| | | Au nom de qui ... [LIBRE] |  |
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❝ Invité ❞ Invité ![Au nom de qui ... [LIBRE] _](https://2img.net/i/_.gif) | Sujet: Au nom de qui ... [LIBRE] ![Au nom de qui ... [LIBRE] Empty](https://2img.net/i/fa/empty.gif) Mar 31 Mai - 15:59 | |
| Au nom de qui, au nom de quoi Verser le sang d'un innocent. Au nom de qui, au nom de quoi Vouloir du mal à un enfant.
« ... »
On dit que le sang veut du sang. On ne lave pas du sang avec du sang mais avec de l'eau. Le sang s'hérite et la vertu s'acquiert, et la vertu vaut par elle seule ce que le sang ne peut valoir. Le sang du Pauvre, … Seuls le sang, la famille, … Le sang attire le sang. Il y a de grandes flaques de sang … Les profits sont le sang … sang ô sang noir de mes frères, … Le sang se lave avec des larmes et non avec du sang. Des larmes … Des larmes ? Des larmes et du sang ? Du sang sanguinolent de sangsues sans sentiments. Des Larmes armés d'âmes chargées autant que désarmées. Et cette vision qui refuse de vous quitter.
Prostré dans sa chambre, ou plutôt dans sa loge, calé entre la grande armoire et le mur, Seth ne bougeait plus. Son souffle saccadé lui brûlait la gorge et lui abimait les poumons. Oui, il respirait, mais pour combien de temps encore ? D'ailleurs, depuis quand était il recroquevillé ainsi, en position fœtale, à même le sol gelé de la pièce déserte ? Combien de secondes, de minutes, d'heures voir … Voir de jours ? Qui sait ? Son visage était creusé, blanc, livide, couvert de sang et de sueur par endroit, mais surtout il avait de vilaines cernes sous les yeux. Des cernes, oui oui, mais pas celles qu'il vous reste après une nuit de Taf. Pas celles qu'il vous reste après une semaine de fête, et encore moins celles qui vous restes après des mois d'insomnies. Pire encore. Calme toi Seth, respire doucement, calme toi calme toi … Inspiration. Expiration. Inspiration. Expire … Ouais, vaudrait mieux crever que continuer à respirer. Mais t'es un combattant, hein mon p'tit japonais, tu peux le faire hein ? Distrait toi ! Les zèbres sont ils noirs avec des rayures blanches ou bancs avec des rayures noires ? Pourquoi dit on un Cheval des Chevaux et pas un Chacal des Chacaux ? C'est bon, tu te calme … Là tout va bien, concentre toi à ne penser à rien. Non, non ne ferme pas les yeux ! NON !
Dans un mouvement de recul, épouvanté, le jeune asiatique se heurta la tête au mur, y laissant une magnifique trace, faisant résonner ce vide d'un bourdonnement incessant. Fermer les yeux lui était impossible. Tout revoir. Eux. Leur corps. Ces masses difformes clouées au sol, pour toujours. Que c'était il passé cette nuit là ? Quand ? Impossible de savoir. Où ? De même. Qui était venu dans sa chambre ? Qui l'avait transporté … Là bas ? Qui ? Qui pouvait avoir fait une chose pareille ? Il ramena ses genoux contre son torse et y appuya sa tête, sous le poids de la fatigue, de l'épuisement et de l'horreur. ILS étaient là ! Partout ! Ces enfants disparus, cet homme. Ces enfants morts. MORTS. Détruits, découpés, en charpie, leur chaire à l'air libre ! Et le sang … Oh mon dieu, tout ce sang ! Alors, alors seulement, Seth éclata en sanglots. En sanglots oui, son corps entièrement secoué de spasmes violents. Il était couvert de sang mais ses plaies s'étaient déjà refermées. Il ne garderait aucune trace de ce qu'il avait vu ! Une bonne douche et rien ne se serait passé ! Oui mais non, il ne voulait PAS oublier, car tout était réel. Ce n'était pas une vision, ce n'était plus un jeu, c'était … Vrai. Il n'aurait pas la force de fuir si on le rattrapait, il n'aurait plus la force de lutter si il le fallait.
Quel misérable … Pourtant, les regards vides des disparus étaient encore dans son esprit. Au milieu de tout ce sang, de ce massacre … Loar … Loar et Matthew. Loar Young et Matthew Nickelsen. Et ces jeunes femmes, ces enfants, ces adolescentes également. Et ce sang … Ce sang ! Oh ce sang qui refusait de partir ! Les sanglots du jeune adulte se firent encore plus violent. Il ne parvenait pas à se calmer, il n'y ARRIVAIT pas. Ce qui lui restait d'énergie pour ne pas fermer les yeux était maintenant utilisée pour pleurer. Ses pupilles se dilataient avant de rétrécir pour se dilater à nouveau. Un va et vient qui n'arrêtait jamais. QUI ? Qui pourrait arrêter ce qui se passait ici ?! On avait tenté de le tuer ! On … On … On allait le tuer ! On allait tous les tuer ! En pleine crise de nerf, Seth se cogna violemment le nez à l'armoire qui se trouvait à ses côtés. Dans un craquement infernale, la douleur se fit insupportable. Le sang coulait de nouveau ! Encore ! À un endroit que personne ne devait jamais voir ! Là où il ne pouvait pas se soigner ! Mais avait il seulement la force de se lever ? De crier ? Non. Il avait plutôt chaud. Très chaud ! Ah oui, c'est vrai, mêlé au sang, perlait de la sueur sur son front, ce malgré son teint pâle … Si pâle. Il ne manquait plus qu'un arrêt cardiaque et il en été finit de lui. D'ailleurs, cela aurait été mieux que de continuer à vivre ! Aujourd'hui du moins ! Mort ! MortS ! sang ! SangS ! Corps ! Et des larmes … Et un vide … Et un cœur … Et des cœurs ...
