Léo venait très certainement de passer la semaine la plus longue de son existence... Elle avait découvert en début de semaine sa classe, composé d'une dizaine d'élèves. Et timide comme elle était, elle n'avait pour le moment adressait la parole à aucun d'eux. Elle s'était également rendu compte que le niveau demandé dans chacun des cours était bien plus exigeant que dans son ancien lycée. *Vive les écoles privées! . Mais ce n'était pas le pire. Le pire était certainement sa présentation devant la classe, ce qui avait été demandé à chacun des élèves. Léo avait bafouillée tout du long, en rougissant et en fixant le bout de ses chaussures. Pour rajouter à son malaise, quelques élèves avaient rigolés quand elle avait annoncé son prénom. Je hais mes parents avait alors pensé notre brune, rougissant un peu plus encore ( si s'était possible).

Bref, la semaine avait été longue et Léo était ravie d'être enfin en week-end. *Malgré la tonne de devoirs que j'ai à faire* pensa t-elle en grimaçant. Il faudrait qu'elle demande de l'aide à Kathleen, sa voisine de chambre, car elle n'avait absolument rien compris à ses devoirs de maths. Ni à ceux d'anglais et de chimie si elle réfléchissait bien...

Mais pour le moment, Léo était assise sur un des bancs du...euh... parc... Si on pouvait appelé ça comme ça. On était samedi matin, à un peu plus de 8h, et de très timides rayons de soleil pointés misérablement leur bouts du nez au travers des nuages gris orages qui flottaient au dessus du pensionnat. Le mauvais temps rendait Léo encore plus déprimée.
Il ne faisait peut-être pas toujours beau à Cardiff, mais là-bas au moins, elle était chez elle, avec sa famille et ses quelques amies. Là, elle devait avouée que l'ambiance des lieux et le temps, ajouté à la difficulté des cours et le fait qu'elle ne connaissais personne et que personne ne lui parlé, tout cela lui mettait son moral dans les profondeurs les plus abyssales qu'il n'avait jamais exploré. Léo haïssait cet endroit. Elle l'avait haït dès qu'elle y avait mit les pieds.

Ce matin, en ce réveillant, elle avait eu l'envie irrépréhensible de sortir un peu. Le pensionnat l'oppressait. Elle était donc sortie à 7h30 dans le parc de son établissement. Il faisait froid, mais les bourrasques de vent frais qui lui fouettaient le visage la rendait plus heureuse qu'elle ne l'avait été toute la semaine. Comme elle comptait restée dehors un moment, elle avait ressortie des profondeurs de son armoire un de ses livres anti-déprime, "La Nuit du Renard", de son auteur préféré, Mary Higgins Clark.Elle avait lu une douzaine de fois mais dont elle ne se lassait pas et dont elle ne se lasserait sans doute jamais. Pour des personnes normales, lire un livre tel que "La Nuit du Renard", seule, au milieu du parc d'un pensionnat glauque n'était pas spécialement un excellent moyen de se remonter le moral; mais Léo n'était définitivement pas quelqu'un de normal.

En lisant, Léo réfléchissait... Pourquoi était-elle ici? Le souvenir de sa conversations avec Kathleen, le jour de son arrivée, remontait doucement à la surface. * J'ai l'impression que tout les élèves de cet école ont des...particularités. Sauf que tout le monde fait comme ci ils ignoraient qui ils ont en face d'eux.... Comme si nous étions tous dans une sorte... de prison*. Léo frissonna à cette idée. A moins que ce soit le vent?

Elle resta là un moment à lire, quand elle entendit un bruit derrière elle. Son cœur se mit à battre de plus en plus vite. Soudain, son idée de lire un polar au milieu du parc de son école sembla beaucoup moins bonne. Elle regarda fébrilement autour d'elle, hésitant à s'enfuir de l'endroit ou tout simplement demander qui était là. Elle choisit rapidement la seconde option.

"Hé ho! Qui est la?"

