I feel so empty ♪ | Ft. A. Wentworth... è_é

« C'est qui ? »

Question clichée. Mais bon, le mieux était quand même de savoir qui était ce parfait inconnu dans son dos. Il y avait pas mal de psychopathe à Rédemption, quand même... Au pire, avec la découverte qu'il avait faite il y avait quelques jours, il aurait moyen de se défendre. Enfin, à supposer qu'il arrive à reproduire ce truc bizarre. Ça, ce n'était pas certain du tout.

mort

« Ch'uis pas sur qu'on se connaisse ! Je m'appelle Aaron. »

[OUI c'est pourrit mais pardooooooooooooooon >.<]

Aaron ? Connaissait pas non. Le regard toujours rivé sur le paysage qui s'offrait à lui, Sacha ne prit même pas la peine de se retourner vers l'inconnu. Il n'avait pas envie de se montrer en mode boudeur. C'était vrai, quoi, il fallait qu'il fasse des efforts, et laisser de côté ses soucis. Ce n'était pas son genre d'être si désagréable. Il ferma les yeux, et inspira profondément. Voilà, Sachou en mode calmé et sympathique, go. Ainsi, il rouvrit ses paupières, et arbora un grand sourire. Avant même de se retourner, il commença sa tirade :

« Salut, moi c'est Sacha, en effet, je ne crois pas que... »

« En fait si. Je te connais. »

« Qu'est-ce qu'il y a exactement entre toi et Sélène...? »

Il regrettait déjà ses paroles, de s'être vendu aussi vite. Il avait clairement annoncé sa principale faiblesse dans le ton de sa voix, légèrement brisé.

[ C'est très bien t'inquiète pas ♥ ]

« Quelque chose de compliqué. Je … J'avais une relation particulière avec elle, puis je … Suis mort. Mais aujourd'hui, j'ai l'impression que tout est comme avant. J'pense pas que tu puisses comprendre en fait. »

« Sacha, tu l'aimes vraiment Sélène, pas vrai ? Tu … Tu es vraiment amoureux d'elle .. ? »

« Je ne sais pas. C'est étrange... C'est bête, je ne la connais que depuis quelques semaines, tout au plus... Mais je pense que oui... J'en suis amoureux, en quelques sortes... »

La pause. La chose la plus intelligente qui est été inventé. Il n'en pouvait plus. De devoir faire l'appel de ces gamins tous plus insupportable les uns des autres... En plus, entre les sécheurs et les malades, il fallait faire le tri, et ce n'était pas simple. Ainsi, lorsque tout était fait, qu'une heure de colle attendait déjà ceux qui n'était pas venu pour une raison non valable, il avait enfin put respirer. Alors, il s'était aussitôt dirigé vers son lieu de prédilection pour la réflexion : le toit. C'était si calme, et qui plus est, aux heures de cours, totalement désert.

En chemin, il lui sembla apercevoir un des adolescents manquant à l'appel ce matin, mais, flemmardise oblige, il fit comme si il n'avait rien vu. Ce n'était plus ses affaires. Alors, non sans un long bâillement fatigué – mine de rien, cela crevait de surveiller des mômes... - il grimpa les escaliers lentement. Lorsque finalement, il fit dehors, il savoura le vent frais voir froid qui vint l'accueillir. Cela faisait du bien. Tellement de bien. Et ce silence... Exquis, vraiment. Satisfait, il se prit à sourire comme un idiot tout seul, les mains dans les poches.

C'était dingue ce que cet endroit pouvait lui apporter comme sensation, proche de l'extase, que de profiter du bon air et du calme... Du silence, aussi... Enfin pas tout à fait... C'était quoi ce souffle, qui allait à l'encontre de celui du vent ? Ce léger couinement, cet espèce de gémissement étouffé ? Cela venait du bord. Cela aurait très bien put être un animal, mais Adam voulait vérifier.

Et c'est alors qu'il la vit. Cette demoiselle, rousse, totalement affolée, qui s'agrippait tant bien que mal au rebord. Il marqua un temps de silence, immobile, sous le choc. Qu'est-ce qu'elle faisait là ? Il frémit, avant de réagir, soudain, alors que la petite main pâle glissait, lâchait prise. Ni une des deux, il la saisit.