Seth aimait souffrir, avant. Aujourd'hui ? Il voulait que tout s'arrête. Seth avait un bandeau gris sur le nez, avant. Aujourd'hui ? Le gris était devenu rouge … Rouge sang. Sang ? Sang ! Encore et toujours du sang, partout. Perdant l'équilibre, le jeune asiatique s'écroula au sol, sa joue heurtant de plein fouet le mur avant de se loger sur le sol gelé. Mais cela ne lui fit aucun bien, il ne se clamait pas, ne se calmerait jamais. Ses sanglots redoublèrent d'ardeur, à se demander s'il n'était pas en train de rendre l'âme. Mais il aurait tant aimer que ce soit vrai ! Partir, définitivement ! Il était alors bien loin le doux son de sa basse, bien loin le Japon et ses amis, bien loin les pensionnaires du centre … Dans la pièce d'à côté. Impossible de crier. Son corps le brûlait, il suffoquait, ses yeux pleuraient, son nez saignait, sa tête bourdonnait et le moindre bruit extérieur lui parvenait comme étouffer. Quelqu'un venait ? Qu'il vienne, le temps s'était comme arrêter. Seth était mort, une seule fois, mais là, il ne mourrait pas, il était bel et bien vivant. Vivant mais torturé, agonisant, pire que la mort elle même … A l'aide ... Aucun son ne sortit. Pitié ... Aucune plainte ne résonnait dans cette pièce sombre aux volets clos. Était ce le jour ? Était ce la nuit ? La terre était elle encore ronde ? Et le ciel encore bleu ? Malgré la douleur, la fatigue, malgré l'espace temps, malgré ses mouvements, le silence était là. Silence de mort. Silence meurtrier. Le corps recroqueviller sur le sol, son poids reposant sur son côté droit -et principalement son épaule-, il restait là, secoué de sanglots incontrôlables. Son jean déchiré et tâché de sang était couvert d'échardes, couvert de boue. Ce qui lui restait de tee shirt avait maintenant une taille de chaussette, laissant apercevoir son torse et le sang qui le couvrait. Du sang ! Toujours du sang ! Du sang, du A, B, AB, O, + et - y comprit ! Là, sur lui, du sang qui lui appartenait, du sang étranger ! Loar ! Matthew ! Marina ! Honey ! Emily ! Du sang … Encore du sang … Et ce silence.
Sa vision était réduite, troublée ... trouble. Il ne voyait plus grand chose malgré ses efforts pour garder les yeux bien ouverts. Car oui, ses yeux étaient ouverts, exorbités, injectés de sang comme après un voyage en enfer. Mais oui ! Voilà, il avait été emmené en enfer, simplement ! Et cet enfer portait un nom, AVAIT un nom : Redemption.
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| | | | ❝ Kenny Pevers ❞  ✉ Messages : 115
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| Kenny ouvrit les yeux brusquement. Dans un sursaut, il s'était réveillé de son sommeil plus que léger. Le souffle presque coupé, le cœur battant violemment, comme si il désirait bondir hors de son torse. L'adolescent pris sa tête entre ses mains, le front perlé de sueur froide. Une douleur sourde résonnait dans son crâne, et des images floues du cauchemars qui avait perturbé son court moment de repos défilaient rapidement. Il poussa un faible gémissement, ayant un haut-le-cœur à chaque fois qu'un détail de son rêve s'éclaircissait. Il inspira profondément, passant sa main tremblante pour repousser ses cheveux en arrière. Il se redressa dans son lit, fermant un instant les yeux, inspirant profondément.
Lorsqu'il eut retrouvé tous ses esprits, il repoussa la couverture, et s'extirpa de son lit inconfortable. Un coup d'œil à l'horloge digitale de la chambre lui indiqua que le réveil sonnerait dans une heure à peine. Autant dire que sa nuit était finie. D'un pas peu sûr, il se dirigea vers la salle de bain de la chambre. Malgré la pénombre, il parvint à se diriger sans trop de mal vers la salle d'eau. Il connaissait déjà ce chemin par cœur, car emprunté plusieurs nuits par semaines. Du bout des doigts, il poussa la porte mal fermée, et appuya doucement sur l'interrupteur. Une lumière jaunâtre vint éclairer la pièce, faiblement. Kenny s'appuya sur le rebord du lavabo, faisant face à son reflet dans le miroir. Son visage était blafard, et ses cernes ressortaient encore plus avec la mauvaise lumière de la pièce. Il passa sa main sur son menton, où les poils avaient repris possession de son visage, lui laissant apparaître une barbe de quelques jours. Il se laissait totalement aller. Ses cheveux étaient en pleine révolution. Cet air négligé ne lui ressemblait pas, pourtant. Il poussa un soupir. Il se laissait totalement aller. Il alluma le robinet, et laissa couler sur ses mains un filet d'eau glacée, avant de les mettre sur son visage, pour s'asperger.
