Ma dernière sortie avant de faire ma grande rentrée à Rédemption. Je dois avouer que mon coeur se serrait à l'idée d'entrer dans cet institut. Même si j'étais heureuse de pouvoir repartir de zéro, et donner un certain sens à ma vie, sans être victime de mon *don*, quelque chose ne m'inspirait pas confiance et me laissait une point d'appréhension dans mon choix... Ce jour là j'avais décidée d'aller me balader aux alentours de Rédemption. Je savais que j'aurais eu tout le temps de visiter les lieux pendant mon année, mais j'avais besoin de voir à quoi allait ressembler mon futur, moi qui avais toujours foncée tête baissée dans l'obscurité, ça ne me ferait pas de mal d'allumer la lumière pour une fois.
Je ne savais pas si c'était l'excitation du moment où la curiosité ardente qui grandissait en moi à l'idée de m'aventurer près de l'étrange institut, mais je m'étais réveillée à 9h00 pile, comme ci j'avais ingérée un réveil. Quoi qu'il en soit, je n'ai pas perdue de temps et à peine réveillée j'ai enfilée un jean troué aux genoux et un large t-shirt blanc avant d'agripper ma veste noire et de me diriger vers la sortie. Un signe de tête à Mary et je disparus dans la rue encore embrumée de la ville.

Rédemption était assez loin d'où j'habitais, et je dût prendre un bus pour arriver le plus près possible de l'institut. En face de moi se présenta alors une boulangerie. Ce n'était pas mon arrêt, mais je ne pus résister à l'envie d'un pain au chocolat et sans attendre je descendis pour m'acheter une collation. J'en profitais pour prendre un sandwich et une bouteille d'eau pour le déjeuner. Malheureusement, je ne savais plus vraiment où était la direction de Rédemption, je me décidais alors à faire du stop. Les gens ne m'inspiraient pas vraiment confiance, mais pour me rassurer, je gardais mon portable à portée de main, avec le numéro de la police déjà composé. D'accord vu comme ça c'était stupide, mais vu l'endroit où je m'aventurais, il fallait mieux que je sois prudent non? Même si ça ressemble à une crise de parano il faut l'avouer...
Heureusement pour moi, au bout de 5minutes seulement, une voiture finit par s'arrêter avec une jeune femme bien sympathique à l'intérieur. Elle ne pouvait pas m'emmener jusqu'à Rédemption, mais elle me déposa devant une drôle de ville en m'indiquant le chemin à suivre. Je l'écoutais avec attention, mais au moment où je décidais de m'aventurer sur ma route, une étrange chose attira mon regard. Etait-ce... Une grande roue?! Je n'avais jamais été dans une grande roue, et je ne put résister à l'envie d'aller voir de plus près ce manège qui de loin semblait abandonné.

Une fois près de la grande roue, je n'en croyais pas mes yeux... Ce n'était pas seulement un manège abandonné, c'était tout plein d'autre attractions qui avaient étés désertes depuis pas mal de temps. Émerveillée par ce qui m'entourais, je marchais la tête dans les nuages, observant le spectacle avec admiration. C'était tellement beau. J'aimais vraiment beaucoup les terrains populaires abandonnés. Ils recelaient de trésors à découvrir et de joie egarée... Malheureusement, les lieux de ce genre ne comprenaient pas seulement des morceaux de fer colorés assemblés par des rouages cassés... J'approchais d'un cheval en bois quand je sentis une présence près de moi. Je me retourna alors et c'est là que j'aperçus des jambes sur l'accoudoir d'un ancien siège de grand huit. Un livre semblait l'éviter en dessus du siège. Elle n'était donc pas la seule à venir s'aventurer ici? Elle trouvait ça amusant qu'une personne vienne se ressourcer ici. Mais le plus amusant, c'était surtout le fantôme du petit garçon à coté d'elle qui s'amusait à la regarder comme ci elle venait d'une autre planète. Son regard enfantin était si mignon... D'après ses vêtements anciens, il devait être mort depuis un long moment...
Je m'approchais alors, curieuse de connaître le visage de l'étrangère. Uns fois vers elle, je me pencha sur le coté et prononça ses quelques mots, répétitifs mais bien pratiques, pour engager la conversation:

«Coucou!»

La jeune fille allongée sur sa banquette me rendit un petit « Salut ! » avec un sourire radieux. Elle semblait vraiment sympathique et elle n'avait pas l'air du genre réservée ou timide. Elle se présenta alors à moi avant de me demander à mon tour mon nom, mais je n'eut pas le temps de répondre que déjà elle enchaîna:

« Taylor... Tu es as Rédemption. C'est quoi ta spécialité ? »

Je restais bouche bée face à elle. Comment connaissait elle mon nom? C'était incenssée... Et puis... Comment savait-elle que je faisais partie des élèves de Rédemption? Du moins j'allais en faire partit...Ca revenait au même. Mais quoi qu'il en soit ce n'était pas le problème. J'étais complètement désarçonnée face à elle... Je ne savais pas quoi penser de sa réaction. C'était tellement... étrange... Discrètement je baissais les yeux pour voir si je n'avais pas une étiquette avec mon nom écrit dessus... C'était vraiment stupide de ma part, mais sur le coup, je me sentais tellement... nulle. Mais je ne vis aucune étiquette... Bon d'accord, ce n'était pas étonnant...
Je reporta alors mon regard sur elle avec une pointe de frayeur. C'est alors que la particularité de l'institut Rédemption me revint en mémoire. Il y avait là bas des personnes, qui tout comme moi, étaient dotés d'une étrange particularité. Faisait elle partie de ce groupe de personnes? Sans attendre, je pris un sourire gêné avant de de m'adresser à elle, un peu hésitante:

