qu'il avait terminé sa représentation et il avait envie de retrouver des vêtements plus sobre en cette journée qu'il trouvait bien triste. Il sortit de son armoire sa tenue de sortie préférée. Son pantalon beige et son pull blanc cassé qui accompagnaient chacune de ses sorties hivernales. Avant de sortir, il se recoiffa et enleva les accessoires dans ses cheveux, enfila son manteau croisé et sortir de la caravane de Jack, son père bien trop absent ces derniers temps.

Maussade, tout comme son humeur, le temps avait décidé de revêtir son manteau gris et d'empêcher le soleil de caresser de ses rayons chaleureux le visage du malheureux. Il prit soin de refermer la porte de la caravane derrière lui et prit lentement la direction du parc de "Birdsall's Park" il avait envie de dépasser les frontières du parc d'attraction.

Birdsall's Park, un petit parc qui n'en avait que le nom... et pourtant, le jeune homme aimait prendre le temps de s'y rendre pour penser et échapper à la course du temps. Pensif, il s'arrêta un instant devant la grille du parc... Sur le petit muret de briques rouge, une plaque en bronze usée indiquait: Birdsall's Park... Les mains en poches il poussa les grilles en pénétra dans le parc toujours peu fréquenté. Ses pas le conduisirent à un banc usé dans le parc, une petite fontaine, abandonnée de tout oiseaux trônait la petite place sur laquelle il se trouvait... Aussi tôt se posa-t-il sur le banc, que plusieurs enfants déboulèrent de derrière lui; brandissant des branches en guise d'épées et se lancèrent dans une lutte sans merci ou l'un d'entre eux trouverait sans doute la mort...Enfin...D'une façon imagée bien sur. Adrian, les regarda d'abord un instant, amusé par ce qui lui rappelait son enfance. A cette même époque, il devait sans doute apprendre à utiliser ses pouvoirs... Il ne s'en souvenait plus très bien.

Adrian regarda ses mains l'espace d'un instant, outil de son don. Les enfants trouvèrent un nouveau champ de bataille non loin de là, ils avaient à présent disparus et leur cris s'étouffèrent à l'horizon. Plus aucun bruit... C'est ce qu'il pensait... Mais comme un murmure, il entendit de petits gémissements non loin d'où il se trouvait, il se leva, interloqué et chercha du regard d’où cela pouvait-il bien provenir.

Cachée derrière quelques arbres dans l'endroit qui se voulait la plupart du temps le lieux le plus calme, une jeune fille se tenait là, droite, sanglotante. Il préféra d'abord ignorer la jeune fille et la laisser à ses problèmes. En effet, tout le monde n'avait pas envie qu'on lui tende la main... Mais... Il préféra faire fi de cette impression et partit en direction de la jeune fille.

Elle se trouvait devant lui, abattue et désemparée, les larmes coulèrent sur son visages jusqu'au limites de ses joues se détachent à leur extrémités pour s'écraser contre le sol, absorbant ainsi une partie de sa peine, la jeune fille continuait de pleurer. Elle était jolie sa chevelure blonde se mariait à merveille avec ses yeux gris sans parler de son visage qu'il trouvait charmant. Qu'est-ce qui pouvait bien rendre triste cette jeune fille... Le jeune homme posa sa main sur l'épaule de celle-ci, compatissant, et chaleureusement, il lui demanda ce qui pouvait causer tant de larmes.

"...Qu'est-ce qui peut bien faire couler des larmes sur un si jolis visage en cette période de l'année ?" Il lui sourit chaleureusment, advienne que pourra, c'était peut être présomptueux de sa part de s'adresser à une parfaite inconnue. Les mots qu'il avait choisis n'était peut être pas les plus réconfortant mais... Il s'était dit que cela pouvait peut être la faire sourire, au mieux, lui changer un tant soit peu les idées.

Elle esquissa un sourire, cela lui allait bien mieux que les larmes, lorsqu'elle les sécha pour répondre au jeune homme il remarqua brièvement des traces de coupures sur ses poignets, vestige d'une vie de tourments, un signe d'appel à l'aide. La mutilation... Il ne savait pas grand choses de ce qui pouvait déclencher ce besoin de trancher sa peau, ressentir la lame sur corps, sentir couler le long de la plaie le sang et avec lui ses malheurs... Cette jeune fille n'avait pas besoin de l'aide d'un passant, elle avait besoin de l'aide d'un ami... Mais il n'avait pas cette relation avec la jeune fille. Alors qu'elle souriait, il la trouvait touchante, fragile...

