Arrêtez tout ce que vous êtes en train de faire : Rédemption va déménager d'ici peu. Plus d'infos ?

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El Tango. [libre]

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❝ Invité ❞
InvitéAnonymousEl Tango. [libre] _
MessageSujet: El Tango. [libre] El Tango. [libre] EmptyMar 14 Fév - 20:08

    « Danse petite. Danse pour moi. Danse. Vole. Chante. Danse pour moi. »

    thème musical

    Noir et rouge. Corbeau et chair. Noir et rouge. Pétales enivrées, pétales mortes. Rouge et noir. Douce écriture. La France. Rouge et noir. Sang et plume. Soie et satin. Noir et rouge. L’Espagne. Le flamenco. Drapé de noir et de rouge, j'avance. Un lourde robe de danse. De tango. Échancrée. Corset serré. Pleines de froufrou. Satinée et brillante. Ce pans lestes de tissus qui redessinent mes formes. Fines et sveltes, je suis déesse. Je suis un son, une musique. Je suis une couleur. Noir et rouge, sang et encre. Cette robe qui m'enrobe. Fendue, dentelées. Cette robe qui me sublime, comme le dernier trait de l'artiste sur son œuvre. Comme un plumage sombre. Ce noir brillant et ce rouge d'ombre, presque mort. Je suis sang. Je suis orage. Je suis amour. Je suis mort. Noir et rouge, comme un cœur bicéphale. Je suis noire. Je suis rouge. Noircie de l'encre de tes yeux. Rougie de ton sang. Je suis noire et rouge. Je suis cette danseuse qui avance, vers la scène, drapée de nuit et de crépuscule. Je suis cette larme bohème qui glisse dans ses talons hauts, claquants. Je suis cet exil de l'âme. Je suis l’absolue indicible. Algorithme érotique. Je suis le rêve. Onirisme enivré. Je suis sirène. Muse en fractale. Soupir d'aise, je suis cette danseuse de rue. Je suis celle qui sauras vous faire pleurer.

    Je suis là, sur la scène. Dans les parfums enivrés. Je suis sous la lumière. Elle pleurs comme une pluie d'étincelle. Je suis là, devant vous. Offerte ? Une cinquantaine de personnes me regardent. Je ne suis pas intimidée. Mes talons caresse le bois qui claque. La place est pavée, toutes de pierre. Le forains sont tous là. La nuit peu chanter. Un vent gitan souffle sur cette place. Les rires, les cris. Ce vent fantasque, chaleureux. Des draps aux couleurs chaudes se tendent au dessus de moi. Je suis dans un cocon de tissus. Je les regarde tous, tous ces rêveurs, je les regards comme ces animaux qu'ils sont, ces animaux curieux, intimes. Troupeau grouillant comme un masse véreuse. Je regarde ces rêveurs fratricide. Je les regarde dedans. Le violoniste à coter de moi entame la danse. Le show peut commencer. Je deviens la corde, le violon. Ma voix chante avec. Je suis musique et je vibre. Et tout vibre. Et ça vibre. Ça vibre. Langoureusement. Comme le si majestueux, doucement siffler, modeler par la langue, d'une soprano prodige. Ça vibre. Sous le frottis du crin, ça vibre. La corde vibre en un accord sublime quand l'archet l'achève d'un coup puissant. C'est le frottement des molécules qui agitent le poil de nos oreilles, une onde, comme ces motif que la goutte de pluie imprime sur l'étang. C'est la beauté. Ça vibre. Infinis, gracieusement, comme le tintement du cristal. Ça vibre et ça s'étend. C'est comme un morsure. C'est un corde qui vibre sous les assauts du violonistes. C'est l’instrument qui jouis entre les doigt du joueur. Je suis la corde, je suis le son, tendu, pur. Aucune synthèse. Je suis un son, un cris, un larme, un rire. Je suis un musique dont tes oreilles raffole. Je suis cette note dont tes lèvres se grisent. Je suis une essence, un alcool. Je suis la main gitane qui danse. Le regard tzigane qui chante. Le violon s'envole, acharné. La main du violoniste tente de le suivre, de me suivre. Ma voix, mon corps. D'égaler la grâce de mes mouvements. Ma robe danse avec moi. L'enchantement se tisse. Ma voix sublime le monde, ces visions. Je suis ton illusion. Ma voix avale vos rêve, vos peurs et les recrache. Je danse parmi ces chimères que vous croyez voir. Ma magie est splendide. Je danse parmi ces serpents de feu qui vous auréole. Vous pensez rêver. Vous pensez que ma voix vous fait rêver. Si seulement vous saviez... Je suis cette musique qui exalte vos sens. Quand vos yeux voir l'or des ces dragons et autres phénix fantomatique qui tournoient. Votre nez les sens. Votre peau en ressent la brûlure. Et je danse. Je tournoie comme un soleil. Comme une lune. Comme une étoile. Je me fend et ma voix pleurs. Je suis langueur, je suis luxure. Je suis beauté. Vous frissonner. Ma voix vous le savez, est magnifique. Je suis de ces gens qui tisses avec leur voix les enchantement. Je ne suis pas la seul. Il y a le dernier castrat. Endormis dans l'opium. Il y a eu Farinelli. Il y a moi.

