Il y'a des choses que l'on ne se permet pas pour raison diverse tel que la peur ou bien le respect. Le plus souvent, dans un environnement nouveau, c'est la peur de l'înconnu qui freine certaines ardeurs et tentations. Prenez un jeune collégien par exemple, le verrez-vous vagabonder dans les couloirs après le couvre feu dés sa première nuit ? Et bien non, il faut attendre quelques jours, quelques mois ou encore quelques années pour que ce collégien ose défier les règles. Et ce pour n'importe qui. Que l'on soit timide, sérieux ou peureux...on finit tous par se détacher des conditions que l'on nous imposes.

Dorian dévia de la route principal qui menait à la propriété de Rédemption. C'est d'une démarche monotone qu'il s'approcha des murs qui délimitaient la propriété. Il longea la cloison jusqu'à ce qu'un grillage prenne le relais. A peine commencé, que la cloison grillagée - quelques peu rouillée par le temps - présentait une entaille plus ou moins large à son pied. Dorian mania son sac à bandoulière tel une fronde et l'envoya de l'autre côté. Puis à son tour, il passa de l'autre côté usant de la faille du grillage...comme nombreux de ses ainés l'avait fait. Ainsi Dorian revenu de sa petite escapade ' illégale', dans une discrétion la plus total. Il referma vulgairement le passage, reprit son sac et longea à nouveau la cloison - recouverte de mousse et de légères fissures -jusqu'à retomber sur l'imposant portail de l'école.

Bientôt, la broussaille et les ronces cessèrent de tirer sur le bas de son pantalon et sur la toile de ses baskets. Dorian quitta enfin cette jungle de buissons en tout genre qui occupait et camouflait certains recoins de Rédemption. Le parcours continua sur une pelouse irrégulière qui avait perdu son vert d'origine, puis ce fut bientôt les graviers qui recouvraient le chemin Portail/Cour ou Cour/Portail. Un bref chemin que Dorian emprunta paisiblement. Le gravier se raréfia soudainement, à moins que ce soit sa répartition inégale sur le sol de la cour qui donnait ce soudain effet de rareté. En tout cas, les croustillements produits par les pas de Dorian sur les graviers étaient moins accentué.
La cour de Rédemption, un lieu tout aussi triste et ennuyeux que le temps d'aujourd'hui. Elle a toujours été ainsi, Dorian se souvient encore de sa réaction lorsqu'il scruta pour la première fois l'ambiance de cet endroit. Rien que d'y penser, il ressentit la réplique même de cette boule au ventre qui l'avait prit il y'a six ans.

Avant de passer la porte de l'établissement, Dorian se posa sur l'une des marches d'escaliers qui précédait le palier. Il avait une vue direct sur le portail, celui-ci aussi l'avait intimidé la première fois et encore plus trois années après. Au début, ce n'était qu'un portail imposant qui ne donnait pas confiance, puis au fur et à mesure que les années passèrent Dorian eu une tout autre vision de ce portail; c'était la représentation exacte de la restriction à sa liberté, à chaque fois qu'il le dépassait, un ressentiment de soulagement le prenait. Puis maintenant, ce n'était qu'un simple portail que l'on pouvait contourner à condition de connaître le 'secret'. Perdu dans ses souvenirs, il échappa un sourire amusé, se rappelant la trouille qu'il avait eu lors du premier jours où il décida d'enfreindre le réglement, ce premier jour où ses ainés lui avait dévoilé l'art et la manière de faire le mur à Rédemption. Un acte qui n'était plus aussi riche en adrénaline à présent.

L'alarme de sa montre résonna et l'arracha de son moment de nostalgie. Il focalisa son regard sur le cadran de sa montre qui indiquait 18h00, Dorian soupira...le week-end allait tout droit à sa fin. Une pensée peut-être un peu trop exagéré pour certains, mais pas pour Dorian; être un Dimanche à 18h00...c'était déjà la fin.
　