« J'intègre l'institut demain. Mais tu en fais partie? Comment as-tu devinée que je m'appelais Taylor? »

D'accord je n'avais pas vraiment répondue à sa question, mais ma particularité était tellement difficile à expliquer, que je n'avais pas vraiment envie d'aborder le sujet... A moins que je ne lui explique pas tout... Je pouvais aussi me contenter du minimum et de parler que de mes visions... Mais j'avais peur qu'elle me prenne pour une folle. D'accord, je n'étais pas la seule à avoir des particularités étranges, mais voir les âmes égarées... Je me mordit alors la lèvre en me triturant les doigts derrière mon dos avant de répondre:

« Je vois les âmes perdues... »

Après tout, c'était kit ou double... Autant tenter sa chance, peux être que c'était mon jour, que je me ferais ma première amie ici. Surtout qu'elle était vraiment attendrissante avec son allure d'étudiante et ses livres. Elle était tout le contraire de moi, avec ses longs cheveux couleurs feu et sa pureté d'enfant encore visible sous son corps d'adolescente. Mais ce qui m'attirais le plus chez elle, c'était sa joie de vivre et son sourire chaleureux. Elle semblait être une fille simple, qui croque la vie à pleines dents. Alors peux être que je me trompais, mais si elle était vraiment ce qu'elle parraissait être, je ne pouvais qu'en être bénéficiaire.

A ce moment là, un petit vent souffla et je vis le petit garçon de tout à l'heure partir se cacher en courant derrière une étrange voiture usée par le temps et recouverte d'une épaisse couche de saletée. Je ressentais un petit frisson dans le dos, dut à la vision que j'avais de cet enfant de 9 ans, jouant seul avec les éléments. Il semblait fuir le vent comme ci celui ci cherchait à l'atteindre pour l'emmener dans un autre monde, loin de ses jouets préférés. D'après ce que je voyais, il était heureux ici, avec son passé brisé. Il se souvenait peux être de ses jours heureux dans ces manèges, de l'odeur des sucreries qui se mêlait à celle du parfum des femmes, des farces des petites filles mesquines qui étaient intriguée par les garçons. Je soupirais alors avant de sortir de mes pensées pour repporter mon regard sur Mélissandre.

Je n'avais pas vraiment écoutée les réponses de Mélissandre tellement j'étais plongée dans mes pensées. Mais quand je replongea mon regard dans le sien, ce fut comme ci toutes ses paroles me revenaient en mémoire. Mon subconscient semblait me projeter tout ce que j'avais entendue sans vraiment y faire attention. A vrai dire, je fut surprise de sa réponse... *Fantastique* n'était pas le mot que j'aurais employée en désignant ma particularité. Je repensais alors à tous ses animaux que j'avais tentée de réanimer. Ces petits corps de chaire et d'os qui tenaient à peine sur leurs membres meurtris et qui me regardait avec un regard vide et triste qui semblait vouloir dire *Pourquoi?*. Je m'étais souvent demandée si c'était une chance pour eux ou au contraire un malheur de devoir réintégrer un corps encore ensanglanté par les blessures du passé, et restant la plupart du temps, une simple enveloppe charnelle dénuée de toute vie, de tout mouvement. Étaient-ils encore des âmes à l'intérieur de leur corps? Tous cela restait encore pour moi un mystère... Mais ce qui m'intriguait le plus sur le mot, c'était la capacité de Mélissandre. Une idée m'étais venue en tête... Avais t elle le pouvoir de lire dans les pensées? Bien sur c'était la première chose qui m'était venue en tête, mais je n'avais pas osée lui sortir mes réflexions comme ça...
Je finis par prendre place sur la banquette à l'arrière de celle où était placée la jeune fille. Sans me préoccuper de la solidité du canapé de fortune, j'ai grimpée sur la banquette avant de m'asseoir sur le dossier, les pieds sur le siège troué de couleur rouge. Ce n'était pas très confortable, mais j'étais bien perchée sur mon petit trône poussiéreux. Je plongea alors mon regard dans le sien, comme ci j'arriverais moi même à lire dans ses pensées et à résoudre le mystère. Elle avait d'étranges yeux bleu qui semblaient avoir des petites taches brunes à l'intérieur, mais je n'en étais pas sure.
Quoi qu'il en soit, un frisson me parcourut l'échine alors que je me rendit compte qu'elle pouvait peux être savoir tout ce que j'étais en train de penser au plus profond de moi. Je détacha mon regard d'elle et je regarda alors mes baskets noires avant de réfléchir. Il ne fallait surtout pas que je pense à mon passé et à des choses que je regretterais... Mais plus j'essayais de ne pas y penser, plus mon esprit se rapprochait de l'interdit. Je me concentra alors sur Mélissandre. Si c'était vraiment sa particularité, elle pouvait alors répondre à mes questions sans que je les poses...
Pour être sur de ma déduction, je lui sourit avant de lui poser une question dans ma tête:

*Tu peux lire dans les pensées?*

En attendant sa réponse, je me mis à compter dans ma tête, pour ne pas que mon esprit divague. A vrai dire, le fait qu'il soit possible qu'elle soit une sorte de télépathe était à la fois fascinant et en même temps effrayant. Fascinant parc que c'était un pouvoir vraiment intéressant. Avoir la possibilité de connaître les moindres pensées, des plus évidentes au plus secrètes de chaque individus... Et en même temps effrayant par la responsabilité qu'un télépathe devait avoir.

Penser librement?... Je lui répondit alors par un sourire amical. Je n'avais rien contre cette fille, et j'étais loin de ne plus lui parler à cause de son don. Mais même si elle ne repèterait rien, elle le saurait. La liberté de penser était la seule chose que je croyais insaississable. La seule chose qui échappait aux regards des autres et qui nous laissait une once de libertée dans notre vie. Mais face à elle, c'était comme ci je ne pouvais mentir, comme ci je ne pouvais me montrer que telle que j'étais. J'avais l'impression d'être nue, vulnérable devant elle, et même si ça m'effrayais, j'étais vraiment intriguée par tout ce qu'elle pouvait savoir sur les personnes qui l'entourait. Ce devait être difficile de connaitre les pensées les plus noires des autres. Surtout quand c'étaient celles des personnes qui nous étaient proches, que l'on aimait. Une question me brula alors les lèvres. Etait-elle capable de se controler et de ne pas entendre ce que les autres pensaient? Je savais qu'elle avait sans doute deja entendue ma question dans ma tête, mais je préferais lui dire moi même. Ca ne me tentais pas de rester muette tout le long de la discussion. Je m'exclama alors avant qu'elle ne puisse répondre:

«Mais arrives-tu à te contrôler? Ou les pensées des autres te viennent automatiquement en tête?»

J'avais un peu peur de sa réaction. J'esperais vraiment qu'elle ne le prenne pas mal, et qu'elle ne s'imagine pas que je la prenais pour une créature de foire. Sans attendre sa réponse, je me suis glissée sur le rembourage rouge de la banquette et j'ai croisée mes jambes sous mon corps et j'ai passée ma main dans mes cheveux avant de continuer:

«Excuse moi. Je pose beaucoups de questions, ça doit être vraiment ennuyeux, mais j'ai du mal à m'en empecher. Ta particularité est tellement...»

Sur ces mots, j'ai regardée autour de moi en cherchant le mot qui convenait le mieux à ce que je voulais dire. Puis comme une illumination j'ai alors dit:

«...Unique.»

Ce *pouvoir*... Il semblait repousser les barrières de l'intimitée et du secret. Il paraissait peux être innofensif, mais connaitre les intentions des autres avant qu'ils ne passent à l'acte devait être tellement pratique. C'est en cela qu'il était unique. Dans son côté innofensif et en même temps tellement dangeureux pour les autres.

Il faut avouer que la réponse n'était pas très rassurante. Cela signifiait qu'elle pouvait toujours avoir le risque d'entendre les pensées qu'il ne fallait pas. Mais bon, il fallait que j'arrête d'y penser, car ça ne faisait que brouiller mon esprit et m'empêcher de penser librement. Après tout elle devait avoir l'habitude de connaître le pire chez les autres. Sans attendre je tenta de me détendre un peu en souriant une nouvelle fois. Ce petit sourire que j'avais appris à faire, et qui même si il ne reflétait pas souvent ce que je ressentais, me permettait de paraître heureuse, de me sentir heureuse. Mon corps semblait reconnaître ce fameux rictus que l'on faisait quand on était d'humeur joyeuse et une douce sensation m'envahissait à chaque fois que je faisait ce sourire. Une sensation agréable qui effaçait toutes les douleurs et tout les soucis et qui me faisait voir les bons cotés du moment présent et de la vie en général. Une fois satisfaite de ma dose de bonheur je répondis alors:

« J'étais venue pour voir un peu à quoi ressemblait Rédemption. Je n'ai jamais vu l'institut de près. Puis sur la route j'ai remarquée ce parc d'attraction à l'abandon et ça m'a attirée. »