La voix faussement rauque d'un garçon s'éleva derrière elle en déclarant qu'il était le grand méchant loup. Léo se retourna vivement et tomba nez à nez avec une version small de... de quoi au juste? Léo avait du mal à dire si la personne qui avait parler était un garçon ou une fille. Il ou elle ré-ouvrit la bouche, se glissant à côté d'elle sur la banc et lui déclina son identité: Il? s’appelait Jun. Elle réfléchit un instant sur ce prénom. Un garçon? Le prénom semblait masculin, sonnait masculin. Mais après tout, elle était assez bien placée pour savoir qu'après tout, le "sexe" du prénom ne voulait absolument rien dire. Elle décida de mettre un terme à ses triturations mentales et demanda un peu rougissante:

- Hmm... Désolée de te demander ça mais... T'es quoi? Un garçon, une fille?

Elle devait rougir jusqu'au racines mais elle devait bien avouer que ce genre de questions était assez embarrassante. Léo posa son livre à côté d'elle et observa son interlocuteur avant de se présenter:

- En tout cas, je suis enchanté! Je m'appelle Léo et je suis en 3ème. Je viens de Cardiff. En Écosse.

Sa ville natale était peut-être la capitale de son pays, mais en une semaine elle avait put constatée que la plupart des élèves n'étaient pas britannique et que par conséquent, certains ignoraient où était Cardiff. Elle reporta son attention sur le garçon et aperçu avec stupeur qu'il portait un pantalon en flanelle vert pomme très voyant. Elle écarquilla les yeux puis se dit que c'était grossier de faire ça alors elle tenta de ne regardait que les yeux noirs encre du jeune homme. A ce moment, et malencontreusement, sa main rencontra celle de Jun. Ce n’était qu'un micro toucher , bref et imperceptible. Mais quand ses doigts effleurèrent ceux de Jun, l'esprit de Léo fut envahie d'une vague brusque d'images d'objets de couleurs différentes, de taches jaunes, rouges, bleues, vertes et d'un caméléon. Elle reprit contrôle de ce flux d'images qui apparemment n'avait absolument aucun sens ou lien quelconque et les chassa de son cerveau. Ne pouvant pas supporter d'essayer d'analyser les images pendant des heures, Léo s'apprêta à poser une seconde question gênante en quelques minutes:

- Tu... tu as... tu as un pouvoir?

Contrairement à beaucoup d'autres, Léo ne pensait pas que tout les élèves de cet établissement possédaient un pouvoir. Certains semblaient ne rien pouvoir faire de particulier, d'autres encore se comporter totalement normalement et rien ne laissait voir qu'ils étaient différents. Pour elle, poser la question était stupide. Mais quand elle avait touchée Jun, son pouvoir s'était mis en action. Il devait donc être différent. Elle attendit la réponse aves impatiente.

Malgré toute son attention, Léo n'arrivait pas à détachait son regard du bas de pyjama criard de Jun. La chose - faute de mieux, elle ne pouvait l'appeler autrement- l'observait mais ne répondit pas à la question sur son sexe. Voilà qui mettait Léo dans l'embarras. A l'expression de son visage, Léo comprit que le garçon ignorait où était l’Écosse. Elle soupira un peu.

Jun sourit à sa question. Elle l'observait avec attention, n'osant pratiquement pas respirer. La chose posa sa main sur son bas de pantalon et un instant plus tard, il était gris. Gosh! Le cerveau de Léo bugua un instant, avant d'assimiler vitesse grand V se qu'elle avait vu. Oh! La chose changeait les objets de couleurs! La chose lui annonça qu'elle avait sa réponse et lui posa la question à son tour. Léo déglutit un peu avant de répondre:

- Et bien, pour ne pas te mentir Jun, j'ai utilisé mon propre pouvoir sur toi il y a une seconde.

