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I am nowhere •• Pv Edwin

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O. ❝ Melancholia ❞ Alison
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MessageSujet: I am nowhere •• Pv Edwin I am nowhere •• Pv Edwin EmptyDim 21 Oct - 15:55


I am nowhere



Dis moi. Quelle est ta plus grande erreur ? Ton plus grand regret ? Qu'aurais-tu aimé faire par dessus tout ? Qu'est-ce qui rythme ton existence ? Ce que j'aimerais retrouver. Ce n'est pas Paul. C'est ce que je ressentais pour lui. On dit que quelque chose qu'on a jamais eu ne peut pas nous manquer. Mais les sentiments, je les avais eu autrefois. J'étais née avec. Alors à présent, je me souvenais à peine d'eux. Seulement je savais qu'ils restaient ancrés en moi. Quelque part. Tout au fond. Mais impossible de les toucher. De les retrouver. Et je me souvenais d'une discussion qui datait déjà de bien longtemps... Tu es un modèle extraordinaire. Tu es unique. Ne bouge pas, ne bouge pas. Restes là, voilà, c'est bien. Encore un peu de rouge. Je pense que j'aurais terminé demain. « Comment tu vas l'appeler ? Dis Paul, qu'est-ce que tu vois quand tu me regardes ? Dis, qu'est-ce que tu penses de moi ? » C'est étrange, d'habitude tu es beaucoup plus silencieuse, quelque chose ne va pas ? « Tout va bien. C'est juste que cela fait des semaines que tu prépares ce tableau et qu'il sera tout juste fini... Je suis... » Ce que tu ressens, c'est de l'impatience. Ainsi, il m'avait apprit les sentiments un à un. J'étais née en sachant parfaitement écrire, parler, lire, compter, mais pas ressentir. Comme si on donnait la vie à une statue. Comme si j'avais observé le spectacle de la vie sans en faire l'expérience depuis toujours.


Les rues de Birdsall s'assombrissaient doucement, il ne devait être que dix neuf heures cependant on voyait déjà quelques personnes se glisser dans le restaurant pour aller remplir leur estomac. Et je songeais que c'était à présent que commençait mon travail. La porte du cabinet était là, devant moi. Je savais pertinemment que personne ne viendrait ce soir. Ou du moins, c'était ce dont je me doutais fortement. En ce moment, c'était souvent ça. Déjà pour le peu d'habitants en ville, il fallait croire que personne ne tombait malade. Ou qu'ils ne le faisait pas en urgence la nuit. J'avais déjà aidé des tas de personnes, les accidents, Birdsall trop coupée du monde, le premier hôpital trop loin pour les accouchements et les accidents graves. Ça, ça arrivait encore souvent. Et de nuit, j'étais la seule infirmière. Il y eut un bruissement qui souleva les premières feuilles d'automne. J'échappais un léger sourire vague. Habituellement vague. Je posai ma main sur la poignée du cabinet médical. Je savais qu'à l'intérieur quelqu'un attendait sûrement impatiemment de pouvoir aller manger et prendre une soirée tranquille. J'ouvris, et me glissais derrière la porte.


Il était sans doute en consultation, la porte de son bureau était fermée, signe qu'il était occupé. Je ne cherchais pas plus loin, nous n'étions pas non plus très intimes. Du moins pour le moment. J'étais arrivée depuis quelques semaines seulement, et je m'habituais encore difficilement à mon travail. La dernière fois que j'avais pratiqué un métier médical remontait à la deuxième guerre mondiale et quelques aides bénévoles dans les années quatre vingt dix aux états unis. En attendant, j'étais loin d'être une novice bien sûr, malgré tout, je n'arrivais pas encore à être totalement dans mon élément. Il était compliqué d'avoir le même poids que la personne déjà présente, même s'il s'agissait de quelqu'un d'aussi jeune.


Je me posais dans le canapé de la salle d'attente. J'aimais bien faire ça avant de prendre réellement mon « service », c'était un peu stupide, puisque j'aurais pu me glisser dans mon bureau et ne pas en sortir, mais c'était un moyen comme un autre de souhaiter une bonne soirée à Edwin et profiter d'un minimum de contact humain. C'était une des dernières choses qui me retenait à la réalité, il ne fallait pas que je sombre dans la facilité de l'inexistence. Alors je me posais là, j'attrapais une revue et je faisais comme si elle me passionnait, littéralement. Un petit jeu auquel je jouais depuis que j'étais arrivée. Et même si j'allais commencer les cours à Rédemption, même si j'allais passer de « quasiment aucun contact » à des contacts « quasiment quotidiens », je resterais distante. La relation qu'on entretient avec des élèves n'est pas celle qu'on peut avoir avec des collègues. Peut-être oubliais-je justement que j'avais des collègues. Je divaguais en somme, songeuse, jusqu'à ce que la poignée bascule.


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Edwin McLagen
Edwin McLagen✉ Messages : 22
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MessageSujet: Re: I am nowhere •• Pv Edwin I am nowhere •• Pv Edwin EmptyMar 23 Oct - 21:51




Agonie. Destruction. Décadence. Une simple mélodie de mots se perdant dans les gammes d'un air nouveau. Le vent siffle, il susurre la venue de ta mort. Et lentement, en ton esprit damné, s'emprisonne. Dans ta tête, pour la soirée, à jamais, il raisonnera. Comme un serpent perfide ondulant d'un désir accru, la flamme inextinguible de l'immortel soleil en ton esprit tordu s'abandonne. C'est la fin d'un rêve, d'un songe qui dura ne serait-ce qu'une journée. Et tu t'endormiras ce soir. Et demain, l'aube d'une utopie encore inédite à ce jour. Ou pas ? Toutes les journées se ressemblent. Tous les astres se confondent. Un rêve incessant. Une histoire sans fin. Toujours le même scalpel... dessinant des traits linéaires sur ta peau blême. Ta chair si onctueuse à souhait le sera t-elle toujours, après ?