La solitude, vous pouvez la supporter ou non. Certains diront que c'est une question d'habitude, mais faut-il encore avoir la personnalité pour relever ce défi. Que vous soyez bien ou mal accompagné, à un moment donné, que vous le vouliez ou non, vous vous sentirez seul, malgré touts vos amis, vos ennemis et connaissances qui vous entoures. Prenez le temps de vous poser, peut importe l'endroit, peut importe l'heure, posez vous simplement et songé à tout et n'importe quoi. Remémorisez vous de vieux ou récent souvenirs, laissez vous emportez par ce petit voyage et sans prévenir, vous réaliserez votre solitude. Vrai ou faux, peut importe, vous y croyez...jusqu'à ce que quelqu'un vienne vous cherchez.

Dorian était dans sa dernière année, une pensée qui déclenchait dans sa tête un seul et unique mot; 'Déjà'.
Pourtant, il se souvint encore du nombre de fois où il se plaignait des longues journées, du nombre de fois où il regardait à chaque réveil le nombre d'heure qu'il fallait écouler pour finir la journée. Malgré tout ça, il n'avait rien vu passé. Il était en dernière année et chaque fois qu'il le réalisait, il ne pouvait s'empêcher de se dire; * Déjà ! *
Une pensée réjouissante, mais qui délivrait une certaine nostalgie, un mélange de souvenir, bon ou mauvais. A présent, tout souvenirs étaient bon à se remémorer sauf exceptions et ça, des exceptions...il y'en avait.

La solitude, Dorian y était passé, mais contrairement à certains il supportait ce sentiment qui venait le titiller comme si on voulait nuire à son humeur. Manque de peau, ça fonctionne pas !
Seul, quitte à passer pour un solitaire endurcit, cela ne dérangeait pas Dorian bien qu'il ne voulait pas qu'on le considère comme un solitaire endurcit, il ne se disait pas solitaire. Contrairement à un solitaire, il supportait la présence d'autrui, à conditions que ses autres soient supportables. Cependant, il ne sentait plus vraiment grand intérêt à s'incruster dans un quelconque groupe aujourd'hui. Il en avait déjà un, disparus certes, mais un groupe qui - fut un temps - existait.

Un groupe d'amis, de nouveaux amis pour remplacer les anciens. Un groupe avec lequel Dorian faisait face aux diverses difficultés de la vie, des difficultés plus ou moins grave. Un groupe d'amis quoi ! Puis avec les années, comme la plupart des groupes, celui de Dorian se fragilisa. Certains adoptèrent un autre groupe, quant à d'autres ils partaient...prévoyant ou pas, ils partaient.

Une personne plongée dans ses souvenirs, noyée par ses pensées, ne peut revenir à lui seulement et uniquement par une quelconque turbulence. Concernant Dorian, la turbulence était une fille. Elle disait être aveuglée par le soleil. Dorian afficha discrètement un air perplexe, se demanda si elle se fichait de lui ou pas. Comment était-il possible d'être aveuglé par un soleil aussi faible que cette fin d'après-midi ? A moins de fixer le soleil à l'oeil nue...Dorian ne voyait pas. Quoi qu'il en soit, il était revenu à lui après la légère bousculade de la fille soit disant ' aveuglé '...après tout elle était peut-être vraiment aveuglé, qui sait ? Dorian décida d'y croire et il répondit avec un léger sourire;

- Y'a pas de mal !

Sur ce, il observa un autre recoins du parc attristé, mais la présence de la fille était encore là et son regard...que voulait-elle ? Un problème ? Des questions que Dorian n'osa lui poser. Après tout, peut-être voulait-elle passer un moment sur l'escalier ici présent...dans ce cas pourquoi ne se pose t'elle pas ? Et ce silence, quel insuportable silence ! Vous savez, ce silence, celui qui vous dérange, celui qui vous pousse à raviver la conversation avec une belle ou un bel inconnu.

Raviver une conversation, mille et une manière de le faire. Certains auront le courage de raconter une petite blague plus ou moins raté. D'autres n'iront pas par quatre chemin et entamerons par quelques compliments. Puis il y'a les autres, ceux qui raviverons la conversation par...

- Moi c'est Dorian ! Et toi ?

...les fameuses et incontournable présentation. Pas très original, c'est vrai ! Mais au moins, il n'y a aucun risque. Généralement, après les présentations, on se demande l'année scolaire respective de chacun et puis silence radio. Un silence radio qui prendra fin après que l'un des deux interlocuteur trouvera un sujet un peu plus emballant. Un sujet qui - avec chance - ne se résumera pas en trois ou quatre mots. C'est ainsi que débuta la rencontre avec 'il' et 'elle'.