Il n'était pas très fort. Et pourtant, grâce à l'adrénaline, à son instinct de sauveur de vie, il parvint à tirer la demoiselle assez fort, pour la faire remettre les pieds sur la terre ferme... Ou presque. En effet, ne contrôlant pas la violence de ses gestes, il vint s'écraser brutalement sur le sol, avec la petite demoiselle suicidaire dans les bras. Malgré la douleur qui lui picotait déjà le dos, il se redressa légèrement, passant une main dans le dos de la rouquine, et la toisa avec inquiétude.

« Ça va ? Rien de cassé ? »

Non ! Non ! Aaron, laisse moi m'accrocher ! S'il revient, il verra qui je suis ! Laisse moi le faire ! Je suis plus légère ! Je pourrais peut être me remonter ! S'il te plait Aaron ! Allez!

Non. Oui. Merci. Je pense pas. J'en sais rien. Je … C'était un accident ! Je n'voulais pas sauter ! J'suis pas suicidaire hein !

Elle lâcha un rire nerveux tout en relevant finalement le visage, continuant distraitement de se masser le poignet. Voilà maintenant qu'elle se justifiait … Quelle idiote ! Rah … Non vraiment, stupide. Et inutile surtout. Car ce qui gênait maintenant était qu'elle écrasait le surveillant. C'était quoi son nom déjà ? Mickael ? Milor ? Michel ? Michel ! Mr Michel voilà ! Elle était en train de l'écraser -avec son poids de moucheron ...-. Elle finit donc par se relever, rassurée, étant loin du bord, et tendit la main, maladroite, vers le surveillant toujours à terre pour l'aider à se relever … Toujours toute rouge de honte ; Pauvre petite folle !

Adam accepta la main de la rouquine, avec un sourire rassuré, et amusé par les justifications de la demoiselle. Une fois bien debout, il observa son visage légèrement rougis, soit par l'effort d'être restée accrochée ainsi par la simple force de son bras, ou par la gêne... Un peu des deux certainement. Il épousseta doucement ses vêtements, qui avait pris la poussière du sol, avant de redresser le regard vers la jeune fille. Il observa un instant son poignet, qu'elle massait doucement. Il était rouge et légèrement enflé. Son instinct de ex-futur-médecin prit le dessus, et il approcha doucement sa main pour saisir doucement son petit bras meurtrie. Il passa doucement ses doigts fins dessus, et releva la tête vers l'adolescente, avec son parfait petit air de docteur.

« Ça m'a pas l'air bien grave, juste le fait d'avoir forcé dessus qui l'a bien meurtrie. Un peu de pommade demandée gentiment à l'infirmerie, une petite bande pendant quelque jours, et c'est comme neuf. »

Il tapota affectueusement du bout des doigts la blessure, avant de lâcher finalement la main. Il réitéra son petit tapotement sur le haut de la tête rousse de la demoiselle, avant de s'approcher du rebord, jetant un coup d'œil vers le bas. Heureusement qu'il avait été là. Il soupira de soulagement, en se disant que, des fois le hasard faisait bien les choses. Mais tout de même... Il en était à sa troisième vie sauvée depuis qu'il était ici. Trois vies... Contre trois morts. Son cœur se serra, à cette pensée. Il regarda un instant les paumes de ses mains, avec un mélange d'horreur et d'admiration. Il pouvait prendre la vie. Il avait pris celle de trois personnes qui lui étaient chères. Mais il avait aussi sauvé celle de trois inconnus. Il se mordilla légèrement la lèvre inférieure avant de se reprendre, non sans avoir inspiré profondément au préalable. Il se retourna vers la jeune rouquine, avec une moue un peu sérieuse, mais qu'il tâcha d'égayer avec un petit sourire en coin.

