Partir [SEUL / Quelque part en Angleterre]

C'est comme ça dans la vie en fait. Les jours passent, le soleil se lève et se couche, se lève et se couche. Les nuits sont un calvaire mais tu supportes. Ta vie s'effiloche entre tes doigts mais tu supportes. Ca dure longtemps, cette phase. Tu crois que tu pourras vivre ainsi, que ce nuage au-dessus de toi ne se transformera pas en tempête. Tu crois que tu pourras passer une autre nuit ainsi. Que tu resteras fort comme tu l'as toujours été car ce que tu vis, penses-tu, ne te blesse pas.
Ce que tu ne sais pas, c'est qu'en réalité tout cela te dévore de l'intérieur, sans que tu t'en rendes compte. Petit à petit, tout ton être se désagrège. Ce que tu es, ce que tu sais, ce en quoi tu crois et ce pourquoi tu te bats. Ca disparaît, tu ne le sais pas et au bout d'un moment, tu es vide. Tu ne sais pas pourquoi ni comment c'est arrivé, tu peux juste le constater, le voir, ce vide et regretter les temps anciens.
C'est à ce moment que tu t'effondres. Quand on a le plus besoin de toi. Quand tu dois rester. C'est à ce moment que tu ne peux plus. Et ce n'est pas comme d'habitude, ce n'est pas juste un moment de faiblesse, une baisse de régime. C'est la fin. La fin de toi, de ce que tu étais. Reste juste à voir si tu auras la force de reconstruire sur les ruines fraîches de ce passé.
Plus rien ne se passe, pendant un long moment. Tu es immobile, car où pourrais-tu aller ? Maintenant que tu n'as plus de but pour te guider. A présent tu n'es rien et tu commences à te demander si tu as jamais eu une quelconque importance. Tu repenses à ton passé, car tu n'as plus ni futur ni présent, et tu te demandes si tout cela avait du sens. Tu es là, seul, à te demander si tu vas faire le grand saut. Rien ne te retient car les fils émotionnels qui t'entravaient ici ont été coupés, tandis que la vie elle-même s'écoulait hors de ton corps.
Et tu prends un train. Puis un autre. Encore un autre. Au hasard. Juste pour continuer à bouger, à fuir. Loin, très loin. Tu ne te sens pas à ta place dans ce monde. Tous ces gens qui se pressent autour de toi, qui vivent. Tu ne pensais pas qu'ils existaient encore. C'est étrange pour toi de voir que le monde tourne encore. Que tout, finalement, n'est pas mort, pas noir. Tu n'as jamais fait partie de ce monde, tu ne le pourras jamais. Surtout pas maintenant, maintenant que tu n'as plus rien.
C'est comme ça dans la vie. Mais de vie, tu n'en as plus.

Just because I'm losing, doesn't mean I'm LOST.

Il faut parfois que tout explose. Il le faut, pour que l'air redevienne sain. Pour pouvoir grandir, avancer. Changer son monde ou changer le monde.
Il faut une explosion, le feu d'artifice de ses certitudes qui s'enflamment dans les cieux et se retrouver seul dans le néant de l'incertain pour, enfin, ouvrir les yeux. Pour voir le monde tel qu'il est, se retrouver ébloui par la vérité, cruelle et pure.
Recommencer.
Revivre.
Enfin.

Il voulait simplement sortir de ses problèmes, de cette atmosphère étouffante. S'éloigner dans l'espoir de se retrouver. Il n'en pouvait plus. Cette bataille contre lui-même, ses principes, sa conscience, ses sentiments et son Destin, c'était trop dur. Tout cela l'épuisait. Il ne voyait plus clair, ne savait plus quoi faire. Il avait perdu de vue son but. Ce qui l'a poussé, tout au début, à prendre les armes et à combattre. Ses motivations s'étaient perdues dans le vaste océan de ses erreurs.
Et personne pour l'aider. Des poids qui s'accumulaient sur ses épaules et personne pour le soutenir dans cette tâche. Seul dans son enfer.
Il avait besoin de s'échapper.
Pour un temps.

Tout s'entre-mêlait dans son esprit. Cette pression, choisir, choisir, choisir, choisir à tout prix, commençait à l'étouffer. Il se sentait dériver. Trop loin de là où il aurait dû être, le droit chemin. Rien dans sa vie n'était plus sain. Et avait-il, à ce stade-là, encore une vie propre ?
Il s'était perdu en route. N'était plus qu'une épave évoluant au ralenti dans un environnement aseptisé, où rien n'avait de sens, de consistance. Il n'arrivait plus à être heureux, plus jamais, ni à voir la beauté en ce monde. Elle avait disparu. Et il s'était retrouvé seul face au néant, trop profond, trop noir, trop définitif. A ce moment, il n'avait plus qu'un seul choix possible : Tomber. Tomber au plus profond, se perdre jusqu'à ne plus rien ressentir. Tomber dans l'oubli absolu et l'indifférence réconfortante.
Il avait préféré fuir.