Elle laissa à la chose un instant pour digérait se qu'elle avait dit avant de poursuivre:

- Je... je peux "voir" les pouvoirs. D'une manière chaotique et délicieusement aléatoire, mais je peux voir les pouvoirs. J'appelle ça la vision des âmes. Apparemment, je peux aussi percevoir les gens qui on étaient "altérés" par d'autres pouvoirs que le mien et également sentir les émotions très fortes. Mais j'ai encore du mal à maîtriser tout ça pour le moment.

Elle omit volontairement de parler de son hypothétique détection des mensonges. La vision était assez tordue comme ça, pas besoin d'en rajouter.
Léo détailla un peu mieux la chose des yeux. It avait les cheveux blonds décolorés. Léo avait déjà vue des filles au Japon le faire. It portait un pull gris, sûrement acheté au rayon homme au vue de la coupe. Léo manqua de s'arrachait les cheveux. Qui était ce truc? It mit fin à son abominable délire mental en lui annonçant, tout heureux, qu'il était du sexe opposé. La jeune fille soupira une nouvelle fois.

- Ah bon? Ça ne se voit pas du tout. Et sinon, tu viens d'où? Jun, c'est chinois non?

Si le garçon; parce que oui, apparemment, c'était un mâle; hocha la tête avec vigueur, Léo se doutait bien que comme la plupart des gens du pensionnat, il n'avait pas plus compris que les autres. Elle n'essaya pas de ré expliquer son pouvoir qu'elle avait parfois du mal à comprendre elle même.

Jun sembla s'amuser du fait que son sexe soit si dur à identifier. Il lui adressa un clin d’œil tout en colorant une de ses mèches platine en un bleu turquoise électrique. Elle en déduisit donc qu'il aimait jouer avec ça, passant tantôt pour un garçon, tantôt pour une fille. Elle s'amusa quelques instants à essayait de l'imaginer coiffer, maquiller et vêtue comme une demoiselle et du contenir un éclat de rire qui risquait de s'échapper du sourire niais qui se dessinait sur ses lèvres.

Finalement, Jun était japonnais. Elle écouta avec plaisir l'explication du jeune homme sur la signification de son prénom mais elle ne put s'empêcher de soulever un sourcil étonné en entendant qu'il voulait dire sagesse. Du peu qu'elle avait vue, le garçon était tout sauf empli de sagesse. Mais elle savait très bien qu'on ne jugeait personne sur son prénom ou sur la signification de celui ci.

Léo observa un instant le garçon. Son côté excentrique, son rire aigu, ses cheveux platines et le fait que ses pieds ne touchent pas le sol quand il était assis sur le fond du banc, tout ces petits détails mettaient plus ou moins le "petit" Jun dans la case des gens qui l'intéressaient un tant soi peu.

- Quel âge t'a? Tu es jeune non? Pourquoi tes parents t'ont envoyé ici?

Elle n'osait pas demandé explicitement: * Ils ne t'aiment pas? Ou plus?*. Parce que malheureusement, elle s'était rendue compte que c'était une des raisons les plus fréquentes pour laquelle les pensionnaires étaient arrivés à Rédemption. Tirant une nouvelle fois la jeune fille de ses pensées, Jun demanda en désignant le livre qui reposait à côté d'elle:

« La nuit du renard...? Le petit animal roux ? »

Cette fois, Léo n'arriva pas à réprimer un rire cristallin. Le garçon avait les sourcils froncés et peinait à déchiffrer le résumé au dos du bouquin. Elle reprit contenance avant d'expliquer avec des mots simples l'histoire du roman:

- C'est un polar. Le Renard, c'est un tueur qui tue des belles femmes. Et il prend en otage la famille d'un homme dont il a tué la femme dans le passé pour de l'argent. C'est mon livre préféré!

Elle espérait que cette fois, Jun comprendrait ce qu'elle voulait dire...

