Errance et vagabondage [Pv : Raphaël Levis]

Appuyée contre la grande vitre, Roxane était perdue dans ses pensées. Simplement vêtue d'un jean et d'un chemisier rouge avec un col en V, elle avait un peu froid. Dehors le ciel était morne et triste, comme s'il allait pleuvoir dans très peu de temps. N'ayant aucun repère dans ce nouvel établissemnt, elle ne savait pas qu'elle vraiment où elle se trouvait.

Cela devait faire maintenant presque deux heures que la jeune fille errait sans but précis dans les différents couloirs du batîment. Roxane avait besoin de faire le point. A peine cinq heures qu'elle avait débarqué ici, l'adolescente ne savait plus vraiment où elle en était. Elle venait de tout quitter : ses parents, son frère adoptif, sa chienne, sa vie en fait. Se séparer de ses parent n'avait pas été très difficile pour Roxane. Ces derniers ne trouvèrent absolument aucunes objections au départ de leur fille adoptive. Voilà que la providence les débarassait d'un fardeau encombrant. La jeune fille s'était donc retrouvée seule, sur le quai de la gare, après avoir fait ses adieux à sa famille. Son compartiment était vide mis à part elle et un petit vieillard. Ils commencèrent à engager une conversation jusqu'au moment au Roxane lui annonça qu'elle descendait à Birdsall. Sans aucunes explications, le vieillard changea précipitamment de wagon. La demoiselle dormit durant tout le reste du voyage.

Là encore, étendue sur la banquette cramoisie du train, elle revit encore une fois la même séquence qui la hantait depuis une semaine environ. Généralement lors de ses rêves elle arrivait sans trop de mal à aiguiller ses visions, pour qu'elle puisse voir ce dont elle avait envie. Mais pas pour celle-ci...

A chaque fois, sa prémonition se figeait après avoir vu la plaque du centre sur laquelle Rédemption y était inscrit en fines lettres dorées. Ensuite la jeune fille se réveillait en sursaut et se sentait comme étouffée. Comme si une force, une entité invisible l'empechait formellement de voir d'un peu plus près le pensionnat. Etait-ce cette chose qui refusait qu'elle en sache plus sur le centre ou sa capacité à faire des rêves prémonitoires qui s'amenuisait ?

Elle arriva enfin au pensionnat en fin de matinée. Sur le parvis de la grande cour elle fit la connaisance de Dorian et de Todd, deux élèves de l'établissement. Ces derniers lui apprirent la particularité des pensionnaires du centre, le pourquoi de sa venue. Ici, à Rédemption, chacun possède un pouvoir. Oui, un pouvoir. Roxane ne comprnenait pas vraiment de quoi les deux garçons voulaient parler lorque l'un lui dit qu'il maitrisait la gravité et l'autre l'eau. Et que la capacité de la jeune fille de voir l'avenir par l'intermédiaire des songes était elle aussi un pouvoir.

Etrangement, bien que consciente depuis un certain temps déjà que sa particularité était plutôt singulière, la jeune fille ne l'avait jamais considéré comme telle. Elle réailisa donc que quelqu'un au courant de son don, l'avait trouvée pour la solliciter d'entrer dans cette école qui regroupaient d'autres enfants et adolescents qui possédaient eux aussi des pouvoirs.
Mais dans quel but ?

Un craquement en provenance du plancher la tira brusquement de ses pensées.

Il va pleuvoir

Pour vous résumer, voilà ce à quoi Raphaël pensa durant l'intégralité de son cours de maths. Un cours qui de toute façon ne l'intéressait guère. Il attendait avec impatiente la fin de cette torture pour pouvoir sortir de la salle surchauffé et pour s'échapper vers la salle de musique où l'attendait un piano parfaitement accordé et quelques unes de ses propres partitions. En attendant, ses doigts tapotaient la table en rythme d'une des chansons de Good Charlotte, qu'il était en train de joué mentalement. La sonnerie stridente interrompit du même temps sa symphonie mentale et le calvaire fractionnaire qu'il vivait. Il soupira de soulagement et se dirigea en trombe vers la sortie. Mais son enthousiasme fut vite douché par son professeur de mathématiques qui le bloqua un quart d'heur pour le réprimandait sur ses résultats médiocres dans la matière. Raphaël resta muet comme une tombe ou une carpe selon les expressions, ce qui exaspéra encore plus son prof qui finit par le chasser de désespoir de susciter le moindre intérêt chez lui.