Je me rendis alors compte de mon étrangeté. Dévier de son chemin pour voir un lieu aussi lugubre de près. Même si j'aimais cette atmosphère étrange, il faut avouer que ce n'était pas très fréquentable, même pour une personne qui aime autant l'isolement que moi. Enfin, je ne regrettais pas d'avoir fait demi tour pour m'évader quelques instants ici et pouvoir rencontrer Mélissandre. Elle était vraiment sympathique et sa compagnie ne m'ennuyait pas contrairement à certaines personnes que j'avais rencontrés. J'allais lui retourner sa question quand j'aperçus son livre, ou devrais je plutôt dire... ouvrage? Il était énorme et il semblait assez ancien. Il faut avouer que ça me laissait un peu sans voix. Moi qui avait du mal à me plonger dans une lecture normale... Les seules livres qui pourraient avaient eu le mérite de me tenir passionnée étaient les livres traitants des personnes différentes, touchées par une malédiction. Je me souviens encore mes journées passées à lire de vieux ouvrages dans le but de trouver une explication à ma différence. Je n'arrivais pas à faire la différence entre la réalité et la fiction. Comme savoir quelle était la vérité? Il y avait tellement d'histoires étranges qui se rapportaient à moi et qui pour autant étaient si différentes. En me lançant dans une telle aventure je n'avais réussie qu'à m'embrouiller davantage l'esprit et je n'avais pas tarder à abandonner mes lectures pour laisser ma vie suivre son cours. Mais étrangement, une certaine passion pour le surnaturel et pour les légendes. Malgré tout je préférais faire mes recherches sur mon ordinateur plutôt que de me perdre dans des milliers de phrases incompréhensibles aux connotations anciennes. Mais sur le moment, tel n'était pas la question. D'un geste je me redressa et je lui demanda alors:

« Tu viens souvent ici pour lire ? »

Je me pencha alors vers elle, tous mes colliers et mes cheveux pendants alors devant moi et je continua en essayant de lire le titre de l'ouvrage:

« C'est quoi ton livre ? »

Waouh! J'étais bouche bée devant ses explications. Elle semblait si passionnée par la lecture. Et en plus elle tenait une boutique! J'étais subjuguée par tout l'entrain qu'elle déployait pour me parler de ses livres. J'ai toujours trouvé que les gens passionnées étaient les plus beaux. La façon avec laquelle ils vivaient de leur passion et la faisait partagée aux autres. J'observai rapidement les deux bouquins qu'elle m'avait décrite et je me pencha alors pour attraper celui qui m'avait attiré l'oeil dés le départ avec son aspect authentique. Je le déposa sur mes genoux pliés à la mode des indiens et je l'ouvrit alors avec un grand sourire. C'est marrant, parc que même si je n'avais pas une grande passion pour les livres, je ne pouvais pas m'empêcher d'ouvrir les vieux bouquins et m'émerveiller devant leurs pages jaunâtres et abîmes par le temps, ainsi que par leur odeur indescriptible qui semblait être la reconnaissance de leur époque. En réfléchissant, je crois que ce n'était pas les livres qui me plaisaient, mais l'ancienneté. Les objets anciens qui prenaient la poussière et qui malgré les ravages du temps, continuaient à exister et à s'user d'une charmante façon. Je caressa alors les pages du livre avec mes doigts avant de répondre:

« Celui là m'intéresse beaucoup. Ca me ferait vraiment plaisir de venir dans ta boutique et de t'acheter un livre dans le même genre. Et puis, ca nous donnerais une occasion de nous revoir. Où se situe ta boutique? »

Avant même qu'elle ne put répondre, j'inspirai une bouffée d'air et je déclara sans même me préoccuper de changer de sujet ou non:

« Je sais pas pourquoi mais je suis attirée par les objets laissés à l'abandon depuis des années. Comme ton vieux livre ou tous ces manèges hantés par les souvenirs. Ca doit être ça qui m'a attiré ici. Et au cas où tu ne le saurais pas, je ne regrette pas du tout d'avoir fait ta connaissance. »

J'affichai alors un magnifique sourire à son attention. Je ne savais pas pourquoi je lui tout disais ça. Surtout que c'était loin d'être intéressant mais bon, au fond de moi j'avais l'impression que c'était important. A ce moment là, le petit garçon fantôme apparut sur le siège de devant. Il était tourné vers nous et nous écoutait avec attention. Quand je me rendis compte de sa présence, je ne put m'empêcher de sursauter. J'essayai de reprendre mon calme et de me concentrer sur Mélissandre. A vrai dire, ce petit garçon ne me faisait pas si peur que ça. Il paraissait gentil, mais je préférais ne pas lui montrer que je m'intéressais à lui, de peur de sa réaction. Mais je ne pouvais m'empêcher de sourire en l'imaginant en train de nous écouter. Ca devait lui faire un peu de compagnie de nous voir, et de nous entendre.