La nuit tombe. La lampe du bureau se réveille. Les crayons usés par la main du docteur retourne dans leur boite de pandore. Un bâillement. Un râlement. Un éternuement. Danse enflammée du discours médecin et patient. Si tard et le temps semble s’enfuir lentement, comme parcimonieusement ennuyé. Pourquoi ? Que faisait cette demoiselle assise devant lui ? Jambe croisées et bouche ouverte. Que des mots. Pour dire vrai, Edwin ne fixait que ses lèvres. Charnelles. Sulfureuses. Pulpeuses. Incroyablement délicates. Indomptablement désirables. Il n'écoutait que des phrases vides de sens. La demoiselle, aussi élancée soit-elle, lui contait de sa voix cristalline ses malheurs amoureux. Ce n'est pas d'un docteur dont elle avait réellement le besoin mais d'un psychologue.

Les minutes passent. Il regarde par la fenêtre. Une silhouette déambule dans cette ruelle perdue. Un corps si passionnant à regarder, à décortiquer. Des prunelles fantomatiques. Des gestes cadavériques. Cette frimousse toujours mélancolique. Melancholia. Cette opiniâtreté qu'il avait de dévisager chaque geste de sa part. Comme un passe-temps. C'était fou comme sa vie était imprégnée d'un ennui dominant. Puis d'une fraction de seconde, elle disparut. Plus d'infirmière seule au milieu d'une aurore urbaine. Il entendit la clochette de la porte retentir. Trois légers sons aigus. Trois coups du destin. Fatalité. Il se leva alors, plongeant ses yeux havane dans ses prunelles céladon pour tendre son main à la jeune veuve d'orgasme. Il lui tendit ensuite un certificat, des anti-dépresseurs, et l'adresse d'un bar dans Birdsall, fréquenté par un lot de jeunes célibataires. Un lot d’absolu, pour ce réel perdu.

Le silence régnait. Les feuilles rousses venaient se plaquer à la vitre encore nébuleuses par l'humidité. On pouvait presque voir la nuance du coucher de soleil assombrir progressivement la pièce. Il finit par se balancer en arrière, se jetant violemment dans son fauteuil qui heurta, sous le choc, le mur. Il soupira d'amertume. Puis se mit à ranger ses affaires, presque en rythme. Extatique. L'habitude ? Solitude. Plus personne pendant un moment. Quel bonheur! Un éternel petit sourire perché sur ses lèvres tremblantes, Edwin se délecte alors de ce silence morbide. Tic Tac... l'horloge fait son caprice. Tic Toc... Les aiguilles se chassent, se pourchassent et quand se rencontrent enfin, elles se croisent juste, sans s'arrêter dans leur funeste chemin. Dix-neuf heures passées. Le jeune garçon se lève, sa blouse blanche, tachée de sang, demeurant par la flemme d'être nettoyé. De plus, il avait du pratiquer une opération, en urgence. Médecin et non chirurgien vous me ferez remarquer. Et bien je vous répondrais simplement que des vies peuvent se sauver dans l'illégalité.

Il ouvrit d'un seul coup la porte qui menait à la salle d'attente, et d'un silence la contempla. Chaque soir, il avait cette impression qu'elle lisait entre les lignes, qu'elle regardait à travers le papier, ce même magasine. Qu'avait-il pour qu'elle le dévore, pour qu'il soit l'ultime élu de son cœur à chaque aurore? De sa voix ténor suave, il lui adressa ses quelques syllabes, sous l'exaltation nouvelle d'un amusement sincère.

« Olwenn. J'ai fini. »


Puis il tourna les talons. Pourquoi cette froideur ? Pourquoi cette distance ? Comme s'il ne pouvait y avoir que ses chaussures faisant grincer le parquet. Une odeur de putréfaction au loin... qui était-il déjà? Toujours serein... le démon du bistouri, un vampire frankestein... un robot de glace. Se dirigeant lentement vers la machine à café... on pouvait discerner dans sa démarche une certaine fatigue. Bien qu'il faisait tout ce qui était en son possible pour la cacher. Deux nuits qu'il n'avait pas rejoins l'étreinte de Morphée. Il mit la cafetière en route et se tourna vers la jeune demoiselle.

« Je t'en prépare un ? Vois-tu, j'ai été prévenu au dernier moment. Dans quelques minutes, nous recevrons un patient gravement blessé. Il faudra passer de l'autre côté. »


Oui, la nuit c'était de l'autre côté du miroir. Le firmament et ses aurores boréales. La fenêtre des jeux interdits. Le danger vous prend à la gorge, resserrant ses drames et ses angoisses comme les doigts s'enfonçant inexorablement dans votre nuque haletante. De l'autre revers de l’abime. La salle d'opération. Lieu sombre, terrifiant. Si aimé par le docteur. Ses lames, tranchantes à la lune d'argent... ses aiguilles, son plateau miroir. Et cette odeur. Toujours la même fragrance putride mêlée à ce désinfectant... vous savez, celui qui picote les narines. Il lui tendit sa blouse, d'un sourire écorché. Un rictus forcé. Il voulait lui apprendre, à cette mélodieuse mélancolie, le rythme extatique de la vie qui se raccroche à un corps abîmé. Et si cette envie sucrée le prenait au cœur, il ne disait jamais rien. Il ne lui parlait pas, à cette femme aussi discrète qu'invisible. Non, il ne lui adressait pas de mots à ce corps, aux formes parfaites, aux ondulations idylliques... a ces lèvres gonflées d'incertitude, à ce corps sans âme.

