❝ Invité ❞ Invité | Sujet: Trébucher sur le reste du monde. [PV Kenshi] Mar 14 Fév - 19:59 | |
| ~ Trébucher sur le reste du monde ~ •••••••••••••••••••••••••••••••••« L’univers m’embarrasse et je ne puis songer que cette horloge existe et n’ait pas d’horloger. » [Voltaire] Il y avait tellement de choses à voir dans ce monde, tellement de lumière et d'ombre à arpenter les yeux clos. Et pourtant je gardais les yeux ouverts, mon coeur battant à en perdre haleine pour réchauffer mes muscles froids. Si seulement... Si seulement je parvenais à comprendre ce monde qui m'entourait, si seulement quelqu'un m'avait tendu la main avant que je ne me retrouve ici. Pourtant tout paraissait si beau, si exceptionnel. Une école comme les autres, mais où j'échapperais à ce qui me torturait. J'avais plusieurs fois changée de vie, jonglant de familles en familles tel un animal domestique. Peut être n'étais je que ça à leurs yeux. Après tout je n'étais pas leur enfant, et ils étaient loin d'être mes parents. Mais à Birdsall il n'y avait personne, les rues absentes de compagnie, les maisons plongées dans le noir. Il devait être tard... Assez pour que cette nuit me paraisse aussi lugubre qu'elle ne l'était. J'imaginais le bal qui se déroulait en cet instant à Rédemption. Je les imaginais toutes avec leurs grandes robes de princesses, et les hommes les invitants à danser avec leurs sourires étirés. J'aurais peut être du m'y inscrire, mais l'idée de danser avec insouciance sur une musique éternel m'avait vite fait changer d'avis. Peut être aurais je pu revoir cette fille que j'avais rencontrée dans la forêt et que j'avais quitté en silence de peur de mes propres mots. Mes mots ne se traduisaient plus que dans cette encre qui inscrivait à chaque mouvement des lettres aussi rondes que douces. Des lettres qui malgré leur finesse, retraçait une douleur que je ne me permettait pas d'exprimer, noyant mon coeur dans une vague de souffrance et de désespoir. C'était vraiment pathétique... Je me retrouvais là, seule dans ce parc, observant en silence le par terre de neige. Mon grand manteau blanc se confondait à merveille avec ces doux nuages qui parsemaient le monde. Je me rappelais lorsque j'étais encore qu'une enfant, les flocons de l'hiver me parvenait comme du sucre glace que je m'amusais à attraper avec ma langue. C'était ridicule mais j'avais envie de recommencer, de sentir une infime brûlure de glace fondre dans ma bouche avec délice. Je me suis alors redressée, mon regard se plongeant dans la contemplation du ciel et ma langue se tirant à l'encontre des petits cristaux de glace. Heureusement que personne n'était présent... Car même si la scène avait quelque chose d'attendrissant et mélancolique, elle n'en restait pas moins ridicule. Et puis je sentais ma langue s'assécher, souffrant désormais du froid de l'hiver. Il était douloureux ce froid, mais tout aussi doux, mes yeux se fermant pour que je puisse profiter de cet instant. Un instant qui paraissait éternel, mes yeux ne parvenant plus à entrevoir les aiguilles de l'horloge, mon ouïe restant muette et lointaine. Il n'y avait plus rien, juste la neige, la nuit, et moi vêtue de mon grand manteau blanc. C'était mignon, on aurait dit une princesse des glaces, mes cheveux blonds et en bataille restant nichés sous ma capuche. « AAAAAAAAH ! » Mon cri strident se mit à résonner dans le parc alors que je tombais lacement dans le parterre de neige. Décidément je ne m'y habituerais jamais... A ces apparitions que j'essayais d'oublier, à ces regards qui me scrutaient avec insistance pendant que je me forçais à ne pas les croiser. Il m'avait regardé, de si près, ses yeux avaient pénétrés les miens et assise dans la neige, je sentais encore son regard posé sur moi. Il ne fallait pas que je lève les yeux, il fallait que je garde le regard baissé en espérant que tout ne soit que le résultat de mon imagination... Mais j'avais froid là, mes collants noires ne me protégeant pas du froid et s'humidifiant par la neige rencontrant la chaleur de ma peau. Il fallait que je me redresse, avant de totalement finir par être tétanisée. Mais je ne sais pas pourquoi, je n'y parvenais pas... Je me sentais étrangement protégée dans cet univers de glace, le corps cadavérique du fantôme disparaissant lentement dans la nuit alors que je redressais les yeux sur ce qui maintenant résultait du vide. Enfin... Ma respiration jusqu'à lors retenue s'échappa avec libération d'entre mes lèvres, mes mains s'enfonçant dans la neige pour soutenir mon corps affalé au sol. Qu'elle idée de se balader en cette heure dans le parc... Il fallait croire que mon inconscience m'étonnerait chaque jour un peu plus... « L’intérêt que j’ai à croire une chose n’est pas une preuve de l’existence de cette chose. » [Voltaire] |
|