Les derniers mots de Mélissandre résonnèrent comme un échos dans ma tête. Je dois avouer que je me sentais un peu déconcertée face à cette question. J'avais tout fait pour qu'elle ne remarque pas à quoi je pensais, mais apparemment elle y était parvenue quand même ce qui me laissait dans l'embarras. Je me mordit les lèvres mal à l'aise et regarda le petit garçon discrètement. Il semblait savoir qu'on parlait de lui. Ses yeux bleu innocents me fixaient avec une grande stupéfaction. Il venait alors de se rendre compte que je pouvais le voir et son regard s'alluma alors d'une flamme de vie. Il ne savait pas vraiment comment réagir. Ce devait être la première fois que quelqu'un était conscient de sa présence et des milliers de questions devaient alors se bousculer dans sa tête. Je ne répondit pas tout de suite à la question de ma nouvelle amie. La réaction du petit garçon m'importait plus que tout le reste. Il arrivait que certaines âmes deviennent agressives lorsqu'elles se rendaient compte qu'elles pouvaient être vus par des être humains. Mais le garçon ne semblait arborer aucune distinction de colère sur son visage. Il se mit debout sur le dossier de son siège et il me regarda avant de descendre et de se positionner debout devant moi. Ainsi on pouvait remarquer sa tenue d'époque. En effet il portait une salopette brune qui lui arrivait aux genoux et qui avait été enfilée par dessus un t-shirt blanc assortis à la couleur de ses chaussettes et contrastant avec ses souliers vernis. J'essayais de me concentrer sur ce que je voyais pour que Mélissandre puisse *vivre* la scène en même temps que moi. Je rassemblais mes idées flous dans une description visuelle de ce que je voyais. Ainsi je put décrire l'expression avec laquelle il me considéra. Il semblait bouleversé et comme pour être sur de mon existence, il tendit la main vers mon visage et tenta de me toucher la joue gauche. Malheureusement pour lui, il restait un simple fantôme et il ne pouvait plus me toucher et se rassurer que tout soit réel. Malgré tout, je sentit comme une petite sensation dans la joue. Une sorte de petit vent frais qui venait souffler sur ma peau et qui semblait la traverser pour pénétrer dans mon corps et m'envahir d'une étrange sensation. J'eus un petit rictus et des frissons me parcoururent le corps tandis que je m'exclamais à son égard:

« Ca ne marche pas comme ça... Tu ne peux pas me toucher... »

En effet, même si j'avais ressentis une petite sensation lorsqu'il m'avait *touchée*, il était impossible qu'il puisse m'avoir sentis à son tour. Je voyais à son attitude et à son expression qu'il était déçu et qu'une grande solitude l'envahissait. Il n'était pas comme les autres. Un peu plus... Humain? Certaines âmes perdues erraient de façon répétitives dans un même lieu. Elles avaient déjà perdues une part de leur humanité à cause de la douleur qu'elles avaient ressentis avant ou pendant leur mort. C'est en cela que toutes ses âmes étaient différentes. Ce petit garçon n'était pas agressive et il ne semblait pas perdu... Il était juste rongé par la solitude... Peux être cherchait il quelqu'un sur terre avant de s'envoler... ailleurs? Sa mère, son frère, son père... Quelqu'un qu'il avait envie de voir avant de s'en aller dans le monde des morts. Malheureusement ci c'était cela... il n'était pas prêt de rejoindre le monde qui lui convenait. Mais peux être me trompais-je... J'aimais bien m'imaginer des scénarios sur le passé des âmes muettes. D'ailleurs elle l'étaient presque toutes. Du moins avec moi... C'est où elles ne disaient rien, où elles répétaient les même phrases incessantes qui résonnaient dans la tête comme une mauvaise musique.
Le petit garçon, bouleversé par les évènements, se redressa et me traversa le corps avant de disparaître entre les manèges. Je dut fermer les yeux par réflexe et pour faire de la sensation qui me traversa le corps, une chose moins désagréable. Je rouvris alors les yeux et me tourna vers Mélissandre avant de conclure avec un:

« Il est partit. »

« Tu as senti ? » dis-je, surexcitée.

...J'eus à peine prononcée ces mots qu'une chose étrange se produisit. Une douleur dans ma tête. Ne sachant pas d'où sa provenait, j'appuya ma main droite contre mon front et je me mordit la lèvre inférieur, les yeux toujours clos. La douleur s'estompa assez rapidement et je fit des mouvements avec mes jambes pour atténuer l'engourdissement qui commençait à s'accroître dans mes muscles. La voix de Mélissandre retentit alors dans le parc d'attraction:

« Tu as senti ? »

Je fut tétanisée sur place. Elle aussi avait ressentie quelque chose? C'était elle qui avait fait ça? Mais... Comment? Qu'est ce qui c'était passé? Je la regarda un peu déconcertée et au moment où j'allais lui répondre, elle déclara avant d'aller vomir un peu plus loin dans le fossé:

« J'me sens pas très bien... »

Sans attendre, je la rejoignit et je mis ma main sur son épaule, comme si en la touchant, j'allais parvenir à la faire se sentir mieux.

« Désolé... Ça m'a chamboulée. »

Je lui murmura alors calmement avant de l'inviter à s'asseoir avec moi sur un petit carré d'herbe un peu plus loin:

« Que c'est-il passé? »

Je n'en étais pas sure mais j'avais comme eux l'impression qu'une force étrange c'était immiscée dans mon corps... Plus exactement dans ma tête... Mais... ce n'était quand même pas elle? Est ce qu'elle était vraiment capable de faire de telles choses? Je dois avouer que cette hypothèse me faisait froid dans le dos. Sans attendre sa réponse, j'attrapa sa main et je l'entraina vers le carré d'herbe. Je m'assis alors délicatement par terre et j'étala mes jambes devant moi avant de m'amuser à arracher un par un les brins d'herbe sèche qui poussaient sauvagement les uns entre les autres. Je crois que ça me détendait, en quelques sorte. Je regarda Mélissandre et je lui dit alors:

« C'est toi qui a fait ça? »