« Enfile ta blouse Sweety. J'entends déjà ses cris d'agonie. »


Il lui fit alors signe d'amener le patient quand il sera là. Elle savait parfaitement les consignes qui lui étaient assignées. On n'ouvre pas la porte. Le client doit se débrouiller. Même aux portes de la mort, on demeure de marbre. Sans pitié. Sans ressentis. Une fois entré, Olwenn doit l’amener dans la salle. Et c'est alors à ce moment que commence la nuit. La véritable nuit. Car nous sommes la nuit. Toi, et moi... Sweety.


Dernière édition par Edwin McLagen le Lun 29 Oct - 0:03, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: I am nowhere •• Pv Edwin I am nowhere •• Pv Edwin EmptyMer 24 Oct - 10:13


I am nowhere



« Elle n'a pas de goût. » Qu'est-ce qui n'a pas de goût ? « La vie. Ma vie. Elle est creuse. Toutes les choses qui s'y passent ne tiennent pas de moi. » Est-ce que tu es jalouse de la vie des autres ? Est-ce que tu regrettes de ne plus rien ressentir ? « J'ai oublié ce qu'était le regret et la jalousie. Je n'en ai qu'un très vague souvenir. Cependant, je me demande parfois si je n'aurais pas dû disparaître. M'envoler avec la fin de ma première vie. » Je sais que tu ne te rends pas compte que ce que tu dis me blesses et que ce n'est pas dans cet intérêt que tu le dis, mais s'il te plait arrête. « Je te demande pardon. Je suis maladroite. » Je sais Melancholia, ça n'est pas grave. « Le docteur te laisse combien de temps ? » Deux semaines au mieux. Peux-tu me rendre un service ? « Bien sûr. Lequel ? » J'aimerais que ce soit demain. Si l'aurore est belle. J'aimerais partir avec ce spectacle. Je ne veux pas souffrir, mais j'ai tellement mal. Je suis heureux que tu ne puisses pas ressentir cette douleur qui me détruit. Je veux que tu sois la dernière image que je verrais. Toi et le soleil. D'accord ? « D'accord. »


Ce que je suis ? Un fantôme. J'ai vécu une vie d'humaine, une vie parfaite, une vie de bonheur comme de tristesse, une vie de pertes comme d'apports. Et mon âme est morte. Je suis restée ici. Mais je ne suis plus, réellement. Je n'ai pas de destinée, j'ai déjà trépassé. C'est un peu comme si j'avais refusé catégoriquement de grandir et que cela m'avait tout coûté. J'ai perdu l'amour en même temps que tout le reste et c'est ainsi que je me suis rendu compte qu'il ne comptait pas plus que les autres. Pas plus que la douleur. Elle me manque. Quand on souffre on a une raison d'être malheureux. Mais moi je n'ai pas le droit de l'être. Je n'ai pas de plaisir, pas d'ennui. Seulement la lassitude de faire le même chemin en boucle. J'essaye parfois d'innover, c'est ce qui m'a menée à Rédemption. L'envie de changement, l'envie de marcher, sans se retourner, de ne pas voir le passé ni le futur, peu importaient ces deux là. Seulement l'envie d'aller plus loin. Peut-être pour les retrouver. Peut-être dans l'espoir de voir un visage familier. L'humanité est régit par la peur. Et je ne la ressens pas. La peur de mourir, la peur d'exister aussi.


Je n'aurais su dire si je trouvais un intérêt dans la personne d'Edwin, sincèrement. Il ne pouvait même pas attiser ma curiosité. Mais quelque part, je me posais souvent beaucoup de questions quand à ce qu'il était et ce qu'il entreprenait de faire, ce qui le constituait, tout au fond de son être. Alors oui, d'une façon un peu hypothétique, on pouvait dire qu'il m'intéressait. J'avais relevé les yeux de mon magazine pour le poser sur la table basse et me redresser doucement. Il avait une façon d'être qui le démarquait de la plupart des autres. Comme si, emprisonné dans ce corps, se cachait un être beaucoup plus grand qui manquait d'espace et étouffait doucement. Comme une magnifique flamme sans oxygène. Peut-être avais-je frappé à la bonne porte. J'observais ses mains. J'en ignorais la raison exacte, mais les mains des individus en disaient beaucoup sur ce qu'ils étaient. Au delà des lignes de la main, qui n'avait que peu d'importance, mais la façon de réaliser les mouvements, et j'en passe. Restant silencieuse tout le long de ses mots, je déposais mon regard sur le mur d'en face, comme si j'avais pu y voir ses syllabes éclater en centaines de particules pour se répercuter un peu partout. J'aurais pu lire dans sa tête. Au delà d'en avoir la faculté, ça m'aurait sans doute apprit des tas de choses, mais la seule télépathie dont je faisais l'usage, c'était celle qui me permettait de transmettre des messages. Donner. Pas prendre. Peut-être était-ce simplement devenue une façon de vivre. La philosophie de toute mon existence.


