Ψ
Let's play with the fire, we'll see what's gonna happen... Ψ
ΨΨΨ
Un drôle de bruit se fit entendre, ce qui perça le silence de la pièce obscure. Des voix qui grondaient... Une dispute. Une tornade se préparait. Il y eut des cris, des bruits de porcelaine cassé, des pleurs, des pétards explosifs... Quand est-ce que tout cela allait finir ? Azilis secoua la tête, pinça ses lèvres, tout son visage se crispait tandis qu'elle gémissait. Il fallait que tout cela s'arrête au plus vite, avant que cela ne se termine dans un bain de sang...
"Bang !" "Crack !"
Hurlements. Mais qui pourrait bien donc les arrêter ?
Ses paupières bougèrent, ses yeux finirent par s'ouvrirent. Des iris brunes luisirent dans la pénombre, qui se voilèrent par de longs cils noirs. Elle redressa légèrement la tête, cligna des yeux plusieurs fois, et finit par reconnaître les vieux lits pourpres du dortoir des filles. Un rêve. Tout cela ne fut qu'un rêve... La jeune fille reposa alors sa tête sur l'oreiller. Elle ferma les yeux, laissant une larme rouler sur sa joue, tandis que les bruits sonores se répétaient en écho dans sa mémoire.
Une voix espiègle s'éleva tout d'un coup dans la pièce. La porte s'ouvrit brusquement, et une fille rousse surexcitée entra. Elle bondit sur le lit de sa camarade, comme un chat le ferait.
- Lissssssssss !!!! Réveille-toi !!!!Il s'agissait de sa bonne vieille copine française, Charlotte. Elle lui souffla sur le visage, la chatouilla, mais cette dernière la repoussa en grognant. La rousse bondit de nouveau, et se retrouva sur le sol avec une souplesse féline. Elle écarta les rideaux pourpres de la fenêtre, où les rayons du soleil passèrent inévitablement à travers la vitre. Seulement, la lumière était trop forte aux yeux de la brune, qui avait demeuré dans le noir depuis la nuit dernière... Elle cacha sa tête sous son oreiller, en grognant de plus fort.
- Aller, debout marmotte ! Tu vas rater les cours... continua la voix enfantine de Charlotte.
Mais la demoiselle n'en avait rien à faire des cours... Tout ce qu'elle voulait, c'était de se retrouver seule. Malheureusement, sa copine avait beau être sympa, elle ne la comprenait pas toujours... Celle-ci enleva son oreiller et lui arracha les draps pour l'empêcher de se rendormir. Elle les jeta un peu plus loin, elle lui ordonna à nouveau de se lever, avant de quitter le dortoir. La jeune Monroe chercha à tâtons ses couvertures, en poussant un soupire qui ressemblait à celui d'un cheval. Charlotte l'exaspérait parfois à se comporter comme sa mère...
De toute façon, elle tenait un rôle de rebelle. Et les rebelles n'assistaient pas aux cours, même s'ils étaient brillants... N'est-ce pas ? Cependant, elle devait se lever, maintenant que cette chieuse l'avait réveillé... Elle se releva donc, soupirant encore. La lycéenne alla s'enfermer dans la salle de bain, où elle fit sa toilette et s'habilla.
Un quart d'heure plus tard, elle ouvrit la porte, habillée d'un jean slim blanc dont le bas était rentré dans ses bottines cuivrés, et d'un tee-shirt court couleur caramel, qui mettait en valeur son piercing-chaîne ayant comme motifs des coeurs diamantés sur des larmes, ainsi que son tatouage en bas du dos : un coeur avec des ailes d'ange. Elle prit son sac de cours et sortit à son tour du dortoir. Dans les couloirs, un bon paquet d'élèves se retournèrent sur son passage et la dévisageait. Azilis savait parfaitement quelle allure elle dégageait, avec sa démarche féline et ses longs cheveux ondulés qui semblaient flotter au rythme de ses pas... Provocante, sensuelle, fraîche, à croire qu'elle tournait dans un défilé de haute-couture. D'ailleurs elle en rajoutait, se dandinait devant les garçons, jouant un peu la comédie en leur faisant du charme... Mais tout cela était fait exprès. La jeune fille ne faisait pas pour elle, mais plutôt pour les autres - enfin, une personne en particulier, qui n'allait certainement pas apprécier cela... Evidemment, comme dans toute école, elle se devait d'avoir une tenue et une conduite correcte, telles étaient les règles. Cependant, la demoiselle les défiait toutes, sans la moindre frayeur. De toute façon, qu'avait-elle à perdre ?
