Je lui tenais toujours la main pour aller au parc. Au moins on serait tranquille ici. J’aime pas sentir les regards sur moi, être le centre de l’attention. En fait je suis bien le genre de personne qui aime pas se faire remarquer, mais qui est trop impulsif pour passer inaperçue. Et ça m’énerve. Quand tout le monde me regarde, j’ai l’impression d’avoir fait une connerie ou un truc du genre. Remarque, c’est souvent à cause de ça. Mais bon.

Une fois entrés dans le parc, c’est elle qui nous guida vers un endroit tranquille qu’elle m’avait montré en me demandant si on allait ici. Mais elle avait fait comme moi, elle s’était avancée vers cet endroit sans attendre ma réponse. Ça ne me dérangeait pas. De toute façon, j’étais d’accord pour y aller. Arrivés à destination, elle me fit un croche-pied. Ah bah bravo ! Mais au moins, elle avait amorti ma chute en me retenant. Je tirais une tête bizarre, une fois de plus, je ne m’attendais vraiment pas à ce qu’elle me fasse tomber. Puis une fois que j’étais sur le sol, elle commença à me chatouiller. Je me retenais de rire. Mais j’ai éclaté au bout d’un moment, je ne tenais plus.

Puis elle m’avait demandé si je lui en voulais. J’avais marqué une pause après cette question en faisant une fausse mine contrariée en lui tournant le dos pour faire un peu plus vrai. Puis deux ou trois minutes après, je fis un petit sourire en coin avant de me retourner et de la chatouiller à mon tour tout en lui murmurant dans l’oreille :

« J’aurais ma revanche. »

Avec elle, je réagissais vraiment bizarrement. C’était bizarre. Franchement, pourquoi moi l’associable de service embrasserait une fille qu’il connait que depuis moins d’une heure ? Bonn question. Peut-être que le verre d’eau avait un peu glacé mon cerveau. Ou pas. J’en sais rien.

En tout cas, j’arrêtais un peu de la chatouiller pour la faire tomber en arrière doucement et m’allonger à côté d’elle dans l’herbe. Je croisais mes mains derrière ma tête et regardais les nuages. Puis je lui dis :

« Tu es folle. Dans d’autres circonstances, ça aurait pu être dangereux pour toi de me faire tomber. »

Je souriais en lâchant un petit rire. Au final, sa compagnie était plutôt agréable.

Je ne comprenais pas réellement pourquoi j’aimais bien regarder les nuages. C’est gris, sans aucune forme, ça cache le soleil et ça provoque la pluie. D’ailleurs, ça me fait bizarre de penser que je trouve ça plutôt beau. Je dirais ça à quelqu’un, on me prendrait pour un fou, un détraqué. Je suis loin de ça, juste un associable particulièrement violent ! Enfin… juste dans certains cas !

Dans le cas présent, j’étais plutôt rêveur. Je ne pensais à rien en fait. Mais Nina me tira vite fait bien fait de ma rêverie en s’asseyant à califourchon sur moi. Je lui lançais un regard interrogateur en me sentant légèrement rougir quand elle me dit qu’on n’en finirait jamais avec toutes les vengeances. Puis elle me dit qu’elle n’était pas folle et qu’elle n’avait pas peur de moi. Ah bah ça se voyait qu’elle n’était pas au courant de ce que j’étais capable de faire ! Et puis si, elle était folle. Me courir après juste les quelques minutes suivant notre dispute, s’excuser alors que ce n’était pas dans ses habitudes. M’avoir embrassé. Pour moi, ça c’est de la folie. Alors je suis fou aussi.

Mais ça me faisait sourire ce qu’elle venait de dire. Puis elle se pencha en avant pour m’embrasser. Elle avait de nouveau posé sa main sur ma joue, tout en prenant appui sur le sol avec l’autre. Cette fois-ci, j’avais l’impression que c’était plus intense. Donc plus agréable encore que les précédents. Je posais ma main sur la sienne, celle qui était contre mon visage. Et je l’attrapais doucement par la taille quelques secondes plus tard. Puis sans prévenir, et toujours en l’embrassant, je nous faisais rouler de façon à ce que je me retrouve au dessus d’elle. A mon tour, je lui caressais la joue. Je laissais descendre ma main dans son cou pour lui caresser doucement la nuque. Puis je mis fin à notre baiser, doucement. Je posais mon front contre le sien en lui murmurant dans un sourire :

« Je ne me laisse pas dominer facilement. »

Puis je lui soufflais encore plus bas :

« Mais peut-être qu’avec toi ça changera. »

Je la fixais dans les yeux en souriant doucement. La couleur qui les ornait était tout simplement… magnifique ? Pas assez puissant à mon goût comme mot ! Je rapprochais mes lèvres des siennes, lentement. Et puis je l’embrassais de nouveau. Et cette fois-ci, je faisais en sorte qu’elle ne puisse pas me pousser ou rouler, en y mettant ma force pour ne pas bouger. Et si quelqu’un passait par là, je m’en fiche. Personne ne devrait avoir le droit de briser un pareil moment, alors j’espérais au plus profond de moi qu’on reste seuls ici.