Ce que le spectre que j'étais était en mesure de ressentir parfaitement, c'était l'appel de la mort. Pour l'avoir bien trop souvent vue à l’œuvre. Silencieuse et sereine. En tellement de point elle me ressemblait. « Non, merci. » Ne pas ressentir la fatigue aurait pu être une chose extrêmement positive, mais cela fait partie des éléments à double tranchant. Je ne dormais pas, donc je ne rêvais pas. Et le rêve est l'échappatoire de la réalité. Le monde où tout est permis. Sans loi physique ni morale. La porte à l'inconscient. Mais c'était un plaisir qui était réservé à certains élus, aussi nombreux furent-ils. La blouse immaculée entre mes mains, je le fixai disparaître derrière la porte. Un frisson agita l'air et je ne pus m'empêcher d'inspirer malgré la futilité de cela. De l'entrée s’éleva une odeur de peur et d'inquiétude, à laquelle celle des désinfectant tentait de faire barrière. La guerre olfactive aurait pu durer des siècles, cependant sonnette retentit en même temps qu'un corps élancé pénétra dans l'antre.


Il fallu à peine une seconde pour que je me tienne debout après avoir enfilé la blouse. La peur, la douleur, l'angoisse terrible qui s'échappait de son crâne vint frapper mon esprit avec une telle violence que je me sentis vaciller. Comment pouvait-on avoir souffert autant, dans une ville en apparence si calme ? Je me souvenais de la guerre. Des esprits des soldats, de toutes les horreurs qu'ils avaient pu vivre et de ces images de corps maltraités, de ces âmes en lambeaux. Et pourtant, cette image semblait totalement minime à côté du spécimen qui venait d'être projeté sur le chemin de notre vie. Une seule mélodie silencieuse régnait, celle d'une entité à laquelle j'échappais. Je percevais sa présence comme les animaux réagissent instinctivement aux catastrophes à venir. C'était comme si, déjà, la vie s'échappait de ce corps qui titubait maladroitement. Impossible de porter un jugement. Cela me dépassait. De plus, jamais ce n'avait été ma fonction. Notre travail était d'empêcher ce qui était déjà terminé. Pas de tunnel, pas de lumière. Pas de deuil ici. Rien que le silence et la froideur de l'absence.


M'approchant de lui, je lui tendais la main. Il se rattrapa à mon bras et manqua de s'écrouler. Ses yeux, dont les pupilles était quasiment totalement dilatées, n'étaient plus que la passerelle vers un univers de terreur. J'ignorais ce que cet homme avait pu croiser, mais une chose me disait qu'il ne s'agissait pas de la fée clochette. Je ne sentais pas sa main, mais de son côté, j'imaginais qu'un contact pouvait être rassurant. Même s'il me regardait, je me doutais qu'il regardait déjà à travers ce que j'étais. Perdu. Le soutenant j'avançais calmement vers la porte, tentant d'adoucir ses pensées d'une façon invisible. Il ne faisait pas de vague, ne criait pas, ne gesticulait pas, sûrement un état de choc. A croire que lui aussi avait frappé à la bonne porte. Je poussais la porte blanche du bout des doigts, l'exposant à une lumière beaucoup moins douce. « Quel est votre nom ? Que vous est-il arrivé ? » Il releva les yeux, comme frappé par un éclair pendant une seconde et ses lèvres tremblèrent comme s'il tentait de parler sans y parvenir. Je lui retirais sa veste. Et cette fois j'eus le privilège de découvrir son t-shirt déchiré et les multiples plaies dont s'échappait son sang, magnifique liquide vermeille, qui pourtant paraissait si sombre chez lui, comme touché d'une nouvelle malédiction. Il échappa un grognement de douleur sans doute dû à de multiples fractures. Quel humain sein d'esprit pouvait faire cela à l'un des siens ? Mais l'indignation était une chose trop noble pour moi.


Il suffoqua en portant sa main à sa gorge. Nouvelle blessure. J'aurais juré son absence pourtant. A croire qu'il était victime d'un sortilège vaudou. Je jetai un œil à Edwin avant de renforcer mon soutien sur le patient. Il était en train de sombrer. Et c'était bien loin d'être bon signe. Je vais mourir ? « Vous êtes entre de bonnes mains. » Je ne mentais jamais. Je n’omettais pas non plus la vérité. A part lorsqu'il s'agissait de ma propre identité et qu'il fallait protéger les autres de la réalité, bien sûr. J'aurais pu lui dire qu'il était probable qu'il meurt, mais qu'il fallait qu'il se batte et qu'il pourrait éventuellement s'en sortir, mais je trouvai plus juste pour lui de tomber sur un tout autre genre de vérité. Le sang qui ne cessait de s'écouler avait déjà taché mes mains et ma blouse. Peut-être s'enfuirait-il pour un monde meilleur.


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Edwin McLagen
Edwin McLagen✉ Messages : 22
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MessageSujet: Re: I am nowhere •• Pv Edwin I am nowhere •• Pv Edwin EmptyDim 28 Oct - 23:57



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Holy Girl ... Stay with me —
I feel sad when you run, run run run.

Folie. Démence. Aliénation. Il n'y a avait rien de tout cela derrière cet esprit le plus sain et censé qui puisse perdurer sur Terre. C'était un génie de la chirurgie. Une élite de l'humanité. Et dans ses yeux, l’euphémisme d'une ère nouvelle régnait sur le corps froid et écarté du jeune homme. Cette oscillation qu'il avait de faire les cents pas dans son bureau, son regard havane et presque monstrueux qui fixait l'attente presque matérialisée en un silence obscène. Ce fait de surseoir autant était presque une antinomie à son caractère réputé. Oui, Edwin n'était pas célèbre pour sa patience légendaire. Un homme pondéré je l'accorde mais pas aussi brave et attentionné que son allure fraîche et jeune peut prétendre avec illusion... Délicieux simulacre qu'il nous offre.