Je l'écoutais attentivement, en essayant de me rendre compte de l'importance de son pouvoir. J'étais vraiment impressionnée... Être capable de faire une telle chose... Entrer dans le corps de quelqun... Et être... lui... Pouvais telle ressentir ce qu'il ressentait? Était-elle simplement spectatrice ou parvenait-elle à agir pour lui? A le manipuler? Je réfléchis un instant... Elle avait l'air si anthousiaste... D'un mouvement, je me tourna vers elle et lui dit avec un air pensif:

« ...J'ai deux pouvoirs... Je ne fais pas que voir les âmes... Je peux aussi leur rendre un corps, et en quelque sorte... *la vie*. »

Mais... Serais-t elle capable de rentrer dans un de mes corps...? Je n'y avais même pas pensé... Elle pourrait ainsi ressentir ce qu'ils ressentaient?... Moi qui m'était longtemps posé la question sur ce qui se passait une fois que les âmes récupéraient leur corps... Souffraient-elles? Etaient-elles heureuses? C'était tant de questions qui me brouillaient l'esprit et m'empêchait d'exercer mon *don?*. Mélissandre serait-elle d'accord pour m'aider à découvrir ce qui se passait quand je leurs redonnaient la *vie*? J'hésitai mais je finit par tenter quand même le coup:

« Penses-tu être capable de ressentir ce que ressentent mes *créations? »

Je n'avais aucune envie de me servir d'elle, au contraire. Et j'espérais qu'elle le ressentirais en moi et qu'elle ne se vexerait pas. Je ne l'obligeait en aucun cas à m'aider, surtout qu'elle venait tout juste de se rendre compte qu'il était possible qu'elle ai une nouvelle particularité... Je crois qu'au fond c'était surtout la possible hypothèse d'avoir fait souffrir ma mère qui animait la douleur en moi et qui me freinait dans l'utilisation de mon pouvoir. Les morts j'en voyais pratiquement tous les jours. Je ne ressentais aucune haine envers ceux qui ôtaient la vie aux autres. Non pas que je sois sans compassion, mais je savais qu'il y'avait quelque chose à après la vie, et qu'une existence différente nous attendait, même si celle ci était animée par les blessures intérieurs non cicatrisées. Malgré tout, il y'avait une personne que jamais je n'aurais voulue voir souffrir, c'était ma mère. Quand je lui avait redonnée un corps, une étincelle de vie éteinte, c'était comme ci elle n'était plus là. Comme ci je l'avais détruite... Depuis je n'arrêtais pas de me l'imaginer emprisonnée dans son frêle corps, à sentir mes caresses tout en restant impuissante, avec un sourire, mélange de joie et de souffrance...
Son image me revint alors en tête... Sa chevelure de feu, ses yeux bleu vides. Je l'étreignais mais elle ne réagissait pas... Me rendant compte de mon erreur, je clignai des yeux et détourna le regard de Mélissandre. Je mettais un cadenas sur ces souvenirs que je n'avais pas envie de partager... Je n'étais pas là pour me remémorer des évènements douloureux, trahissant la non maîtrise de mon pouvoir.

Je la considérais un instant... A vrai dire il aurait fallut que je transforme un fantôme... Mais je ne savais pas si ca aurait marché avec un animal ou si il fallait absolument que ce soit humain... Je soupirais et fermais les yeux avant de m'allonger sur le sol encore humide et terreux. A vrai dire je m'en fichais d'être pleine de terre ou non, je réfléchissais. Serais-je capable de retransformer un humain?... Des visions macabres vinrent m'envahir l'esprit. Je ne savais pas quoi faire... Après tout c'était sans doute une mauvaise idée. Réveiller les morts endormis n'apportait généralement que des ennuis. J'ouvrais alors les yeux et je levais ma main dans le ciel. Ce ciel si gris, et pourtant si lumineux... Je percevais mon tatouage en forme de croix, caché sous mes innombrables bracelets métalliques. J'essayais de respirer lentement, de me calmer, d'être paisible. J'allais le faire... J'allais redonner vie à ce petit garçon qui avait disparut derrière les manèges et qui pourtant continuait à nous observer et à chercher à comprendre... J'essayais de ne penser à rien et de me focaliser sur mes sens en éveil. La douce caresse du vent, l'odeur sauvage, les bruits de métal rouillé... Mais une pensée me parvenait continuellement en tête et m'empêchait d'être sereine... Qu'allait penser Mélissandre de ce que j'allais faire...? Si je lui redonnais la vie, elle se rendrait alors compte de l'inhumanité de mes oeuvres, de leur apparence immonde, destructrice... Non... Elle était comme moi, elle possédait un pouvoir elle aussi... Aussi destructeur que le mien. Si elle ne s'attaquait pas personnellement à la vie des gens, elle s'immisçait dans leur esprit et les informations à en tirées n'étaient pas toujours agréables, que ce soit pour elle ou pour eux. Je m'exclamais sans attendre:

« Je suis désolée... »