Raphaël sortit donc de sa salle après tout le monde et il trouva les couloirs vides. Il avait fini ses cours de la matinée mais au lieu de se ruer comme ses petits camarades sur la bouillie infâme que le pensionnat osait appelle "repas", il préféra sans tenir à son plan initial et se dirigea vers la salle de musique après avoir abandonner son sac devant la salle de maths. Il avança dans les couloirs, sifflotant une de ses chansons préférés. Il tourna à la fin d'un couloir, et soudain, la silhouette d'une jeune fille lui apparu. Il l'observa de loin un moment.

Elle ne portait qu'un jeans et un chemisier malgré la fraîcheur alentour. Elle était assez petite vue de loin et de longues boucles brunes tombaient sur ses épaules. Elle avait du l'entendre arrivait car elle se retourna et scruta les alentours. Pour une fois, il décida de se comporter en garçon civilisé et de s'approchait de la demoiselle.

- Bonjour. Je t'ai fait peur? Je m’appelle Raphaël

Roxane n'avait pas encore débuté les cours dans son nouveau lycée puisqu'elle venait d'arriver le jour même. Après avoir débarqué dans la grande cour donnant sur l'escalier principal, elle avait déposé sa grosse valise rouge dans ce qui allait être sa nouvelle chambre. Le petit espace exigüe qu'elle devra occuper tout au long de l'année était ide, ses colocataires devant être en cours.

Toujours près de la baie vitrée, la jeune fille se retourna et apperçut la personne qui était à l'origine du sinistre craquement de plancher. Devant elle se tenait un jeune qui devait avoir un peu près son âge, assez mince, pas très grand et qui possédait de grands yeux perçants, bleus, tout comme les siens. Vêtu d'une chemise de laquelle dépassait une paires d'écouteur Roxane reconnut une amateur de musique. Ses logs doits arachnéens lui indiquèrent qu'ils devait lui aussi pratiquer le piano.

Ce prénommé Raphaël s'approcha et lui demanda s'il ne l'avait pas effrayée. Effrayée, Roxane ? Non. Seulement tirée brutalement de ses pensées, l'atmosphère pesante et les couloirs déserts ne contribuant pas non plus à la rassurer.

Une question torttait dans la tête de la jeune fille cependant. Raphaël possaidait-il également un pouvoir extraordinaire, comme Dorian ou Todd' ? Roxane l'ignorait totalament. Ce sentiment était assez déconcertant, d'ailleurs. La demoiselle avait l'habitude de s'avoir à quoi s'attendre. Pourtant aujourd'hui, les événements la prennaient un peu de court.
Elle répondit, histoire de prolonger un peu cette conversation avec un autre élève de Rédemption :

Non, non, j'ai juste été un peu surprise. Enchantée, moi c'est Roxane. Je suis nouvelle ici. Et toi ?

Un sourire chaleureux flottait sur ses lèvres roses.

La jeune fille le détailla un instant avant de sourire et de se présenter. Roxane. Nouvelle. Et lui? Il prit son temps avant de répondre. Il réfléchit longuement à la question. Ce qui manqua de lui déclenchait une crise d'angoisse. En gros plan dans son esprit, les yeux bleus de sa sœur, sa traitresse de sœur qui l'avait envoyée à Rédemption. Mais il se contrôla, se rappelant in extremis la présence de la jeune fille qui attendait sa réponse le fixant , un sourire pendu aux lèvres:

- Moi? Je suis là depuis un mois. Je suis arrivé à la rentrée quoi....