    Ma voix s'envole, accord par accord. Elle danse avec le violon. C'est un timbre comme brisé. Au début de la note. Brisé à la fin. C'est le souffle sifflé qui se mêle au son. Cette sensualité dans le chant. C'est cette vibration intense, presque lyrique, né de ma langue et de ma gorge. Je suis Divine. Je suis Diva. Mensonge. Je suis mieux que ça. Ma voix est un déesse, mon corps l'est tout autant. Tremblez devant les ombres fantastique que je projette. Je suis Art. Vous tremblez. Ma voix vous vole. Elle vous viole. Vous subinscise. Vous excise. Elle est drogue. Héroïne vocale. Cocaïne musicale. Acide dramatique. Je suis un son tendu comme un arc. Les rêves, illusions diaphanes, continues de couler autour de moi. Pour vous. Fantasme aliénant. Vous les voyez ces chimères, anguilles de lumières dansantes. C'est ombres polychromes. Aimez vous ?

    Le violon se brise dans un dernier accords. Il ne me suis plus. Et moi je gravis les octave. Dans la magie de ma voix les monstres explose. Je gravis les notes. Rejetant dans l'ombre les fantasmes de la reine de la nuit. Je suis plus loin encore. Plus loin dans les notes. Je suis prodige. Mes talons claquent. Le violon tente de revenir, peine perdu. Même le plus virtuose de ces magicien gitans ne pourrait pas me rejoindre. Je suis trop loin.  Je pleurs en chantant. Je jouis en chantant. Je suis désir. Je suis luxure. Je suis pécher. Je danse. Je chante. On pourrait croire que je vole. Et vous me regardez. Sans un son. Le souffle couper. Le regard anesthésié par la magie que je vous sert. Par l'illusion que je tisse. Aimez vous ?

    Je redescend doucement. Decrescendo endormis. Le violon est de retour. Les amours mineurs se plaigne. Il veut ce venger ce violon. Il part dans un rythme effréné. Violent. Et je le suis. Je danse. Puis tout s’arrête. Je suis tendue, la tête en arrière, le corps cambré, comme une croissant de lune. Je m'éclos comme une fleurs. Puis je me referme. Par terre, les jambes croisées, la tête entre ces dernières. Mes bras qui les enroulent. Personne n'applaudis, tous retiennent leur souffle. J'ai arrêter avant la fin. Dans une note qui ne prêtait pas a une conclusion, et doucement. Tout doucement je souffle l'épilogue, a cappella. Dans un fa. Tenues, longtemps. Vibré. L'illusion s'estompe. Je me relève et vous défis du regard. Je vous défis de dire que vous n'avez pas aimer. Que je vous n'avez pas jouis.

    -Je m'appelle Autumn Lie. Dis-je pour conclure.
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InvitéAnonymousEl Tango. [libre] _
MessageSujet: Re: El Tango. [libre] El Tango. [libre] EmptyJeu 16 Fév - 22:30