Désolée... Désolée pour elle, pour ce qu'elle allait voir, désolée pour lui, pour ce qu'il allait subir. Ces paroles me permirent de me soulager d'une sorte de poids, d'un poids qui m'empêchait d'agir, mais qui une fois échappé, me permis de continuer, et de me sentir prête. Je me redressa et avec ma main je secouais mes cheveux, comme ci ce simple geste allait réussir à ôter toute la crasse du sol. J'étais à présent assise par terre et je tendis alors la main au petit garçon au loin avec un petit sourire rassurant mais forcé. Il était intriguée, il se demandais ce que je voulais, ce que j'allais lui faire. Il en avait une petite idée, mais il n'arrivait pas à y croire... Il fit un pas vers moi et il disparut avant de réapparaître en face de moi, assis dans la même position que je l'étais. Il souriait et je me forçais pour faire de même... Je fermais alors une nouvelle fois les yeux et je me concentrais sur son visage, sur mes souvenirs de lui.
Une sensation étrange s'éleva dans mon corps. Une sensation de chaleur, de douleur. J'avais mal, d'abord à la tête, ensuite au ventre...Puis la douleur finit par se propager dans tout mon corps. Je m'enivrait de l'étrange sensation qui semblait s'emparer de mon corps, tout en me retenant de pleurer et de crier sous la puissante force qui semblait me déchirer la chaire, me broyer les os. Tout devint flou, noir... Je ne sais pas combien de temps le rituel dura, mais je n'en pouvais plus, j'avais mal, mais je continuais à faire grandir cette chose en moi jusqu'à ce qu'elle soit trop grosse pour que je continue... J'essayais de faire de cette énergie, une énergie puissante, plus elle le serait et plus longtemps il viverait... Et il y'aurait peu être des chances pour que le garçon devienne un peu comme mon corbeau et qu'il puisse être libre de ses mouvements. Mais malheureusement, je n'avais pas assez de force pour continuer, je n'étais pas encore assez puissante, assez maîtresse de mon pouvoir.
Quand mon corps n'en pût plus, il sembla utiliser ses dernières forces pour faire s'échapper la chose, l'énergie. Celle-ci me quitta et un grand vide se fit ressentir en moi. Un vide désagréable, qui je sais, diminuerais au fil du temps, quand j'aurais récupérée assez de forces pour recommencer.

J'ouvris timidement les yeux, essoufflée par l'effort et appréhendant ma decouverte... En face de moi, un corps blanc, frêle, marqué d'une marque dans les tons bleu mauves autour du cou. Il avait donc été tué étranglé... Bien sur cela restait horrible à voir, mais il y'avait pire... Son regard fixait un manège un peu plus loin avec émerveillement mais toujours sans aucune vie... Je soupirais un peu deçue... mais en même temps, je n'étais pas vraiment surprise du résultat. Quoi qu'il en soit je n'étais pas là pour le détailler et me dégoutter chaque seconde davantage de mon acte. Je baissais les yeux et déclarais alors à Mélissandre sans la regarder, de peur de croiser son regard:

« Tu es la seule personne qui me vois faire ça... Enfin... la deuxième... »

Je rajoutais dans mon esprit en oubliant sa particularité: *Après Ty...*

Mon corps tout entier était figé... Une douleur grandissait au fond de moi... Mon ventre se tordait et j'avais du mal à rester assise. J'aurais voulue m'allonger, regarder le ciel et oublier cette souffrance. Mélissandre s'approcha du garçon et tenta de le toucher. Celui-ci était effrayé, il recula légèrement avant de me la considérer un peu perdu. J'écoutais alors ses questions sans vraiment savoir quoi répondre à cela... C'était à elle de me dire si il était vivant, si il y'avait encore une part d'humanité au fond de lui. Quand au fait de savoir si il pouvait parler... Je n'en avais aucune idée. Jusqu'à maintenant je n'avais transformer que deux humains. Quand aux animaux, ils restaient silencieux... ils ne poussaient aucun cri tout comme ma mère, qui n'avait prononcée aucun mot, qui était restée de marbre devant moi, devant sa propre fille. J'essayais de comprendre, de trouver une explication à ce resultat... Je me redressais, fixant l'enfant. Je sentais les larmes me monter aux yeux, mais je ne pleurerais pas. Jamais... Je ne serais plus malheureuse et pour cela il fallait que je garde ces petites perles salés en moi, pour être forte, heureuse, quitte à souffrir intérieurement. La douleur finirait par partir, je finirais par vraiment vivre, par vraiment être heureuse.
Mes pas me guidèrent vers le garçon. Il ne bougeait pas mais je sentais de la peur monter en lui. Son regard en disait long sur ce qu'il ressentait. Il avait peur de moi, et de se que j'allais faire. Et il avait raison d'avoir peur. Une fois arrivée à sa hauteur, je sentis les larmes me monter une nouvelle fois aux yeux, je me retint et me mordit la lèvre pour m'empêcher de briser mon pacte avec ma douleur. Je l'agrippais alors par le bras. Il ne pouvait pas fuir, il se débattit et tenta de me faire lâcher prise mais je resserrais mon étreinte et je lui dit alors, avec agressivité:

« Parle! Vas y parle! »