Non sans avoir jeté un dernier regard à son reflet, et lui avoir adressé une grimace, il sortit de la pièce en silence. Il resta un instant immobile dans la pièce noire, avant de se décider à attraper à tâtons son trousseau de clefs, pour glisser celle de la chambre dans la serrure, et sortir finalement. Une fois dans le couloir, et après avoir fermer délicatement la porte, il fit quelques pas. Puis, dans un soupir, il s'arrêta, au milieu du couloir. Il était pieds nus, vêtu simplement d'un vieux jogging noir qui lui servait de pyjama. Inutile d'envisager sortir, avec la pluie qui tombait. Mais pourtant, il avait besoin de bouger, de faire quelque chose, pour chasser de son esprits les images de son mauvais rêve. Aller voir Abbi n'aurait fait qu'empirer les choses, alors il s'abstint de se téléporter dans sa chambre. Son cauchemar la concernait totalement, et il ne pouvait pas penser à elle sans avoir un frisson de dégout pour l'instant. Alors, doucement, il se décida tout de même à faire quelques pas, à s'enfoncer dans l'étage.
C'est alors qu'il fit face à cette porte. « Loge du surveillant de nuit ». Ses mots étaient gravés dans le bois, et dans un geste inconscient, Kenny passait doucement ses doigts dessus. C'est alors qu'il perçut, dans le silence de la nuit, un souffle rauque. Il crut que son imagination lui jouait un vilain tour, mais s'immobilisa tout de même, à l'affut du moindre son. C'est alors qu'un fracas, derrière la porte, vint se faire entendre. L'adolescent ne put s'empêcher de sursauter, alors que des gémissements suivaient doucement, presque imperceptibles, le gros bruit. Le cœur de Kenny s'emporta bien malgré lui. La peur ? Peut-être. Ce n'était pourtant pas dans ses habitudes. Mais là, à peine réveillé d'un cauchemar, il fallait dire qu'il était encore fébrile.
Il resta un moment devant cette porte, les mains bien à plat sur la paroi de bois. Il hésitait. Il avait terriblement envie de l'ouvrir, de voir ce qui pouvait bien se passer... Mais aussi de partir en courant sans demander son reste. Mais il n'était pas quelqu'un de lâche. Il lui arrivait d'être courageux... Irréfléchi, plutôt. C'est ce qu'il se produisit. Il décida qu'il n'avait pas à s'attarder sur cette réflexion. Alors, il appuya sur la poignée, et pénétra dans la pièce.
Il faisait totalement noir. Kenny crut d'abord qu'il avait halluciné, et que cette pièce était vide, lorsqu'il entendit une respiration saccadée. Il chercha à l'aveuglette sur le mur l'interrupteur. Un déclic se fit finalement et la lumière vint éclairer la pièce. D'abord éblouit par cet éclat trop violent pour ses yeux, il ne vit rien. Mais lorsque son regard s'habitua à la lumière, il eut un mouvement de recul en découvrant l'atrocité de la scène.
Le surveillant de nuit, cet asiatique bizarre, était gisant au sol, baignant dans son sang. L'adolescent eut un haut-le-cœur, sans pour autant retirer son regard de ce corps pâle et tremblant. Finalement, la bouche sèche, il parvint à sortir quelques mots. « Hé... Ça... Ça va aller ? » C'était tellement stupide de demander cela... Mais Kenny était dans l'incapacité totale de bouger, comme dans un état de choc, mêlé à une étrange fascination pour cet être ensanglanté, qu'il croyait pourtant invincible, immortel, ou quoi... C'était vrai quoi, tout le monde ici connaissait Seth, ce pion qui avait le pouvoir tellement convoité de régénération cellulaire... |
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| Cela faisait maintenant quelques heures que la jeune fille était allongée tout habillée sur sa couette. Oui, à Rédemption, ils avaient enfin sortit les couettes, il faisait souvent froid la nuit, et encore plus dans ces murs de vielles pierres. Insomniaque ? Il y avait des chances pour qu'elle le devienne. Après tout, cette nuit là, elle n'avait pas fermé l'oeil. Au sens littéral du terme. Il était impossible de fermer les yeux, pour elle, puisqu'elle savait que si elle le faisait, elle allait rapidement être hantée par ses cauchemars, ou plutôt, les visions qu'elle avait eu. Adieu dessin. Ce jour là était un jour à marquer d'une croix, rouge. Elle avait eu une vision en plein cours, elle avait hurlé et elle était sortie, seule. Il fallait dire que ces derniers temps, ça n'allait pas mieux avec Sacha, et les autres gens de sa classe n'étaient pas particulièrement ses amis, enfin, elle n'avait pas eu l'occasion de lier des amitiés avec les autres. Caressant l'idée qu'elle finirait par se réconcilier avec Sacha, en gardant à l'idée que son cœur ne battait pas pour elle, et qu'elle s'était fait la promesse de redonner le goût de la vie à Aaron. La jolie brune n'avait pas remarqué que Lola avait faillit faire un malaise à son départ, sans doute avait-elle eut un aperçu de ce qui passait par la tête de notre devineresse. Ainsi, elle avait filé dans sa chambre, s'était laisser tomber sur son lit, et était restée ainsi, choquée, et seule. Jusqu'à ce que ses deux collocataires rentrent, Emma avait bien tenté d'entamer la discussion, mais aussitôt Lola lui avait intimé qu'il était préférable que Sélène reste seule. Peut-être simplement parce qu'elle ne supportait pas la vision de l'adolescente, ce qui aurait été totalement compréhensible. Mais, voilà, maintenant, c'était décidé :
Il fallait fuir.