L'Hiver, le froid. Synonyme d'Apocalypse... juste avant le renouveau. Damon aimait le froid par obligation... la chaleur lui était insupportable. Trop étouffante, comme l'intérieur de ce centre. Il n'avait rien contre le pensionnat mais de temps en temps il avait besoin d'air et de liberté. Sortir, partir. Le jeune homme n'était pas particulièrement sportif, mais courir jusqu'à sentir son sang lui brûler les veines, l'apaisait. Lorsqu'il se sentait mal, courir était pour lui comme une délivrance, un Eden où il s'enfermait seul. La musique dans les oreilles, une chanson puis, deux, puis trois. Bientôt une dizaine de chansons avaient défilées et il continuait à courir. Sans s'en rendre compte il avait quitté l'enceinte de l'établissement. Damon était surpris, il était rare qu'il s'aventure aussi loin. Le jeune homme était présent dans l'établissement depuis peu de temps, mais il n'avait jamais pris le temps de courir aussi loin. Toujours la musique dans les oreilles il arriva devant Birdsall... c'était donc cela : La bourgade avoisinant le centre ? Mouais ce n'était pas le genre de ville où il aimerait habiter. Damon s'était arrêté et le froid lui transperça ses vêtements, effleurant sa peau d'une caresse mortelle, pénétrant l’intérieur de sa chaire, touchant ses os, provoquant un frisson. Mais le jeune homme était essoufflé, il n'avait pas l'endurance d'un champion du cent mètres. Finalement le froid eut raison de sa fatigue et le jeune homme reprit sa course. Le rythme de ses pas s'associant à celui de la chanson qui passait en ce moment dans ses oreilles. Un riff de guitare, un solo de batterie, la mélodie de la basse : oui, ça, c'était ce qu'il fallait pour tenir la cadence de sa course. Le peu de personnes qu'il croisait, Damon les ignorait. Il était dans sa bulle, dans son monde. D'habitude, il était quelqu'un d'assez sociable, mais quelques fois il éprouvait le besoin de s'enfermer.

C'est alors que quelque chose pénétra son espace de vie. Le retirant de ses pensées. Même sa musique il ne l'entendait plus. Seul une voix lui parvint aux oreilles il n'entendait même plus le brouhaha de la foule qui s'agitait devant lui. Le jeune homme s'approcha, lentement à la recherche de ce son qui avait brisé l'espace temps de son Eden. Damon vit alors, la scène de loin. Elle n'était pas très grande, mais arrivait à retenir l'attention d'au moins cinquante personnes. Sur cette scène... c'était elle, princesse de l'ombre, chanteuse gitane : exotique, fatale. C'était elle, la douleur et la douceur entremêlée. C'était elle, celle qui l'avait arraché à son monde parfait. Il aurait pu la haïr, la savant responsable de sa curiosité piquée au vif... mais non sa voix l'en empêchait. Le jeune homme retira ses écouteurs de ses oreilles, pour mieux entendre, mieux apprécier, mieux percevoir. Un violon accompagnait la voix soprano, mais il n'était rien, les gens n'écoutait que la partie vivante de la musique, un violon n'est qu'un intermédiaire, la voix avait le dessus. La jeune femme n'en était plus une, Damon la voyait comme le néant de toutes choses, elle était rien et tout à la fois... il ne voyait plus qu'elle. Une robe, une couleur, noire, une couleur rouge. Tout ça n'était qu'illusion ! Elle était tout, elle était une voix, un souffle. Il s'approcha, comme hypnotisé par l'imposante jeune femme. Mais il savait que ceux présents sur la place étaient dans le même état. Ce n'était pas une composition digne du grand Mozart ou Bach... mais cela était aussi intense. Le jeune homme ne pouvait dire ce qu'il ressentait en l'écoutant. Toutes ses émotions étaient mélangées. A chaque note, on changeait d'état émotionnel. Damon passait de l'allégresse à la peur, puis la tristesse juste avant, en intermédiaire, la mélancolie. Le stresse. Ces émotions lui donnaient des papillons dans l'estomac. Il devait faire attention, une émotion trop forte pouvait faire imploser n'importe quel objet présent autour de lui. Une montre, le lampadaire, les boucles d'oreille de cette femme juste devant lui et même le violon. Le jeune homme tentait de se contenir, c'était douloureux. Pendant ce temps le ballet musical reprenait sa danse. Une note... une autre... une troisième... une millième n'aurait rien changé... il resterait fasciné et torturé. Le violon complétait la voix... la voix dominait le violon. Damon tremblait, des sueurs froides goûtaient le long de son front... en pleine hiver, c'était suspect. Contenir ses émotions dans un moment pareil, c'était une chose difficile à faire... un excellent exercice... lorsqu'on était suicidaire. Ce n'était pas son cas.