Sa voix se brisa. Il ne désirait pas évoquer la raison de son inscription. En parlant à Roxane, il remarque qu'elle avait aussi des yeux bleus. Mais étrangement, loin de lui rappeler douloureusement ceux de son aînée, les yeux de Roxane, son regard clair le secouait doucement. Au fond de lui, le Raphaël froid et le Raphaël curieux et intéressé s'entrechoquaient violemment. Le premier voulait s'enfuir, se réfugier vers la salle de musique. L'autre voulait rester, essayer dans savoir plus sur la jeune fille. Après quelques minutes de réflexions, le jeune homme décida d'enchainer et de posait d'autres questions:

- Hmm...Tu es dans quelle classe? Et tu vient d'où?

Questions somme toutes assez banales. Classiques. Le genre de question aux quelles ils ne perdraient pas la peine, lui, de répondre. Alors il espérait, au fond de son lui associable que Roxane ne lui ressemblait pas.

Le tapotement des gouttes le tira de ses pensées. Il pleuvait donc vraiment. Raphaël détacha son regard de son interlocutrice pour observait avec satisfaction la pluie tombait. Bizarrement, depuis la mort de ses parents, parce qu'il préférait penser "mort" qu' "assassinat", le jeune homme s'était découvert une passion pour la pluie. Il aimait le rythme régulier, comme celui d'un métronome, avec lequel les gouttes s'écrasaient sur les vitres. Ce tapotement régulier et mat l'apaisait, de la même manière que les yeux bleus de Roxane.

- J'espère que tu aime la pluie, demanda t-il tranquillement. Ici, il pleut tout le temps.

Il avait dit ça sans s'en rendre compte. Les mots étaient sortit sans qu'il ne le désire réellement.

Le jeune homme qui se tenait en face tarda avant de lui répondre. Roxane perçut le malaise contenu dans sa réponse et ne préféra donc pas insister davantage sur les raisons de sa venue au centre. Mais elle essaya d'imaginer ce qui pouvait suciter un tel mal-être. Le brun mystérieux avait-il été contraint de rejoindre Rédemption ? L'avait-on forcé à intégrer l'établissement ? Roxane n'en savait strictement rien.

Raphaël dégageait cependant quelque chose d'indicernable, quelque chose sur laquelle elle n'arrivait pas à mettre précisemment le doigt. Et cela l'intriguait. Après quelques instants de réflexion elle en conclut qu'une sorte d'aura qui intimait aux autres de se tenir à distance émanait du garçon. Assez étrange, à vrai dire. Comme si le jeune homme s'était fabriqué une espèce de carapace protectrice afin que les autres le laissent tranquille. Cette hypothèse piqua la curiosité de Roxane et lui donna envie de connaître Raphaël un peu mieux. Ce dernier coupa court à ses pensées.

Oh, je viens de la banlieue de Londres. Et cette année je suis rentrée en première. Est ce que j'aurai l'honneur de t'avoir dans ma classe ?demanda-t-elle, un sourire espiègle vissé au coin des lèvres.

Le jeune homme ne lui répondit pas tout de suite. Il détourna son regard d'elle pour le fixer sur la grande baie vitrée qui donnait sur le ciel orageux. Il commençait à pleuvoir des trombes d'eau. Roxane se raprocha elle aussi de la fenêtre, augmentant la proximité entre les deux adolescents. Ses doigts longs et fins, scultés par de longues heures passées sur sur le piano effleurèrent sans bruit la surface lisse et transparente du verre.
Détestant etre mouillée, elle n'aimait pas particulièrement la pluie, mise à part quand elle se sentait bien au chaud à l'intérieur, hors d'atteinte des goutelettes qui s'infiltraient dans ses vêtements. C'est pourquoi elle lui répondit :

Non, pas plus que ça... Mais bon, il va bien falloir s'habituer...

Comme son interlocuteur ne bronchait pas, semblant perdu dans ses pensées, elle enchaina, d'une voix qu'elle tentait en vain de paraître moins hésitante :

Et... Et toi, c'est quoi ton don ?

Ses grands yeux océans qu'on sentait déterminés se fichèrent dans ceux de Raphaël.