« Si ce n'est pas trop indiscret, qu'est-ce que tu faisais accrochée à ce bout de toit ? Je suppose que ce n'était pas pour le plaisir, ou juste pour échauffer tes poignets... »

Il n'avait pas dit cela sur un ton moqueur, non, plutôt amusé pour détendre l'atmosphère et la situation. Il voulait tenter de calmer la jeune fille. C'était certainement plus facile à dire qu'à faire, il ne savait pas vraiment ce que cela faisait de passer à côté de la mort... Enfin, si, en quelque sorte, vu que lui aussi avait manqué de mourir par le passé, mais, il n'était pas en état de se rendre compte de ce qui lui arrivait, overdose oblige. Il soupira mentalement, se disant que ce n'était vraiment pas le moment de repenser à ses erreurs de jeunesse. Alors, il se mit à chercher mentalement le prénom de la demoiselle. Il l'avait déjà vue, certes, mais il passait à son bureau tellement d'élèves tous les jours, qu'impossible de se rappeler de chacun. Cependant, si elle était là, en face de lui, c'était qu'elle n'était pas en cours – quelle logique extraordinaire... - et donc, elle devait figurer dans la liste des absents de ce matin... Mais n'ayant pas franchement de mémoire visuelle, cela n'aida en rien. Alors, il se décida finalement à demander :

« Au fait, tu t'appelles comment ? »

Il se passa de lui demander pourquoi elle n'était pas en cours, trouvant inutile de lui faire la morale, surtout que lui n'avait jamais été un élève exemplaire...

Elle le regarda en silence épousseter ses vêtements, tout en continuant de masser son fin poignet. Tout en se massant, elle réfléchit au fait qu'il venait de lui sauver la vie, et de ce fait, se trouva encore une fois minable ; Incapable de se sauver, de sauver son frère … De se défendre en fait. Tirée de ses pensées par le contact froid de la main du surveillant, elle frissonna et releva le regard vers lui, peu habitué aux contacts avec … Les hommes comme les femmes au final puisqu'il faut l'avouer, Ariane n'avait aucun ami ici, à Redemption. Elle haussa un sourcil aux dires de l'homme. Il ne devait pas être à sa place ici, une blouse blanche lui irait comme un gant, ce qu'elle ne manqua pas de lui faire remarquer, sa voix enfantine accompagnée d'un petit retroussement de nez, comme désappointé par ce ton.

Je vois que j'ai à faire à un professionnel des tordues dans mon genre!

Quand il lui tapota le sommet du crâne, elle grimaça gentiment, plutôt pour cacher sa surprise que pour autre chose en fait. Elle le trouvait bien sympathique en fait pour un surveillant. Et c'était d'ailleurs certainement sa première bonne expérience depuis son arrivée ici. Pourquoi pas se lier d'amitié avec un pion ? Au final, il avait combien de plus qu'elle ? Huit neuf ans, tout au plus ! Ce qui peut paraître énorme en fait … Bref ; Frissonnant à cause d'un coup de vent trop froid à son goût, elle se replia ses bras sur sa poitrine et se les frotta rapidement. Bien sur, Aaron n'était pas très couvert et sortant, et de ce fait, elle non plus. Dans un soupir discret, elle recula d'un pas, n'osant plus trop s'approcher du bord, avant de reporter son regard sur Mr Michel. Elle lui rendit son plus beau sourire, suivit d'un éclat de rire très sincère qui brisa le silence quelques instants, avant de répondre.

Non, non ! Rien de tout ça ! Vous devriez pas rester au bord en passant … En fait, mon frangin parlait avec Sacha et il l'a poussé sous sa forme de loup ! Mais c'était un accident et … Non, en fait, oubliez ce que je viens de dire ! C'était pas sa faute ! Il a rien fait ! Faut pas l'engueuler pour ça hein ! Surtout pas !

Le ton amusé se changea au fil de la phrase en ton affolé. Elle parlait trop, c'était clair, mais elle ne voulait pas impliquer le pauvre adolescent dans cette histoire stupide. Aussi, après avoir tendu ses bras en avant, comme pour empêcher le pion de passer -mais plutôt pour se justifier- elle reprit plus doucement.

En fait, c'est ma faute … J'aurais put nous sauver si j'avais eu un don ...