En dehors de ses efforts douloureux pour se contenir, il aimait ce son qui sortait de la bouche de cette jeune femme exotique. Mais néanmoins quelque chose le gênait, il avait la mauvaise impression de ne plus appartenir à lui même, non, il était à elle... le son de sa voix n'était qu'un lien qui le reliait à cette jeune femme aussi fatale qu'une tarentule... aussi mortelle qu'une morsure de cobra... elle était le charmeur... lui et tout les autres... étaient le serpent. Quel ironie. C'était elle qui était pleine de venin, il le sentait, le savait. Elle faisait le rêve, mais Damon pouvait sentir le cauchemar... un faiseur de rêve ne l'est jamais vraiment en entier, il y a toujours une part d'ombre quelque part en lui. Ici, c'était la même chose, sauf que la partie d'ombre, le jeune homme la sentait plus importante. La voix était le paradis, la fille était le diable, une belle illusion du Malin ! Le jeune homme la fixait, en plus d'avoir une voix extraordinaire... elle était jolie... Le diable se présentait toujours sous la plus magnifique des apparences. L'être Humain était attiré par le mal, c'était bien connu. Damon ne faisait pas exception... ce qui le révulsait chez cette chanteuse gitane l'attirait en même temps. Le chant d'une sirène, doux, fascinant... maléfique. Il résistait tant bien que mal au flux d'émotions qui l'envahissait, il avait appris à rester calme mais là toutes ses barrières se brisaient les unes après les autres... bientôt un objet imploserait dans la foule. Parfois le jeune homme. bénissait le fait que cela ne touchait que les choses non vivantes. Le violon se coucha pour laisser le champ libre à celle qui causait, sa douleur psychologique et sa jouissance olfactive. Son protecteur était vaincu, Damon ne résisterait pas longtemps. La voix gravissait les octaves, les tremblements du jeune homme redoublaient d'intensité... personne ne l'avait remarqué, heureusement d'ailleurs. On l'aurait pris pour un fou, ce qu'il était en train de devenir. Alors qu'il se croyait perdu, le violon refit une entrée... discrète, mais c'était mieux que rien. La dernière note arriva, enfin ? déjà ? Il n'aurait su dire s'il était heureux ou malheureux de savoir que c'était terminé. Sa torture était fini et Damon soupira de soulagement... sa jouissance était faite et il pouvait en pleurer de frustration. Cette femme était le mal incarné... il ne voulait pas l'approcher, mais en même temps elle était en train de devenir sa dose d'héroïne. Personne n'applaudit tout d'abord, ils étaient tous trop absorbés, surpris pour le faire.

- Je m'appelle Autumn Lie.

Elle avait conclu. Les gens applaudirent... lui aussi, indécis. Son nom raisonnait encore dans sa tête, Autumn Lie, il le voyait écrit dans ses pensées, en toutes les écritures possibles et inimaginables. Un nom symbolisant le malheur, la beauté, la musique... il voulait s'en souvenir comme tels. Une ombre musicale. La chaleur que la douce décadence lui avait procuré laissa place au froid mordant. Il croisa son regard et frissonna de peur, d'effrois, de fascination... mais l'allégresse n'y était plus, elle avait fini de chanter... ses talents d'hypnotiseuse ne marchait plus. Damon le savait, il la fixait pour la mémoriser... il ne l'oublierait pas. Elle même le fixait, du moins il avait l'impression peut-être était-ce la personne derrière lui. Le jeune homme n'aimait pas trop attirer l'attention. En tout cas pas celle de ce maléfique ange. Oui elle était Lucifer au féminin. Il la haïssait autant qu'il pouvait en être complétement fou, fou de sa voix surtout. Une question lui revenait pendant cet échange de regards, comment une personne pouvait-elle vous faire ressentir deux sentiments complétements opposés l'un à l'autre au même moment ? Durant le show le jeune homme s'était vu transporté en haut, dans les étoiles... et dans les abîmes de l'espace temps. Le regard de la jeune femme le brûlait de l'intérieur comme un feu de l'enfer... un feu ardent du pêché. Damon n'était pas croyant, mais il savait le mal présent... lui même n'était pas un ange, mais cette femme là, si elle avait pu... elle aurait été élue la reine des enfers. Du moins c'était son impression. Il ne la connaissait pas... peut-être était-ce quelqu'un de chaleureux ? Peut-être. La jeune femme continuait de le regarder, il se sentit mal à l'aise... les gens continuaient d'applaudir, le jeune homme ne souhaitait qu'une seule chose... retourner se protéger en courant... mais il n'y arrivait pas toujours absorber par le regard de cette femme. Sentiment de peur ? De mal être ? C'était étrange... il la trouvait étrange et en même temps fascinante... c'était plus fort que lui. Damon voulait partir mais elle le retenait, il ne savait comment . Il était comme prisonnier, figé sur place. Elle descendit de la scène et alors que tout le monde partait, il s'approcha d'elle et lui saisit le bras. Il voulait lui dire qu'il ne marchait pas à son petit jeu. Que la fourberie du Malin n'avait pas fonctionné avec lui.

