Cette nuit là, je ne parvenais pas à dormir. La température n'était pas très élevé mais j'avais cette impression d'être étouffée par une atmosphère trop lourde, sans oxygène. Je n'arrivais pas à trouver une position confortable pour m'endormir et pouvoir me réveiller le lendemain en me disant que cette nuit d'enfer était passée. Je bougeais dans mon lit, enlevais et remettais les couvertures sans résultat. Tout était voué à l'echec... Je n'étais pas prête de m'endormir et il valait mieux que je fasse quelque chose d'utile... Mais quoi? D'un mouvement je me redressa et passa ma main dans mes cheveux détachés comme pour faire s'échapper toutes les mauvaises pensées qui me torturaient l'esprit. Je resta là à regarder devant moi sans vraiment savoir comment faire passer cette nuit plus vite. J'avais envie, besoin de sortir d'ici. De cette chambre à l'air trop lourd et aux murs trop clairs, mais il était interdit de sortir dans les couloirs après le couvre-feu... Je me mis alors à réfléchir. Après tout, je n'étais pas obligée de me faire prendre... Un petit sourire s'immisça sur mes lèvres et d'un bon je sortit de mon lit et me dirigea vers la porte.

Vêtus de ma tenue de nuit, qui consistait à un short noir et un débardeur de la même couleur, je traversa le sombre couloir qui reliait les chambres entre elles. Je marchais pieds nus sur le carrelage froid du couloir, agrippant mon collier et tentant de ne pas faire de mouvements brusques pour ne pas faire de bruits avec les bracelets métalliques qui m'entouraient les poignets. Je ne savais même pas où je me dirigeais. Cela faisait que deux jours que j'étais élève ici et malgré ma visite guidée, je n'avais pas vraiment mémorisée tous les chemins et couloirs. Je descendit alors à l'étage d'en dessous et c'est là que j'aperçus cet homme au fond du couloir... Où devrais je dire cette âme perdue qui regardait la nuit statiquement par une fenêtre. Je voulus passer inaperçue et passer mon chemin mais il tourna la tête et remarqua ma présence. Un regard sévère s'afficha alors sur son visage. Le genre d'expression à vous glacer le sang. Je ne savais pas vraiment quoi faire et après hésitation je fut tenter de faire demi tour mais sa voix résonna alors dans le sombre couloir:

« C'est interdit de se promener dans l'institut après le couvre-feu. »

J'étais tétanisée... *Mais c'était qui celui-là?!* Je l'observa un instant et il commença à s'approcher de moi les bras croisés dans le dos, la tête haute. Il marchais de plus en plus vite et prise de panique je m'élança dans l'escalier pour retourner à mon étage. Je savais qu'il ne pouvais pas m'atteindre, mais le simple fait d'être poursuivie alors qu'on est en fraude ne faisais qu'augmenter la panique en moins et je n'avais comme seule solution de fuir. A toute allure je me précipita à l'étage que j'avais arpentée précédemment. Il me suivait toujours et prise de panique j'ouvris la première porte à ma droite tentant de fuir un être infuyable... si ça se dit. Je referma la porte le plus doucement que je put et je ferma les yeux.

Pendant une minute j'attendis que quelque chose se passe mais il n'en fut rien... Quand j'eus le courage de ré-ouvrir les yeux, j'aperçus un étudiant endormis devant son ordinateur au fond de la salle. En même temps ça se comprenait... La rapidité de ses engins avait de quoi faire somnoler... Je tourna sur moi-même et constata que l'âme perdue avait disparue... Je laissa un petit soupir s'échapper et m'avança vers l'étudiant endormis... J'allais tout de même pas lui laisser passer la nuit ici... Et si quelqu'un le retrouvait le lendemain endormis là, alors qu'il était interdit de circuler dans les salles après le couvre-feu? Il aurait de sérieux problèmes... Je me décida alors à le réveiller quand l'écran de l'ordinateur m'attira l'oeil. C'était un article sur un incendie qui avait eu lieu à Fulford Walk. Je savais que ça ne se faisait pas de regarder, mais ma curiosité était trop intense pour que je résiste à cette envie. Je me pencha alors au dessus de lui et je me mis à lire l'article...