Fuir et enfin s'échapper de l'Enfer. POUR échapper aux Enfers. Il était vrai que Sélène avait passé la journée à se consumer intérieurement, frappée par le retour du sang à chaque fois qu'elle fermait les yeux, rien que pour en cligner, par exemple. Pas question de dormir, elle s'en savait incapable. Du sang, des quantités de sang. Des visages connus, des cris, des mouvements brusques. Et par dessus cela, l'éternel bruit, l'éternel tintement métallique inconnu. Ainsi qu'un visage, taché de sang, mais qui ne serait pas le sien. Elle ne s'était pas attardée sur cette personne, parcourue de frissons de frayeur à chaque fois qu'elle hallucinait : entendant un cri long et sourd, un râle, un gémissement, un souffle, une supplication, ou voyant une grimace de douleur, un visage sans vie, de ceux qu'elle côtoyait si souvent.
Fuir, oui, mais... Pas seule.
Elle devait à présent prendre une décision, savoir qui de Sacha ou d'Aaron elle sortirait enfin de ces Enfers. Elle n'avait pas d'opinion, c'est pour cette raison qu'enfin elle quitta sans bruit la pièce qu'était sa chambre, prenant soin de ne pas réveiller Emma et Lola. Elle fila dans les escaliers qui montaient au premier étage, prête à frapper à n'importe quelle porte. Pourtant, avant même d'en arriver là, elle eut un pressentiment étrange, et une petite voix résonna dans la pièce à côté. LA voix. Celle qu'elle avait dû reconnaître, et à nouveau, elle mit quelques seconde avant de capter qu'il s'agissait de celle de l'inconnu du lac, donc celle de Kenny. Qu'est-ce qu'il faisait en dehors de sa chambre lui ? Surtout... S'il avait été à l'étage d'en dessous, à la limite, elle savait qu'il sortait avec la fille étrange et schizophrène... Sur les bords. Abbi. Ou Asami. Elle ne savait pas. Et elle s'en contrefichait. Ce genre de chose passionnait bien plus Sacha qu'elle. Bien qu'encore une fois, elle n'en savait pas tellement que ça sur lui, en tout cas, depuis récemment, elle perdait contact, et elle n'aimait pas particulièrement ça.
Fuir, encore...
Pourtant, malgré que sa conscience l'incitait vivement à faire demi tour, à partir seule, à ne pas se retourner, à être raisonnable, pour une fois, elle se laissa dicter par son cœur, comme à l'habitude. Ce n'était pas sa curiosité, non mais après ce qu'elle avait vu, et qu'elle savait pertinemment réel, elle devait faire quelque chose pour se sentir en vie, et utile. Ainsi, elle fit les quelques pas qui la séparait de la porte elle remarqua en tournant à un couloir pour arriver dans celui où donnait l'ouverture de la pièce que la lumière était éclairée à l'intérieur, c'est ainsi qu'elle découvrit à nouveau tout le sang, tout ce rouge, infâme, violent, totalement déroutant, et... Traumatisant. Dans un premier réflexe, elle sauta dans la pièce, ferma la porte et appuya sur l'interrupteur pour éteindre. Stupide ? Probablement, mais la lumière de la pièce était trop violente, elle faisait tellement ressortir ce qui trônait sur le sol qu'elle ne le supportait pas. Sans un mot, elle sortit une bougie de sa poche et un briquet qu'elle avait dérobé à Adam, le surveillant, au cas où. Elle le gardait toujours sur elle, persuadée que ça finirait par servir à quelque chose, elle savait que son instinct ne la trompait pas, à présent. Aussitôt, la mèche s'enflamma et la lumière reparut, plus douce, plus tamisée, atténuant l'importance de la flaque sur le sol, et ce fut seulement là qu'elle remarqua les deux autres personnages. Le surveillant de nuit de cet étage, Seth, elle le connaissait de vue, et de réputation. Dormir dans la même chambre que Lola aidait probablement. Elle savait tout sur tout, c'était impressionnant. Enfin bref. Elle bouscula un peu Kenny pour mettre les deux pieds dans le sang, et s'accroupir devant le jeune homme à terre, gardant sa bougie à bonne distance. Elle colla sa main à la joue de Seth, les sourcils froncés.
Elle savait.
Elle l'avait vu dans sa vision.
Et... Ils ne l'avaient pas eu ? C'était qu'il restait une chance ?
« Seth..., murmura-t-elle, j'ai cru qu'ils t'avaient eu, toi aussi... »
Oui, immédiatement elle l'avait tutoyé, automatiquement, même si elle ne lui avait jamais parlé et qu'elle se contentait de le croiser simplement dans les couloirs, de temps en temps. Mais voir quelqu'un mourir, ou enfin, agoniser, ça aidait beaucoup pour tisser des liens. Bon, d'accord, lui ne devait pas savoir vraiment pourquoi elle déboulait là, pourquoi elle lui parlait comme si elle connaissait depuis toujours. Mais même elle avait quelques doutes sur la question, et il était peu probable qu'il la remarque, puisqu'il était véritablement choqué. Cependant, le contact qu'elle avait déclenché entre eux, c'était un bon moyen de le toucher, dans son être. Elle tourna la tête un peu, pour observer Kenny une seconde, pour s'identifier, mais également pour lui intimer de la rejoindre, de l'aider, de faire quelque chose, n'importe quoi, si ce n'était d’appeler au secours, puisque les gens qui connaissaient les problèmes savaient parfaitement qu'à Rédemption, on ne peut pas avoir d'aide, ni de confiance en quiconque. |
| | | | ❝ Invité ❞ Invité | | Sujet: Re: Au nom de qui ... [LIBRE] Mer 1 Juin - 15:35 | |
| « ... »
C'est vrai que dans la totale incapacité de réagir, on se pose des question sur sa vie. Sur le chemin qu'elle emprunte et le sens dans lequel elle progresse. On se pose des questions sur tout et n'importe quoi -celle sur les zèbres par exemple!-. Des questions idiotes, sans réponses, inutiles, importantes, futiles voir même évidentes : La terre tourne dans quel sens ? A quelle température est le soleil ? On se pose des questions sur son environnement : Qu'est ce que je fais là ? Et après ? On se pose des questions sur ses relations : Va-t-on m'assassiner ? Comment sera ma mort ? Et on se pose des questions bénéfiques, juste pour oublier la douleur : Qui suis-je ? D'ailleurs, qui était il réellement cet asiatique dans son bain de sang -très bon pour le teint paraît il- ? Un témoin gênant ? Une victime du destin ? Ou une erreur tout simplement … Qui sait ?