- L’angélisme vous va bien... à l'extérieur seulement. Mais néanmoins, j'admire votre prestation.

Un sourire ironique illumina son visage. Il espérait qu'elle avait compris le message. Il la haïssait autant qu'il pouvait l'admirer. Damon le savait, il n'aurait pas dû s'en approcher, elle était dangereuse et il s'en doutait... il en était sûr même.


Dernière édition par Damon Reed le Dim 26 Fév - 21:27, édité 1 fois
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Zachary Utreuil
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MessageSujet: Re: El Tango. [libre] El Tango. [libre] EmptySam 18 Fév - 10:49

Il avait besoin de s'enfuir. Il avait besoin de s'abandonner aux mains d'un autre, d'une entité supérieure qui puisse lui dire que penser et que faire. N'être plus une conscience, seulement un objet sans volonté, subissant sans jamais réagir.
Et sur cette scène, il y a celle qui lui donne tout cela.
Elle est désir et violence. Elle est meurtre et amour, et peine et désespoir. Mais un désespoir heureux. Le genre de désespoir que l'on voudrait vivre. Celui qui vous rempli le coeur. Celui pour lequel vous vous dites...Ca en vaut la peine.
Elèves de Rédemption, hommes et femmes du mondes entier, fantômes et âmes à venir; si vous n'avez pas vu cette femme sur cette scène, ce soir-là, si vous n'avez pas senti le violon vibrer en vous et sa voix vous enchanter, vous démolir, vous n'avez pas vécu.

Sans confiance, il n'y a pas d'amour. Ma belle danseuse, femme de la nuit, feu-follet qui se consumme devant mes yeux, je te fais confiance. Viens, viens...Chante, chante pour moi et enlève-moi à ce monde si terne. Enlève-moi. Donne-moi la chance de m'échapper, donne-moi la chance de voler. Partir dans un monde où tout est noir et feu, où tout est sang et amour.
Sauve-moi, même pour une minute, même pour une chanson, d'ici ! Permet-moi d'oublier. Permet-moi de me perdre dans ta voix de velour. Que vois-je devant mes yeux ? Le paradis ? L'enfer ?
Désir et violence.
Chante comme si j'étais le seul qui compte.


C'est une illusion, Zachary. C'est un rêve qu'elle te fait croire. C'est ton contrôle qui t'échappe, tandis que tes yeux se collent aux siens, que tes mains se crispent, que tes mâchoires se serrent. Désir inassouvi. Tu n'es pas le seul qui compte. Ce n'est qu'une illusion. Elle ne t'a pas enlevé du monde, elle n'a pas détruit tes problèmes et tes doutes. Elle les a recouverts d'un voile de perfection.
Du désir et de la violence dans sa voix. Du désir et une violence inouie dans tes pensées.
Tu voudrais qu'elle chante. Encore et encore. Et encore. Et encore. Tu voudrais qu'elle danse, et que jamais la musique ne s'arrête. Tu voudrais rester dans ce monde à feu et à sang où tu te sens en paix. Etrangement...C'est ton élèment. Et quand les mots franchissent ses lèvres, ces mots que tu ne comprends pas, subjugué que tu es par sa voix, quand les mots te parviennent, tu penses qu'ils te parlent, à toi. C'est ton histoire qu'ils racontent. C'est ton histoire qu'elle danse ce soir.
Et peu t'importe la cinquantaine d'autres personnes autour de toi, tu es persuadé que tu es le seul qui comprend, qui saisit la portée des paroles enchantresses.
Mais justement Zachary, ce n'est qu'un enchantement. Réveille-toi et tu verras que tu es toujours sur cette terre, que tu n'es rien et que le monde tourne toujours à la même vitesse.

Mais...C'est si bon.

Désir.

Oui, c'est bon. Mais c'est une trahison. Bientôt, tu vas te réveiller et tu verras qu'elle t'a trompé. Tu n'es qu'un autre fou qui croit en ses rêves, tu n'es qu'une autre âme vulnérable qui se laisse emporter par trop de beauté. Réveille-toi, petit loup !
Violence.