[ C'est pas génial non plus :)]

Oh! La chose semblait troublée! Hmm... Léo checka mentalement la case " Cesser d'appeler Jun "chose"". Pour le bien de sa vie sociale. Mais revenons à nos moutons.
La cho... Jun semblait troublé par la question à propos de sa présence ici. Mais bien vite, il se reprit, laissa un petit rire éclatait et choisit de répondre à la question de son âge en premier. En demandant à Léo de l'évaluer:

Je dirais... 11? Peut-être 12...

Jun lui tira la langue avant d'avouer qu'il avait... 14 ans! Soit un an de moins qu'elle . Mais au lieu de laisser son cerveau buguer une fois encore, elle préféra rester toute ouïe au reste de la réponse. Triste suite d'ailleurs. Jun avait un petit air de... et bien il avait un air de petit lapin triste. De petit lapin coloré. Elle s'arracha à la contemplation de la transformation animal de Jun quand il lui demanda pourquoi, elle, elle était là.

Léo réfléchit un moment. Pourquoi était elle là? Elle ne savait pas vraiment. Non, en fait, elle l'ignorait complètement. C'était à cause de sa mère, indéniablement.


Et puis, retour à son livre. Apparament, l'histoire n'était pas vraiment aux goûts du petit Jun puisqu'il lui annonça qu'il préférait le petit animal roux. Léo sourit et résista une minute à l'envie d'ébouriffer la crinière décoloré de Jun. Ce qu'elle fit une demi-seconde plus tard. La chos... était si mignonne!

Jun lui tira la langue une fois encore. D'accord elle n'avait pas était très sympa de dire qu'il avait 11 ans. Mais après tout, il était si petit! Assis au fond du banc, ses pieds ne touchait même pas le sol! Petit, petit, petit Jun. Pendant qu'il méditait sur sa réponse, elle effleura la couverture de son livre, le regard dans le vide, regardant tour à tout les arbres nus et les expressions tristes ou blasés des pensionnaires du centre qui s'éveillaient enfin. Léo aurait voulue savoir quel heure il était car son estomac commençait à réclamer sa pitance quotidienne. Elle n'avait pas de montre sur elle. Elle allait demander à Jun si il avait l'heure quand il parla. La jeune fille l'écouta. Les pouvoirs n'est ce pas...

-Alors toi, tu pense que tout les gens du pensionnat ont des pouvoirs? Peut-être pas... Mais c'est étrange que les gens te le demandent, au même titre que ton âge ou de ta ville d'origine. Trop bizarre. Ça me donne l'impression d'être... d'être...

...d'être un monstre. Les larmes embuaient ses yeux. Elle savait que beaucoup ici trouvait génial d'avoir des pouvoirs. Elle détestait. Elle ne supportait pas! Elle aurait tout donné pour être normal. Pour redevenir une simple fille. Une simple Léo. Sans pouvoir. Être une fille seule et tranquille dans les rues de Cardiff. Elle se reprit en entendant Jun dire que ce n'était pas plus mal. Elle se tut. Elle pensait l'exact opposé de ça. Alors un silence s'installa entre eux. Oh, pas un silence gêné. Juste un silence. Et après quelques minutes de silence, Léo dit, calmement, simplement, d'une voix égale:

- Je hais cette endroit.

C'était étrange de s'entendre dire ça au milieu du silence. De s'entendre l'avouer. Mais après avoir dit ça, bizarrement, elle se sentait mieux. Beaucoup, beaucoup, beaucoup mieux. Plus libre. Puis elle se souvint de la présence du garçon blond platine. Léo s'empourpra et tourna lentement la tête. De peur de voir la réaction du garçon. Cette fois, les larmes coulèrent vraiment...

Le silence s'installa entre les deux collégiens. Les larmes coulant sur ses joues, Léo guettait la réaction de Jun. Des petits coups d'œil lui apprirent que le petit blond ne comprenait pas ses larmes. Il l'observait, perdu.