Ah que c’est agréable de l’embrasser. Je sais pas pourquoi, mais je sais pas si je pourrais retrouver les mêmes sensations avec une autre. Alors j’en profite ! Pourquoi j’en profiterai pas alors qu’elle parait tout à fait d’accord ? Nan mais ! En plus j’étais bien installé au dessus d’elle ! Mais elle ne semblait pas vouloir s’avouer vaincue. Je sentais ses mains se glisser sur mon torse pour essayer de me pousser, mais en vain. Et oui, plus elle me poussait, plus je mettais de force pour rester sur elle. Sa force ne pouvait pas rivaliser avec la mienne, je suis un homme, et les hommes sont plus forts !

Mais même si je suis plus fort qu’elle, je dois bien avouer qu’elle est largement plus intelligente que moi. Elle avait trouvé LA méthode ultime pour changer nos places : les chatouilles. En plus elle avait pu voir que j’étais plutôt chatouilleux, alors j’explosais de rire à cause de ça. Puis je m’écroulais à côté d’elle sans pouvoir me retenir. Sur ce point, c’était bien elle la plus forte ! Puis elle en avait profité pour s’allonger sur moi comme si elle était à la plage. Je la regardais en rigolant doucement. Puis elle m’embrassa avec amour avant de loger sa tête dans le creux de mon cou. De ce que j’avais pu voir de son visage, elle rougissait. Puis elle me dit ensuite, ce qui me fit comprendre pourquoi elle avait ce teint :

« Je crois.. je crois que je suis tombée raide dingue amoureuse de toi.. ♥ »

Je regardais le ciel en souriant. Alors comme ça c’était réciproque. Tant mieux. Je cherchais un moyen de lui répondre, ça ne m’avait pas pris longtemps contrairement à ce que je pensais. Je passais un de mes bras autour de sa taille, tournais la tête vers son visage et passais une main dans ses cheveux avant de l’embrasser de nouveau avec tendresse. Puis je lui demandais :

« Tu sais ce que ça veut dire ça ? »

Puis avant même qu’elle n’ait le temps de répondre, je lui dis doucement en la regardant dans les yeux :

« Que moi aussi je t’aime. »

Puis je reposais délicatement mes lèvres sur les siennes en lui caressant la joue. Je faisais durer notre baiser pendant plusieurs minutes. Il était rempli de tendresse, d’amour, de joie. Il était calme. C’était comme si le temps c’était arrêté autour de nous, pour moi, il n’y avait que nous dans ce monde. Seuls. Personnes d’autre. Comme si nous étions les seuls survivants de ce monde. Mais c’est avec regret que je mis fin au baiser. Je regardais de nouveau le ciel en respirant un grand coup. Puis je lui demandais en souriant :

« Et sinon, t’es bien installée là ? »

Puis de nouveau sans prévenir, je roulais sur le côté, mais cette fois ci pour nous allonger l’un en face de l’autre. Puis je la fixais dans les yeux avec un air joueur tout en lui disant :

« Je ne m’avoue pas vaincu. Mais là, on est à égalité ! »

Puis je lui dis avec un air tendre et calme :

« Mais il faut faire attention quand tu me chatouille, j’ai les côtes plutôt fragiles depuis un moment. »

Elle avait attrapé ma main quand je lui avais dit que je ne m’avouais pas vaincu. Et après que je l’ai mise en garde à propos de la fragilité de mes côtes, elle avait affiché un sourire plus triste que les précédents. Je préférais largement voir son visage heureux, elle était plus belle en souriant joyeusement. Mais elle avait dû comprendre que c’était à cause de mon passé, que c’était douloureux, dur à vivre. Au fond de moi, j’aurais préféré qu’elle ne s’en rende pas compte, qu’elle garde son sourire joyeux. J’aurais moi-même été mieux ainsi.

Elle n’avait rien dit. Mais elle avait fait un geste avec lequel j’ai du mal. Elle avait passé sa main sous mes vêtements pour m’effleurer le torse. Je me crispais un peu sous ses doigt glacés. Je fermais les yeux. Je me retenais de lui attraper la main pour lui enlever brusquement de mon torse. Elle ne savait pas que ce geste pouvait faire ressurgir des moments douloureux. Que je ne voulais pas spécialement que quelqu’un connaisse l’existence de ces cicatrices. Mais au final, j’avais laissé sa main se balader sur mon torse. Quelques frissons me parcouraient le dos quand elle passait ses doigts froids au niveau de mes côtes.

Je me rendais compte à ce moment du peu de temps qui s’était écoulé depuis notre rencontre jusqu’à maintenant. Ça avait été rapide. Et ça n’avait pas bien commencé entre nous. Mais ça finissait plutôt bien. J’en étais content. Et cette pensée me fit sourire doucement et un peu tristement à cause des mauvais souvenirs qui commençaient à ressurgir.