J'étais plongée dans la lecture de l'article quand la page internet se ferma et laissa place au bureau d'accueil de l'ordinateur. Comme prise en flagrant délit, j'eus un sursaut et je dut retenir un cri en mettant ma main sur ma bouche pour ne pas alerter les surveillants. Mais je ne fut apparemment pas la seule à avoir peur. Le jeune homme qui c'était endormis devant l'ordinateur venait de se réveiller et il tomba de sa chaise dans un fracas qui résonna dans la salle. Mon coeur s'accelera... Je ne savais pas de quoi j'avais le plus peur... Du fantôme qui s'amusait à me suivre et qui se prenait pour un surveillant de l'établissement, ou des vrais surveillants qui, l'espérons, n'avaient pas entendus le raisonnement du choc. Mon regard passait de la porte d'entrée à l'inconnu qui semblait totalement à l'ouest et dont sa voix trahissait sa fatigue.

« B'jours...B'soirs !»

Je le considéra un instant, ne sachant plus où me mettre... Apparemment il n'avait pas l'air touché par mon initiative précedente... C'était limite si il était conscient que j'avais empiété sur son espace privé. Quoi qu'il en soit, je lui répondit en chuchotant pour faire le moins de bruit possible:

« Salut...»

Je le regarda alors faire sans bouger. J'étais comme paralysée par la peur d'être prise en flagrant délit et le regarder m'occupait l'esprit. Surtout le fait qu'il me demande si j'étais une surveillante. Je lui sourit alors et lui répondit avec toujours ce murmure:

« Je suis élève en première...»

Je m'apprêtais à lui demander en quelle classe il était quand la sensation d'être observée me dérangea l'esprit... Je fit volte face sur moi même pour faire face à la porte et je remarqua alors la présence d'une ombre noire en provenance du couloir. Par réflexe je me tourna vers l'ordinateur et éteignit l'écran sans même me préoccuper de l'étudiant que je venais de rencontrer et je me fit alors toute petite. Je voulue jeter un oeil à l'ombre qui m'avait alertée, et je me rendis alors compte que ce n'étais qu'une âme perdue quelconque. C'était une jeune fille au regard vide, qui devait avoir dans les 16, 17 ans. Ses longs cheveux blonds tombaient sur sa poitrine de façon élégante et je pouvais distinguer dans sa chevelure une barrette en forme de feuille. Son corps semblait émettre une lumière invisible pour les autres mais réelle pour moi, ce qui était assez étrange d'ailleurs. Mais ce que je trouvais le plus étrange, c'était la quantité importante d'âmes perdues qui erraient dans l'institut... C'est vrai qu'il y'en avait beaucoup sur terre, mais depuis que j'étais arrivée ici, je n'arrêtais d'en croiser. C'était comme ci le bâtiment avait été construit sur un ancien cimetière... Il y'avait de quoi avoir froid dans le dos...
Quoi qu'il en soit, je me sentis rassurée en constatant que ce n'était ni le fantôme qui m'avait poursuivit au départ, ni un des surveillants. Je me retourna alors face à l'inconnu et je ralluma l'ordinateur avant de me racler la gorge discrètement et de croiser son regard... *La honte!* Il fallait toujours que je passe pour une folle... Je passa ma main dans mes cheveux et je lui dit alors pour essayer de rattraper le coup de la folle dingue parano:

« Désolé... J'ai cru que c'était un surveillant.»

Je lui sourit alors comme une niaise tout en restant sur mes gardes. J'enchaina alors sans lui laisser le temps de parler:

« Moi c'est Taylor, et toi?»

A peine debout, Dorian se remit assis devant son ordinateur et lança une nouvelle recherche, qui apparemment, méritait bien qu'on y passe toute deux heures pour voir ne serais ce qu'une page internet.