- T'y vois plus clair ? Demanda Dorian quelque peu amusé.

Pourquoi tant de justifications ? Cela en était presque gênant, mais assez amusant dans la manière de les présenter. Quel étrange personnage, quel drôle de personnalité et quel débit de parole. Dorian se contenta de maintenir sont sourire, pendant que la prénommée Sélène ajoutait - par petite touche - quelques phrases pour au final en conclure qu'elle avait été belle et bien aveuglé par le soleil, le tout avec une petite touche d'humour. Le terme ' traumatisé ' amusa légèrement Dorian.

- Tu parles assez bien pour une traumatisé ! Rétorqua t-il avec ce même sourire, qui semblait resté figé sur ses lèvres. Un sourire ni trop accentué, ni trop faible. Juste un sourire qui rendait gracieux la mine du garçon. Et tu ne t'es pas trompé tout à l'heure, c'est pas ma première année ! Cela ce voit tant que ça ? Demanda Dorian sans pour autant attendre de réponse, d'ailleurs il enchaîna directement sur quelques mots. Je suis à ma dernière année pour te dire !

Quel genre de personne était cette chère Sélène ? Une question que Dorian ne se posa pas particulièrement. Cependant, il la trouvait assez sûr d'elle, tout du moins au début, mais elle semblait un peu plus 'hésitante' par la suite. Le petit impact l'avait-il assez perturbé pour qu'elle ait quelques difficultés à finir sa phrase...après tout, elle se disait bien traumatisé par le soleil ? Pas mal trouvé, Dorian s'en amusa d'avantage en y repensant.

- Mais c'est pas une raison pour me shooter dans l'escalier ! Fit-il en accentuant un peu plus son sourire, pour ne pas être prit au sérieux. Donc, tu t'appelles Sélène, c'est ça ? Une autre question dont-il n'y avait pas grand intérêt d'y répondre, car elle sonnait presque comme un affirmation dans la bouche de Dorian. Ce dernier savait très bien que Sélène était le prénom, mais c'était juste pour gagner un peu de temps afin de rebondir sur un autre sujet, une autre question. Quoi qu'il en soit, cela n'empêcha pas le silence de reprendre place dans la conversation un bref instant cette fois.

- Pas grand monde ! A croire que les gens sont mort ici ! Fit remarquer Dorian qui balaya de son regard l'ensemble de la cour. Lui même trouva cette remarque ridicule et sans aucun intérêt - à nouveau - après tout Sélène le voyait bien qu'il n'y avait personne à part eux deux. Il y'a bien une chose que Dorian se reprocher, le manque de tact et de conversation...quel poisse ! Il attrapa son sac qui semblait bien remplit, lorsqu'il l'ouvrit tout une bande de sucrerie et gâteau se montrait tout droit sortit du commerce le plus proche, quelques kilomètres après le portail de l'école. Inutile d'essayer d'apercevoir, vous ne verrez rien d'ici.

- Tu veux quelque chose ? J'ai à boire, à manger...bref ! Tu peux te servir si tu veux ! Fit-il en mettant son sac à disposition de Sélène après avoir prit une mini paquet de chips qu'il ouvrit dans un 'POP' assez sec. Et toi, tu es ici depuis longtemps ? Demanda t-il, cette fois en attendant une réponse, d'ailleurs il regarda Sélène d'un air intéressé par la réponse.

Chacun porte une marque sur son visage, une marque plus ou moins évidente. Cette marque peut exprimer la joie, la colère, la tristesse ou bien le regret. Concernant Sélène, la tristesse marquait son visage durant quelques minutes, une tristesse étouffé sous un faible sourire, Dorian ne fit qu'observer ses quelques minutes et se dit que la jeune fille devait certainement avoir quelques tracas qui lui traversait l'esprit. Des tracas, qui à Rédemption n'en n'avait pas ? C'était presque une tradition à vrai dire. Dorian, lui, des tracas ? Non, il préférait laisser ça aux autres.