< - Bon.. bon.. bonjour. Vous.. possédez.. un don aussi.. n'est ce pas ? >

Ensuite, elle prit la parole, d'une voie tremblante elle évoqua les dons du jeune homme, comment pouvait-elle bien savoir qu'une forme de magie vivait en lui ? Il fut interpellé, "vous.. possédez.. un don aussi..." Tiraillé entre l'ombre et la lumière, il avait appris à maîtriser le pouvoir de la lumière et maitrisait correctement celui des ombres...Le jeune homme ressentait à présent de la surprise, c'était la deuxième personne à évoquer leur particularité dans ce monde d'une seule phrase sans se soucier des conséquences qui pouvait en découler, n'importe qui d'autre aurait pu prendre cette jeune fille pour une folle, mais pas lui. Il savait toute la souffrance que pouvait engendrer de tels pouvoirs et comme à son habitude, il ne jugeait pas les gens...

"Et bien... Ce n'est pas vraiment le genre de conversation que j'ai l'habitude d'avoir avec la première personne qui passe...mais oui. En effet, je possède certains dons qui me rendent, disons...Spécial" il lui adressa un clin d’œil avant de se relever.

"Content que tu ailles mieux, j'espère te revoir la prochaine fois avec le sourire... Laisse les larmes au placard, elle ne te vont pas et c'est bien mieux quand on peut y lire les prémices d'un sourire comme tu me l'as si bien montré tout à l"heure. Au fait... tu peux me tutoyer tu sais... Cela me met mal à l'aise quand on est trop distant avec moi... A l'occasion, passe me voir à "Play's Disused Zone", cherche le théâtre des ombres et demande "Light", je te ferais un prix en échange d'un sourire...Promis ?"

Adrian tapota l'épaule de la jeune fille avant de repartir et lui adressa un sourire qui se voulait être le dernier avant une éventuelle autre rencontre. Il pris un petit paquet de mouchoir de sa poche et le lui remis entre les mains.

"Il n'en reste pas beaucoup, alors... Essaie de ne plus trop pleurer, d'accord ?" Il repartit dans la direction opposée, les mains dans les poches comme à son habitude, il marcha sur quelques mètres et s'engouffra dans la brume naissante de cette matinée d'une nouvelle rencontre.

• De la surprise. C'était le sentiment qu'il ressentait au moment où elle lui avait demandé si il avait un don aussi. Il était vrai que Emy était insouciante, comme un lionceau venant de naître, encore frêle, non éduqué. & elle.. elle, elle a seize ans & elle ne sait rien de la vie. Rien. Alors le fait que cette question directe posée en première phrase puisse avoir des conséquences, elle s'en fichait. Elle n'y pensait même pas. Tout ce qu'elle pensait, c'était qu'elle avait trouvé quelqu'un comme elle. Quelqu'un qui avait peut-être souffert aussi. Quelqu'un potentiellement apte à la comprendre.
  
  < - Et bien... Ce n'est pas vraiment le genre de conversation que j'ai l'habitude d'avoir avec la première personne qui passe...mais oui. En effet, je possède certains dons qui me rendent, disons...Spécial. >
  
  Il lui adressa un clin d'oeil, puis se releva doucement. Le sang d'Emy ne fit qu'un tour, pourquoi se levait-il ?
  