« Toi aussi tu as du mal à trouver le sommeil ? »

« Ouai... On peux dire ça comme ça. »

Sur ces mots, il m'invita à m'asseoir d'un geste de la main. Invitation que j'acceptai volontiers après un rapide coup d'oeil au couloir. Une fois assise, je me regarda de haut en bas, me félicitant intérieurement d'avoir une telle allure devant un inconnu. D'accord, je n'étais pas là pour faire un défilé de mode. D'ailleurs je n'avais jamais vraiment été superficielle au point de me maquiller pour aller me coucher, mais il y'avait quand même des limites... Pieds nus, en pyjama, les cheveux en bataille et une tête de bébé à cause de l'absence de maquillage... Il y'avait mieux pour une première rencontre...

« Tu es ici depuis longtemps ?»

La question était assez marante puisque je n'étais la que depuis peu. Enfin, il ne pouvait sans doute pas se rappeler de toutes les personnes qui côtoyaient Rédemption. Sans compter, que cet institut rassemblait primaires, collégiens, lycéens, et même élèves en alternance. J'appuyai mon coude sur la table avant de retenir ma tête dans ma main, tout en regardant l'écran, et de répondre à sa question:

« Je suis ici depuis seulement deux jours... Ca fait peu... »

Les débuts dans un établissement étaient toujours les plus difficiles. Je me souviens des nombreux collèges où j'avais étudiée, et où il fallait à chaque fois que je me fasse de nouveaux amis. C'est étrange, je ne sais pas si ca venait de la mort de ma mère où de la mentalités des génération, mais ca paraissait tellement plus simple de se faire des amis en primaire. Le collège fut une des pires choses qu'il me sois arrivée. Je m'entendais pas très bien avec les autres enfants, et quand je parvenait enfin à m'intégrer à un groupe, on m'annonçait alors que j'allais changer de famille d'accueil... Heureusement les élèves de Rédemption avaient jusqu'à présent étés de merveilleux accueillants. Je n'avais rencontrée que deux personnes en comptant Dorian, mais aucunes des deux ne semblaient être hypocrite avec moi. Et puis, Dorian me parlait, il ne me fuyait pas. Mon attention fut une nouvelle fois attirée par ses recherches internet... Je me décida alors à poser la question qui me brûlait les lèvres depuis le début:


« Mais au fait... Pourquoi es-tu ici à une heure aussi tardive? »

C'est vrai que même pour une recherche ca faisait tard. L'article que j'avais partiellement lu traitait d'une sorte d'incendie qui avait eu lieu dans un lieu dont je ne me souvient même plus du nom. Sans attendre je lui posa une question au hasard, qui me sembla pour autant assez logique.

« Fulford Walk, c'est où tu habitais? »

A vrai dire je n'en savais rien, mais le fait qu'il vienne faire des recherches à cette heure là m'avais fait penser que peux être, faisait-il des recherches personnels et qu'il n'avait aucune envie qu'on le sache. Donc sans doute des recherches sur son passé oublié... Mais depuis combien de temps n'avait il pas été avec sa famille? Je ne sais pas si c'était la fatigue, mais je n'arrêtait pas de poser des questions sans même me dire que peux être ça le générait de parler de ça.

« Tu vois souvent ta famille ? »

Me rendant compte de mes initiatives déplacées, je n'attendit pas sa réponse pour m'excuser et tenter de rattraper le coup de l'interrogatoire:

« Je suis vraiment désolé... J'arrête pas de te poser des questions qui peux être t'embarassent... Tu n'es pas obligé de me répondre. »

Je passa lourdement ma main dans mes cheveux avant de regarder Dorian dans les yeux.

Apparemment il avait l'air omnibulé par son article. C'est à la limite si il me voyait. Je fermai alors les yeux, la tête toujours appuyée contre ma main, et j'écoutai ce qui se passait autour. Un grand silence plombait l'ambiance et commençait à me faire somnoler. Seul la respiration de Dorian parvenait à briser ce silence pesant, mais il en restait pas moins silencieux. Au bout d'un petit l'abse de temps, il finit par sortir de sa lecture et par s'exclamer:

« Oh, euh...juste parce que je n'arrive pas à dormir ! Alors je viens prendre quelques nouvelles !»