Toc Toc Toc. Entrez cher ami. Venez je vous pris. Dans sa salle d'opération, Edwin nettoyait ses scalpels. Pinceaux d'un soir, Lueur d'espoir. De sa dextérité malsaine, il regardait ce reflet diabolique qu'ils renvoyaient. D'une ouïe attentive et circonspecte, le jeune homme captait d'un petit sourire les mots entretenus dans la salle d'attente. Olwenn susurrait des mots presque attendrissants. Mais on sentait dans son flux de parole, ce ton neutre qui le parcourait. Des gémissements de terreur, une aura de malheur, un monde sans apesanteur... c'était alors ce que transmettait cette ambiance sombre qui régnait dans le cabinet. Sans lumière... les yeux d'Olwenn brillant à travers la nuit comme deux astres lunaires. Des lèvres rassurantes, enivrantes, addictives. Et ce besoin pressant de rester debout. Encore. A jamais. Jusqu'à la mort. Certaine.

Edwin avait cette capacité de se submerger d'idées provenant de son imagination insatiable. Il n'aimait pas lancer des discours panégyriques à tout va mais cette infirmière, qui venait de s'infiltrer dans sa vie récemment, avait su attirer une attention particulière. Presque lassé par ces minettes à la langue bavarde et calomnieuse... cette silencieuse poupée avait plongé dans son environnent avec une facilité presque déconcertante. Il aimait chez elle cette manière de s'intégrer pour chacun de ses caprices. Il posa sa tête contre l'encadrement droit de la porte pour l'observer, les bras croisés. D'un regard presque hautain, il toisa l'homme, à genoux. Une main dans sa poche, il cherchait sa montre. Les aiguilles dévoraient avec avidité le pauvre temps à leur mercis. Et en observant avec lassitude ce manège, Edwin jubilait. Oui, il jubilait. La nuit l'achèverait surement. Et c'est avec satisfaction que d'un grand sourire, il tapa dans ses mains, comme pour attirer l'attention de sa fidèle assistante, et du pauvre agneau blessé par cette déconvenue inconnue.

« Bienvenue, Bienvenue, mon cher monsieur. Que pouvons nous faire pour vous aider ? Oh. Vous êtes blessé. J'espère que vous avez de l'argent pour sauver votre vie, car notre secours à votre égard n'est pas gratuit. Nous sommes chers. Et si vous renoncez alors, il faudra retourner voir l'un de mes confrères. »


Des rimes désolantes et improvisées. Edwin reprit son air sévère, il s'approcha du blessé, se laissant porter par le lyrisme nocturne de Chopin... d'une main furtive, il se saisit de son menton pour plonger ses prunelles dans les siennes. Il tendit sa main vers celle du peut-être bien futur patient... celui bafouilla un laïus incompréhensible. Edwin sentit alors que l'extrémité de ses doigts étaient alors inexistantes. Il baissa les yeux sur la main du jeune homme : L'index et le majeure avaient été sectionnés. Depuis environ une heure dirons nous. Edwin ne fit même pas mine de pâlir. Un pickpocket puni par les lois mafieuses sans doutes. Il se releva, presque aussi impassible qu'un vent d'hiver.

« Ou sont vos doigts mon cher ? Je ne suis pas magicien vous savez. Il ne suffit pas que je vous colle une serviette immaculée, que je prononce une formule magique pour qu'hop, magie, deux doigts a la place d'un petit lapin. Et le pognon bien sûr. Je bosse pas pour des prunes moi. »


Hors de question de soigner les impécunieux. Le jeune blessé, de sa main droite, lâcha ses deux doigts, index et majeur, au rendez vous. Ces extrémités tombèrent au sol, comme une cascade de gore. Ensuite, faiblement, il sortit un portefeuille de sa veste qu'il lui tendit. De l'argent volé ? Ça fera l'affaire. Le médecin se retourna vers la princesse, et glissa les billets dans sa main délicate. D'un regard laconique et concis, il lui demanda avec autorité d'aller ranger les honoraires, alors reglé avant l'opération. Il savait se comporter avec déférence avec ses plus proches. (Ou ses plus lointains.) Edwin attrapa un gant dans sa poche et l'enfila sans aucun problème. Il devenait alors implacable, assoiffé d'argent... un génie du bistouri, et des miracles douteux. Un oiseau chasseur nocturne. Une légende urbaine devenu réalité. Oui, ce médecin existait bien. Dans vos cauchemars les plus fous. Dans des doux rêves éphémères qui bercent vos nuits difficiles. Non pas que la circonlocution soit à la mode. Mais passons.

« Sweety. Prépares la salle de chirurgie. Emmènes ce cher client et prépares le. Je vais lui greffer ses doigts pour qu'il puisse voler à nouveau. »


Ironie. Rire nerveux. Cynisme. Monstre. Il tourna alors les talons, remettant sa cape immaculée d'hémoglobine correctement sur ses épaules. Maniaque et psychotique. Tyran arbitraire et despotique. Edwin ne mettait pas du tout son client en confiance. Et c'était c'la qui le faisait jubiler. Retournant dans son bureau, il se saisit du deuxième gant pour l'enfiler. Il l'était prêt. Et M'selle Barbie de Porcelaine devait l'être aussi. C'est fou comme elle était belle, owi. Séduisant fantôme. Sculptural cadavre. Poétique esthétique. Mélancholia?