Après avoir affiché une moue désolé, elle inclina doucement la tête en avant et fixa ses pieds. Ses jolies petits baskets qu'elle fixait beaucoup en ce moment … Toujours noyée dans ce sentiment de honte mêlée de gêne. De ne pas avoir de don, ici à Redemption … Ou du moins de ne pas l'avoir encore découvert et donc par conséquent de n'avoir rien put prouver aux gens. Car ouais, au final, elle voulait prouver aux autres qu'elle avait sa place ici. Mais comment faire … Son regard croisa de nouveau celui du surveillant qui venait de lui demander son prénom. Elle se força donc à chasser ses pensées noires de son esprit et se força à sourire. Prouver aux autres qui elle était ne l'avancerait à rien. Puis de toute façon, pour l'heure, elle n'avait pas encore de base stable pour commencer tranquillement sa vie « relationnelle ». Aussi, après un petit sourire gêné, elle reprit, repensant soudainement que le pion face à elle pouvait à tout moment la coller pour sa non-présence en cours ...

Ariane. Ariane Wentworth, en Première. Et vous, vous êtes bien Mr Michel ? Que je sache bien qui est mon sauveur !

De nouveau, son nez se retroussa légèrement et son rire emplit le lieu. Cette mimique de plisser un peu les yeux s'accentuait toujours un peu quand elle était sincère. Alors autant vous dire de suite que là, elle ressemblait à une petite chinoise, bien loin de faire son âge. La petite taille surement … Ou les cheveux roux !

Il n'était même pas surpris par les explications de la demoiselle. Un mec transformé en loup ? Nous étions à Rédemption, c'était dur à croire, mais c'était pourtant totalement possible. Quoi qu'il advienne, elle défendait activement ce dernier, précisant que ce n'était pas sa faute. Sacha donc ? Il irait tout de même lui causer deux mots. Il voyait à peu près qui s'était. Le gamin étrange qui faisait son scandale tous les soirs car l'établissement ne proposait pas d'alternative à la viande aux étudiants végétariens. Il soupira, en se disant que cet endroit était un ramassis de personnages étranges.
Sans qu'il ne put lui répondre quoique ce soit, la rouquine continua.
Le complexe du don. Adam avait remarqué cela chez plusieurs élèves, depuis le début de l'année. Entre les élèves qui ne s'en était pas encore découvert un, et ceux qui le trouvaient inutile, ou bien dangereux... C'était une vraie psychose qui enflait dans l'intérieur de l'établissement. Alors, la demoiselle se sentait appartenir à la première catégorie...? Tandis que lui se situait dans la dernière. Il poussa un imperceptible soupir, en observant avec une moue compréhensive la demoiselle rousse. Parfois, il valait mieux ne pas avoir de dons. On pouvait très bien vivre sans. Et si elle était là, c'était qu'il y avait forcément une raison. Le vieux croûton recrutait astucieusement ses élèves, et il ne pouvait pas y avoir d'erreur. Il passa sa main dans ses cheveux, avant de réagir subitement, comme ayant un flash, à une des paroles de la jeune fille qui venait d'ailleurs de se présenter.

« Tu as dit « nous sauver » ? »

Sur son visage se dessina une expression surprise, intriguée. Il se pencha doucement vers le vide, toisant le sol avec attention, des fois qu'il n'est pas remarqué quelqu'un d'autre d'accroché, ou déjà aplatit sur les graviers de la cour. Il ne vit rien, et poussa un soupir de soulagement, en interrogeant du regard la jeune Ariane. Finalement, il répondit à son interrogation sur son identité.

« Yep, c'est moi. Mais tu peux m'appeler Adam plutôt, ça fait moins vieux, et de plus, j'aime pas vraiment mon nom de famille... »

Oui, car Michel... Michel, comme le directeur. Michel, comme la grande industrie automobile de son grand-père. Cela trahissait à la fois son lien avec le vieux croûton, et sa fortune possible. Il grimaça, en pensant à ce qu'il en avait fait, durant sa vie, de cette fortune. Des choses pas très jolies... Si son aïeul était encore en vie, il refuserait certainement d'offrir son héritage à un inconscient comme lui. Il poussa un soupir, en grattant involontairement son bras, les cicatrices de piqures invisibles sous sa chemise blanche. Il leva finalement son regard vers le ciel gris, avant de lâcher finalement :