  < - Content que tu ailles mieux, j'espère te revoir la prochaine fois avec le sourire... Laisse les larmes au placard, elle ne te vont pas et c'est bien mieux quand on peut y lire les prémices d'un sourire comme tu me l'as si bien montré tout à l"heure. Au fait... tu peux me tutoyer tu sais... Cela me met mal à l'aise quand on est trop distant avec moi... A l'occasion, passe me voir à "Play's Disused Zone", cherche le théâtre des ombres et demande "Light", je te ferais un prix en échange d'un sourire...Promis ? >
  
  Aller mieux. Non. Jamais elle ne pourrait aller mieux. Jamais. Elle garderait, quoi qu'il puisse arriver, des traces de ce qu'elle avait vécu. C'était gravé en elle, & c'est bien le cas de le dire. Il avait du penser qu'elle était folle.. Se scarifier autant les bras.. Pleurer comme une déprimée, elle l'était surement après tout.. Il avait peut-être voulu rester courtois & gentil tout en souhaitant partir loin d'elle.. Ou peut-être pas puisqu'il l'avait invité à venir le voir.. & qu'il l'avait complimenté plusieurs fois..
  Emilie sortit de sa rêverie, le voyant sourire, puis lui tendre un paquet de mouchoir, & parler de sa voix.. charmante.
  
  < - Il n'en reste pas beaucoup, alors... Essaie de ne plus trop pleurer, d'accord ? >
  
  Il était trop gentil. Trop pour la jeune fille & ses vécus. Elle ne connaissait pas cela ! Pas la moindre gentillesse depuis qu'elle était plus "consciente" de la vie. Entendre ça, ses paroles douces, gentilles, adorables, prononcées qui plus est par un beau jeune homme.. C'était comme un enfant devant le sapin de Noël pleins de cadeaux, par exemple. Comment décrire cela ? Ce sentiment de bonheur. Ce sentiment d'épanouissement qui perce la couche de tristesse. Ce sont des choses que l'ont ressent, des choses inexplicables.
  Elle le regarda s'éloigner à l'opposé d'elle, les mains dans les poches, d'une démarche qui se faisait paisible, puis disparaître dans le brouillard. Elle entendait ses pas raisonner dans sa tête, petit à petit moins fort mais toujours là. Elle restait bloqué par terre. Figée. Elle le laissait partir. Loin d'elle. Qu'avait-il dit ? Venir le voir à.. à.. Play's quelques choses. Elle ne se souvenait même plus le nom complet ! Elle ne le reverrait jamais. Le seul qui s'était intéressé à elle. Le seul. Le laisser partir..
  
  NON !
  
  Impossible. Juste impossible. Ce fut un déclic dans le cerveau d'Emilie. Non, elle ne devait pas le laisser partir. Elle devait tenter quelques choses. Il y avait un truc à faire avec lui. Quoi, elle ne le savait pas. Mais elle d e v a i t faire quelque chose. Elle entendait ses pas perdre leur intensité, il serrait bientôt trop loin. Elle se leva d'un bond, une énergie nouvelle en elle. Un but. Pour la première fois de sa vie, elle avait un but. Elle se mit à courir vers les pas, à toute vitesse, comme elle n'avait jamais couru. Les pas du jeune homme était la seule chose qu'elle percevait à présent, il n'y avait plus que ça. Le rattraper. L'arrêter. Le faire parler avec elle. N'importe quoi mais qu'il ne s'en aille pas. Qu'il reste près d'elle. C'était une cascade de sentiments nouveaux qui frappaient Emy. Les pas étaient de plus en plus proches, à présent. Elle le distinguait déjà à travers la brume & il ne lui fallu plus que quelques minutes de course pour le rattraper.
  Elle lui attrapa la manche, & se courba, à bout de souffle. Elle allait vraiment lui paraître folle, surtout en prononçant les mots qui suivit.
  
  < - Ne t'en va pas. Je t'en prie. Ne t'éloigne pas de moi. J'ai.. besoin.. de toi.. >
  
  N'avait-on pas dit qu'elle se fichait des conséquences ? Elle doutait à présent. Chaque seconde qui passait la faisait devenir de plus en plus humaine. De plus en plus adulte. Comment réagirait-il ? La ferait-il ré-enfermer ? Vu son comportement.. Emy avait l'impression que son destin était dans les mains du garçon. Elle ressentait la peur. Mais pas la même qu'avant. Ce n'était pas la même peur. C'était la peur de le perdre. En un instant il était devenu l'être le plus important à ses yeux. Mais après tout.. ne dit-on pas : Qui ne tente rien, n'a rien ?