Bientôt, seul le croustillement de la chips résonnait entre les deux internes. Sélène s'enquit du dîner de ce soir, chose qui laissa réapparaître le sourire de Dorian. Il trouvait cette fille très amusante dans la manière d'aborder les sujets. C'était presque imprévisible, tellement d'ailleurs que Dorian se demanda si sa question était ' sérieuse '. Il la regarda et en conclut que oui, effectivement, la question était tout aussi sérieuse que la précédente.

- Je sais pas ! J'ai pas r'gardé ! Répondit Dorian qui s'interrogea à son tour sur le contenu du dîner. Cette interrogation serait-elle contagieuse ? Ou est-ce l'importance pour la nourriture qui était trop grande ? Dorian piocha dans son paquet de chips afin de noyer la question sous les croustillements.

- Mais j'aimerais bien manger une super pizza ! Ouai ! Faudrait au moins ça ! Lança Dorian d'un air pensif. Ce genre de nourriture lui manquait, tout comme les super burgers et leurs grosse frites, la grande dose de ketchup et de mayonnaise mélangé. Le pop-corn aussi lui manquait, avec un nappage caramel, ou bien chocolat. Rien que d'y penser, Dorian torturait son estomac et son appétit qu'il apprivoisait avec ses quelques délicieuses pensées. Il n'y avait pas que ce désordre alimentaire qui lui manquait, mais tout un tas d'autre truc tel que les sorties au cinéma, le longue soirée passé à déambuler dans la rue avec quelques amis. Son regard fixa inconsciemment le portail de l'école et toute ses pensées s'évaporèrent en un fragment de seconde...c'est ce qu'on appel un retour à la réalité.

- Et si...et si on allait manger à l'extérieur !

Un sourire se glissa sur les lèvres de Dorian, était-il sérieux ? Plaisantait-il ? Avoir fait un historique de tout les éléments qui lui manquait semblait lui avoir donné une envie incontrôlable de franchir - à nouveau - les murs de Rédemption pour finir le week-end sur quelque chose de bon, quelque chose de réconfortant, clôturer ce week-end en beauté. Reprendre une dernière bouffé de liberté avant de se restreindre au train-train quotidien de la semaine qui l'attendait.

Il regarda Sélène, qu'en pensait-elle ? N'avait elle pas aussi l'envie de voir autre chose que les tables du réfectoire ? N'avait elle pas envie de manger sur autre chose que sur un plateau en plastique, au rebord parfois abîmé ? Ne voulait elle pas raviver ses papilles gustative en mordant à pleine dent dans un aliment riche en goût ? Il ne lui posa pas ses questions, de peur de passer pour un terminal qui avait perdu l'ensemble de sa raison à travers les livres de cours.

- Et pour finir...une grosse glace vanille avec des morceaux de cookies ! Lança t-il en soupirant, réfugiant sa main à l'intérieur du paquet de chips afin d'enterrer son envie d'évasion sous les croustillements. Je miserais sur la purée pour le repas de ce soir ! Après tout, ça fait que deux jours qu'on en a pas eu...quel tristesse ! Ajouta t-il avec un certaine ironie sur la fin de sa phrase.

Sélène raviva l'idée. Dorian la regarda un peu surpris, mais toujours ce léger sourire sur ses lèvres. Pourquoi lui avoir fait part de cette envie, de cette idée ? Conscient ou Inconscient ? Dorian n'en savait rien, cette idée lui était sortie de la bouche, comme ça, peut-être encouragée par une simple envie et l'image de bon petit plat que l'on pouvait trouver hors des murs de Rédemption. C'était un peu le principe de la carotte qui faisait avancer l'âne. Quoi qu'il en soit, pour la première fois, Dorian encouragea un autre pensionnaire à enfreindre le règlement. Une chose qu'il réalisa, une chose qui l'amusa car il se souvint encore du temps où c'était les autres qui l'encourageait à se détacher de la réglementation.

- Souvent ? Je sais pas si on peu vraiment dire ça ! Mais disons que j'ai été...très bien formé ! Il termina sur un petit rire, le regard se perdant dans les alentours, ne pouvant s'empêcher de penser à ses ' formateurs ' en question.

