Méditation Mouvementée. [PV]

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Méditation Mouvementée. [PV] Anna-Popplewell-anna-popplewell-6876993-100-100

Le bruit régulier du frottement désagréable de l'acier résonnait dans la pièce close. Le son se répercutait sur les murs froids et son écho s'incrustait sans arrêt dans les oreilles, celles ci faisant alors office de caisses de résonance. Mais vous pensez bien que ce n'était pas ce genre de détail qui allait stopper un jeune homme totalement perdu dans ses pensées. Surtout pas quand une occasion pareil se présentait. De toute façon, la porte était bien fermée et plutôt épaisse, le bruit ne risquait donc pas de déranger grand monde. Après tout, cet endroit avait été conçu pour ça aussi, non ? En quelque sorte surement. La chaine en acier se balançait au rythme des coups d'un certain jeune adulte. Car oui, il fallait le dire, Aaron avait besoin de ça. De frapper quelque chose. Alors autant que cette chose soit une espèce de punching-ball, simple ballot de mousse et de cuir. Autrement dit ; quelque chose de mort, comme lui au fond.

Les yeux dans le vague, il semblait prendre plaisir à se défouler ainsi. Bien sur, il ne souriait pas, car son esprit était partagé entre la douleur, la crispation qui lui rongeait les poings à force de frapper, et la douleur qui lui rongeait le cœur, au sens figuré du terme. Dents serrées, il ne faisait même plus attention à ce qui l'entourait, perdu dans un espèce de monde où l'on devrait frapper pour trouver les réponses à ses questions …Réponses qui, malgré les nombreux coups, ne venaient toujours pas. D'abord, le pensionnat. Quel mystère se cachait donc derrière ce fichu endroit ? On avait tenté de le tuer dans la forêt, une fois, il avait faillit crever à cause d'un bout de plafond -chute causée par une « bataille de pouvoirs », des élèves disparaissaient et maintenant, tout redevenait calme ? Impossible. Car rien ne serait plus comme avant, ici, ou ailleurs. Une fois entrée, comme dans un labyrinthe, il n'y a plus qu'une solution : celle d'avancer pour retrouver son chemin. Mais ici, dans cet endroit précis, perdu au milieu de … De nulle part, y a-t-il vraiment une quelconque issue ? Pour ne serait ce que l'un des élèves ? Et le personnel, est il au courant de quelque chose ? Puis au fond, qui était vraiment les proies et les prédateurs ?
En parallèle, les nouvelles rencontres et les liens tissés dans le temps s'imposaient comme des évidences. Kenny, le petit elfe attachant, apaisait notre gigantor qui appréciait plus que tout sa présence. Il avait le don de le faire rire et de l'amuser … Et pourtant, ils ne s'étaient vus qu'une fois, et pas dans les meilleurs conditions … Abbigail -ou Asami-, il ne voulait plus les revoir. Elles l'énervaient. Leur fonctionnement était trop compliqué, trop pénible à supporter, en bref, chiant. Et enfin … Sélène. Celle qu'il devait revoir pour remettre au clair leur histoire. Celle qu'il cherchait à éviter depuis longtemps alors qu'au fond, il savait. Il savait que ça ne servait à rien. D'un geste rageur, il retira son tee shirt et s'essuya le visage avec avant de le balancer toujours aussi vivement sur le sol blanc et gris de la pièce. Il avait chaud et la tête qui tournait mais s'en fichait royalement, puisqu'après deux minutes de pose, il reprit son entrainement intensif de pensées.

La salle de musculation était donc plus efficace que celle de méditation. Étant vide, elle était tout aussi silencieuse -si on oublie le boucan de l'acier « effet balancier »- et certainement moins fréquentée au final. C'était le genre d'endroit où on ne risquait de croiser personne. Non personne. Et pourtant, la porte s'ouvrit en silence. Et bien évidemment, Aaron ne l'entendit pas. Et bien sur, c'était une demoiselle qui venait d'entrer. Une jeune femme brune à l'air un peu perdu ...

A

Aaron...

Si tu savais à quel point tu m'as manqué...