La pluie qui tombe en rythme. Qu'est ce que c'est beau... Si beau qu'il faillit ne pas entendre la réponse de Roxane. Elle venait de Londres, de sa banlieue en fait. Raphaël le note dans son esprit,section "choses qui ne me seront pas vraiment utile mais pas totalement inutile non plus". Et... Elle était en première. Moui... Le jeune homme observa de la tête au pieds la demoiselle et avec son tact habituel, il dit:

- En première? Tu... tu fais bien plus jeune, sans vouloir te vexer bien sûr...

Mais au ton monotone de sa voix, on aurait plutôt dit que le fait de vexer Rox' l'importer peu. Enfin, quelqu’un qui ne connaissait pas Raph' dirait ça. C'est à dire a peu près tout le monde! Il se souvint alors de la seconde partie de la question et répondit en tachant de mettre un peu d'entrain dans sa voix:

- Oui, j'imagine. Enfin, je crois qu'il n'y a qu'une classe de première de toute façon... Et étant donné que je suis également en première, nous risquons effectivement d'être dans la même classe...

Hum... Au niveau du dialogue, on repassera. D'un air las, Raphaël passa la main dans ses cheveux avant de se replonger dans la contemplation de la vitre, déjà taché par les gouttes de pluie. Il sursauta à la question de Roxane. Il se retourna alors, réprimant une grimace et plongea ses yeux dans ceux de la jeune fille.

Comment? Raphaël réfléchit une minute à ses options: avouer ou mentir. pour une raison qu'il ignorait, il préférait largement mentir à la presque inconnue...

- Mon don? Euh... Je joue bien du piano. Sinon, je crois que c'est à peu près tout...

C’était risible. Roxane n'allait certainement pas tomber dans un piège si... idiot. mais même si elle avait des beaux yeux, il ne préférait pas tout dire à la demoiselle. Tout du moins pas encore.

Si Roxane détestait une chose par dessus tout c' était qu'on lui fasse une réfléxion sur son âge. Elle allait tout de même bientôt fêter son seixième printemps non ? Oui c'est vrai elle a environ un an et demi de différence avec la plupart des gens qui se trouve dans la même classe qu'elle. Et alors ça changeait quelque chose ?

La jeune fille se garda de lui répondre. Peut être était elle un peu sensible sur le sujet mais parler de ça ne faisait que ressurgir des souvenirs amers. Des ricanements, des moqueries, des sarcasmes... Et une petite Roxane seule et isolée qui ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Elle serra les dents à l'idée de cette évocation.

C'était fini maintenant. Elle n'était plus la petite chose fragile et faible qui pleurait pour un rien et qui se laissait marcher sur les pieds en voulant être trop gentille avec les autres.
Elle avait changé. Rox' préférait se montrer dure, froide, plutôt que de montrer aux autres ses faiblesses. Heureusement pour elle, ses visions l'aidaient à anticiper le futur. La jeune fille ne se laissait plus influencer mais au contraire elle se servait de son don et de son intuition pour manipuler les personnes autour d'elle.

Pourtant avec Raph' la demoiselle ne réagissait pas comme à son habitude. En fait, c'était plutôt lui qui était distant. Enfin, c'est l'impression qu'il donnait. Pourquoi ne pas partir alors, s'il la trouvai ennuyeuse ? Pourquoi ne invoquer un prétexte bidon pour la laisser seule à regarder la pluie sur la vitre ? Peut être était-ce une façade pour lui aussi de se montrer indifférent, de ne pas s'attacher aux gens pour éviter qu'ils ne vous trahisse...

Si on est ensemble, ça fera au moins une personne de ma classe que je connaitrai un peu !

Elle voulait continuer la discution.

Ah bon il n'y a qu'une seule première ?

Roxane laissa sa question en suspend. Elle n'avait pas grand interêt et ne s'offusquerait pas si elle n'obtenait pas de réponse. Par contre elle tenait absolument à connaître le don de Raphaël.