Ainsi était la vie dans ce genre d'endroit comme Rédemption. On apprenait les ' bons tuyaux ' petit à petit en observant ses aînés, puis il suffit qu'un jour vous attisiez la sympathie d'un d'entre eux et de là commence l'apprentissage de quelques leçons de la vie en communauté. Dorian en avait appris des choses depuis son arrivée tel que l'art et la manière de sortir de Rédemption en dehors de l'unique permissions hebdomadaire. A présent, c'était au tour de Dorian de perpétuer la technique.

- Si tu veux vraiment sortir ce soir, je te montrerais comment faire ! Mais avant tout, on devrait réfléchir sur le moyen de frauder l'appel ! Parce que généralement, je sors qu'en journée ! Lorsque j'ai du temps libre quoi ! Précisa t-il en jetant un rapide coup d'oeil sur les alentours, sachant très bien que les oreilles baladeuses ne manquait pas à Rédemption.

L'appel, une problématique car c'était une surveillance mis en place à Rédemption, comme dans beaucoup d'école d'ailleurs, quoi que Dorian doutait que la surveillance soit aussi poussé dans les autres écoles dîtes...'normal'. Car Rédemption, fallait bien l'avouer, n'avait rien de normal...déjà fallait voir quel genre de personnes il abritait sous son toit. Vous en connaissez beaucoup vous des écoles où vous êtes témoins de prestations frôlant le paranormal ou bien la science fiction ? Non, à part une célèbre école de sorcier fictive, Dorian ne voyait pas.
Comment contourner ce foutu protocole de surveillance qui se résumait à se faire appeler et d'y répondre en un levé de main ou bien - pour les plus motivé - à claironner un ' oui ', un ' ouai ' ou encore un ' là '...chacun son mot. Comme ça, ça a l'air de rien, d'ailleurs c'est rien, mais bizarrement tout le monde se plie à cette ' tradition maison ' car tout le monde le sait; il suffit de ne pas avertir de sa présence pour devoir quelques explications, qui parfois manque aussi à l'appel.

- Comment faire...Songea t-il à haute voix. Dommage que ce bon vieux 'Morphal' ne soit plus là, il avait un sacré don pour se faire passer pour les absents ! Ajouta t-il après avoir visionné brièvement le visage du prénommé Mike, un ancien qui n'était plus de Rédemption, dont le pouvoirs était souvent suscité pour couvrir l'absence des fuyards en prenant leurs apparences. Une mission fatiguante certes, mais qui lui offrait une belle reconnaissance. Enfin, bref ! Ce soir, il n'y avait pas de ' Morphal ', juste deux pensionnaire qui se creusaient la cervelle.

- On pourrait faire juste acte de présence à l'appel et s'en aller après ! On partirait plus tard mais on trouverais encore un endroit pour manger et t'inquiète pas pour l'argent ! Prend cette excursion comme une invitation ! Même si on se connaît pas vraiment, considère ça comme une invitation quand même ! Lança Dorian avec son habituel sourire. Il se leva et fixa le cadran de sa montre digital. Alors qu'en penses tu ? Tu crois que le plan sera 'ok' ? Demanda t-il en extirpant le regard de sa montre pour le figer sur Sélène.

Elle n'hésitait pas sur ses paroles, en tout cas c'est l'impression que Dorian en avait. Pour ne pas mentir, il était assez mal à l'aise que quelqu'un puisse penser qu'il pouvait être dangereux, d'ailleurs il se figea un instant, bouche légèrement entrouverte, il ne savait pas quoi répondre. Sélène lui faisait en quelque sorte confiance en acceptant de le suivre dans cette petite sortie, mais elle n'avait pas caché son hésitation. Dorian pensa que c'était normal de ressentir une telle appréhension, après tout sortir avec un inconnu avec qui on a échangé une ou deux informations tel que le prénom et l'année scolaire...cela n'aidait pas à solidifier la confiance. Il finit par sourire, aprés un léger blocage, pourquoi s'arrêter à une toute petite phrase ?

- T'inquiète pas ! J'suis le dernier dans cette école qui pourrait commettre un crime ! Mais surtout te sens pas obligé de me suivre...je t'en voudrais pas ! Lui précisa Dorian avec calme. Bon, je te propose qu'on se rejoigne ici même dans...disons dans une heure ! Moi, je vais aller vider mon sac et finir deux, trois trucs ! Ok ? Bon et bien...à dans une heure !