Adrian continuait de marcher en direction de nulle part seul l'envie de déambuler le préoccupait, la destination n'avait aucune importance, juste marcher, se vider l'esprit et profiter de cette journée... Certes, il faisait gris et le froid qui se levait de temps en temps n'était pas des plus agréables pour la plupart des gens mais... Adrian aimait particulièrement sentir le vent caresser son visage qu'importe les saison, il aimait ressentir sur sa peau la caresse d'une brise comme un baisers qui effleurerait tendrement ses joues pâles. Marcher, n'importe où dans un but inconnu, marcher, peu importe la destination, c'est ce qu'il faisait... A quoi pouvait bien penser le jeune homme lors de cette marche silencieuse ?

La jeune fille qu'il rencontra un peu plus tôt occupait son esprit, elle avait l'air vraiment désemparée, avait-il bien fait de partir comme il l'avait fait ? Il n'en savait vraiment rien... Alors que la jeune fille essayait de le rattraper, le jeune homme continuait de marcher en direction de l'endroit le plus profond et le moins fréquenté du parc, il avait l'habitude de s'y rendre quand il se sentait mal ou qu'il avait besoin d'évacuer ses pensées...

Il passa plusieurs arbres sur lesquels des graffitis grossiers avaient été fait et absorbé par l'écorce de celui-ci. D'autres arbres arboraient les cicatrices faites d'un objet tranchant qui évoquait les noms entrelacés de deux personnes. Des poubelles défoncées par des voyous du coin gisaient sur le sol, il passa son chemin, continua de marcher. D'abord, il cru entendre quelqu'un le suivre, mais jugeant qu'il s'agissait surement d'autres enfants qui voulaient jouer, il ne s'en soucia guère et repris son chemin pour nulle part.

Deux jeunes gens passèrent à côté de lui dans la direction opposée. "Parfait" se dit-il, au moins, l'endroit ne serait pas trop fréquenté. Alors qu'il arrivait dans les profondeurs du parc, il se sentit tirer vers l'arrière, pensant à une agression, il voulu utiliser ses dons pour faire face à celui qui lui en voulut, mais n'en fit rien. Il avait bien fait... C'était la jeune fille de tout à l'heure, elle semblait en nage, elle avait du courir depuis une bon moment... Elle se tenait à nouveau devant lui, désemparée, courbée de fatigue, elle réussi tout de même à dire quelque chose...

< - Ne t'en va pas. Je t'en prie. Ne t'éloigne pas de moi. J'ai.. besoin.. de toi.. >

Surprise, décidément,, la belle blonde avait le don de le surprendre. C'était bien la première fois qu'on lui disait quelque chose comme ça. Il était surpris, mais d'un certains côté, il ressentait comme un sentiment de paix l'envahir. Cela lui faisait plaisir d'entendre ça. Néanmoins, c'est tout de même un peu effrayant que l'on vous sorte ce genre de paroles lors d'une première rencontre... Peut-être étais-ce dû au fait qu'elle se sentait mal... Il repensa aux blessures de la jeune fille...Manifestement, elle n'allait pas bien, c'était une évidence... Le jeune homme décida de prendre un peu de son temps pour la rassurer. Après tout...Il ne voulait pas avoir sa mort sur la conscience et puis... Il aimait bien aider son prochain et ne refusait jamais une main tendue qui réclamait de l'aide. Il regarda la jeune fille toujours exténuée et lui répondit.

"Ne t'en fait pas...Je ne vais pas disparaitre. Il y a un banc pas loin d'ici marchons jusque là et nous en profiterons pour te laisser te reposer. D'accord ?"

Il ne lui laissa pas le temps de répondre, il libéra la main de la jeune fille qui tenait son manteau et lui prit la main, ensembles, ils se dirigèrent vers le banc non loin de là. Adrian lui adressa un nouveau sourire.

"Tu sais, tu n'étais pas obligée de courir jusqu'ici pour me rendre mon paquet de mouchoirs" plaisanta t-il.

"Blague à part, je suis prêt à écouter ce que tu as à me dire, je suis quelqu'un de patient et amical, aucune crainte à avoir, je ne te laisserais pas tomber. De toute façon, cet endroit est trop dangereux pour une fille solitaire... Parlons de toi, d'accord ?"

Ils arrivèrent devant le vieux banc à la peinture plus qu'usée et Adrian y prit place, relâchant la main de la jeune fille.