Et pendant ce temps, Léo s'évadait. Léo s'envolait vers son Écosse, vers les rues de Cardiff. Sa mère lui souriait. Sa meilleure amie levait le pouce pendant l'interro de maths. La neige qui tombe sur son nez. Son ex petit copain, avec ses grands yeux bleus. Son collège public pourri, avec des graffitis sur les murs extérieurs. Des petits riens qui revenaient par vagues successives et qui la rendait encore plus nostalgique et triste à chaque fois. Si triste que quand Jun lui parla, elle ne l'entendit pas. Et quand la première planche du banc se colora en violet, elle se leva d'un bond en laissant échapper un petit cri de surprise. Et voilà que le petit japonnais transformait le banc en arc-en-ciel. Il retourna se postait devant elle en lui demandant si ça lui plaisait.

- Jun... C'est magnifique!

C'était vrai, c'était magnifique. Une vrai explosion de couleur. Et si le petit homme était une sorte d'ange gardien ,qui redonnait espoir aux gens grâce à ses couleurs vives? Elle s'amusa un instant à imaginer Jun vêtu dune robe rose bonbon, accompagné d'une baguette pailletée. Elle laissa échapper un petit rire. Qui s'arrêta quand la fée lui demanda qu'elle était sa couleur préféré. Elle redescendit sur Terre et commença à tergiverser. Quelle est sa couleur préféré?

- Vert pomme! Non! euh.... Rose? Non. Bleu! Non. Non. Orange! Oui voilà. Orange

Oui parce que Léo a du mal à faire des choix. Comme vous pouvez le faire. Elle le regarda. Tout naif, tout mignon. Il était sur d'être en quatrième?

*Sourire, ça forme une boule de chaleur au creux de l’estomac. C’est plutôt agréable…* . Voilà ce que Léo constata à cet instant. Sourire est agréable. Depuis combien de temps avait-elle oublié de sourire. Depuis le début de son séjour à Rédemption sans doute.

Voyant le sourire du… de… du gosse, faute d’autres termes corrects pour désigner le petit Jun, s’étirait encore et encore quand elle égrenait, perdue, le nom des couleurs qui lui passaient par la tête fit grandir encore un peu la boule de chaleur. Ca existait ça, un gosse qui ne cesse de sourire ? Ca n’a pas des courbatures aux joues ? C’est beau un sourire non ?

Le petit japonais s’accroupit, faisant danser ses doigts dans l’herbe pour y dessiner des grandes arabesques abstraites et oranges dans l’herbe. Léo laissa échapper un petit cri de surprise, regardant frénétiquement autour d’elle si personne ne les voyaient. Les environs étaient vides. Elle se sentit soulagée, plus pour le gosse que pour elle. Si on apprenait que s’était lui qui avait dessiné dans l’herbe, il serai sans aucun doute puni. Mais ces préoccupations furent chassées de l’esprit de Léo quand elle admira le résultat. C’était absolument merveilleux !
Fier de lui, Jun commença à courir dans l’herbe, laissant ses doigts virevoltaient au dessus d’elle, la colorant incessamment de rose, de bleu, de vert, de blanc, de rouge, de violet… Un instant paralysé par l’arc-en-ciel qui explosait devant ses yeux, Léo finit rapidement par éclater de rire. Elle regarda pendant tout le temps de sa cabriole le gosse. Qui finit sa course quelques mètres plus long, où il s’écroula pour admirer son œuvre. Léo le rejoint en courant, hurlant par la même occasion :

C’est magnifique ! C’est magnifique ! Merci ! Merci !

Arrivée à la hauteur du petit japonais, tout essoufflée d’avoir couru et crier en même temps,, elle s’assit à son tour en laissant échapper un dernier "Merci". Il regardait à présent le pensionnat, déclarant qu’un jour, il rendrait ses couleurs à tout le monde. Léo l’observa un moment avant de rire un peu en ajoutant :
Eh bien pour ça, il faudra que tu es un peu plus d’énergie !
Accompagnant ça d’un magnifique tirage de langue.