Les vibrations du sol indiquèrent au jeune homme que quelqu'un -ou quelque chose- approchait … Eux ? Encore ? Revenus … Non. NON. Ils ne devaient pas revenir! Ils ne POUVAIENT pas revenir ! Pas maintenant ! Non .. S'ils revenaient … Les douleurs seraient plus grandes mais la mort serait une délivrance. Mais Seth avait peur. Peur de … Souffrir. Simplement, peur de sa mort qui apparemment approchait à petit pas timides … Petits pas ? Quelqu'un venait. Quelqu'un entrait. Quelqu'un était là, à la porte. Quelqu'un qui était totalement dissimulé par la pénombre … Jusqu'à ce que la lumière revienne. La lumière, celle censée éclairer le monde … Mais il ne put qu'être aveuglé, par cette lumière présente désormais. Ah, c'était donc la nuit ? Non en fait, peu importe quand se déroulait l'action, le temps n'importait plus. En parlant de temps, combien d'heures s'étaient écoulées sans que Seth ne mange ou ne boive quoi que ce soit ? Peut être sa faiblesse croissante venait elle aussi de là …Bref, cet aveuglement contre lequel il ne pouvait lutter le força. Le força à quoi ? Devinez. Ou OSEZ imaginer ...
Alors, il ferma les yeux. Il osa fermer les yeux, et ramena ses jambes le long de son torse. Ces visions … Ces images … Ces souvenirs tournaient en boucle dans sa tête. Et maintenant que ses paupières étaient bel et bien closes, il revoyait cette scène, percevant pratiquement les hurlements … Les hurlements des morts … Les hurlements de ceux qui ne reviendraient jamais. A part éventuellement sous la forme de spectres. Et lesang ! Encore ce sang ! Du sang, du sang partout, d'innocents … Leurs corps déchiquetés, abîmés, à la limite du méconnaissable … Et ce sang … L'odeur de la mort aussi, cet air glacé mais lourd, lourd de moisit, de fer. Lourd de chagrin et d'horreur … Puis maintenant il y avait cette présences … Ou CES présences, là dans la Loge … Qui .. ? Mais cela ne changea en rien la situation : Seth ne se clamait pas. Il ne parvenait pas à garder son sang-froid -sans aucun jeu de mot-
Son corps -qui paraissait soudainement si fragile, ou humain en quelques mots- était toujours secoué de puissants sanglots. Le sang lui battant aux tempes, sa tête bourdonnant, tout lui rappelait qu'il avait horriblement mal … Moralement -et au nez-. Tout lui rappeler qu'il était vivant … Et qu'il n'était plus seul. Ce qui le força à rouvrir les yeux, après tout ces efforts pour les fermer ou ne pas les fermer -vous suivez?-. Mais à sa grande surprise -si je peux dire- le sang était de nouveau « invisible », la pénombre de retour. Une faible source de lumière était là aussi, éclairant un visage. Une femme. Une fille. Une élève. Quelle classe ? Aucune idée. Ce qu'elle faisait ici ? Peu importait. Derrière elle, une vague forme. D'après le timbre de voix, il s'agissait du gamin qui se téléportait … Kenny. Mais qu'avait il dit déjà ? Impossible de se rappeler. Mais Ils étaient là tout les deux, et Seth les voyaient bien, les captaient bien, pensait pouvoir les prévenir mais … Mais il ne bougeait pas. Rien ne sortait. Comme si son corps refusait de se manifester. Être choqué à ce point, au point d'être paralysé de peur, était ce possible ? Surement. Mais ce contact … Ce contact gelé …
Le jeune asiatique frémit et se redressa nerveusement, à genoux au sol, avant de se laisser tomber en arrière, loin des deux nouveaux venus, dos contre le mur. Non pas que la main de la demoiselle lui faisait peur, loin de là, mais … Mais une main, tout aussi froide, lui avait … Et cesang, tout ce sang ! Pourquoi tant desang ?! Et ces larmes qui coulaient sans contrôle ! Et ces sanglots qui n'arrêtaient pas, ces sanglots épuisants ! Et dusang, encore du sang !! Et ce froid mordant. Mais oui ! Seth était bouillant de fièvre et congelé à la fois ! Et ses pensées …
Ses pensées n'étaient plus cohérentes ! Il mélangeait tout ! Bientôt, il ouvrirait les yeux, le réveil sonnerait, le jour se lèverait et le jeune adulte fébrile disparaitrait. C'était un cauchemar … Un cauchemar réel… Il porta sa tête au creux de ses mains, se couvrant le nez et le visage. Ses mains, tâchées de sang … Son nez couvert de sang … Son visage meurtri par le sang … Partout. Et la voix … La voix de la demoiselle résonnait dans son esprit. ILS .. ? Elle savait alors … Elle savait tout. Mais elle ne serait d'aucune aide. Ils gagneraient forcément. Et Seth … Seth au milieu de tout ça, dans sa bulle. Celui qui avait besoin d'un pouvoir le rendant « invincible » pour paraitre invincible. Celui qui se faisait passer pour un sadique aimant souffrir qui visiblement n'était pas si résistant … Sans ce don et sans Redemption, il n'était plus rien.