Lentement, et avec beaucoup de courage, la jeune fille déballa à Adrian, un parfait inconnu, ce qui avait causé de telles marques sur son corps...N'importe quel être doué de sensibilité ne pouvais que se sentir ému devant un tel témoignage... Sensible, c'était une des caractéristique qui définissait bien Adrian. Il écouta la jeune fille, ne l’interrompant à aucun moment, lui laissant la force de déballer tout ce qu'elle avait à dire, pour ne pas la forcer à se lancer dans un deuxième effort douloureux... Elle semblait vouloir pleurer, lui, il regardait son visage triste, ses poignets meurtris par la méchanceté humaine... Cette fille... Elle n'avait rien d'une folle...Mais elle avait en effet besoin d'aide, d'apprendre à (re)faire confiance à son prochain... Elle avait besoin de quelqu'un pour la guider dans l'obscurité et lui faire découvrir la chaleur que peut apporter le soleil. Dans la pire des situations, dans l'obscurité totale, il subsiste toujours une chance de s'en sortir mais pour cela, il faut en avoir la volonté, la force et parfois le soutien... Cette histoire touchait vraiment le jeune homme...Comme une poupée de porcelaine, si belle et si fragile, il ressentait au fond de lui une chaleur dans son cœur, il avait envie de lui venir en aide...Vraiment, réellement.

< Je m'appelle Émilie. ... & toi ? Parle moi de toi, maintenant ? .. >

Émilie, il pouvait à présent mettre un nom sur son visage... Elle voulait qu'il lui parle d'elle mais que pouvait-il bien lui dire ? Adrian avait reçu tout l'amour dont il avait besoin quand il était enfant et il ne voulait pas accentuer le mépris du cœur de la jeune fille qui ne considérait à présent ses parents que comme des géniteurs. Il ne la blâmais pas... Il ne lui parlerait pas de son enfance...Il évoquerait plutôt sa vie d'artiste, ce qui le passionnait, ses rêves inavouables, toutes ces choses qui habituellement ne se racontait qu'à de proches amis, des confidents.

Pendant de longues minutes, voir des dizaines, Adrian expliquait les spectacles qu'il avait eu l'occasion de présenter dans sa jeune carrière, ses premiers applaudissement et cette fierté qui en découlait, son intérêt pour la mode et sur les jolis vêtements... Il lui racontait sa vie de tout les jours en compagnie des membres de la troupe. De ce qu'il aimait, tout simplement.

"Parler de moi ? D'accord" Il la regarda dans les yeux, elle avait l'air si fragile, si délicate, prête à se briser à chaque mot qui pouvait sortir de sa bouche...

"Adrian, c'est comme cela que je m'appelle, mais dans ce monde imaginaire de la fête, je suis celui que tout le monde appelle "Light" je suis comme beaucoup de gens que j'ai eu l'occasion de rencontrer dans cette ville...Doué d'un don que certains considèrent comme étant une erreur de la nature...Mais je pense plutôt que les gens sont jaloux et qu'ils ont peur de ce qu'il ne connaissent pas... Moi, je sais contrôler les ombres et la lumières... Je suis capable d'apporter un rayon de soleil dans un endroit dont les ténèbres ont élu domicile, je suis également capable de me fondre dans les ombres et disparaitre devant le danger qui m'entoure... J'aime cette vie de nomade que je mène et cette liberté de laquelle je suis fou...J'aime...Cette ville et sa "magie", déambuler dans les bois quand j'ai envie de me retrouver. J'aime regarder les gens, heureux, voir l'éclat de la vie animer leur corps et ressentir en moi cette chaleur qui me fait du bien, qui me rappelle que tout n'est pas noir autour de moi. Comment puis-je apporter ma lumière à ceux qui me sont cher ? C'est simple...Les écouter suffit à dissiper un peu leur peine..." Il prit une courte pause pointa du doigt le cœur d’Émilie et lui répondit...

"Si tu as besoin de retrouver la "lumière", plutôt que de continuer à te perdre sur le chemin de l'ombre. Je serais d'accord d'écouter tes plaintes et de te permettre au moins de te sentir un peu plus "vivante".