Dorian monta l'escalier, ne laissant aucune indication sur la manière dont-il allait usée pour parvenir à sa fin. Ce n'était pas volontaire, c'était juste un oubli, rien de plus, rien de moins. Comme prévu, il monta à l'étage et avança dans le couloir jusqu'à rejoindre la porte qui allait le conduire dans sa chambre. Personne, cela tombait à pique, il pouvait ranger ses provisions sans avoir honte de montrer toutes cette nourriture qu'il camouflait dans sa table de chevet, une sorte de planque en cas de coup dur. Il n'était pas boulimique, juste gourmand surtout quand l'angoisse pointait le bout de son nez. D'ailleurs, il ne pu s'empêcher d'ouvrir un autre paquet de chips.

L'angoisse ? Et bien, Dorian avait beau dire qu'il était habitué à passer et repasser les cloisons de Rédemption, ce n'était pas pour autant qu'il ne ressentait pas une petite pointe de stress, pas aussi importante que dans les années antérieurs mais une petite pointe quand même. Pourtant, rien de différent à d'habitude; il fallait longer le mur et passer le grillage, seulement il y'avait un risque un peu plus important que l'on remarque l'absence. Espérons que les surveillants soient assez flemmards et épuisés pour ne pas faire le tour des chambres. Une idée qui venait juste de s'incruster dans l'esprit de Dorian qui ne tarda pas à exorciser cette probabilité.
Mais avant de se faire un remake de la fuite d'Alcatraz, Dorian tenait à terminer la rédaction d'un devoirs qu'il devait rendre le lendemain. Puis l'instant T arriva. Dorian se tenait prêt pour achever la première partie du plan. Il dégagea de la chambre et se rendit au réfectoire où tout une liste de noms était cité à haute voix. Comme la plupart, Dorian se contenta d'un signe de main et sur ce il fit mine de se mêler à la foule d'affamer - déjà recensé - et se glissa discrètement hors du réfectoire.

La nuit était belle et bien tombé cette fois. Pas de soleil, pas de risque d'aveuglement, c'était plutôt bon signe pour Sélène, non ? Dorian attendait en bas de l'escalier, le regard aussi vif que l'attention, la cour était toujours aussi déserte et c'était tant mieux. Soudain, la poignée de la porte d'entrer s'abaissa, laissant apparaître...

Finalement, elle était venu. Ce n'est pas que Dorian en doutait...enfin si, il imagina cette probabilité durant un fragment de seconde; et si elle décidait de ne plus venir ? Et bien, tant pis, inutile d'en vouloir pour si peu. Cependant, lorsque Sélène apparut, ce fut assez réconfortant pour Dorian dans le sens où il ne serait pas seul ce soir et dans le sens où elle lui faisait confiance. La confiance, une chose importante.

MAIS...oui, il y'a un 'mais' dans cette petite histoire. Un 'mais' imprévu, un 'mais' que Sélène encaissa dans un faciès qui intrigua Dorian, d'ailleurs ce dernier - non plus - ne resta pas de marbre face à cette porte qui s'ouvrait pour une seconde fois, une fois de trop peut-être, une fois qui pourrait mettre fin à leur projet et une fois qui se montra bien moins pire que prévus.

C'était un jeune homme. Un jeune homme envers qui Sélène devait un rendez-vous apparemment. Dorian regarda d'un air perplexe les deux jeunes, essayant de trouver une logique à cette situation. Le jeune inconnu cherchait des explications, chose que Dorian n'osa se mêler pour le moment, il se faisait même assez discret. Il se contenta d'écouter et de figer son regard dans celui du jeune homme lorsque ce dernier lui en adressa un. Que pensait-il ? Et qui était-il ? Le petit ami de Sélène ? Lorsque Dorian pensa à cette possibilité, il eut une petite sensation de mal aise. Dorian ne souhaitait aucun malentendu, aucun soucis, rien. Rest in peace.

- Euh... Fit-il dans un premier temps, après avoir réalisé que le jeune homme s'adressait à lui à présent. Dorian lui rendit son sourire, accompagnement cela d'un petit geste de la main. Salut sachu, SACHA ! Excuse moi ! Ma langue à fourchée ! Lança Dorian qui ne savait plus vraiment quoi faire; devait-il expliquer le projet de ce soir à ce prénommé Sacha ? Devait-il même jusqu'à l'inviter ? Il n'en savait rien, le jeune semblait assez à cheval sur le règlement...en tout cas c'est l'impression que garda Dorian.