Léo soupira avant de s’allonger sur l’herbe pour regarder les nuages. Elle adorait faire ça. Un nuage, c’est blanc, c’est pur, c’est paisible. Ca trace sa route sans jamais en dévier. Ca attend le vent qui glisse. Elle ne s’amuser jamais à donner des formes aux nuages. Elle n’était pas assez imaginative pour cela. Reprenant son souffle, la main posée sur son ventre, le vent fouettant encore un peu son visage. Paisible à son tour. Et puis une nouvelle fois l’esprit de Léo lui joue des tours. Elle pense à quelques choses. De quelque chose de terrible.

Jun, tu crois qu’on va disparaître ? Comme les autres ?

Elle leva vers lui un visage intrigué, comme s’il possédait toutes les réponses du monde, comme s’il était plus âgé qu’elle, qu’il comprenait le monde plus facilement. * Dans un sens , pensa t-elle, Jun est plus mature que moi… *

Léo regardait les nuages avançaient lentement, comme des moutons, lent et patient. Ils avançaient vers un but indéfini et inconnu. Léo regardait les nuages en attendant la réponse de Jun. Il était tombé dans l’herbe, juste à côté d’elle. Assez près pour qu’elle sente sa présence réconfortante et enfantine. Après quelques instants de réflexions, Jun annonça qu’il ne le savait pas. Elle hocha la tête. Personne ne savait vraiment. On espérait, en un sens, qu’ils ne disparaissaient pas mais… mais qu’ils s’enfuyaient. On s’accrochait à cette pensée irréaliste pour essayer de combler la peur de disparaître à son tour, de mourir à quinze ans à Rédemption. Léo, elle, patientait. Elle attendait de voir ce qu’il lui arriverait. Apparemment, il pensait à la même chose qu’elle. Il lui posa à son tour une question. Est-ce qu’on pouvait partir de Rédemption ? Elle aimerait bien dire que oui.


Elle laissa le reste de sa phrase en suspens, ne sachant de toute façon pas quoi dire de plus. Il la regarda avant d’ajouter que ce serait bien de rentrer à la maison. Elle hocha la tête. Rentrer chez elle serait tellement génial. Elle n’avait jamais voulu venir à Rédemption. Sans doute qu’elle ne serait jamais vraiment à l’aise dans l’enceinte de ce pensionnat glauque et sinistre. Rentrer…Chez…Elle.

De gros nuages gris commencèrent à s’accumuler au dessus des têtes des deux adolescents, chassant les tranquilles nuages blancs et masquant du même coup le ciel qui n’était déjà pas très bleu. Venant d’un pays pluvieux, Léo s’avait par expérience qu’ils ne tarderaient pas à exploser et à déverser sur leurs têtes un crachin froid. Jun l’a tira de ses pensées en parlant du soleil. Elle l’écouta en souriant. Jun transformait tout en conte, en poème ou en sourire. Avec lui tout semblait dix fois plus facile. Il avait une manière naïve mais étrangement réconfortante de voir les choses. C’était le genre de personne qui irradiaient de gentillesse et de bons sentiments, qui en éclaboussaient les autres et qui leur rendaient leur sourire. Après lui avoir assuré qu’il serait le vent qui chasserait les nuages, Jun –qui était déjà debout – tendit une main amicale à Léo. La jeune fille s’amusa de la métaphore en acceptant la petite main du petit Jun. Debout à côté de lui, elle faisait au moins une tête de plus que lui. Elle le regarda dans les yeux :


Léo finit sa phrase en se penchant déposer un léger baiser sur la joue du petit japonais. Elle serra un peu plus dans la sienne la main du garçon. La pluie menaçant de plus en plus de venir s’abattre sur leurs têtes, ils se dirigèrent main dans la main vers le pensionnat, laissant les arabesques de Jun derrière eux, espérant que quelqu’un pourrait retrouver le sourire en les voyants ….

[ Je pense qu'effectivement, on peut cloturer!]