Il ne savait expliquer ce qui le faisait parler ainsi...Cette poupée prête à se fissurer, il la contemplait...Assis, sur le banc usé la jeune Émilie et Adrian étaient assis à attendre la suite de leur existence. Lui tendrait-elle la main, refuserait-elle son aide, avait-elle agit hâtivement ? Il serait présent si elle avait besoin d'aide mais il en ignorait la raison. Sans s'en rendre compte, son cœur battait plus rapidement qu'à l'ordinaire.

Alors que les battements de son cœur s'accéléraient, Adrian ne remarqua rien, il était trop interpellé par ce qu'il avait entendu et vu. Cela l'avait touché, oui. Soudainement, il fut transporté dans un endroit non loin de là... Un petit coin de verdures où la neige n'avait pas encore étendu son manteau blanc. Une petite fontaine trônait l'entrée du petit chemin de ses dessins finement reproduits sur la pierre. Soudainement, la jeune fille se mit à danser sur l'herbe humide portée par la grâce du vent, il la regardait, toute la tristesse qu'il avait vue jusqu'à présent avait disparue. Certes, peut être qu'il ne s'agissait que d'un instant...Mais elle souriait, Adrian avait réussi à rendre le sourire à cette jeune fille si désemparée. Le sourire...Et quel sourire ! Émilie avait passé beaucoup trop de temps dans l'obscurité à se morfondre dans la souffrance...

Elle tournoyait devant lui, ses cheveux blonds éclatants suivaient la courbe qu'elle dessinait de ses mouvements. Elle souriait, et plus encore, il trouvait que cela lui allait bien mieux. Émilie laissa tomber le masque de la peur et projeta devant le jeune homme surpris toute la joie qu'elle pouvait offrir, toutes ses qualités qu'elle pourrait enfin dévoilé au grand jour... Tout cet amour qui semblait désormais l'animé était né de l'attention d'Adrian ? Lentement, il se rendit compte que son cœur battait plus vite...Regarder cette fille avait réveillé en lui en sentiments qu'il n'avait plus partagé depuis bien longtemps...Elle semblait plus jeune. Mais cela lui importait peu, il sentait qu'il pouvait la protéger qu'il pouvait la serrer dans ses bras... Il se surprit lui même à penser ça... Ensuite elle prit la parole, cessant de tournoyer, son parfum enivrait les narines du jeune homme.

< - Merci Adrian. Tu es la première personne à "m'aimer", si je puis me permettre, autant. Rien que ça, me réjouis.. Allez, rigole avec moi ! >

"......." Il ne savait quoi dire. Lui qui avait d'habitude la langue si bien pendue, il ne savait plus quoi dire, quoi faire. Il la regardait, simplement.

Elle l'invita à rire avec elle. Adrian lui sourit... Quelque chose brûlait en lui, il ne savait pas quoi faire quoi dire de plus et il se mêla au jeux, ils dansèrent ensembles, tournoyants aux quatre vents, regardant le ciel gris qui étouffait leur rires dans le Parc de Birdsall's park. Ils se prirent les mains, tournoyants ensembles comme s'il s'agissait d'amis de longues dates. Adrian ne la quitta pas des yeux... Que pouvait-il bien éprouver pour cette parfaite étrangère à sa vie ? Étais-ce réellement de l'amour qu'il éprouvait ? Non, il n'avait jamais ressenti ça avant, c'était impossible qu'il puisse s'agir de ça... Si ? Sa raison le quitta complètement, il ne savait plus quoi penser, quoi ressentir et avant de s'en rendre compte, il s’emmêla les pieds sur une racines qui dépassait entrainant dans sa chute la jeune Émilie.

D'abord, il ressentit le choc du sol contre sa tête. Il constata ensuite qu'il tenait entre ses bras la jeune fille blonde, il sentit sa poitrine contre son torse et ressenti les battements du cœur de la jeune fille... Soudain, son cœur s'emballa... Sa main écarta les cheveux qui faisaient barrière à son visage, son visage était froid, il passa les mèches blondes de ses cheveux derrière son oreille... La regarda un instant sans rien dire, ses yeux de Lapis Lazuli analysait le visage d'Emilie, ses joues légèrement rouge dû au froid, ses lèvres rosées, entrouvertes, ses yeux amusés, sans réflechir d'avantage, il déposa sur les lèvres de la jeune fille un baiser. C'était trop rapide, il ne la connaissait que depuis à peine une heure... Que...Qu'est-ce qui lui était donc passé par la tête ?!