Je suis l'air de famille
La chair meurt, et je vis
Laissant marquée ma trace
A travers l'avenir
Sautant de place en place
Au dessus de l'oubli.
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MessageSujet: Re: I am nowhere •• Pv Edwin I am nowhere •• Pv Edwin EmptyMar 30 Oct - 21:53



I am nowhere



Meurs. Meurs. Meurs. Disparais. Maintenant. Efface toi putain. Je sais que tu existes pas vraiment. Je sais que t'es qu'une putain d'illusion. Alors pourquoi t'es toujours là ? Pourquoi tu reste les bras ballants ? Pourquoi t'existes ? Tu sers à rien. T'es un déchet. Sincèrement. Va-t-en. Dégage putain ! « D'accord. » Ne jamais être blessée est une chose blessante, en soi. Imaginer la douleur des autres est hors de ma portée. Physique comme morale. Enfonce moi un couteau dans le cœur, je continuerais de l'observer sans ciller. A peine si je m'en rendrais compte. Je n'ai jamais dormi. Je n'ai jamais rêvé. Je sais ce que c'est simplement pour ce qu'on a pu m'en dire ou ce que j'ai pu en lire. Et je crois que j'ai toujours idéaliser le rêve. Les cauchemars, tout ça, j'arrive pas à concevoir. Concevoir qu'on puisse être malheureux dans sa tête la nuit, à cause d'un inconscient un petit peu trop joueur ? Sérieusement. C'est quelque chose qui m'échappe. Durant toute mon « existence » j'ai fait des tas de choses que le commun des mortels rêverait de faire. Voyager à travers le monde, n'avoir aucune limite, rencontrer des gens de tous horizons, sauver des vies, en retirer aussi. Apprendre et reprendre. Mais on dit que les expériences changent les gens. Moi rien ne m'a changée. C'est trop difficile de modeler une matière aussi dure qu'immatérielle. Comment on fait des sculptures de vent ? Voilà ce que je suis, du vent au milieu d'une forêt. Au milieu d'arbres, enracinés profondément, descendant de générations en générations d'arbres toujours plus beaux, toujours plus savants et perfectionnés. Je suis la brise qui ne cesse de souffler. Je suis Melancholia.


Je dévisageais le patient, sans oublier les principales règles de politesse que j'avais apprit avec le temps pour entrer dans la masse. Se fondre dans la normalité. Ce à quoi la plupart tentent de se démarquer. Ironique non ? Le silence retomba lourdement lorsqu'Edwin rejoint son bureau, je relevais les yeux pour le suivre du regard et laisser retomber mes paupières sur mes yeux azur. Il avait une façon d'être abject qui aurait pu le rendre attachant, si j'avais pu m'attacher à lui. Enfin, mon avis ne serait sans doute pas partager par beaucoup. Sans doute encore moins sur l'âme du soir. Passant devant l'homme, je m'abaissais à sa hauteur pour lui sourire. Un sourire qui ne pouvait pas être sincère, mais qui imitait la sincérité à la quasi perfection. La paume de ma main se posa sur son front, il sourcilla. « Dites moi ce qu'il vous est réellement arrivé. » Il ne me répondrait pas. Son regard vide posé sur la porte du médecin me l'indiquait clairement. Restait à savoir si c'était le choc et la violence qui l'avait traumatisé ou Edwin. En soi, la réponse n'avait que peu d'importance. Il y eut un court silence, un nouveau frisson dans l'air qui me fit relever la tête, un rien surprise. Le patient, ou du moins l'homme serra son poing intact si fort que je crus l'espace d'un instant que ses jointures allaient éclater. Il eut un râle de douleur et se laissa tomber sur le lit médical. Je m'occupais d'amortir sa chute. Il avait fermé les yeux. Apercevant l'ombre d'Edwin et percevant à la perfection l'ouverture de la porte, je tournai la tête d'un tiers pour baisser les yeux sans le regarder et lâcher, d'une voix froide, tendant mon index en direction du thorax de l'inconnu. « Les différentes plaies au niveau de son abdomens ont dû toucher quelque chose de vital. Et vu le sang qui a repeint le parquet de l'entrée... » Marquant une pause, j’acquiesçai doucement avant de tourner les talons pour le fixer dans les yeux et reprendre, calmement : « Il ne tiendra pas. » J'avais vu à différentes occasions Edwin faire des choses qui tenaient du miracle, d'un monstrueux miracle. Cependant, il n'avait pas des pouvoirs divins. Aussi loin que je le sache, du moins.


Silencieuse au possible, je cessais de respirer sans m'en rendre vraiment compte avant d'enfiler un gant en latex d'un geste totalement automatique et de m'approcher d'une seringue stérilisée. « Vous désirez réellement gaspiller du temps pour ça ? » Une vie humaine valait énormément à mes yeux aussi. Mais devant la douleur de l'homme, ses gémissements de douleur qui cessaient doucement car il devait sans doute sombrer, le sang qui coulait encore par terre et tachait déjà mes mains et la fatigue qui devait battre dans la tête du médecin, je ne pouvais que m'incliner devant la mort. Après tout, elle était plus vieille que moi et elle savait ce qu'elle faisait.


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Edwin McLagen
Edwin McLagen✉ Messages : 22
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MessageSujet: Re: I am nowhere •• Pv Edwin I am nowhere •• Pv Edwin EmptyJeu 8 Nov - 12:59



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This is the end,
Hold your breath and count to ten,
Feel the earth move and then,
Hear my heart burst again.

Indécision. Imprécision. Incision. Le bruit du scalpel découpant ta chair. Le bruit de sa respiration saccadée par l'inquiétude. Va t-il te sauver ? Ou ne jamais te réveiller. Laisser ton cadavre impur comme un déchet. Tous les humains sont construit à partir de la même substance pourrissante que tous le reste. Même celui qui tient ta vie entre tes mains finira d'un tas d'humus en décomposition. Dur labeur de la vie. Injustice de Dieu. Peu importe, Edwin a vendu son âme au diable. Et c'est bien mieux ainsi. La nuit était déjà bien entamée. Le voile de ténèbres recouvrait alors la ville pour lui donner cette ambiance endiablée. La torpeur ne devait pas gagner son corps... S'il voulait retrouver une pensée lucide et indemne. Devant la cacophonie de son patient et le mutisme de la jeune femme, c'était bien un paradoxe malsain. Les humains sont bien ennuyeux, et surtout impolis. Il concédait à le soigner et c'était à la limite du comportement animal.