Il répondit après de longues secondes de réflexion. Son don était... De jouer du piano ? Roxane se demanda si il avait bien compris le sens de sa question. A moins que Dorian et Todd ne se soient foutus d'elle dans la cour du bâtiment principal, tous les élèves scolarisés dans ce centre possédaient un don un peu surnaturel. Le contrôle de l'eau ou de la gravité n'étaient pas des compétences que tout le monde détenait. Roxane ne pouvait donc pas croire que le seul fait de savoir jouer d'un instrument de musique suffisait pour rentrer à Rédemption. Non, il devait-y avoir quelque chose d'autre. Peut-être que Raph ne voulait pas lui en parler ?

Trop curieuse pour s'en arêter là, elle fit celle qui n'avait pas compris que le garçon préférait ne pas en parler :

Non mais je veux dire... Un don, un pouvoir, ce pourquoi tu a été admis au centre !

Elle espérait que cette fois Raphaël ne se défilerait pas.

A la liste des choses qu'il savait à présent sur elle, il pouvait ajouter vexée. Hum... Elle semblait vexait par sa remarque sur son âge. Raphaël la détailla encore un peu et estima qu'elle avait sans doute sautait une classe. Donc qu'elle avait sans doute 16 ans. Peut-être 15, au vue de sa réaction tristement puéril. Raphaël opta pour 15. Récapitulons: elle s’appelait Roxane, elle venait de la banlieue londonienne, elle n'aimait parler de son âge eet elle avait très certainement entre 15 et 16 ans. Pour la forme, disons 15 ans et demi. Voilà, voilà. Que pouvait t-on en conclure? Rien pour le moment... Le jeune homme soupira.

Elle déclara qu'elle aimerait bien être dans sa classe. Raph' grimaça avant de répondre:

- Tu ne dirait pas ça si tu avait rencontrer toutes les personnes de ma classe

Il dit ça en faisant rouler ses yeux dans leurs orbites, essayant de faire comprendre à son interlocutrice le niveau d’intelligence des élèves de première. Elle demanda alors si il n'y avait qu'une seule première.

- En fait, j'en sais rien. Je ne suis ici que depuis une semaine et je ne connais pas tout le monde , mais je crois bien qu'il n'y en a qu'une seule.

Oh éloquence quand tu nous tient! Raphaël était... disons... disons étonné par le niveau de l'échange qui se déroulait en ce moment. Tient, il faudrait qu'il parle à son psy de son tout nouveau besoin permanent d'être sarcastique! Bref, revenons à nos moutons, hein?

Bon apparemment, la demoiselle n'était pas dupe, pas naïve. A noter. Une jeune fille un peu plus vive que d'ordinaire. Dommage pour lui. Il écouta la jeune fille revenir à l'attaque. Il ne répondit pas tout de suite, fixant les gouttes de pluie. Il finit par s'approcher d'elle avec un air de conspirateur, faisant mine de vérifier aux alentours que personne ne les écouter:

- Bon, Ok! Tu as gagné. En fait.... je viens d'une autre planète... Je... je suis un alien! Mais chuuut!

Il finit sa phrase en posant un doigt sur sa bouche. Dieu comme il aimait le sarcasme...

Vu la moue que fit Raph' en parlant des gens de sa classe, c'est qu'il devait y avoir du niveau. Sûrement pas très différent des personnes qu'elle fréquentait environ sept heure par jour dans son ancien lycée.

Raphaël non plus n'était pas résident au centre depuis de nombreuses années et ne connaissait donc pas tous les rouages de l'établissement. Un point commun que partageaient les deux jeunes gens.

Son interlocuteur grimaça quand Roxane revînt à la charge en le questionnant à propos de son don, ce qui montrait que la ruse du jeune homme n'avait absolument pas fonctionné. Lorque Raph' prétendit être en réalité un extraterrestre venu d'une planéte lointaine, la jeune fille explosa d'un rire cristallin. Bon très bien, le message était passé, Raphaël ne tenait vraiment pas à lui révéler pourquoi était-il rentré à Rédemption. Rox' ne préféra pas insiter mais se promit de revenir plus tard sur le sujet quand les deux adolescents se connaitraient mieux.