Incroyable. Incroyable et pourtant c'est là devant ses yeux. Il se sent fondre et se mêler aux esprits de la nuit. Il se sent comme dans un rêve, quand tout peut le toucher mais qu'il sait que rien ne peut vraiment lui faire du mal. Les coups que la voix donne à son âme s'effaceront quand elle s'arrêtera de chanter et cette ceritude rend le tout bien plus saisissant.
Il sait que la fin est proche, son coeur bat de plus en plus vite. La peur le prend. Il ne veut pas que cela s'arrête ! Il veut qu'elle chante et déploit son illusion sur son esprit pour le reste de l'éternité ! Il ne veut pas que tout finisse et retrouver le froid du vrai monde. Il se sent attaché à cette voix, à ces pas de danse qui semblent naturels et en même temps répétés des milliers de fois, jusqu'à atteindre la perfection suprême. Piégé au coeur même du bonheur. Il se débat contre la toile qu'elle tisse autour de lui. Il savoure et combat cet instant de pur magie, il essaie de ne pas se laisser complétement emmêler dans la toile de l'araignée noire et rouge qui danse sur scène. Mais plus il se débat plus il s'enfonce et bientôt il n'a plus qu'une seule solution pour échapper à son influence : Déchirer les fils.
Zachary se lève, presque sans le savoir. Une part de lui à décidé qu'il ne voulait pas se laisser manipuler aussi facilement. Une part de lui est attachée à la vérité, et préférerait mourir plutôt que de se faire prendre dans ce piège. C'est trop facile...Cette part ne va pas la laisser gagner aussi facilement, cette merveilleuse créature.
Zachary se lève et tourne le dos. Le public ébahi ne remarque pas cette ombre noire qui se soulève contre le pouvoir implacable de la beauté qui leur vole la raison. Il tourne le dos et marche. Loin, loin. Il voulait fuir la réalité. A présent, il court la retrouver avec plaisir. Le rêve est trop effrayant. Le rêve, si envoutant soit il, si beau, si bon, n'est qu'un autre cauchemar. Car l'illusion tombera bientôt, et le réveil sera rude.

Il fuit et pourtant, quand la musique stoppe, quand la voix s'élève une dernière fois, forte et entraînante, il ne peut plus marcher. Il frissonne et savoure ce son qui semble le pénétrer tout entier. Il se voit, s'imagine, courir, vers la scène, et serrer cette créature dans ses bras. Il s'imagine traverser le monde des merveilles qu'il y a sur la scène et assouvir le désir que la créature soulève en lui. Un clignement d'oeil. C'est fini et la vision s'éteint.
Ce n'était qu'un rêve. Et il ne faut pas prendre ses rêves pour des réalités.

Il est libre, mais encore attaché à elle, à sa voix, qui parle doucement, mais fermement, qui lui dit son nom. Comme une promesse, comme un défi, comme une caresse, comme un coup de couteau dans le dos. Elle lui dit son nom, et pourtant il semble qu'elle lui montre plutôt toute sa puissance, qu'elle tente d'assoir son pouvoir sur son âme, sur ses pensées.

Pourquoi faut-il toujours qu'on me dise ce que je dois faire, qu'on dirige mon coeur et mes pensées ? Ne pourrais-je jamais être libre ?


Non, il semblerait que non, mon pauvre petit loup. Ce soir, tu peux toujours fuir. Cela ne résoudra rien, certes, cependant tu pourras toujours te réconforter en te disant que tu as résisté.
Zachary a relevé le défi lancé par le regard froid de la déesse. Pourtant, à présent, il échoue. Car il est piégé, coincé entre deux mondes : la réalité et cet autre univers créé par la femme qui dansait comme si elle était la créatrice de ce monde. Il ne se retourne pas, n'ose pas affronter le regard accusateur. Il reste simplement là, luttant contre des courants contraire, à côté de ce jeune homme pris dans le même combat. Et tout bas, il murmure, pour lui-même et pour le monde : "Ce n'est qu'une illusion, ce n'est qu'une illusion."

La violence du désir.

La violence du désir qui prend la place du désir de violence qui d'ordinaire habite ce loup solitaire. Le loup a peur, certes, mais le loup ne veut pas tuer, pas ce soir. La belle chanson lui a permit d'assouvir ses désirs de sang et cris. A travers les notes caressantes, il a trouvé, en même temps qu'un nouveau piège, une sorte de paix qui l'a libéré.
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