< - Je.. Je.. Pardon.. Je.. Je ne sais pas ce qui s'est passé.. Je.. Tu.. Tu.. Tu le savais pourtant.. Je.. Tu.. >

A cet instant précis, le jeune homme se sentait ridicule, jamais il n'avait cédé à de pareils attentions. Stupide, cette réaction était complètement stupide... Adrian se maudissait. Ce n'était pas plus le baiser qui le dérangeait, il avait déjà embrassé d'autres filles... Mais il connaissait la situation d'Emilie et malgré tout, il avait franchis le pas... C'était une réaction inapproprié et il le savait... Elle même le confirmait. Coupable. C'était le mot qui résonnais dans cœur en ce moment même.

"Je suis vraiment désolé...Je...Je n'aurais pas du faire ça, je n'ai pas réfléchis. Je suis vraiment désolé, écoute, je crois qu'on devrait réflechir à ce qu'il vient de se passer, calmement...Enfin, si tu le veux encore."

Il se releva doucement, aidant la jeune à faire de même. Il la regardait, il s'agissait d'un coup de foudre et c'était bien la première fois que cela lui arrivait... Ce petit dérapage, était sans doute dû à cela. Néanmoins, il savait que cette fille avait besoin de lui et Adrian était du genre à aider son prochain quand il le lui demandait. Aussi, il était décidé à continuer de voir Émilie si elle le voulait encore. Il se sentait vraiment minable d'avoir profité ainsi de la situation, bien qu'il voulait l'aidé, il ressentait en lui une sorte de gêne qui le rongeait déjà. L'herbe humide, avait eu le temps de s'imprégner dans les fibres de son manteau pendant cette interlude de tendresse. Il s'épousseta et regarda Émilie dans le blanc des yeux.

"Je me sens bête d'avoir réagi comme ça, je te trouvais tellement mignonne, ton sourire m'as enchanté et savoir que tu pouvais enfin sortir de ce monde de Ténèbres, j'ai craqué...Je te demande pardon, j'ai abusé de la situation et je comprendrais que tu puisse m'en vouloir...Cela aurait du se passer autrement. Plus lentement peut être ? Je...Je te mentirais si je te disais que je n'ai rien ressenti pendant ce baiser et...c'est la première fois que je ressens quelque chose comme ça. Je pense sincerement que l'on devrait continuer de se voir...Mais, cela devrait aller moins vite, laissons nous le temps d'apprendre à nous connaitre."

Toutes ces paroles qui sortaient de sa bouche était ce qu'il ressentait au plus profond de lui, la sincérité qui émanait de lui ne pouvait que prouver que ce qu'il avançait était réellement sincère et que cet "accident" même si c'était bien trop rapide cette fois-ci, il serait prêt à accepter de revoir la jeune fille et de lui accorder de son temps, de son attention. Mais cela devait prendre du temps et ça il le savait...

Elle semblait réflechir, d'abord, il eu l'impression que les minutes ne passaient pas. Il comprenait qu'elle puisse lui en vouloir après un acte pareil. Ensuite, il se demandait, encore une fois, comment est-ce qu'il en était arrivé là... Ce n'était vraiment pas son genre, vraiment pas... "Qu'est ce qui t'as pris bougre d'âne ?!" grommela t-il à lui même. Alors qu'il commençait à se perdre lui même dans ses pensées, une fois de plus. Émilie prit la parole, le temps avait repris son cours et il attendit le verdict... Bien que les yeux de la jeune fille trahissait déjà ses pensées.

< - Tu sais, tu es vraiment gentil ! Merci beaucoup ! Mais..>

Mais ? Il y avait toujours un "mais", cela laissait encore supposer une condition dans un éventuel accord des deux partis. Néanmoins, Adrian n’eus pas le temps de répondre, elle repris la parole, les yeux toujours pétillants, il remarqua un léger rire s'échapper de sa bouche... Alors qu'il pensait trop à ce qui allait se passer, il remarqua qu'entre ses doigts, la main d’Émilie y était encore mêlée. C'était un bon signe... Du moins, c'est ce qui paraissait le plus évident. Elle poursuivit.