« Un pouvoir n'est pas un don, contrairement à ce que tu peux penser... C'est plutôt un fardeau... Et après tout, là ce n'est pas un pouvoir qui a sauvé ta vie, comme quoi, la nature humaine n'a pas besoin de ce complément... »

C'était un peu hypocrite, ce qu'il disait, en réalité. Son pouvoir lui avait déjà été utile, en plus d'être néfaste. Mais il se tut sur le sujet. Il ne voulait pas que quelqu'un ait connaissance de ses capacités. Il n'avait pas envie d'être vu comme le meurtrier de service, bien que certains autres élèves ici avaient des crimes sur la conscience... C'était un secret que plusieurs partageaient, en silence. Ils savaient, inconsciemment, entre eux, qu'ils n'étaient pas les seuls, à avoir des erreurs, comme cela. De regretter d'avoir ce poids sur son dos, d'être né en étant un monstre, au final.

Oups. Se trahir seule, c'est totalement débile … Mais c'était bien ce que venait de faire notre petit boulet roux. Elle porta doucement une main à sa bouche entre ouverte, le visage comme choqué par ses propres paroles. Ce genre de fait ne l'aiderait surement pas à « dé-rougir » et encore moins à se faire voir comme quelqu'un de normal voir même d'ordinaire. Enfin, pouvait on réellement être ainsi en partageant son corps avec un autre et en étant à Redemption ? Non, impossible. Il lui annonça ensuite son prénom, tandis qu'elle cherchait ses mots pour répondre à l'interrogation du surveillant. Adam ? OK, ça marche pour Adam. Elle rebaissa docilement la tête vers ses pieds avant de prendre une grande inspiration. Voilà, elle allait encore être prise pour une secouée, mais tant pis. De toute façon, elle n'avait rien à perdre. Sa crédulité ? Inexistante. Ses amis ? Inexistants. Son frère ? Pas de soucis de ce côté là … Ils étaient « collés » l'un à l'autre. Dans un soupir, elle releva la tête et répondit, avec un petit sourire malgré tout.

OK euh … Adam. Je partage mon corps avec mon frère, depuis qu'il est mort. Je sais pas trop comment c'est possible, si c'est parce que l'enfer n'a pas voulu de lui ou une connerie comme ça mais le fait est qu'il vit en moi et que je peux à tout moment lui céder la place. Enfin oui, je sais, c'est bizarre … Faut pas trop chercher à comprendre, faut plutôt vivre avec !

Elle haussa doucement les épaules avant de se re-frotter un peu les bras. Ce genre d'annonce n'était jamais évident à faire, même ici. Les gens vous regardaient de travers en vous pensant d'avatange différents d'eux. Ce qui était faux. Ils avaient leurs fichus don, elle avait son frère. C'était peut être ça son « super pouvoir » au final … Dans un soupire, elle releva le regard vers le ciel. Le silence faillit s'installer quand soudain, elle reprit, comme victime d'une révélation divine, le visage illuminé d'un grand sourire sincère.

Adam ! C'est un joli prénom ! Mais tu fais pas si vieux que ça !

Si les … Dons n'existaient pas, je ne me serais jamais retrouvée suspendu au dessus du vide. Nous ne serions même pas là, à Redemption. Je n'fais pas partit de ces adolescents à la psychologie bancale -enfin, je ne pense pas ...- mais je n'sais pas si tu sais à quel point difficile de se sentir … Différent. Ouais, c'est ça, totalement différente des autres ...

Dans une moue désolée, elle lui adressa un léger sourire Le ton qu'elle venait d'employer ne lui ressemblait pas vraiment mais là, c'était nécessaire. Elle venait de dire ce qu'elle avait sur le cœur à ce total pion inconnu. Prochaine étape, les alcooliques anonymes ? Surement. Elle tourna la tête de côté et fixa de nouveau le centre qui s'étendait sous ses yeux. Puis, sans pour autant bouger la tête, elle regarda en coin le surveillant avant de dire, d'une voix plus amicale.

J'imagine que si tu qualifie ça de fardeau, c'est que t'as tes raisons ...