La jeune file s'assit contre la vitre, dos aux goutelettes de pluie qui dégringolaient sur la surface de verre plane. Les yeux dans le vague, elle repensait à tous ceux qu'elle avait laissé derrière à Londres. Ne plus voir ses parents adoptifs ne la gênait pas franchement, mais les quelques réels amis qu'elle avait là-bas et son petit frère lui manquaient.

Chassant ses souvenirs nostalgiques, elle se souvînt de la présence du jeune homme. Il la faisait rire, et son sarcasme permanent ne la dérangeait absolument pas appréciant les personnes un peu différentes qui s'afirmaient tel quel réelement.

Alors Rédemption, c'est comment ? Y'a plein de rumeurs qui circulent mais c'est pas si terrible qu'on le dit, si ?

[Désolée pour le retard u.u]

A l'air de Roxane, Raphaël comprit qu'elle avait l'habitude du genre de personne qui peuplaient les salles de classe. Il soupira et fixa une fois encore la course des gouttes de pluie sur la vitre froide. Au fond, il était assez fier d'avoir fait comprendre à la demoiselle le niveau mental des gens de sa classe.

La grimace de Raphaël et son propos plus qu'impossible firent éclater de rire la jeune fille. Le jeune homme sourit légèrement en entendant le rire cristallin de Roxane. Malgré tout, elle ne se formalisa pas plus et laissa tomber. Sans doute avait-elle compris qu'elle n'obtiendrait pas de réponse. Peut-être qu'un jour, dans un moment, il lui donnerait ce qu'elle voulait. Il se retint de lui retourner la question à la figure pour voir sa réaction. Mais il se doutait de celle-ci alors il laissa tomber.

La jeune fille s'assit dos à la vitre, délaissant la valse des gouttelettes. Les yeux dans le vague, elle lui demanda doucement de lui parler de leur nouvel établissement. Il hésita un moment entre lui dire la vérité ou enrober un peu la vérité. Roxane n'avait pas l'air dans son assiette. Raph' se racla la gorge avant de déclarer:

- Euh... Disons que l'ambiance est très glauque et que les rares fois où j'ai aperçu le directeur ne sont pas les meilleurs instants de ma vie. Et il y a des disparitions de temps à autres. Mais sinon, ici, l'ambiance est assez sympa. Tout le monde est plutot gentil. On est un peu comme une grande famille. C'est agréable.

Il se tourna vers la jeune fille et lui sourit gentiment en espérant qu'elle était convaincue par ce qu'il lui avait dit.

Elle avait réussi à décrocher un sourire à Raphaël. Il n'était pas du tout le même lorsqu'il souriait. Beaucoup plus chaleureux, beaucoup plus... vivant. Oui voilà, le jeune homme avait l'air vivant lorsqu'un sourire éclairait son visage.

Raph se racla la gorge et réfléchit pendant de longues secondes avant de lui répondre, comme s'il cherchait comment il pourrait bien lui dépeindre le centre. Roxane devait faire une drôle de tête puisque le garçon en face d'elle lui parla soudainement d'un ton plus doux, se voulant rassurant.

Tant mieux si l'ambiance était bonne. Elle qui n'appréciait pas beaucoup la solitude, espérait se faire rapidement de nouveaux liens et ne pas rester seule comme elle avait pu l'être parfois.
Mais pourtant, la jeune fille ne savait pas quoi penser de ce que venait de lui raconter Raphaël. Le jeune homme n'avait pas l'air très vrai, mais elle n'arrivait pas à le cerner exactement. Exagérait-il ou au contraire, diminuait-il les choses ? Plaisantait-il encore une fois ou cette était-il véritablement sérieux ? Il n'avait pas l'air de rire comme lorsqu'il avait prétendu être un alien. Mais pourtant, des... disparitions ? Il devait se moquer d'elle. Ou peut-être essayer de lui faire peur.

Roxane essayait de se rassurer. *Enfin, c'est pas possible que des élèves d'un internat disparaissent. Raph' doit juste véhiculer les vieilles rumeurs qui circulent sur Rédemption, sans aucuns fondements, pour essayer de l'effrayer, elle, la petite nouvelle. C'est pourquoi qu'elle lui demanda, impassible, d'un ton le plus neutre possible :

Qu'est ce que tu entends par des... disparitions ?