La vérité est étalée devant lui. Il n'a plus qu'à choisir.
Ce n'est même pas comme s'il avait encore une chance de changer les choses, en réalité. Il est seul devant la fatalité. Deux solutions devant lui, aucune meilleure que l'autre. Toutes deux aussi horribles. Quoi qu'il fasse, ce sera la mauvaise décision.
Puis...Il se rend compte...

Cela ne finira jamais. Et tu le sais. Tu peux le sentir dans tes os, dans ta voix qui tremble et tes muscles qui trépignent. Il n'y a plus de place et tu es coincé dans ce cauchemar pour toujours. Jusqu'à la fin de ton temps sur cette terre. Mais tu n'auras pas de happy end. Parce que tu viens de réaliser que, peu importe ce qu'il arrivera, peu importe comment cela finira, même si tout change, la même chose t'attend. La mort t'attend de l'autre côté de la barrière.
Cela pourrait être triste, oui. Pourtant, en fait, ça ne l'est pas. Quand tu t'en rends compte, tu vois que cela veut aussi dire que tu n'as plus rien à perdre. Tu peux te battre. Jusqu'à ce que mort s'en suive. Tu n'as pas à avoir peur. La mort n'est pas une malédiction, c'est un soulagement. Tu le sais maintenant...Tu seras soulagé. Bien sûr, tu devras d'abord te battre avec tout ce que tu as, toute tes forces, tout ton coeur. Ca n'a pas d'importance, non ? Non. Plus rien n'a d'importance. Même pas la plus petite chose. Tu es libre. Juste...Pas de la façon que tu espérais. Tu es libre de faire tout ce que tu peux. Tu es libre d'arrêter de tuer, si tu veux. Tu es libre de continuer aussi, c'est juste que je ne pense pas que tu le feras. Trop de tragédie sont passées dans ta vie.
Tu as enfin vu ce qu'était la mort et tu as compris à quel point tout cela était mal.

https://www.youtube.com/watch?v=7HkjGg_pPJU&ob=av2e

Zachary n'est plus Zachary. Le méchant loup est parti, il a eu peur de la mort. Il ne veut plus revenir. Pauvre, pauvre loup. Qui va prendre sa place ? Y a-t-il encore quelqu'un, dans cette âme échevelée, qui puisse prendre les reines.
Zachary, Zachary, où es-tu ? Cela fait trop longtemps que tu es parti. Il est temps de rentrer Zachary, il est temps de faire le deuil de ce que tu étais. Pour commencer une nouvelle vie.
Nouvelle vie, mêmes problèmes. Mais peut-être que le nouveau toi sera plus apte à lutter contre la dure Destinée qu'on lui réserve et les affres d'une existence impossiblement compliquée.

Peut-on vraiment commencer une nouvelle vie, tout reprendre de zéro, si on reste au même endroit ? Si les gens nous voient encore comme on était ? Si rien n'a changé autour de nous ? Même difficulté, mêmes ennemis. Nouvelles armes.
Oui, oui on peut. On peut, et il faut espérer y arriver. Tout le monde a le droit de s'égarer, un peu, beaucoup. Du moment qu'on repart, qu'on se décide. Mais le mieux, ce serait d'avoir un peu d'aide, non ?

Let's try.

Aller, on essaie. On revient, on prend ce train maudit, on retourne dans cet enfer. Retour à la case départ. Finalement, c'est pas plus dur que le monopoly. On recommence, on est plus sûr, plus confiant, parce qu'on connaît déjà les obstacles, les pièges qui nous attendent sur la route.
Le plus dur sera de faire semblant. De faire comme si on avait pas enfin réussi à devenir meilleur, à se surpasser, à se transcender. Non, il faudra faire profil bas, il faudra paraître le monstre qu'on était. Mais on peut le faire. On y arrivera. Seul comme toujours, mais avec plus de forces que jamais.
Rien n'est impossible. Seulement grandement improbable.
Mais les probabilités, qu'est-ce qu'on s'en fout ? Une chance sur deux de réussir, deux de mourir. Voilà ce qu'on sait. Pas la peine de trop y penser. Il faut rester dans le jeu : concentré et furieusement efficace.

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