Il suffit d'un mot combiné à une voix pour que tout fut stopper. Autant les pensées que le mouvement. Il venait de se figer, poing contre la masse, ses phalanges le démangeant. Et il restait comme ça, bras tendu en face de lui et tête baissée. Comment avait elle sut qu'il serait là ? Un 6eme sens ? Non, non … Le hasard surement. Mais pourquoi était elle restée ici ? Il ne voyait pas leur « confrontation » se dérouler de cette manière. Et pourtant, il avait tant de choses à lui dire, à lui avouer sur eux. Son regard se tourna donc vers celui de la jeune femme qu'il se surprit à trouver « inaccessible ». Elle fermait les yeux. Par peur de le revoir ? Il ne fallait pas venir dans ces cas là. Mais cette fois, il ne fuirait pas. Il resterait malgré la douleur de ses muscles tendus ou malgré même l'effort physique qu'il venait de fournir. Se redressant un peu, il ne la quitta pas des yeux. Il la regarda se relever d'un bond, comme si elle voulait partir loin d'ici mais rester également bien droite, à quelques pas seulement de lui. Une larme avait déjà perlé au coin de son œil, ce qui signifiait quelque part qu'aucun des deux ne ressortirait « indemne » de cette salle à la porte close. En revanche, il ne s'attendait pas à ce genre de parole. Il lui avait manqué, à ce point ? Et Ariane qui se taisait. Et son poing qui le brûlait, lui rappelant que NON il n'était plus mort. Et Sélène, là debout devant lui. Et leur situation actuelle. Et le silence qui régnait maintenant. Il voulait lui répondre mais il bloquait, quelque chose dans sa gorge c'était noué. Quelque chose qu'il n'avait pas ressentit depuis longtemps. Reculant d'un pas, son dos heurta doucement une barre de fer qui soutenait on ne sait quelle machine. Le contact glacé sur sa peau lui rappela qu'il n'avait plus de tee shirt et que, surtout, son corps dégageait beaucoup de chaleur à cause de l'entrainement. Sans un mot, mais sans quitter des yeux le visage de la jeune brune, il se laissa glisser jusqu'au sol, sans retenir un frisson qui remonta le long de sa colonne vertébrale. Enfin bref, une fois au sol, il se passa une main tremblante dans les cheveux partagé entre la rage de se trouver aussi faible face à elle et le désir de tout lui dire d'une seule traite. Finalement, sa voix résonna dans la pièce, très grave mais très calme.

Sélène, je … Je me souviens. De tout. De toi. De nous. Du bar aussi. De cette soirée où je t'ai protégée. De notre relation après ça. Toi aussi tu m'as manqué. Je … Je pense que quelque part, après ma mort, c'est toi que je cherchais en Ariane, ta présence. Je t'aime Sélène, encore ou du moins, désormais, vraiment, sincèrement. J'en suis sur, je le sais mais … Non, c'est stupide.

Il s'appuya sur le sol pour se relever. Une fois debout et stable, il baissa le regard vers son ventre et porta sa main à sa nuque, mal à l'aise. Il avait mal de se l'avouer mais oui, c'était vrai, il était jaloux. Horriblement jaloux, de ceux qui pouvaient approcher la demoiselle sans mal, naturellement, alors que lui … A cause de son histoire, rien n'était plus difficile. Sa main glissa inconsciemment vers son omoplate gauche. Le tatouage de scorpion, il l'avait fait avec Ariane qui, quant à elle, avait choisit la salamandre. Mais elle, que deviendrait elle si il ne pouvait plus s'occuper que d'elle ? Pouvait il se résigner à délaisser l'une ou l'autre ? Impossible, il les aimait toutes les deux. Mais au fond pas de la même manière. Non, il y arriverait, il relèverait le défi. Point. Son regard se releva donc et se planta dans celui de la jeune femme, soudain illuminé par une dose de courage, une pulsion reflétant bien sa jalousie ou du moins, le problème, l'obstacle qui les séparaient. Que voulez vous, quand on aime, on devient fou.

Mais il y a ce garçon qui est toujours avec toi.

Tout en parlant, il s'était rapproché, bras croisés sur son torse nu. Voilà, là où ca faisait mal. Voilà ce qui le dérangeait. Mais il n'était pas mauvais joueur et la décision revenait de droit à Sélène. Si on peut parler de concurrence étant donné leur relation compliquée d'autre fois. Et sur ce point, Aaron n'avait pas changé. Trop protecteur voir même un peu possessif, il ne pouvait s'en empêcher, et ce depuis son séjour en prison, depuis même un peu avant. Ouais, depuis toujours quoi. Mais c'était SA deuxième chance et il y avait le droit.

U

Je ne sais pas où j'en suis...

J'entends ton cœur battre... Je suis rassurée.

Ravalant sa salive, le jeune adulte sentit sa gorge se nouer d'avantage. Il avait touché la corde sensible, la zone dangereuse dans laquelle tout pouvait basculer à tout moment. Celle qui, à son entrée, avait ce panneau si significatif : Prudence. Oui mais dans ce cas là, il n'était PAS prudent. Impulsif seulement. Il prenait le risque de la perdre, juste pour être sur d'elle -et de lui, par la même occasion-. Mais bien sur, aucun des deux jeunes gens n'avaient la solution à leur problème. Aaron ne pouvait pas rester les bras croisés devant la souffrance et la demoiselle et cette dernière avait toute les cartes en main. Dilemme ? Oui, dans un sens. C'était même sur. A un moment donné, elle devrait choisir entre le petit tendre et le mort-vivant. Elle devrait faire souffrir l'un en rendant heureux l'autre … La pauvre.
Il la regarda faire un pas en sa direction et se stopper. Elle ne savait plus où elle en était ? Parfait, ils étaient donc deux. Peut être même trois en comptant mister « rival ». Trois pauvres pommés de la vie -ou plutôt des sentiments- qui cherchent en vain l'amour. Écœurant … Mais tellement vrai. Décroisant ses bras, il les laissa retomber mollement le long de son corps. Sélène venait de se laisser tomber au sol, pratiquement à ses pieds. Et ce en silence, son air perdu inscrit sur le visage. Elle lui sembla alors si fragile, si petite qu'il allait avancer pour la relever … Quand leur regard se croisèrent. Un immense sentiment de bêtise l'envahit : il se sentait con. Con de s'être posé autant de question sur eux alors qu'ils venaient à peine de se retrouver. Con aussi de ne pas avoir su faire les bons gestes au bon moment. Et ce regard venait de lui montrer la vérité, bien en face. Mais venait aussi de le bloquer sur place. Et Ariane se taisait ...