Lorsqu'elle se retrouva seule dans un couloir vide, elle dévissa son sourire pour pub de dentifrice, laissant place à une moue triste sur ses lèvres. Dès lors, l'expression de son visage se changea, se faisant plus terne. Ses yeux se baissèrent sur le sol, pendant que ses pensées la ramenaient vers le rêve que notre brune avait fait ce matin. Enfin, si on pouvait appeler cela un rêve... Car en réalité, c'était plus un cauchemar qu'autre chose... Elle se rendait compte que depuis qu'elle était arrivée dans ce pensionnat, elle ne cessait d'en faire, toutes les nuits. Ils émanaient de son passé, de ses souvenirs. Le couple que la lycéenne avait vu se disputer, n'était autre que ses parents. Et les bruits étranges autour étaient les même qu'elle entendait de sa chambre, lorsque son père battait sa mère. Elle les avaient entendu tellement de fois... Sans pouvoir faire quelque chose, demeurant... impuissante. Ce matin en se réveillant, la jeune Monroe s'était crue chez elle. Cela l'avait un peu soulagé de voir que ce n'avait été qu'un cauchemar, mais cela l'avait d'avantage démoralisée quand elle se rendit compte qu'elle était encore dans cette maudite école...
La française leva les yeux et ce qu'elle vit changea son regard. Il y avait devant elle un extincteur accroché au mur. Cela lui donna alors une idée... Mais oui ! Comment n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? Une lueur machiavélique s'alluma dans ses pupilles noires.
L'adolescente se dépêcha d'entrer dans une salle de classe. Il n'y avait encore aucun témoin pour le moment... Elle connaissait le code pour entrer, elle avait espionné avant de nombreux professeurs. La salle sentait le feutre et la respiration des gens. Pas doute qu'il y avait eu un cours ici l'heure précédente. La jeune étudiante commença à marcher entre les tables vides. Elle sortit de sa poche un briquet qui appartenait à un copain. Il l'avait oublié hier alors qu'ils étaient tout les deux dans les jardins entrain de papoter tranquillement. Elle l'avait gardé dans l'intention de le lui rendre aujourd'hui. Finalement, il allait lui servir pour autre chose... Azilis le lui rendra plus tard, ou au pire elle en lui en achètera un autre. Ce n'était pas bien grave. Elle ouvrit le briquet et l'alluma. Une vive petite flamme jaune et bleu apparut. Par contre, ce qui allait arriver allait l'être... Elle sentit sa chaleur réchauffer son visage, ce qui lui donna une certaine excitation... La jeune fille continua de marcher avec. Elle souffla dessus, comme pour l'éteindre. Tel le faisaient les gens sur une bougie à leurs anniversaires. Elle essaya de toucher la flammèche du bout des doigts, un sourire mauvais étirant son visage. Non, la demoiselle n'était pas suicidaire. Elle adorait seulement jouer avec le feu... Elle arriva près de la dernière table, au fond. La lycéenne prit la parole, comme si elle s'adressait à une assemblée.
- Hey, connaissez-vous l'histoire de la petite flamme qui fait la grosse ? dit-elle d'un ton blagueur.
Evidemment, elle ne reçut aucune réponse, puisqu'il n'y avait personne. Mais la brune n'en attendait pas... Elle s'accroupit, approcha le briquet du pied de la table, ainsi que la flamme. Le bout devint noir et de la fumée sortit. Cependant, rien ne se produisit, ce qui la désappointa. Elle retentit l'expérience. Toujours rien. La française se tapa légèrement le front. Qu'elle était bête ! Un feu n'allait pas se produire sans un autre provocateur... Elle regarda brièvement autour d'elle, et finit par trouver ce qu'elle cherchait. L'adolescente aperçut en-dessous d'une autre table du fond, quelques feuilles qui traînaient. Elle alla les ramasser. Elle éteignit son briquet et le posa sur la table. La jeune Monroe en ramassa d'autres qui traînaient ici et là. Puis, elle les chiffonna toutes, l'une avec les autres, jusqu'à en faire une grosse boule. Elle la posa aussi sur la table à côté du briquet. Elle prit celui-ci et l'alluma de nouveau. Azilis brûla avec le tas de papier. Ensuite, elle s'en écarta, satisfaite.
Soudain, elle s'arrêta. Elle avait un doute... Il se consumait, mais n'avait rien de particulier. Elle se demandait si, lorsque tout cela deviendra des cendres, cela touchera aussi les meubles en bois. Non, elle n'en avait pas l'impression. La jeune fille n'en savait rien. En fait, elle n'avait jamais fait ça avant, alors elle manquait d'expériences. Elle aurait peut être demander dû demander des conseils avant ? Mais à qui ? Si la demoiselle en avait parlé à quelqu'un, il aurait sûrement tout fait pour l'en empêcher...
Furieuse de constater que son plan ne se déroulait pas comme elle le souhaitait, elle balança le briquet dans les flammes.. Sauf qu'à sa surprise, elles se transformèrent en des plus grosses. Ça marchait ! La française courut alors, aussi vite qu'elle le pouvait et sortit de la salle, espérant que les couloirs seront toujours aussi vite. Toutefois, elle sourit intérieurement. Elle avait réussit ! Si avec ça, la brune ne se faisait pas renvoyer... Elle était une banane !
Elle ferma la porte. Cependant, elle trouva quelqu'un dans le couloir, qui la regarda bizarrement... Mince ! Qu'allait faire la jeune Monroe à présent ?