David était de bonne humeur cette journée là. Comme tous les jours de toute façon. Depuis son arrivée, il avait visité presque toute l’école. Ces cours étaient passionnants pour lui, quoique trop répétitifs. Ils n’avaient pour l’instant, pas encore eut de vrai discussion ou encore de rencontre avec les autres professeurs. Il n’était qu’une ombre parmi tant d’autre. Techniquement, il ne cherchait pas vraiment à aller leur parler, ou même à tisser des liens. Pour éviter tout simplement d’autres catastrophes ou des larmes non désirées.

Le voilà qu’il foulait la salle de repos. Drôle de nom pour une salle. Il la balayait du regard. Elle était déserte. Il regarda sa montre. 8h du matin. Aaaah galère quand on a pas la notion du temps. Il soupira et partit vite poser ses affaires. Il avait plein de livres en vrac, tous plus étranges les un que les autres. Sur une table vide toute belle et propre, il les déposa dans un petit nuage de poussière. Puis le temps passait, il lisait, il s’ennuyait, il étudiait, il dessinait. Des gens arrivaient. Des humains … pénétraient la salle de repos. 10h, il n’était plus seul.

Il ne faisait pas vraiment attention a ceux qui l’entouraient. Il avait plutôt envie de rester dans son coin à travailler. Puis vers 11h. Alors que la salle semblait déjà habiter par quelques personnes dont lui depuis maintenant une bonne heure. Une charmante demoiselle entra à son tour. David lui jeta un bref coup d’œil sans s’en occuper plus. Elle avait l’air différente des autres dans le sens, habits plus originaux, démarque positive et surtout, de la bonne humeur à débordement. Disons que ça changeait des têtes sérieuses, ou neutres, ou déprimées.

Elle s’assit confortablement dans un canapé pour dessiner. Cela lui rappela ce qu’il faisait il y a … deux heures. D’ailleurs, il se mit a chercher son carnet. (C’est un objet précieux que David a toujours sur lui, il raconte son histoire s’il pouvait voyager dans le temps et pleins de dessins se trouvent a l’intérieur.) Il fronça les sourcils et se mit a fouiner partout. Il était plutôt maladroit et à poser partout ses affaires, on les égare. Le voilà donc parti à la quête de son propre journal. Les autres professeurs ne semblaient guère s’occuper de lui, tant mieux.

Cependant, il sentait un regard. Le regard de la jeune artiste. Il ignora, occupé dans ses recherches. Il soupira et passa sa main dans ses cheveux, un peu désespéré d’avoir paumé quelque chose d’aussi précieux à ses yeux. La jolie brunette se leva et s’approcha de lui. Il cligna des yeux. Châtains plutôt non ? Elle lui demanda avec un grand sourire ce qu’il cherchait. Il lui répondit naturellement :

« Hmm … je cherche un vieux journal que j’ai du poser quelque part … sur ce canapé ! »

Au moment ou il lui répondait, il l’avait trouvé. Il se jeta dessus comme un lion affamé et soupira de soulagement. Puis, il le feuilleta pour vérifier si rien n’avait pu glisser. (ou alors pour vérifier que c’est bien ça, il est tellement idiot parfois.) Il se retourna vers celle qu’il avait complètement oublié ne serait-ce qu’une minutes et lui fit un grand et beau sourire.

« Merci ! »

Il repartit vers le bureau ou il travaillait, refaisant un beau sourire a la gentille prof qui venait de lui parler. Après tout, si elle voulait lui parler, elle reviendrait le voir.

David était du genre patient. Ou plutôt l’inverse. Il travaillait durement. Mais depuis son arrivée dans cette école, tout était très différent. Il ne savait pas vraiment comment faire pour s’intégrer, chose qui malheureusement n’avait jamais eu à faire. Alors pourquoi ? Pourquoi ici, cela devenait de plus en plus important à ses yeux ? Lui qui n’est réceptif qu’à ses livres … qu’aux étoiles … ça avait beau être le jour, il ne pouvait s’empêcher de regarder par la fenêtre. Qu’est-ce que ce serait bien s’il pouvait … ne serait-ce que voyager dans les étoiles, de visiter les planètes. Vieillir dans l’espace. Ou simplement mourir à la fin de l’univers.

Trêve de rêvasseries puériles et futiles. Il se concentra en baillant sur ses vieux livres poussiéreux et sentant le moisi. Il feuilletais les feuilles jaunies et la calligraphie de l’encre. Il gardait toujours un œil, machinalement, sur la jeune femme qui l’avait abordé. Il ne la regardait pas, il ne s’en occupait pas. Puis, alors que les minutes déferlaient inlassablement, en pleine concentration, elle revint. A pas de félins surement car il ne l’avait pas entendu venir. Tout sourire, elle lui montra un dessin. Il hocha la tête surprit, ne comprenant pas ce qu’elle lui voulait.

Il regarda le dessin, c’était lui. Lui ? On le dessinait lui ? Et en plus il était beau héhé. Aussi surprenant soit-il il se redressa pour attraper le menton de la jeune femme avant de déposer un baiser sur sa joue. « Merci. » Il regarda ensuite le croquis qu’elle avait, fièrement reproduis. C’était vraiment pas mal. Il en déduit qu’elle devait être le professeur d’Art. Haha, facile. Il prit une feuille à son tour et dessina (Gribouilla soyons honnête.) sa tête de profil, comme elle était, avec son doigt, il entoura de noir la tête. C’était un vulgaire dessin, un gribouillis, comme il avait l’habitude de faire dans son calepin. Il était … vraiment pas mal. Pas aussi beau que celui de la jolie professeure mais sur ce coup là, son ego mangea.

« Oh ne t’inquiète pas. Tu te débrouilles vraiment bien. En tout cas c’est gentil ! Je ne sais pas ce que je vais en faire. L’accrocher dans ma chambre ? »

Il eut un léger rire et lui glissa son croquis à lui, en guise de troc. Il voulait faire bonne impression ce qui était légitime. Cependant, ses qualités de graphisme étaient loin derrière la jeune femme. Il se leva et rangea ses affaires. Soupirant de fatigue et de lassitude éternelle, il soutenait un regard profond et plutôt triste qui ne se remarquait que dans ses gestes mous et las. Ses pupilles brillaient comme deux chandelles s’accrochant sans plus à une lueur de vie.

« Je vais y aller. Je crois que j’ai fini ici ! Ou alors j’ai oublié mes élèves je ne sais pas … »

Il se retint de rire, laissant échapper un petit gloussement. Puis passant sa main dans ses cheveux (il adorait faire ça.) il tourna les talons. On entendit son ventre gargouiller, il avait faim. Vraiment faim. Il se tourna alors vers la jeune femme dont il ne connaissait pas le nom. Ni le prénom d’ailleurs, mais ça c’était quelque chose de bonus.

« J’ai vraiment faim. Tu veux venir manger à la cafeteria avec moi ? Au fait, J’suis David. Nouveau. »

Il restait poli. Elle l’avait tutoyé, donc lui aussi, normal. Ce n’était pas un rendez vous, ce n’était pas de la drague, ce n’était pas une déclaration d’amour ou un pacte d’amitié. Il avait juste la dalle et avait décidé, ce jour de soleil de ne pas manger tout seul.