Ma bouche tremblait et je ressentais une sensation glaciale dans ma main. Son corps était mort, et c'était comme ci j'étais en train d'interagir avec un cadavre. Je ne faisait plus attention à Mélissandre, j'étais prise d'attention pour cet chose face à moi. Je voyais le visage de ma mère à travers lui... Il avait les même yeux bleu qu'elle... Son bras semblait se raidir, comme le corps d'un mort laissé à l'abandon... Je devais le lâcher, mais alors pourquoi je n'y arrivais pas? J'étais à la limite de lui briser les os, et il finit par se laisser tomber lentement par terre. Il ne faisait rien, il me regardait, il partait... Déjà? Tout ses efforts pour rien. Je sentais une folie grandissante prendre le contrôle de moi même. Je voulais qu'il émette un son... quelque chose... Au lieu de ça le petit cadavre se laissa tomber au sol, un regard horrifié sur le visage. Je lâchais alors prise et me reculais tremblante, les yeux écarquillés. Le corps finit par s'effacer comme ci rien ne c'était passé. Je soufflais alors ces derniers mots avant qu'il n'y est plus aucune trace de l'existence du petit garçon:

« Parle... »

Je n'en revenais pas... pourquoi avais-je agit ainsi? Ca ne me ressemblait pas... Je ne regardais pas Mélissandre, entourant mes jambes de mes bras pour me protéger. Je n'écoutais rien de ce qui se passait autour de moi. Je restais là quelque minutes, ne pensant à rien. Quand je sentis mon calme revenir, je pris le courage de me lever, considérant Mélissandre avant de déclarer, le regard vide d'expression:

« C'était une très mauvaise idée. Pardonne moi. »

Je me sentais mais tellement nulle... Nous n'avions même pas eu le temps de pénetrer son corps.. Mais peu importait, ça restait une idée stupide que je n'aurais jamais dut proposer. Je n'étais pas apte à me contrôler et mes créations n'étaient qu'un tas de chaire et d'os en decomposition qui emprisonnaient une âme impuissante, incapable d'interragir avec cette enveloppe charnelle que je lui avait donner. Mais de quoi cela pouvait-il bien venir? Peux être que je ne leur donnais pas assez de moi même... Ils avaient besoin de plus, quitte à m'épuiser jusqu'à la dernière goutte...

La douce vois de Mélissandre me rassurat. Elle semblait si paisible et si... sincère... Je trouvais cette fille vraiment adorable, que ce soit par rapport à sa facon d'être ou par sa manière de réagir face à ce qu'elle pouvait entendre ou voir. C'est comme ci elle parvenait à tout compendre, à tout ressentir. Quand elle me tendit la main, ce fut comme une bouffée de chaleur qui integra mon corps vide et froid, et me rassura. Elle ne m'en voulait pas... Elle était toujours là, souriante, appaisante. Mon regard vide s'illumina et arbora un sourire forcé. Ce sourire que je le savais, parviendais à tromper mon âme et à la rendre heureuse. D'un geste j'acceptais sa main et lui faisais face. Elle avait raison, il fallait mieux qu'on parte d'ici. J'y était restée assez longtemps et je ne me sentais plus vraiment à mon aise dans cette atmosphère glauque cachant mes actes. Et puis, j'étais normalement censée aller observer les grilles de mon futur institut. Je n'étais pas vraiment sure d'en avoir encore envie, mais je n'étais pas venue pour rien, et il fallait que je me reprenne. J'allais les voir ces foutues grilles, quoi qu'il arrive.

« J'en serais ravie. »

Mes pas me guidèrent vers la sortie. Lentement je marchais entre les manèges par où j'étais arrivée, entrainant Mélissandre par la main. Il fallait que je sorte d'ici, que j'oublie cette journée et que je retrouve le sourire. Je ne me pressais pas et respirais, humant l'air humide du lieu, écoutant une dernière fois les bruits metalliques des manèges rouillés. Je reviendrais s'en est certain... Même si cette journée ne resterait pas dans le top 10 de mes meilleures journées passées, je garderais tout de même le souvenir de Mélissandre qui malgré son apparence innocente et vulnérable, était capable de beaucoups de choses.
C'est une fois arrivée à la sortie, que je me décidais à m'arrêter et à faire une nouvelle fois face à ma nouvelle amie, un sourire radieux au lèvres, comme ci rien ne c'était passé. Je gardais encore ma boule au ventre et et un vide au fond de moi, mais j'étais mieux. Peux être parcque cet épisode appartenait chaque seconde un peu plus au passé et que le passé ne faisait plus partit du présent... Du moins il ne devait pas faire partit du mien.
Je fermais les yeux quelques secondes et inspirais une grande bouffée d'air avant de déclarer à Mélissandre avec un petit sourire:

« On se reverra sois en sure. Je veux absolument visiter ta boutique. »

Je ne put retenir un clin d'oeil avant de continuer:

« J'espere que tu auras fait des progrés avec ton pouvoir et celui qui apparement vient de t'aparaitre... »

Je la regardais dans les yeux comme ci c'était la dernière fois que je la voyais et que mon esprit voulait immortaliser son visage à jamais dans ma tête. Mais de toute manière je savais que je me souviendrais de son visage quoi qu'il arrive. Cette journée continuerais dans le calme, j'irais tranquillement jusqu'au portail froid de Rédemption et je mangerais tranquillement mon sandwich dans le bus retour. Et ce soir, devant mon ordinateur, pendant mes derniers petits instants chez moi, je repenserais à ma journée avec elle et aux évènements qui c'étaient déroulés.