Les jours passent si vite… et il entendait pourtant encore la voix de ses parents s’animer au rythme de leurs battements de cœur. Il y a maintenant un an qu’il avait fêté ses 16 années et il entamait à peine ses 17 ans comme pour marquer à jamais la fin de cette période qui l’avait amené jusqu’ici. C’était désormais la découverte, car il savait qu’il devrait avancer seul. On ne demandait rien d’autre à cet enfant que de devenir grand et d’enfin ouvrir les yeux sur le monde qui l’entourait. Mais les arbres et les immeubles, le ciel et les nuages avaient toujours été et restaient les mêmes au fond de son regard. Car si l’espoir faisait vivre, il continuait peu à peu de le détruire sous un masque qu’on lui avait demandé de porter, et qu’il ne parvenait désormais plus à enlever.

Alors il marchait dans ce couloir sombre, sa discrétion l’emportant peu à peu jusqu’à une liberté éphémère. Tout était noir et mêlé aux souvenirs de sa mère. Se confrontait la solitude contrainte de cette nuit noire et l’envie d’entendre à nouveau la chanson qui le berçait chaque soir. Il aurait du comprendre, il aurait pu pleurer. Mais il savait que les larmes n’étaient qu’un signe de faiblesse et il se contentait de sourire, cherchant inconsciemment à attraper le soleil égaré de Birdsall. Mais les grandes cuisines étaient sales et sombres, endormies par l’absence de vie. Le fantôme qu’il était ne semblait plus les déranger. On lui laissait la paix de pouvoir enfin atteindre le terme d’une journée au lui était consacrée. Et puis il ne disait rien, attrapant un des petits gâteaux confits des réserves avant d’aller s’asseoir à une table. Il planta alors une bougie dans la pate cuite, sa lumière éclairant avec douceur le mur à côté ainsi que son visage. Elle fondait en même temps que minuit s’approchait et avant que l’aiguille ne puisse atteindre son apogée, le souffle de ce fantôme vint éteindre la flamme entamée…