<-..mais je pense tout cela de toi, moi aussi. Au fond, je me rends bien compte que tu ne me fais pas ressentir juste le bien être de quand on aimé. J'en suis sûr, & je ne suis pas encore prête..>

Lui non plus n'était pas prêt à entamer une relation, pas comme ça, pas si rapidement. Il était soulagé de ne pas avoir froissé la jeune fille, soulagé de pouvoir reprendre le cours normal de sa vie sans repenser à ce qu'aurait pu devenir cette journée si la réaction avait été autre... Aurait-il accepté ? Non, il était soulagé que cela se passe ainsi. Adrian voulut prendre la parole, mais elle ne dut pas entendre le début de sa phrase qu'une nouvelle fois elle prit la parole, sourire aux lèvres.

<-..à te décrire tout mes sentiments. Moi aussi je veux faire plus ample connaissance avec toi, te revoir, que tu m'apprennes à tout ce que je dois savoir de la vie. Je suis d'accord pour faire ta connaissance, & celle de ton monde aussi, avec un grand plaisir que je ne te cacherais pas. & pour la suite, même si elle est surement.. évidente, laissons là venir à nous, si les choses doivent se faire ainsi, elles se feront. & puis.. j'ai lu une fois.. : " Qui vivra, verra ! " >

Cela accentuait ce qu'il pensait plutôt, il pourrait certes reprendre le cours de sa vie, mais il s'était fait une nouvelle amie, une personne qu'il apprendrait à connaitre de jour en jour, avec qui il partagerait les banalités du quotidien, les événements triste, les moments de joie, etc. Il préférait que cela se passe ainsi...Après tout, même s'il ne l'avouait jamais, Adrian aimait que l'on fasse attention à lui, et l'idée que quelqu'un s'en désintéresse le dérangeait.

Découvrir...mon univers. La folie et la magie du cirque ? Elle voulait découvrir toute ces choses que Light vivait au quotidien et semblait franche dans ce qu'elle affirmait, elle évoqua même le mot "plaisir" qui résonna en un bourdonnement entre ses deux oreilles. "Qui vivra, verra" Ce n'était pas si faux que cela même si sa devise à lui était plutôt: "Advienne que pourra", mais ces deux philosophies se complétaient quand même.

Cette fois encore, (cela commençait à devenir une habitude) elle ne lui laissa pas le temps de répondre et déposa sur sa joue un baiser enjoué, comme si elle avait toujours connu cela. Comment un simple baiser pouvait-il changé un être de la sorte ? Elle qui était tellement timide, tellement craintive... Elle avait surmonté cela parce qu'elle pensait qu'elle trouverait auprès de lui, quelque chose qui lui manquait, quelque chose dont elle avait besoin... Le seul fait de savoir cela avait du faire naître en elle un sentiment qu'elle n'avait jamais eu la joie de connaitre. Adrian avait fait son lot de bonne action pour aujourd'hui. Alors que ses actes de bienfait s'agrandissaient, sa maîtrise de la lumière s'en trouvait accrue... Tel une déesse à deux visage veillant sur lui, il était partagé constamment entre le choix de l'ombre et de la lumière...Chaque actes, faisait pencher la balance e la faveur de l'un des masques de cette "déesse" qui lui avait accordé ce don. Secrètement, égoïstement, il avait besoin de la reconnaissance des autres pour se perfectionner dans son art.

"...Je suis content que tu l'aies bien pris, je me sentais vraiment idiot, sincèrement. Si tu souhaite vraiment découvrir dans quel monde je vis, je t'invites à venir voir un de mes spectacles un jour... Le [théâtre des ombres], c'est comme cela que l'on nomme mon chapiteau. Disons...que notre prochaine rencontre pourrait se faire un peu moins..." Il hésita un instant.

"Brutal ?" Il sourit.

"Je me disais juste que on devrait d'abord apprendre à se connaitre comme deux bon amis et après...Advienne que pourra" Il la regardait toujours.

Adrian regarda autour de lui et respira une grande bouffée d'air "frais" (froid). A présent, il se sentait mieux, soulagé et lesté d'un poids qui pesait sur ses épaules.