Quand elle m’avait demandé de lui raconter, j’avais d’abord voulu lui dire que je ne voulais pas en parler. Mais je préférais enfouir ma tête dans le creux de son cou pour qu’elle ne voit pas mes yeux embués de larmes. Je la serrais dans mes bras pour la coller contre moi. J’allais lui dire. Parce qu’elle me l’avait demandé gentiment. Parce que je l’aime. Alors j’essayais de prendre un air détaché pour ne pas pleurer en lui disant :

« Six côtes cassées, mâchoire fracturée, traumatisme crânien, trois doigts écrasés, entorse au poignet, hémorragie interne et deux semaines dans le coma… »

Je réprimais un sanglot avant de continuer :

« Quand tu as touché mon torse… tu as dû sentir des sortes de… de bosses ou de reliefs anormaux. »

Je la serrai de plus en plus fort, prêt à pleurer pour de bon. Mais après une courte pause, je repris :

« Je veux pas que tu vois ça… je veux pas que t’ais peur en les voyant… »

J’étais pris de petits sursauts dus à mes sanglots. Lui en parler avait fait revenir la scène, celle qui avait failli être celle de ma mort. Tous ces mauvais moments passés avec mon père. Et même si c’était terminé, ça restait vraiment dur pour moi. Alors je commençais à pleurer doucement, toujours en la tenant. Je pleurais. Chez moi c’était une chose extrêmement rare de pleurer devant des gens. Mais même là j’avais essayé de me cacher. Sa main était restée sous mes vêtements, sur mon torse. Alors avec la mienne, je longeais son bras pour aller attraper sa main délicatement et la faire glisser jusqu’à mon cœur. Je redressais un peu ma tête pour la regarder dans les yeux, les miens étant encore un peu humides. Puis je lui dis :

« Il a bien failli ne plus battre… »

Elle n’avait rien dit, tout le temps où j’essayais de lui expliquer ce qui m’était arrivé sans vraiment entrer dan les détails. C’était trop de souffrance qui revenait. La main qu’elle avait passée dans mes cheveux m’avait un peu fait sourire. Elle semblait protectrice, c’était agréable. Je n’avais pas envie de lui en dire plus sur mon passé pour le moment, juste le fait d’évoquer mes blessures était déjà assez éprouvant pour moi. Même si ce maudit souvenir remonte à plus de sept ans, j’en garde des séquelles. Mais j’essaye d’oublier, ou du moins de ne plus en souffrir. Et je crois que je commence à comprendre que c’est en le racontant que j’y arriverai. Mais c’est dur. J’aurai du mal.

Elle devait être choquée par ce que je venais de lui dire, mais ce n’était que la vérité, rien d’autre. Elle devait se demander ce qu’il s’était passé. Et elle me le dit d’ailleurs, qu’elle ne savait pas ce qu’il s’était produit pour que je me retrouve dans cet état. Puis elle m’avait dit de vivre ma vie au jour le jour, de ne pas faire ressurgir les mauvais souvenirs. Et la suite me fit sourire doucement. Elle m’avait dit de continuer avec elle, de trouver le bonheur à ses côtés, de lui faire trouver le sien. Puis elle m’embrassa un petit instant juste avant de reprendre :

« & puis.. Je n'aurais jamais peur de toi, je te l'ai dis. Ce n'est pas quelques infimes reliefs anormaux qui vont faire que j'ai peur de toi. Je suis tombée amoureuse de toi pour tout ce que tu es, je me fiche que tu ais ses petites traces sur le corps. Je te veux toi, tout entier. »

Alors comme ça elle n’allait pas avoir peur ? Et si elle se trompait, qu’elle soit effrayée ? Après tout, je lui faisais confiance, mais j’avais peur de sa réaction si elle venait un jour à voir mon corps. Mais elle avait bien fait d’ajouter qu’elle s’en fichait, ça me rassurait un peu. Elle m’aimait comme j’étais apparemment. Et après avoir dit ces paroles, elle m’avait embrassé. Ses baisers avaient quelque chose de spécial je trouve, mais on va éviter de s’éterniser sur le sujet, je suis loin d’être un pro. Mais une petite question me trottait dans la tête, et je ne tardais pas à lui poser :

« Qu’est-ce que tu veux dire par tout entier ? »

Je lui montrais un sourire doux, je m’étais largement calmé. Ses paroles m’avaient fait du bien, je m’étais apaisé grâce à elle. Mais ça ne m’empêchait as de vouloir savoir ce qu’elle voulait dire par « tout entier ». Et dans l’attente de sa réponse, je passais une main dans son dos et l’autre sur sa hanche, tout en la regardant dans les yeux en souriant tendrement. Puis je l’embrassais tranquillement pour dire juste après :

« Je suis un homme curieux tu sais ? Il faut éviter de faire durer trop le suspens avec moi, ou alors ne pas dire directement ce que tu veux. A moins que ce ne soit un jeu. »

Je lui avais fait un petit clin d’œil discret en disant ça. Je ne voulais pas avoir un air menaçant en disant ça, loin de là. C’était surement la raison pour laquelle j’avais fait ça, ce clin d’œil. Je sais pas trop en fait.