- Moi, c'est Dorian et... Il regarda un bref instant Sélène, puis concentra son attention sur Sacha. On allait manger un petit truc en ville ! Question de manger autre chose et de se changer les idées ! Expliqua t-il brièvement sans demander son reste, contrairement à certains qui aurait envoyé balader le jeune homme pour sa curiosité. Dorian n'était pas ce genre de personne là et puis après tout...qu'est-ce que ça risquer ?

- Tu veux venir ? Ajouta précipitamment Dorian, qui n'avait pas vraiment réfléchit avant de larguer cette proposition. Comme il l'a déjà été précisé, Dorian ne voulait aucune confrontation, il voulait terminer la soirée dans la joie et bonne humeur. Bien sûr que Sacha se montrait sympathique avec se sourire, mais c'était extrêmement gênant cette histoire de rendez-vous. Le jeune semblait apporter un certain intérêt à cela et Dorian ne voulait pas gâcher quoi que ce soit entre les deux. Du remord ? Presque, du remord sans rien avoir fait, si ça c'est pas trop fort ! Mais c'était du Dorian tout craché. Un rien et hop, le voilà qu'il s'imaginait une situation dont-il craignait la finalité.

- Peut-être que...enfin...vous vouliez être que vous deux ! Je peux vous laissez si vous vous voulez ! Commença par annoncer Dorian en regardant Sélène et Sacha à tour de rôle.

Il était tant de mettre un terme à cette question qui ne cessait de se répéter; comment sortir ? Et bien cette fois, la réponse allait être donnée, montrée même. Dorian regarda les deux adolescents, ils semblaient prêt bien qu'ils baignaient encore un lueur d'ignorance concernant leur sortie, mais bientôt ce ne sera plus le cas.

- En route ! Lança Dorian qui prit les devants. Il jeta un dernier coup sur la porte principal de l'école afin de s'assurer que plus rien ne pouvait les freiner à nouveau. Non, rien. C'était la bonne cette fois, enfin...espérons !

Le chemin était simple, mais encore fallait-il s'y aventurer. Il fallait prendre la direction du portail, ce grand portail qui toisait chaque personne de sa hauteur. Le terme ' toiser ' pourrait vous paraîtres bien étrange pour un portail, mais que voulez-vous, Dorian pensait ainsi.
Alors que Dorian progressait paisiblement sur le chemin de gravier qui menait au portail, il en sortit soudainement pour progresser sur la pelouse qu'il avait piétiné quelques heures auparavant et ainsi il entraîna sa petite troupe à travers une jungle de buisson, de ronce et de mauvaise herbes en tout genre qui occupait le fond de la cour. Une partie bien délaissé qui n'avait pas grand effet d'attraction sur quiconque traînait dans le coin.

- Attention y'a des orties et des petites ronces ! Informa Dorian qui s'engouffra à travers le premier buisson, puis encore un autre, jusqu'à atteindre la cloison de brique. Il longea se dernier, s'enfonçant encore plus ce fouillis végétale. Bientôt la cour avait disparus de sa vue et le lierre recouvrait la surface du mur sur lequel Dorian faisait glisser l'une de ses mains. Il jeta par moment un petit coup d'oeil sur les deux adolescents, ils suivaient, alors Dorian continua de longer le mur. Une période assez longue, mais qui s'acheva au premier mètre de grillage qui relayait le mur pour délimiter Rédemption. Dorian figea du regard le bas du grillage et s'immobilisa, il se baissa et arracha une partie du grillage, découvrant ainsi la faille qui était assez large pour y passer sans aucun problème. Dorian fut le premier à passer.

- Allez-y ! A vous maintenant ! Lança Dorian qui attendit que chacun des deux fugitifs soit passer de l'autre côté. Bon retour à la liberté ! Souhaita Dorian, une fois que le dernier des deux compagnons soit passé. Il referma le grillage et scruta l'horizon; un par terre aussi riche en broussaille qui les séparait de la route principal qui reliait Rédemption à la ville.