La jeune fille se redressa légèrement et observa Raphaël dans l'espoir de se rendre compte s'il était sincère dans sa réponse ou non.

Le silence. C'est un beau bruit le silence. Silence de Roxane qui semblait péter de bonheur d'avoir réussi à le faire sourire. Étrange... Pourquoi un sourire la rendait tant heureuse? C'est étrange l'humaine. Il la regarda avec curiosité. Attendant qu'elle rompe le silence qui avait doucement fait son nid douillet entre eux.

C'est étrange l'humaine. La réponse de Raphaël la laissa perplexe. Elle le regardait, essayant de comprendre quoi. De chercher à percer l'euphémisme? De se faire une idée de la sincérité du jeune homme? Putain, mais il était parfaitement sérieux! Pourquoi lui mentirait-il?

* -Espèce d'idiot, c'est ce que tu viens de faire!
- C'est pas vrai, c'était pas la même chose!
-Et comment elle est censé le savoir? !
- Ta gueule connard!
- Tu te traite tout seul débile.! *

La tempête dans l'esprit du jeune homme se calma un peu. Et s'il devenait schyzophrène? Tempête dans la tête du jeune homme. Ses yeux se rembrunirent un peu. Il secoua sa tête, comme pour chasser une mauvaise pensée de son esprit. Mais que veut tu chasser de ta tête gamin? Toi même peut-être? Ta propre torture, celle que tu t'inflige sans relâche, à la fois victime et bourreau?

* Ressaisi toi putain!*

La réponse inquiète de Roxane le surprit. Sa réponse ou juste sa présence? Il respira difficilement, par petites inspirations rapides. Il tourna la tête vers la brunette, réfléchissant. Comment expliquer les disparitions...

- Et bien.... Des gens disparaissent. Du jour au lendemain. Sans que l'on comprenne vraiment pourquoi.

Il la fixait intensément. Elle semblait inquiète. Terrifiée même. Cela le mit mal à l'aise. Il ne voulait pas lui faire peur, juste la prévenir. Il se mordit violemment la lèvre. Jusqu'au sang. Après une seconde de silence, il vint se planter devant elle, la dépassant de quelques centimètres même si elle était assise et lui demanda d'une voix timide:

- Tu... tu m'en veux? Je suis désolée, je ne voulais pas te faire peur.

En face de lui, Raphaël était de nouveau plongé dans ses pensées. Il semblait être en pleine réflexion avec … lui-même. Comme s’il parvenait, sous son crâne, à dialoguer tout seul. Comme si son être été scindée en deux, en deux personnes distinctes qui étaient forcées de cohabiter. Roxane se dit que jamais elle ne tolèrerait d’être deux là-haut, dans sa petite tête. Non, décidément il n’y aurait jamais de place pour deux. La vie était déjà assez compliquée, toute seule déjà elle avait souvent du mal à prendre une décision, alors se mettre d’accord à deux ? Impossible…
Raph’ secoua la tête comme pour se dégager de mauvaises pensées. C’est à ce moment qu’elle se rendit compte de sa bêtise. Qu’est-ce qu’elle été allé encore chercher ? Son imagination s’emballait, comme d’habitude.

*Pauvre fille, tu divagues… N’importe quoi… Comme si Raph’ était schyzo. T’es pathétique, vraiment. *

Au lieu de laisser libre cours à ses divagations qu’elle considérait maintenant comme saugrenues et dépourvues de sens, elle préféra se concentrer sur la réponse du jeune homme. Il semblait ennuyé, comme s’il cherchait un moyen de lui expliquer clairement les faits.
Contrairement à ce à quoi elle s’attendait, le jeune homme continua dans le même sens, au lieu d’éclater de rire et de lui dire qu’il l’avait bien eu, comme elle espérait. Et il semblait tellement sérieux… Elle ne voulait pas le croire, pourtant quelque chose au fond d’elle lui soufflait que le jeune homme lui disait vérité.