Un vrai commerçant à l'art du négoce. Edwin avait l'art de jouer avec ses doigts. Il enfila son masque et remit sa blouse blanche sur ses épaules. C'était le moment. Le temps n'avait plus qu'a ravaler ses aiguilles. N'ayant pas dormi depuis maintenant quelques nuits, il avait un teint blafard et carcéral, comme si c'était lui qui sortait de l’hôpital. Douce ironie. Douce agonie. Il jeta un rapide coup d’œil à son assistante, se demandant ce qu'elle faisait. Elle lui parlait, lui demandant ce qui lui était arrivé. Stupide. Il s'en fichait pas mal de savoir. Une perte de temps, une attache avec le patient. Même minime, le dialogue rapproche les gens, les enveloppe dans une bulle de confiance. Pourtant, Edwin savait qu'il ne fallait pas se fier à lui. Ou même à n'importe quel médecin. Ils peuvent te sauver, joie. Ils ratent, adieu.

Ses chaussures qui se déplaçaient sur le parquet le faisaient grincer. Cela donnait un aspect inquiétant à l'endroit. Leurs souffles se croisaient. Olwenn plongea ses prunelles azur dans ses pupilles havanes. Ce n'était pas son habitude d'être déjà découragée avant même de commencer. Il ne tiendra pas ? Même après la mort, il y a toujours possibilité de ramener à la vie. On pouvait discerner dans son raisonnement un léger mercantilisme. L'homme l'avait payé pour vivre. Il vivra. Soupirant d'agacement, il adressa un regard pointilleux à la demoiselle. Projet utopique. Illusions idylliques. Même en s'exprimant avec emphase, l'assistante ne risquait pas de l'émouvoir. Il était bien trop froid pour c'la. D'un claquement de main, il attendit qu'elle l'installe sur la table d'opération. Hors de question de devenir aussi velléitaire que les autres médecins. C'était irrévocable, il allait opérer.

« J'ai tous le temps, Sweety. J'ai dit que j'allais le sauver, alors allons y. Donnes moi mon bistouri s'il te plait. »



Il s'en saisit, impassible. Il tenta de faire preuve d'ingéniosité et observa rapidement le corps étendu du patient. Ses yeux se plissèrent. Olwenn n'avait pas tout à fait tort. Il était en train de plonger. Dans un gouffre sans fin. Celui de la mort. Il grinça des dents et remonta ses manches. Fracture fémorale de degré powell 2. « Passe moi les clous de Smith Petersen. » Il commença son manège. Ses doigts semblaient en transe. Comme s'il jouait de la musique. Des gestes totalement mécaniques, mélodieux. La musique s'arrêta net quand il tourna la tête vers une machine. « L'EEG faiblit ! » il grogna un léger. « Et merde. » Il dirigea ses prunelles vers une seconde machine. En arythmie, le cœur battait de plus en plus lentement. Il était perdu. Edwin intériorisa son stress. Il ne fallait pas qu'il vacille. « Olwenn ! Un massage cardiaque ! Vite ! » Sweety n'avait plus sa place. C'était simplement Olwenn. Pas le temps d'être doux, pas une seconde à perdre. Le jeune homme attrapa du camphre. Mais c'était trop tard. L'EEG avait disparu. Ainsi que le bruit des hirondelles sur le toit.

Douleur. Malheur. Horreur. Il était pathétique. Il n'était pas Dieu. Il foudroya le cadavre des yeux. C'était une haine inconcevable qu'il lui portait. Pourquoi s'était-il laissé mourir ? Frustré, en colère, il donna un coup de pied dans une table roulante qui se trouvait dans son droit chemin. Les scalpels se renversèrent au sol. Edwin soupira, calmant sa colère. Il ne fallait pas qu'il s'écarte trop de la limite nerveuse. Sinon. Bam. Pour se calmer, il se noya dans les pupilles bleutées de son assistante. Elle avait le don de mansuétude. Elle avait cette indulgence ancrée dans les traits de son visage. Il aurait voulu la prendre dans ses bras. Il n'en fit rien. Il était peut-être couard au final. Lâche. Peureux. Poltron. Non ! Il se retourna vers le corps étendu sur la table d'opération, ramassa un scalpel et murmura d'un ton serein. « On essaye le stimulus sur le cortex ? »

Question rhétorique. Comme s'il lui demandait son avis. Il attrapa le rasoir et retira les cheveux qui le gênaient pour découper son lobe. Les expériences sur le cerveau humain sont interdites sur les vivants. Et surtout inacceptables. Mais il était mort non ? Il trancha sans aucun scrupules. « Pinces. » Il les plaça au niveau du cortex. « Ok. Contact ! » L'EEG redémarra. Il était sauvé. Il eut un léger sourire et soupira de soulagement. « Voilà comment on gaspille son temps. Sweety. » Il avait besoin d'être exhaustif. Il n'avait pas abandonné. Edwin attrapa alors le bras de la poupée. « Merci. » Il avait été presque chaleureux. Peut-être avait-elle rougit à l'écart de ce geste précipité, mais il n'en saura jamais rien. Sec, le jeune homme s'empara d'un fil et d'une aiguille qu'il posa sur une tablette en métal, et se mit à la greffe des deux doigts.

