La salle était vraiment belle et bien décorée. Je regardais encore autour de moi, en espérant trouver ce cher Zachary. Les couples s'étaient formés et certains avaient déjà commencé à danser. Les sublimes tissus des costumes des hommes et des garçons, sombres pour la plupart, s'entremêlaient, se mélangeaient, subtilement aux dentelles, soies et autres étoffes qui constituaient les robes et gilets des jeunes femmes se trouvant dans cet endroit. Vu que j'étais au milieux de la salle, je me pressais de sortir de la "piste de danse". "Je ne le trouverais pas si je reste là, c'est sûr."

C'était plutôt drôle de slalomer entre les couples de danseurs. Je parvint alors à la porte d'entrée de la salle et, tombai nez à nez avec un homme. Les cheveux noirs, le regard pénétrant. Une étrange sensation m'insinua à aller lui parler. Ce devait être mon cavalier. Eh bien, j'avais raison. Avec mon sourire habituel, je me présentai sans attendre. Il était, je dois l'avouer, plutôt beau dans son magnifique costume noir qui lui allait à merveilles. Il avait l'air sympathique. Mais les apparences sont parfois trompeuses. Moi qui aimait l'art et le théâtre le savait plus que personne. Et puis, c'est un fait dont tout le monde est conscient.

Il eut un drôle d'air l'espace d'un instant. Mais ce n'était peut-être que mon imagination. Allant rejoindre les autres danseurs, nous les imitâmes. Il dansait bien, c'était un plaisir. J’espérai seulement ne pas faire preuve de ma maladresse parfois trop présente. Je ne voulais pas lui marcher sur les pieds. Ce n'était ni élégant, ni agréable. Bien que, grâce à mon auto-dérision, le fait d'être élégante ou non m'importait peu. Un certain sourire amical trônait sur son visage. Tout comme moi. La scène qui se déroulait autour de nous était très belle. Tellement belle que j'avais envie de pouvoir la reproduire plus tard. Discrètement, je jetais de petits regards autour de moi et usai de mon pouvoir d'impression visuelle. Chaque plan que je choisissais était automatiquement enregistrée dans mon esprit. Je prit donc un plan de quelques danseurs aux habits très beaux.

Chaque "photo" que je prenais était suivie d'un flash qui n'avait lieux que dans ma tête. Comme un appareil photo. Dirigeant mon regard vers mon partenaire, une nouvelle image fut enregistrée dans mon esprit sans que je puisse la contrôler. Déstabilisée par le flash que je n'attendais pas, je secouais la tête et m’aperçut très vite que, chaque fois que je posais mon regard sur quelque chose de nouveau, mon pouvoir se déclenchais. Je ne parvenais plus à le contrôler. Ainsi, quelques images floues, imprécises, accompagnées d'un effet de mouvement se retrouvaient gravées dans ma tête. La répétition du flash m'aveuglais petit à petit, m'étourdissait, me donnait mal à la tête. Je fus très vite égarée, paumée. Avant de m’évanouir, j'eu le temps de m'apercevoir que je ne tenais plus debout.

Je voyais ... trouble, flou. De manière approximative tout ce qui m'entourait. Je sentais la légère pression qu'exerçait Zachary sur mes épaules. Il me retenait, m'empêchait de tomber. Je distinguais son ombre alors que je reprenais mes esprits. Lorsque je pus le voir distinctement, je discernais de l'inquiétude dans son regard. Il m'avait parlé. Du moins, c'est ce que je pensais avoir entendu.

Enfin. J'étais debout, sur mes deux jambes. Cette sensation de malaise et d'engourdissement avait disparu. Mon sourire franc, aimable et naturel avait reprit place sur mon visage. Tout était normal, comme si rien ne s'était passé.

-Désolée, j'ai perdu le contrôle de l'un de mes pouvoirs, je ne suis pas forcément très adroite.

Alors que nous reprenions lentement notre danse dans la foule, j’enchaînais :

Cela doit surement venir du fait que j'ai peu mangé aujourd'hui. Il faut dire que je suis tellement tête en l'air que j'oublie parfois de m'alimenter.

Alors que je prononçais ces quelques mots, mon estomac protesta. Bon, ok, je n'avais pas peu mangé, je n'avais pas mangé du tout. Cette réaction me fit derechef rire. Loin d'être gênée de mes réflexes corporels, je regardais l'homme avec qui je dansais et demandais :

-Ça ne te dérange pas si nous allons au buffet ? Je crois que mon ventre m'envoie des signaux d'alarme que je ne peux ignorer plus longtemps.

Sans prendre la peine d'attendre sa réponse, non par méchanceté, mais simplement par impulsivité de ma personne, je me dirigeais vers les tables recouvertes de denrées à l'air plus délicieuses les unes que les autres. Cela me rappela les fêtes que l'on organisais chez moi. J'ai une grande famille que l'on pourrait qualifier de foulifous (ne cherchez pas le vrai sens de ce mot, même moi je ne le connais pas. Mais bon, je pense que la sonorité de ce mot doit vous donner une vague idée de sa signification.). Ma mère faisait toujours des tonnes de petit fours et de petits gâteaux. Je l'aidais parfois à les préparer. Ils faudrait d'ailleurs que je leur rende visite, cela nous donnerait une occasion de plus d'organiser une fête.

Enfin. Tout en savourant l'un des gâteaux se trouvant sur les tables, j'en saisis un avant de le tendre à Zachary Avec sourire et bonne humeur.

-Tu en veux un ? Crois moi, ils sont délicieux.