Oulà. Bon, okay, il était habitué à l'étrange, depuis son arrivée ici, mais là... Ça atteignait des sommets. Enfin, il avait déjà croisé des gens à plusieurs dans leur corps... Asami et Abbigail, par exemple. Mais, quelqu'un de mort dans le corps de sa propre sœur... Cela ne pouvait pas être de la schizophrénie... Hum. Pour le scientifique qu'il était, c'était un affront de plus à sa rationalité. Un jour, il chercherait comment cela marche. Il s'en fit la promesse. De mettre des explications réelles sur un problème qui avait l'air tout droit sorti d'un roman fantastique, ou d'un comic... A supposer qu'il y en ait. Il soupira, n'ayant pas le goût de se prendre la tête avec cela maintenant.

La demoiselle embraya sur le fait que c'était difficile de se sentir différent. Il connaissait très bien cette difficulté, oui. Comme tous les élèves présents ici. Ils avaient au moins tous cette chose en commun... Ce « truc » qui les rongeait. Il soupira, en approuvant d'un signe de tête les paroles de la jeune fille. Se sentait-elle donc à l'écart, ici ? Par le fait de ne pas avoir de pouvoir...? C'était vrai qu'il y avait de quoi être désarçonné... Mais bon. Il soupira, en avançant doucement sur le toit s'approchant du rebord, pour observer l'horizon.

Et c'est alors que tomba une nouvelle phrase de la part de la jeune fille. Ces raisons de considérer son pouvoir comme un fardeau... Oui, elles étaient certainement plus que valables. Il ne se retourna pas vers Ariane, mais continua de fixer l'étendue de la propriété de l'école, les yeux perdus dans le vague. Il haussa les épaule, ne souhaitant rien dire, de peur de se trahir.Ses pieds étaient juste au rebord du toit, à la limite du vite. Le vent soufflait fort contre lui, et il avait l'impression à tout moment qu'il pourrait l'emporter au loin, dans le vide, comme l'avait fait le loup quelques minutes auparavant avec la rouquine. Il se demanda alors, ce que cela faisait, de mourir. De tomber de là, de s'écraser sur le sol, de sentir la douleur, la vie qui s'enfuit sans nous laisser de chance de l'attraper pour la récupérer. Il se demanda aussi ce que cela faisait, de manquer de mourir... Et enfin, il conclut, qu'une mort rapide, sans se rendre compte de ce qu'il se passait, était le mieux. Mais est-ce que les trois façons dont il avait donné la mort avaient-elles été réellement rapides ? Peut-être avaient-elles duré une éternité, pour ces parents et Mérédith.

Et une pensée idiote, vint poindre dans son esprit. Le frère d'Ariane était mort, et pourtant, vivait encore. Si il trouvait une raison à cela, il pourrait peut-être... Ramener quelqu'un à la vie...? Dans ses yeux brillèrent d'une lueur un peu folle, mais d'une lueur d'espoir. Puis il se ressaisit, songeant que cela était malsain. Il devait laisser reposer les morts en paix. Arrêter de vivre dans le passé. Il secoua la tête, avant de se retourner vers la jeune fille. Il ne savait pas si il avait réfléchi pendant longtemps, et un silence plutôt lourd semblait s'être installé. Gêné, il lâcha finalement :

« Désolé, j'ai eu un moment d'absence... »

Il se décida à détendre l'atmosphère. Alors, un petit sourire, bien que fatigué, vint se dessiner sur son visage. Il pencha la tête légèrement sur le côté, posant ses mains sur ses hanches, façon bon prof.

« D'ailleurs, en parlant d'absence... Il me semble que tu es noté dans les sécheurs de ce matin... »

Il lâcha un petit rire, qui se mua en petite quinte de toux. Avec le froid de ces derniers jours, il en était presque tombé malade... Enfin bon. Finalement, il fit un geste de la main, comme si ce n'était pas grave, avant de continuer :

« Mais bon, je pense que tu as une bonne excuse... Manqué de tomber d'un toit... Je t'enlèverais ton heure de colle, si tu veux. »

Du favoritisme ? Où ça ? Ah, non, ce n'était pas le genre d'Adam, m'enfin !

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