Un peu plus tard, il sortit de la salle de chirurgie et s'affala dans le canapé, totalement amorphe. Il mit ses deux bras derrière sa tête et fixa Olwenn avec un sourire en coin. « Je suis exténué. Et la nuit vient à peine de commencer. » Allez viens... viens. Il a besoin de toi. Il ne te le dira jamais. Tu dois lire sur son cœur. Comme lui a apprit à lire sur ton corps.

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O. ❝ Melancholia ❞ Alison
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MessageSujet: Re: I am nowhere •• Pv Edwin I am nowhere •• Pv Edwin EmptyDim 18 Nov - 17:49



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A quoi tu rêves ? « Je ne rêve pas. » Le silence n'est qu'un leurre, un leurre de ma détresse. En ais-je même conscience ? Probablement pas. Je ne suis pas. A force de m'être laissée de côté volontairement, je me suis faite à cette idée. Je ne suis que l'instrument du bonheur des autres, c'est ma destinée, si tant est que j'en ai une. Observer la nuit, déguster cette absence de son qui tape dans ma tête, un requiem de ce qui n'arrivera jamais.


Je me souviens de ma première découverte. De la toute première fois que j'ai senti que je n'étais pas immortelle. Que ma place parmi les vivants était soumise à quelques conditions. A cette époque, Paul était encore là, et il était encore en forme. Je ressentais, comme je n'ai jamais pu ressentir après ça. Ces mélanges de couleurs et de sons qui tourbillonnaient dans mon cœur à m'en faire perdre la tête. Comment passer de l'inexistence la plus totale à celle d'humaine plus ou moins normale ? Parce que, oui, pendant un temps, on pouvait considérer que j'avais plus ou moins été humaine. La réponse, je ne l'avais et ne l'ai jamais eu. Un soir, alors qu'il s'était endormi, n'ayant pas besoin de sommeil, j'étais partie me détendre dans le jardin. Alors, face aux rayons de la Lune, je m'étais sentie transpercée de part en part. Et, par sa lumière, je l'avais été. Quel choc quand tu finis par réaliser que tu n'as rien de physique. Je me suis rendu compte que je n'étais qu'un fantôme accroché à un bout de souvenir qui n'avait jamais existé. Il m'avait inventé une vie que je suivais à la lettre pour ne pas le décevoir. Peut-être que c'est là que c'est ancré le dégout que j'ai de moi même, et cette piètre estime de quelque chose qui n'existe pas.


La façon d'être d'Edwin était radicalement différente lorsqu'il pratiquait son art et lorsqu'il était hors opération, à vaquer à des occupations diverses. Simplement parce qu'il semblait détester ne rien faire, et tourner en rond comme un animal en cage guettant une proie qu'il jugerait d'office trop facile à dévorer. Mais sa présence était stimulante, l'observer était quelque chose qui tenait presque du divertissement, sans connotation négative à son égard. C'était très instructif, il aurait sans doute fait un très bon professeur. Chose que j'évitais de lui dire, pas par timidité, simplement par choix des mots. Suite à l'opération qui fut un franc succès sans que cela m'étonne franchement, je restai à observer le patient pendant quelques minutes.


Je me souvenais de la première fois que j'avais vu quelqu'un mourir comme s'il avait s'agit de la veille. Paul était trop malade pour participer à la première guerre mondiale. Peut-être aussi avait-il acheté sa liberté, mais à l'époque, ce n'était pas vraiment des questions que je me posais. Je vivais comme un oiseau en cage qui ignore ses propres capacité, qui ne sait même pas chanter, et à peine voler de ses propres ailes. La demeure était splendide certes, mais j'avais soif d'aventures, de découvertes. Je m'étais plusieurs fois échappée pendant le sommeil comateux de mon créateur, pour partir dans les campagnes. Mais la guerre est sanglante. La première mort a laquelle j'assistais était celle d'un adolescent, il ne devait pas avoir quinze ans et s'était prit une balle à quelques centimètres du cœur. Le genre de coup qui ne tue pas tout de suite et qui fait souffrir le martyr pendant parfois des heures... Il faisait froid je crois, puisqu'une épaisse couche de neige recouvrait le sol, les toits et mêmes certains arbres, la lune mettait en valeur la blancheur de la neige et le sang qui y coulait. Il avait crié à mon intention. Sauve moi, sauve moi ! Mais je n'avais pas ce pouvoir. Je ne pouvais pas le faire revivre. Je m'étais approché, je l'avais rassuré, je l'avais accompagné jusqu'à sa toute fin. Et j'étais rentrée, les mains tachées de sang, le cœur serré et l'esprit embrumé par la terreur de la violence des hommes.


Cet état, j'avais l'impression de le retrouver bien trop souvent. Je me retournai, observait le médecin en ne respirant plus, clignant à peine des yeux, détaillant son sourire, avant de tourner les yeux pour observer le peu de vitre que contenait l'entrée. Autrement dit une cinquantaine de centimètres carrés au dessus de la porte. Il faisait nuit noire. Je devinais l'absence d'éclairage dans la rue. Il y eut un moment de silence, je laissais retomber la pression que je n'avais pas ressentis, puis à nouveau, reposait mes grands yeux azurs sur Edwin. J'évitais d'utiliser mes dons sur lui. D'autant plus que je n'étais pas certaine de vouloir me laisser aller à la facilité de lire dans son esprit. M'approchant de la machine à café, j'y récupérais une tasse en plastique contenant le liquide brûlant avant de faire quelques pas dans sa direction pour la lui tendre. « Vous avez fait du beau travail. » Lâchais-je, d'un ton sans aucune connotation, autant négative que positive. Puis ma voix s'adoucit lorsque je repris : « Vous devriez aller vous reposer. Depuis combien de temps n'avez vous pas fermé l’œil ? »


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