Quand elle se releva, Aaron baissa les yeux pour ne plus avoir à affronter son regard. Il l'entendit remuer puis se rapprocher de lui, vraiment, très près … De plus en plus proche. Ah non en fait, elle était contre lui. Sa peau gelé était d'un contraste surprenant avec la sienne, bien plus réchauffée. Sa taille aussi. D'un autre côté, qui dépassait Aaron ici ? Pas grand monde. La phrase qu'elle prononça lui fit louper un battement. Oui, c'était ça, il était vivant. Il respirait, ressentait des émotions, comme avant … Et jusque là, jamais il n'en avait autant eu conscience … Jamais. Il baissa lentement sa tête vers la demoiselle, détaillant un instant son visage -ce qui le força à se pencher un peu-. Elle resserrait son étreinte, soit, il poserait ses mains sur ses épaules. Au fond, c'était cette présence qui lui avait véritablement manqué, durant tout ce temps … Le garçon, alors resté silencieux se décida à parler, tout en relevant le visage de la belle brune vers lui, pour plonger son regard dans le sien.

« Je t'aime Sélène. »

Comme un coup de tonnerre, cette phrase était arrivée sans prévenir, sans même qu'il puisse la retenir. Mais il n'attendait pas de réponse ; Il en voulait une, oui, mais elle prendrait le temps qu'il lui faudrait pour répondre. Ça n'avait plus d'importance … Il colla son front à celui de la demoiselle tout en parcourant des yeux son visage. Il voulait l'embrasser, il ne demandait que ça, il en avait envie mais il n'osait pas. Il ne voulait pas qu'elle est d'ennuis par sa faute … Et encore moins la rendre malheureuse … Encore. Son nez touchait celui de sa belle brune et son souffle se mêlait au sien, cependant, son étreinte se resserrait d'avantage encore. La savoir là, prêt de lui le faisait revivre … Vraiment revivre, comme jamais auparavant. Mais encore une fois, pouvait il se le permettre … Elle aimait surement cet autre garçon … Elle ne voulait surement pas d'un mort. Finalement, après avoir fixé avec insistance les lèvres de la demoiselle, il ferma les yeux et soupira doucement. Son cœur battait si vite -elle devait bien l'entendre- … Pourquoi n'osait il pas … Faire le premier pas ?

S

Je ne t'ai jamais oublié, pas un seul instant, et je t'aimerais toujours.

Mais... Je sais que tu ne peux pas prendre soin de ta sœur et de moi en même temps. Tu es déjà partit une fois Aaron. Je ne veux pas ressentir autant de douleur et de colère à nouveau.

Tu serais prêt à me promettre... Me promettre de le faire ?

Je ne veux pas que ça se reproduise... Je tiens trop à toi...

Mais Aaron, peut on être normaux à Rédemption...?

Je ne partirai pas. Je ne partirai plus. Bien sur, ce serait égoïste de te dire que je t'aimerais jusqu'à la mort... Puisque aujourd'hui, je t'aime encore. Jamais je ne te laisserais. Tu m'entends ? Jamais...

S

Aaron...

J'ai peur. Tellement peur de te perdre. Comme la première fois...

Ce qu'il s'était passé ? Aaron avait passé la porte avec son air limite blasé, en quête de réconfort. Sélène avait déjà des problèmes. A vrai dire, à l'époque, Sélène avait très souvent des problèmes, d'ailleurs, la plupart du temps, c'était des comptes à rendre vis à vis d'argent. Elle n'avait pas vraiment les meilleures fréquentations, avec ça. Toujours est-il que leur histoire commença ainsi. Elle avait décollé une gifle à un gars qui voulait son argent ou sinon « des services », mais pas de ceux qu'elle appréciait donner. Ainsi, il l'avait attrapée, plaquée contre un mur et la menaçait de divers choses. Cependant, dans le bar où elle bossait, c'était un peu... Chacun pour sa peau, les autres clients regardaient et se marraient, les autres serveuses ignoraient, le patron fumait dans son coin. Mais, la jeune adolescente avait croisé le regard d'Aaron, et, lui, preux chevalier de la demoiselle, était venu la sortir de... Cette merde ? Il était vrai que malgré tout, il y avait eu conflit, et les bagarres de bar étant ce qu'elles sont, Sélène s'était occupée de panser les plaies d'Aaron. Ainsi, ils avaient fait connaissance, c'est ainsi également qu'ils étaient devenu soudain proches. Il est vrai que Sélène avait souvent rêvé que quelqu'un viendrait la délivrer de cet enfer, et, les rêves de la jeune fille se réalisant dans 80% des cas... Si vous voyez ce que je veux dire...

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