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Je ne fuis pas. Je sauve ma vie. | Sujet solitaire, pas de réponse, merci ♥

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InvitéAnonymousJe ne fuis pas. Je sauve ma vie. | Sujet solitaire, pas de réponse, merci ♥ _
MessageSujet: Je ne fuis pas. Je sauve ma vie. | Sujet solitaire, pas de réponse, merci ♥ Je ne fuis pas. Je sauve ma vie. | Sujet solitaire, pas de réponse, merci ♥ EmptyLun 10 Oct - 20:55

    Des pas feutrés dans la nuit. La peur au ventre. Ce qu'il faisait là était risqué. Très risqué, il le savait. Il avait beau être immature, et pas toujours très futé, il savait qu'il jouait sa vie. Mais, il savait aussi que si il restait, ces jours étaient comptés. Il était dans les prochains sur la liste. Il était faible, inutile, bruyant, et embêtant. Son cœur battait la chamade. Il longeait les murs. Tel un caméléon, son corps tout entier se fondait avec la matière qu'il touchait, et devenait presque invisible. Son souffle était rapide, mais régulier. Il le modérait, de manière à ce que cela ne se transforme pas en un essoufflement pathétique qui aurait trahit sa présence.

    Il entendit un craquement. Le surveillant de nuit...? Non ? Si ? Il s'immobilisa. Il se retint de trembler de tout son corps. Il avait l'impression que son cœur allait lâcher, et, déjà, des larmes froides perlaient sous ses joues. Il avait peur. Il était totalement pétrifié. Il devait quitter ce lieu. Il n'entendit pas d'autres bruit. Se penchant légèrement en avant pour observer le fond du couloir, il ne vit rien. Avec un soupir de soulagement muet, il reprit sa traversée.

    Il descendit les couloirs doucement. Ses pieds, dans ses chaussons feutrés, ne faisaient presque aucun bruit, si ce n'était un très faible chuintement. Il manqua de louper une marche, se rattrapa de justesse. Il s'arrêta, jeta un bref regard autours de lui, pour vérifier si la voie était libre.

    Le Hall paraissait encore plus grand, vide, comme cela. Il faisait froid. Un long frisson, tant à cause de l'angoisse que de la température traversa le jeune adolescent. Il resta quelques instants, debout, au milieu de la pièce froide. Chaque seconde de plus passée ici, le rapprochait de la mort. Mais il ne pouvait calmer ce pincement au cœur si étrange qui le clouait sur place. Il avait vécu les pires semaines de sa vie, ici. Il avait souffert. De la distance avec son pays natal, de ses amis. De sa différence. De l'ambiance morbide. Mais... Mais il y avait eut Sidney. Léo. Ces quelques personnes qui avaient réussis à lui rendre le sourire. A apprécier la vie ici. Il ferma les yeux, sentant de nouvelles larmes glisser sur sa peau frémissante. Il se mordit la lèvre.

    Un bruit le sortit de ses pensées. Sursautant, il réajusta son sac dans son dos, et s'approcha à pas rapides de la lourde porte en bois. A sa hauteur, il la tâta du bout des doigts. Elle n'était jamais fermée. Tout le monde le savait. Mais personne, ou presque, ne la franchissait la nuit, pour revenir vivant le lendemain. Ça aussi, tout le monde le savait. Il toucha quelque chose de froid. La poignée. Il entendait encore du bruit derrière lui. Il devait se dépêcher. Ses doigts dérapèrent, tremblants. Il dut s'y reprendre à deux fois avant de réussir à ouvrir la porte. Lorsqu'enfin il y parvint, le vent froid du mois de novembre vint frapper son visage. Il grimaça. Mais, sans fléchir, s'avança dans la nuit noire, laissant se refermer derrière lui la porte, et, une partie du cauchemar.

    Mais ce n'était pas finit. Il devait sortir de la propriété, à présent. Il s'avança dans la cour battue par la fraîcheur de l'hiver, serrant contre lui son pull turquoise, et cherchant du regard son issus de secours, que lui avait conseillé une jeune fille externe au centre, mais qui connaissait pourtant tous les recoins de l'établissement. La remerciant intérieurement, il repéra finalement le grillage un peu plus enfoncé que les autres, dans un coin. Il s'y approcha presque en courant, sentant son cœur battre à tout rompre. Sa liberté était là, toute proche. Il se mit à terre, grattant nerveusement le lierre qui cachait le passage.

    A ce moment là, il entendit un cri.

    Il frissonna, n'osant pas se retourner vers la forêt. Il savait que c'était là que ce déroulait les horreurs de Rédemption. En pleurant comme un petit garçon effrayé, il glissa d'abord son sac dans le trou dégagé, puis son petit corps. Elle ne lui avait pas menti, c'était vraiment un passage étroit, et il avait de la chance d'être aussi fin. Il mit de la terre sur ces vêtements. Mais il s'en moqua. Il se releva, une fois dehors, et se sentit soudain un peu mieux. Ce vent, qui fouettait sa peau, semblait différent. La peur était moins oppressante. Mais son élan de joie fut freiné par des bruits de pas de l'autre côté du grillage. Reprenant son sac, et son courage, il s'élança dans la nuit, pleins de cette force que l'on trouvait dans la peur de mourir. Il ne savait pas combien de temps il courut. Ses jambes semblaient aller toutes seules, l'emmenant loin de Rédemption.

    Il s'arrêta finalement dans une rue du centre de la ville, éclairée par des lampadaires qui semblaient sans âge. En sueur, en pleure et en sang, il se laissa tomber contre le mur de la boulangerie. Ses chaussons n'avaient pas tenu, et ses pieds étaient sales et blessés. Il grimaça, en extirpant de sa poche son portable, caché précieusement pendant ses quelques semaines. Il l'alluma, machinalement, et composa le numéro qu'il avait prit soin de chercher et d'apprendre par cœur. L'agence de Taxi de la ville.

    Il avait pris de l'argent. Pour payer. Quelques minutes plus tard, un taxi noir et typiquement anglais se gara à côté de lui. Un chauffeur à moitié endormi, certainement sorti de son sommeil, ouvrit la fenêtre pour s'adresser au Japonais tremblotant.

    « C'est pour toi ? »


    Jun hocha la tête. Il grimpa dans la voiture, et l'homme se retourna vers lui avec un regard inquiet. Il lui demanda si il allait bien. L'adolescent lui répondit d'un air absent. Le chauffeur se doutait bien qu'il s'agissait là d'une fugue. Ce n'était pas la première fois qu'il croisait un jeune paumé, qui décidait de partir de chez lui. Mais cette fois là il ne prévint pas la police. Il conduisit l'adolescent, qui tomba de sommeil sur la banquette arrière, jusqu'au petit matin, jusqu'à Londres. Il compta moins que ce qu'il lui devait. Il en était sûr, il venait de sauver ce pauvre gosse.

    A Londres, Jun allait pouvoir trouver un moyen de joindre ses parents. De prendre un avion. De rentrer chez lui.
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