Dorian s'engagea sans un mot, écrasant sous ses pas quelques masses d'herbes jaunâtre ou bien de petite brindilles de bois qui s'entortillaient entre eux. Bientôt, le bitume reprit le dessus. Lorsque cela fut le cas, ils c'étaient éloignés d'une bonne vingtaine de mètre de l'entrer de Rédemption. Ainsi, tout continua en bordure de route, peu éclairé, mais cela ne dérangeait pas Dorian.

- Alors, pas compliqué n'est-ce pas ? Fit-il en jetant un bref regard sur Sélène et Sacha, tout en avançant d'un air décontracté. Et encore, y'avait pas de vipères ! Ajouta t-il en se remémorant une mauvaise expérience qu'il avait subit avec l'une de ses vilaines bêtes lors de sa troisième escapades.

Dorian sortit son portable de sa poche et fut agréablement surpris de s'apercevoir qu'il captait de plein pot, contrairement à certains endroit de Rédemption. D'ailleurs, l'unique endroit où Dorian pouvait appeler était le lac ou bien le placard de la chambre...bizarrement le réseau passait, sinon restait ' le monde extérieur '.

- Sinon, vous vous connaissez depuis longtemps ? Se permit Dorian dont le regard fixait le premier panneau qui s'élevait au bout de la route. Le premier panneau qui indiquait la direction à suivre pour se rendre en ville.

Dorian fit un sourire, amusé par la question et la réponse des deux adolescents. Tout deux s'interrogèrent, au final, sur le pourquoi de leur relation. Bien évidemment, aucune réponse fut apporté outre que le fait qu'il n'y avait aucune explication.

Enfin, bref, le sujet fut momentané puisque Dorian n'en donna pas suite, tout simplement parce qu'on lui posa une toute autre question. Une question qui avait une réponse et qui ne pouvait avoir aucune explication.

Connaissait-il des endroits ? Une bonne dizaines plus précisément, même plus, Dorian ne c'était pas amusé à les compter à vrai dire. Bien évidemment, il ne se disait pas tout connaître, c'était impossible de tout connaître, mais il n'était pas ignorant...c'était largement suffisant.

- Et bien oui pour certains et...non pour d'autre ! Fit-il en scrutant du regard le panneau sur lequel était inscrit...enfait il n'y avait rien d'inscrit, la destination et la distance avait du s'effacer avec le temps. Un panneau pour quatre directions, mais retirons en une - celle qui mène à Rédemption - ce qui en fait trois. Gauche, Droite ou tout droit ? Dorian ne se posa même pas la question, il prit la route de gauche, bien que le panneau indiquait l'inverse. Je connais un petit restaurant en ville ! Il n'y en a pas de meilleurs ! Annonça t-il en avançant vers la masse de lumière qui se montrait au loin, au fur et à mesure que le groupe avançait. Encore une quinzaine de minute ! Courage ! Ajouta Dorian qui repensa à la question de Sacha.

Rédemption était entouré de lieu, bon ou mauvais, fréquentable ou non, rassurant ou inquiétant. Dorian en connaissait au moins un de chaque sorte, mais celui qui lui revint en tête fut un endroit inquiétant qui vivait grâce aux rumeurs et légendes des habitants de Birdsall ou bien des étudiants de Rédemption. A quelques mètre de là, il y'avait une forêt, une forêt qui y abritait une maison, une maison abandonné, une maison que l'on disait hantée, une maison que l'on disait témoin de faits horribles, une maison tout simplement. Grand nombre de personne s'amusait à lui inventer un vécu, un vécu qui en comptait plusieurs selon celui qui racontait. A birdsall, on pouvait entendre que la maison y était habité par une sorcière dont l'esprit roderait encore, d'autre vous dirons que cette maison abritait une famille que l'on retrouva à moitié dépecée et certains étudiant de Rédemption - les plus anciens principalement - vous raconterons que dans cette maison vivait une fillette dont le pouvoir était d'arracher la chair des gens par la simple force de l'esprit. Bien évidemment, chacun de ses racontars étaient à prendre ou à laisser...comme bien d'autre d'ailleurs. Les légendes, les ragots...qu'il soit vrai ou faux, il n'y avait pas à dire, heureusement que cela existait !