« … Ils … Ils … Tous … Non … »
Tentant de parler, Seth ne parvenait qu'à se faire mal à la gorge, sortant des mots inutiles. Des mots incohérents qui sonnent creux, vides de sens et d'origine surtout. Des mots étouffés au creux de ses mains. Des mots qui ne mèneraient à rien … Mais qui cachaient tant de choses … Il redressa lentement la tête et posa son regard paniqué dans celui de la demoiselle puis du jeune garçon. Et qui pourrait l'aider, qui ? Eux peut être ? Comment … Ils allaient tous crever ! TOUS ! Inconsciemment, il porta deux doigts à son pendentif qui était toujours entier -quoi que légèrement fissuré- et se mit à le serrer, serrer … Souffrir pour oublier la douleur. Idiot ? Dans le cas présent, non. Surtout pas pour lui. Et ces sanglots qui ne s'arrêtaient toujours pas … Et le sang qui coulait encore … Et … Et Redemption, dont il ne sortirait peut être pas … Vivant.
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| | | | ❝ Kenny Pevers ❞ ✉ Messages : 115
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Relations :: | | Sujet: Re: Au nom de qui ... [LIBRE] Mer 1 Juin - 22:10 | |
| Kenny suivit du regard la jeune fille qui pénétra dans la pièce. Sélène. La fille brune bizarre toujours scotchée à son Bisounours grandeur nature. Il la regarda s'approcher du corps sanglant de Seth, lui parler. Il n'entendit pas ses paroles. Elles étaient trop faibles, un murmure. Ou alors l'adolescent n'écouta pas. Un peu des deux, certainement. Les seuls sens qui étaient en action à l'heure actuelle, étaient la vue, et l'odorat. Ce sang, ce rouge atroce, lui frappait le regard, avec une violence inouïe. L'odeur âpre du liquide s'engouffrait dans ses narines, lui faisant presque tourner la tête.
Sa bouche s'ouvrit, comme pour prononcer quelque chose, mais il la referma. Il n'avait rien à dire. Il vit les lèvres de l'asiatique bouger aussi, pour prononcer quelques mots, qui, une fois encore, ne lui parvinrent pas. Mais il s'en moquait. Il était comme pris dans un état de choc, avec cette étrange fascination qui naissait en lui. Voir ce visage, à la lueur d'une simple bougie, si expressif se muer sous la douleur, la peau livide de ce surveillant tâchée de sang, contraste flagrant et terriblement... Beau. Aucune mise en scène ne pourrait relater avec autant authenticité la douleur d'un être qui se meurt. Cela n'était que du vrai...
Il fallait qu'il se reprenne. Vite. Pourquoi pensait-il ainsi ? Il était inhumain... Mais n'arrivait pas à contredire ses pensées, à chasser cette obsession pour le sang. Il ferma cependant les yeux, tâcha d'ignorer l'odeur entêtante. Il rouvrit son regard pour s'approcher doucement des deux jeunes gens au sol, tremblotant. Il extirpa de la poche un paquet de mouchoir, et froissa un de ses derniers, pour l'approcher doucement du visage du surveillant. Il essuya délicatement le sang qui perlait, se mélangeant aux perles précieuses et translucides qu'étaient ses larmes. Très vite, le mouchoir fut imbibé du liquide rouge, et l'adolescent ne put réprimer un frisson en sentant l'humidité de l'objet le frôler.
Il fallait qu'il calme cette espèce de crise de folie. Il inspira profondément, en jetant négligemment le mouchoir à côté de lui, et relevant son regard sombres, aux pupilles dilatées, vers cette jeune fille brune. Il toussota, mal à l'aise, et lâcha les premières paroles qui lui venaient, et lui semblaient logiques : « Il faut appeler de l'aide... Il ne va pas tenir sinon... » « Et moi non plus. », songea-t-il. Un mal de crâne saisissait violemment l'adolescent, qui avait de plus en plus de mal à rester lui aussi calme. Ces pensées étaient trop agitées, et il tremblait de tout son corps, tourmenté par ces dernières. Il essaya de trouver ce calme dans le regard angoissé et torturé du surveillant. Cela n'eut pour effet que d'embrouiller encore plus son esprit. Il resta un moment à fixer dans les yeux l'homme, avant de prononcer, dans un murmure, une voix presque inquiétante : « Vous êtes fort, mais pas assez, Seth. Un autre serait déjà mort, mais un autre encore serait dans un meilleur état. Vous êtes trop faible... Plus faible que je ne le pensais... » Cette voix ne lui appartenait pas. Ces paroles n'étaient pas les siennes. Et pourtant, il n'avait put les contrôler. Comme si quelqu'un s'introduisait dans son esprit... Ce qui n'était peut-être pas si loin de la réalité. |
| | | | ❝ Sélène Utreuil ❞ ✉ Messages : 597
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Relations :: | | Sujet: Re: Au nom de qui ... [LIBRE] Jeu 2 Juin - 11:36 | |
| Rédemption était un endroit dangereux, probablement un des endroits les plus dangereux au monde, un endroit où chacun était traqué, manipulé, torturé, tout ça pour donner des légumes obéissants. Et, elle venait d'en avoir la preuve. Sélène qui se doutait fortement quelque chose du complot de Rédemption, et qui avait décidé de fuir l'établissement resta choquée à l'entente de la voix qui sortait de la bouche de Kenny. Il lui fallu une demie seconde pour identifier en celle-ci les intonations machiavéliques du directeur, et elle eut un mouvement de recul évident. Seulement, au lieu de fuir, elle fronça les sourcils et se plaça devant Seth, histoire de servir de bouclier humain, sans doute.