Etrangement, sa première réaction fut de se mettre en colère. Comment ? Ce lycée bizarre accueillait uniquement des personnes possédants des dons, et certaines de ces personnes disparaissaient, comme ça, sans laisser de traces, du jour au lendemain, et on ne lui avait rien dit ? Pour qui se prenaient-ils pour la faire venir au centre, sans la mettre au courant de rien ?

Roxane réalisa ensuite l’absurdité, une fois de plus, de ses pensées. Qui pouvait-elle rendre responsable ? Elle allait se rendre au bureau de l’administration, les poings sur les hanches, en demandant pourquoi personne ne l’avait avertie de ces « petits détails » ? Qui la prendrait au sérieux, au sujet de ces disparitions ? Avant d’avoir tenté quoi que ce soit elle savait déjà qu’il été trop tard.

C’est à ce moment là qu’elle commença à avoir peur. Elle comprenait à présent. Elle comprenait qu’ici, les disparitions faisaient presque parties de la vie quotidienne, que tout le monde devait vivre avec, qu’il n’en était pas possible autrement. Personne ne pourrait rien y faire, Raphaël la prévenait, la mettait en garde, c’est tout.. Elle comprenait qu’elle devrait elle aussi vivre dans l’angoisse de voir elle-même ou un de ses proches se volatiliser.

* Fiou, comme ça, évaporée, envolée, anéantie. Disparue. *

Les yeux bleus de la jeune fille s’écarquillèrent un peu sous l’effet de la peur qui lui prenait maintenant les tripes. Peur. Qu’est ce que c’est que la peur ? Un sentiment diffus, âcre, qui vous ronge de l’intérieur. Raph lui disait qu’il était désolé. Désolé de quoi ? Il n’avait rien fait d’autre que de la mettre au courant. De l’avertir.

Tu… Tu n’as pas à être désolé, tu sais. Ca ira, ça ira, t’inquiètes pas.

Après quelques secondes de silence, elle reprit :
Mais dis moi, ces… disparitions, ça dure depuis longtemps ?

Chasser le naturel et il reviendra au galop, tout nu, son slip sur sa tête, avec la méchante envie de vous faire passer le plus sale de tout les quart d’heures de votre vie. Raphaël, qui avait pour le moment réussi à foutre son côté associable au placard se retrouvait à l’instant particulièrement embêté et gêné par la situation dont il était responsable. Les expressions du visage de Roxane étaient contradictoire et particulièrement changeantes. La tempête des émotions hurlaient très certainement dans sa tête. Et le jeune homme se trouvait là, incapable de dire où de faire quoi que ce soit, parce que rien de ce qu'il pourrait parvenir à dire ne pourra jamais calmer une tempête de sentiments. Le malaise gagna le garçon peu à peu. Sa proximité physique avec la jeune fille le dérangeait. Il se recula d’un ou deux pas, là laissant réfléchir à ce qu’il venait de lui dire. Les excuses sortirent d’elles même quand il vit les yeux bleus de Roxane s’écarquiller. Elle releva la tête vers lui et lui dit de ne pas s’excuser, que tout cela n’était pas de sa faute. Il murmura un très (trop ?) faible merci, qu’elle n’entendit certainement pas.

-Ces… disparitions, ça dure depuis longtemps ?

La question troubla Raphaël. Lui, il n’en savait rien après tout. Il était là depuis trop peu de temps pour le savoir. Il n’avait vécu qu’un seul de ces matins effrayants, où les murmures tristes et peureux provenant des chambres voisines réveillent les autres et que l’on découvre avec effroi que certains des lits se sont vidés dans la nuit, sans explications valables. Mais personne n’en parle à Rédemption. Tout le monde vit comme ci tout cela n’était pas important. On continue de vivre comme ça, en espérant sincèrement que l’on ne sera pas le prochain à s’évaporer.

-Aucune idée…

Une réponse tellement facile. Je n’en sais rien. Parce que personne n’en parle, des disparitions étranges de Rédemption. Tout le monde s’en fiche de ça pas vrai ? Alors pourquoi lui, il serait différent ?

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