J'ouvris alors les yeux et le considéra un instant. Vraiment, cet article avait l'air d'avoir une grande importance pour lui et je me demandais pourquoi... Enfin, je me faisais peux être des idées, son hypnotisme devant l'écran devait être dût à la fatigue ou tout simplement au fait que je l'ennuyais... A la pensée de cette hypothèse, je ne put m'empêcher de me mordre la lèvre inferieur...

« T'inquiète pas, ça me dérange pas de répondre ! La dernière fois remonte à deux mois ! Pour les vacances ! Sinon, c'est rare ! D'ailleurs, nous sommes à peu prés dans la même situation...une fois à Rédemption ! On fait une croix sur l'extérieur ! Heureusement, c'est juste temporaire...pour ma part !»

Et dire que moi c'était le fait de ne pas être en contact avec mon ancienne vie qui m'avait attirée ici... L'envie de repartir de zéro avec des gens plus compréhensifs, qui ressentent la même chose que moi, pour certains. Sur ces mots, il retourna à son article. Je refermai les yeux et me mit à penser. Les images de Mary, de David, de Ty me vinrent en tête. Je savais que je reverrais Mary et David un jour, d'ailleurs ils ne me manquaient pas tant que ça, même si c'étaient des parents adoptifs extra-ordinaux. Quand à Ty, je ne le reverrais sans doute jamais, alors je ne pouvais que me réjouir de nos jours passés ensemble. Au bout de quelques minutes, Dorian finit par me faire face et par en venir au sujet du *moi*. Je me redressai alors en passant ma main dans mes cheveux. Que dire de moi? Déjà mon nom ce serait bien... Je décidai alors de lui faire un petit résumé pas trop compliqué. Non pas que ça m'ennuyait de répondre à cette question, mais je n'avais pas envie de le déranger avec mes histoires pendant sa lecture. Et puis, de toute manière, il n'y avait pas grand chose à dire:

« Je m'appelle Taylor. En fait j'ai habitée un peu partout, mais ma dernière adresse est à quatre heures de route d'ici. »

Je marquai alors une pause et baissai les yeux pensive avant de continuer en reportant mon regard sur lui:

« Et pour ce qui est de la raison de ma venue ici, je vois les âmes perdues, ou les fantômes si tu préfère... »

Comme tous ceux qui erraient dans l'établissement... Pourquoi y'en avait il autant? Je ne pouvais m'empêcher de me poser cette question... Mais bon, ce n'était pas vraiment le moment de s'appesantir là dessus. Je lui demandai alors avec un petit sourire:

« Et toi, quel est ta particularité? »

Apparemment ma particularité avait l'air de l'intéresser. C'est vrai que je m'y étais habituée, et je ne voyais pas vraiment ce don comme quelque chose de démentiel. Voir les morts... on a vu plus gaie... Je cherchais dans ma tête les points positifs de cette particularité... Peux être la certitude que la mort n'est pas la fin de tout, qu'elle n'est au contraire que le début. Même si je ne sais pas où vous les âmes en paix, je peux quand même m'imaginer une sorte de paradis, ou d'enfer. C'est vrai que beaucoup passent leur vie à tenter de gagner leur place de mort dans une sorte de monde idéal, un paradis, sans vraiment être sure de son existence. Je n'en suis pas sure mais le paradis doit bien avoir une signification... Sinon où iraient toutes ses âmes en paix? Bien sure cette possibilité ne m'inciteras jamais à passer mon existence terrestre à gagner une place dans ce paradis, mais ça ne m'empêche pas de me poser des questions sur sa réalité ou non.
Je tournais mon regard vers lui et je remarquais qu'il n'avais plus les yeux sur son article. Je ne put m'empêcher de sourire. Pas que j'étais du genre à vouloir attirer toute l'attention, mais ça faisait toujours plaisir de voir que quelqu'un vous écoutes. Cela m'incita à répondre à sa question sans vraiment prendre conscience des conséquences de ma réponse:

« Oui. Étrangement j'en vois enormément... L'institut à dut être construit sur un ancien cimetière... »