Voilà le problème de Sélène. Elle avait une âme de martyr, de sacrifiée. Elle ne voulait pas qu'il arrive quelque chose de plus à Seth, c'était pour cette raison aussi qu'elle avait placé ses mains sur ses oreilles, pour qu'il n'entende pas la voix désagréable qui résonnait encore dans son dos. Oui, elle lui tournait le dos, mais non, elle n'avait pas peur. Elle caressa doucement le dos du surveillant, pour le rassurer en le berçant presque. Si certains n'avaient pas l'âme généreuse, celle de Sélène l'était tout à fait, en plus de cela elle était maternelle, à un point incroyable. Mais, elle ne supportait pas de voir les gens souffrir, sauf elle, mais ça ne comptait pas, si ? Il était vrai que son sang froid n'avait rien de légendaire, mais ce soir, cette nuit, ce matin là, elle ne voulait surtout pas un nouveau drame. Alors, toujours les mains sur les oreilles du surveillant, elle se décida à parler.
« C'est lâche. Vous prenez possession d'un pauvre adolescent paniqué après avoir tenté d'assassiner un de vos employés ? C'est vraiment lâche... »
Stupide. Inconsciente. Elle savait qu'il y avait des choses qui ne valaient mieux pas dire, mais Seth n'entendait pas, et Kenny n'était peut-être plus psychologiquement présent. Alors, forcément, se retrouver avec le directeur comme seul interlocuteur, ça avait tendance à la mettre en rogne. Elle serra le corps tremblant – ou plutôt secoué de spasmes – de l'asiatique contre elle, bien décidée à le protéger. Le directeur était dangereux mais il n'était pas foutu de se présenter lui même pour dire ses bêtises. Qu'il vienne, qu'il les menace, elle aurait eu l'occasion de rendre service à tout le monde. Comment ça elle était bien plus faible que lui ? Ne vous détrompez pas, Sélène le savait pertinemment, mais son côté kamikaze ressortait parfois d'une façon étonnante, inquiétante...
L'adolescente retira ses mains des oreilles de Seth et reprit son frottage de dos, pour qu'il arrête enfin de sangloter. Bon, d'accord, elle était pleine de sang, mais elle s'en fichait pas mal. Le sang, Sélène y était habituée, les cicatrices qu'elle avait sur les poignets en témoignaient parfaitement, mais aujourd'hui, il fallait faire cesser le sang, et les larmes. Elle ignora royalement Kenny, ou le directeur, ou qui il était à présent et se contenta de chuchoter au surveillant :
« Je sais ce que tu as vu, mais ça va aller, ça va aller Seth... S'il te plait... Shhht... »
Elle inspira profondément pour lui faire relever la tête et planta son regard inquiet mais qui se voulait rassurant dans le sien, lui adressant un petit sourire du même type. |
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Relations :: | | Sujet: Re: Au nom de qui ... [LIBRE] Dim 26 Juin - 20:40 | |
| Kenny n'était pas paniqué. Non. Si. Peut-être ? Aucune idée. Qu'est-ce qu'il lui arrivait ? Pas de réponse. Le flou. Une voix. La sienne ? Non. Une voix rauque. Vieille. Celle du... Directeur ? Non... Si. Un mal de crâne... Si familier... Pourquoi...? L'adolescent pris sa tête entre ses mains. Ses membres tremblaient. Ses muscles se crispaient. Il crut même percevoir un gémissement sortir de sa bouche bien malgré lui. Et puis, plus rien. Un vide totale. Comme si il venait de s'endormir. C'était en quelque sorte le cas. Son esprit venait de plonger dans un coma silencieux.
Tandis que ces prunelles s'ouvraient comme pour la première fois, avec un éclat nouveau. Un éclat meurtrier. Ce n'était plus lui, simplement. Ne vous méprenez pas, cependant. Il ne s'agissait pas là de trouble de la personnalité... Non non non... Simplement de la manipulation... ♪
Le corps de Kenny se leva. Il se dirigea avec un mécanisme effrayant vers le bureau du surveillant. Ses doigts se baladèrent, à l'aveuglette, et pourtant avec une fluidité déconcertante, sur le bois. Ils glissèrent sur des stylos. Des feuilles. Et enfin... Cet espèce de petit poignard. Appartenait-il à Seth ? Peut-être, peut-être pas. Était-ce seulement dût au hasard, qu'il se trouve à cet emplacement...? Peut-être... Peut-être pas. Il s'en saisit. Le métal froid lui provoqua un long frisson. Seul signe que sous cette carapace manipulée, sommeillait encore une âme humaine.
Il passa son doigt fin sur le bord de la lame, sans pour autant se couper. Un sourire qui ne lui appartenait pas se dessina sur son visage froid. Il se baissa. L'adolescente, penchée sur le corps du surveillant agonisant ne sembla pas le remarquer. Il regarda de son regard éclatant de malveillance le corps qui se soulevait d'une manière pathétique de haut en bas, de plus en plus faiblement. Il souffrait, le pauvre petit japonais... Il valait mieux abréger ses souffrances terribles, qui l'assaillaient de toutes parts... Il s'approcha doucement de lui. Masquant son arme dans sa paume. Il écarta d'une main faussement affectueuse quelques mèches trempées d'un mélange de sueur et de sang du visage de l'adulte. Il se pencha même pour déposer un baiser sur son front moite.
Le baiser de la mort.
D'un geste discret, fluide, et parfaitement contrôlé, il glissa sa main gauche sur le torse de Seth. La lame dessina une marque de plus sur sa peau, presque invisible dans la mare de sang qui la souillait déjà... Puis, avec une précision anormale pour cet adolescent peu doué en anatomie, il s'arrêta au niveau du cœur. Il fit quelques tours de lame, frôlant simplement la peau avec un sadisme à toutes épreuves.
Et, d'un geste sec, il s'arrêta, leva la lame, et l'enfonça jusqu'au manche dans le corps du japonais. Son point faible. Le seul endroit où la mort pouvait l'atteindre. Il appuya fort. Il releva le regard vers celui de Seth. Un lueur d'humanité, furtive, vint transparaître dans le regard de l'adolescent clairement manipulé, et une douleur au cœur, en écho à celui de l'homme agonisant, vint le toucher, vivement. Mais une demi-seconde plus tard, Kenny était redevenu un monstre, se relevant, simplement. Il toisa de haut ce cadavre. Cette vie, qu'il venait d'arracher sauvagement. Puis, il tourna les talons.
Il poussa la porte de la petite pièce, pour se retrouver dans le couloir sombre, de nouveau. D'un pas sec, rapide, il se dirigea vers sa chambre. Il se lava. Jeta ses quelques habits tâchés de sang. Et alla se coucher. Et c'est simplement à ce moment là, lorsque les paupières de l'adolescent se fermèrent, que son corps fut libéré de l'emprise du directeur. Il ne se souviendrait certainement pas de cette soirée au réveil. Il n'aurait pas conscience de son meurtre. Simplement car il ne s'agissait pas vraiment de lui à ce moment là... Il n'était qu'une marionnette de plus. Un vulgaire jouet. Et il n'en avait même pas conscience... |
| | | | ❝ Sélène Utreuil ❞ ✉ Messages : 597
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Relations :: | | Sujet: Re: Au nom de qui ... [LIBRE] Lun 27 Juin - 9:28 | |
| Comment... ? Comment la scène avait-elle pu se passer sous ses propres yeux, sans qu'elle ait le temps de réagir ?! Et, il fallait dire qu'une fois la « chose faite », une fois que Kenny, le directeur, ou quiconque dans ce pensionnat où tout le monde était plus cruel eut clairement assassiné Seth, et que le corps de l'adolescent avait filé, elle resta figée, tenant le « presque-cadavre » entre ses mains tremblante. Comment... ? Comment avait-elle pu laisser faire ça... ? Pourquoi... Non...
Seth...
Seth...
Seth...
Seth, je t'en prie...
Seth... Ne meurs pas...
Elle glissa sa main contre le cœur sanglant du surveillante, aussitôt ses doigts rencontrèrent le liquide chaud qu'était son sang, et qui coulait à flot. Elle savait qu'il était trop tard, qu'elle ne pouvait déjà rien faire. Elle s'était promis que quelque chose comme ça ne se passerait plus jamais... Oui. Un flash.
La rue, la pluie, la nuit, la mort. L'accident. Et Aaron. Mort. Des larmes, silencieuses, des sentiments trop forts, trop durs pour elle. Pour une... Adolescente.
Mais cette fois, c'était un presque parfait inconnu. Seulement, ça faisait tellement mal. Elle le serra contre elle en sanglotant. C'était trop tard. Déjà la lueur de vie dans ses yeux s'était éteinte. Seth ne vivait plus.
Mais quelque chose de pire encore lui hantait l'esprit. Il méritait un véritable enterrement, une cérémonie, quelque chose. Seulement, Sélène savait pertinemment que dès qu'elle serait partie, quelqu'un allait venir chercher le corps et l'emmener elle ne savait où.
« Non... NON ! »
Elle émit un long gémissement plaintif en resserrant son étreinte autour de la coquille vide. L'âme l'avait fuit. S'était éteinte. Elle souffla sur la flamme de la bougie.
Elle ne supportait pas la vision de Seth, mort. Ses yeux s'emplirent à nouveau de larmes et elle passa la main dans les cheveux en partie blonds du jeune adulte. Elle y déposa du sang et les teintait de rouge sans même s'en rendre compte. Elle... Le berçait. Et elle était seule.
Sélène avait toujours été seule, c'est vrai. Mais plus à présent que jamais. L'adolescente arracha la chainette où pendait la lame de rasoir au coup de Seth en poussant un nouveau gémissement, secouée par les sanglots. Elle le vengerait. Elle savait qu'elle en avait la force. Et, pleine de sang, respirant la colère et la douleur, elle en devenait tout à fait crédible. La brune déposa à son tour un baiser sur le front de l'ex surveillant, elle ferma les yeux une seconde. Mais non. Elle ne pouvait pas redonner la vie aux gens. Et son point faible était touché. Il n'y avait plus rien à faire. Ne demeurait que la mort. L'espoir n'était plus.
Elle se leva, puis, d'un pas lent, avec sa mine de zombie ensanglanté, elle se dirigea vers la seule porte qu'elle trouvait rassurante, maintenant. Celle de Sacha. Elle frappa une fois et se laissa glisser contre, le sang de Seth glissa sur le mur, et sur le sol. Elle en était totalement imbibée. Elle ne savait pas quoi faire. Elle avait envie de mourir de l'avoir laissé faire. Mais...C'était fini à présent. |
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