J'allais continuer à lui faire part de mes hypothèses quand je me rendit compte de ma stupidité. Mais mince! Pourquoi je lui avais dit ça? A ce moment là, j'avais juste une envie, celle de me gifler. J'avais peur qu'il réagisse mal... Même moi qui possède le don de voir les morts, si on me disais que je cohabitais avec des personnes invisibles, je crois que je prendrais peur et je fuirais au loin. Je m'en mordit la lèvre tellement j'appréhendais sa réaction. Mon coeur s'accéléra sous l'effet de la peur, de l'attente. Et si il me prenait pour un monstre?... Je n'avais aucune envie que tout recommence, que je devienne encore *la sorcière* ou n'importe qu'elle autre nom que j'avais entendue me désignant. Je fuyais son regard tout en restant face à lui, jusqu'au moment, où, à force de concentrer mon stress sur ma lèvre, je me l'ouvris.
Du sang coula doucement dans ma bouche, et très vite je sentis ce goût de rouille envahir ma bouche. Le sang ne coulait pas énormément, mais le goût était si fort que je le sentais dans toute ma bouche. Je passais mes doigts sur la plaie et j'observais alors la substance pourpre qui avait tachée ma peau blanche. Sans porter mon attention sur Dorian, je tournais autour de moi même en quête d'un paquet de mouchoir et je finit par en apercevoir un, sur l'étagère des profs. Sans attendre je me dirigeais vers celle ci afin d'en attraper un et de l'appuyer sur ma plaie. Je restais là, dos à Dorian, observant un point fixe sur le mur pendant que je compressais le mouchoir sur ma bouche. Peux être allait-il en profiter pour fuir... Ca ne m'aurais pas étonnée... Je fermais les yeux et m'appuyais alors contre le placard en métal. Sa fraîcheur contrastait avec la chaleur ambiante et il faut avouer que c'était agréable de s'en servir comme une sorte de glaçon géant.

Dorian semblait préoccuper... Il arpentait la salle, pris une nouvelle fois dans ses pensées. *La manipulation de la gravité?...* Cela signifiait qu'il pouvait faire léviter les objets? Tous où seulement les petits? Ce devait être amusant à voir... C'est étrange tous la quantités infini de pouvoirs que les élèves de l'établissement, et accessoirement le personnel, accumulaient. Certains dangereux, certains inoffensifs, d'autres distrayants, pratiques... C'était vraiment enrichissant de rencontrer toutes ses personnes et de pouvoir cohabiter avec eux. Mon regard plongea alors dans le vide, bercé par les mouvements de Dorian. Je me perdais petit à petit dans une sorte de transe qui fut interrompue par la vois de l'adolescent. Je le regardais s'ébouriffer les cheveux avant de répondre.

« Rien... »

Je lui sourit alors timidement et c'est à ce moment là que la porte de la salle s'ouvrit et qu'une jeune femme fit irruption. Son regard me glaçait le sang. Pas son expression... mais simplement le fait qu'elle avait ce visage adulte... Ce visage typique des surveillants ayant le pouvoirs. Je n'osais rien dire, et je l'observais sans dire un mot. Elle fit une réflexion quant au fait que Dorian ne soit pas à son étage avant de nous demander nos noms. Je ne mouchais mot et j'observais la scène impuissante. J'allais quand même pas rester là à ne rien faire, à ne rien dire... Je soupirais alors avant de passer à coté de Dorian et de m'approcher d'elle. Une fois arrivée à sa hauteur, je plongea mon regard dans le sien avant de répondre:

« Taylor Weather-Day. Pardonnez moi je... »

J'eus un moment d'hésitation... Je cherchais une excuse valable pour nous sortir de cette situation mais je ne trouvais rien... Le stress commençait à monter en moi. Non seulement 1: j'avais des chances d'être punie, mais en plus j'allais entraînée quelqu'un d'autre avec moi... Et je n'avais aucune envie d'être responsable de la sanction d'une autre personne... Une idée me vint alors en tête. Je ne savait pas si ca allait marcher mais au pire si elle se rendait compte de mon mensonge, je serais quand même punie à la place de Dorian pour avoir mentit... Enfin... C'est ce que je pensais... Et puis ce n'était pas comme ci je n'avais jamais eu d'heures de colles. Je n'aventurais donc l'inconnu en déclarant:

« Je faisais quelques recherches sur l'ordinateur quand je suis tombée de ma chaise... et que je me suis blessée à la lèvre. Et du coup Dorian, qui allait aux toilettes, à été intrigué par le bruit... Alors il est descendu... »

Bon okey on avait déjà vu mieux comme mensonge... Mais c'était plausible...non? Enfin du moins il fallait que ca le parraisse... En espérant que Dorian ne m'en veuille pas de parler à sa place... Enfin... si grâce à mon histoire il était sauver de la punition, je pense qu'il ne trouverait rien à redire... Je ne le regardait pas et attendais la réaction de la surveillante en serrant les dents...

Dorian finit par prendre la parole et je me retint d'intervenir en espérant qu'il n'allait pas donner une version différence. J'étais consciente qu'il ne faisait que s'enfoncer davantage en essayant de prendre ma défense, mais si j'intervenais ce serait pire. Je préférais donc garder le silence et attendre que la surveillante évoque la sentence. J'étais là, debout en face de Sidney, sans un regard pour Dorian, patientant le regard posé sur son carnet. Je m'étais préparée aux heures de colles quand elle m'annonça alors que j'allais intégrer le club jardinage...* Non mais elle rigole?!* Le club jardinage... Je n'avais vraiment pas la tête à planter des graines et arroser des mètres cubes de terre! J'aurais largement préféré les heures de colle à ce compte là... Au moins, elles seraient passés vite, quatre ou cinq heures assise à une chaise et le tour et joué...tandis que là j'allais devoir supporter la boue et le pollen tout au long de l'année... Face à cette déclaration je restais d'abord bouchée bée, ne sachant quoi dire, comment réagir. Je sais pas ce qui m'énervait le plus... Le fait qu'elle m'assigne à un club aussi inintéressant (du moins qui ne me correspondait pas du tout et que j'allais devoir côtoyer toute l'année), ou le fait qu'elle trouve encore le moyen de rire et de paraître détendue. Son visage à la fois dur et compatissant m'agacait...
Enfin... le point positif c'était que j'étais la seule à être sanctionnée et que Dorian s'en sortait sain et sauve... Je me tournais vers lui avec un petit sourire complice que je me forçais à afficher. J'aurais bien voulue répondre à cette salle blondasse qui m'avait punie de la sorte... Mais je préférais ne pas m'enfoncer davantage... Je n'étais pas de nature méchante, mais je trouvais ça inadmissible qu'elle face preuve d'une telle cruauté, et qu'elle trouve encore le moyen de se foutre de moi en souriant. Je m'en mordis les lèvres d'agacement. A ce moment là, elle nous demanda de rejoindre nos chambres. J'hésitais entre rentrer dans ma chambre sans un mot et sans un regard pour les deux individus ou tout de même m'adresser une dernière fois à Dorian. J'optais pour la deuxième solution et je lui sourit une nouvelle fois avant de m'exclamer faiblement à l'attention de Dorian:

« A bientôt j'espère... »

Je me détournais alors de son regard, encrant une dernière fois son visage dans ma mémoire et je m'aventurais hors de la pièce, un visage sans expression. Au passage je déclarais à la surveillante avec une ironie quelque peu perceptible:

« Bonne nuit! »

Mes pas me guidèrent jusque dans ma chambre. Je restais tout de même sur mes gardes... Avec tous les fantômes de Rédemption. Celui qui me faisait le plus peur était quand même l'homme qui m'avait poursuivis en début de soirée. Mais heureusement je ne vis rien. Je marchais toujours pieds nus, les bras croisés me protégeant de la fraîcheur des couloirs. Une fois arrivée dans ma chambre, je fis de mon mieux pour limiter le bruit et je me glissais alors sous mes draps. J'étais épuisée... mais malgré tout, il me fallut encore quelques longues minutes avant que je puisse trouver le sommeil. Je repensais à Dorian, à l'année que j'allais passée à planter des fichues fleurs... Je ne pus me contenir et un soupir s'échappa de ma bouche avant que je daigne fermer les yeux pour enfin trouver une certaine paix.