Music of the sun [PV ESTHER]

I

l faisait beau, aujourd'hui. C'était assez surprenant, mais le soleil avait réussi a percer les nuages et maintenant, il faisait même presque chaud. Je décidai donc d'aller faire un petit tour, les cours étant finis et le repas ne commençant que dans quelques heures. Je pris mon manteau dans ma chambre et décidai d'emporter mon violon, après tout, la carrière devait être tout aussi ensoleillée et j'aimais bien jouer en nature. Et tiens, j'emportais aussi mon carnet de dessin et mon crayon. Là au moins, je ne risquais pas de me faire remarquer ! Je sortais donc du bâtiment et me mis a marcher en direction de la clairière, un petit havre de paix, littéralement. J'aimais bien la tranquillité du coin et m'y rendais assez souvent, même si j'évitais d'y aller après le repas, la nuit tombant, j'avoue que ça devenait très vite un endroit assez ... inquiétant.

En marchant sur le petit chemin, je fredonnais un air qui me venait comme ça, j'étais assez content de ma journée, le temps était bon, la vie était belle en somme. Je ne sais pas si c'était le pensionnat qui me donnait cette impression, mais j'étais chez moi et c'est tout ce qui comptait. J'avais envie de danser tellement j'étais serein, ce qui ne m'arrivait pas souvent, il faut bien l'avouer. C'est un des désavantages lorsque vous êtes la foudre, c'est que l'on ne peut plus tenir en place ! Mais la, c'était le calme absolu, la tranquillité qu'apportent les espace verts. Ah, voila enfin la carrière !

Toujours aussi ... Majestueuse. C'est vrai, au milieu de tous ces arbres se trouvait un cercle presque parfait, illuminé complètement par le soleil. Je posais mon étui a violon et sortit mon instrument avec délicatesse. Une musique allait et venait dans ma tête et j'avais une bonne envie de la jouer. Je me mis alors au centre de la clairière et imaginait lune scène, une scène avec un public, puis je me mis a jouer.

Doucement, je commençais les premières notes en calant mon violon contre mon menton. Les notes petit a petit me submergeaient, et je devins alors la musique. Enfin, métaphoriquement. Il n'y'avait plus rien d'autre pour moi que le son de mon instrument, et je me mis a danser tout en jouant, au milieu de tout cette lumière. J'allais de plus en plus vite, dansant partout dans cette arène de lumière que le soleil m'offrait puis alors que je terminais les dernières notes, je poussais un long soupir en rouvrant les yeux. Et la, je me rendis compte que j'avais un spectateur. Une spectatrice, plutôt.

Et ça n'a pas loupé, je me suis mis a rougir, a regarder partout, a baisser les yeux, mais je pris le courage tout de même de regarder la jeune fille qui était devant moi. Elle était ... belle . Je m'approchais d'elle, rouge comme une pivoine et lui tendit la main avec un sourire crispé.

"-Salut, moi c'est Andrew ..."

Et bien, j'étais encore plus gêné. Autant, me faire surprendre en pleine expérience, où bien être regardé pendant que je me mouchais, je m'en fichais, mais le violon... C'était ma barrière, mon petit secret a moi. Je jouais seul la plupart du temps pour ne risquer aucun jugement extérieur, et la ... Peut être allait elle se moquer de moi ? Je bafouillais de nouveau, en me frottant l'arrière de la tête.

"-Tu ... Tu es la depuis longtemps ? Si c'est le cas, je m'excuse vraiment de t'avoir importuné avec ma musique... "

Je pris alors une cigarette en m'éloignant légèrement d'elle et l'allumai machinalement. Voila, sous tension, il fallait que je fume. C'était triste, mais c'est comme ça, et maintenant, je me sentais tellement gêné que j'aurais pu m'envoyer le paquet !

Comme tous les jours, je m'éveillais tranquillement dans ce havre de paix qu'était ma chambre. Encore à moitié endormie, je sentais quelques chose de troublant... Le soleil filtrait à travers les volets. Le soleil ? Je devais rêver. Nous étions dans le Yorkshire, au fin fond de l'Angleterre, presque en Écosse, et il y avait du soleil ? Impossible ! Et pourtant, l'astre de jour éclairait ma chambre comme si, grâce à mon pouvoir, j'avais augmenté la lumière à la puissance maximale. Cette dernière considération acheva de me réveiller, et je sortis de ma torpeur. Nous étions mardi, et je n'avais pas cours ce matin. Il était déjà dix heures. J'enfilai une robe légère de couleur rouge foncée, des ballerines assorties et je pris une veste noire, que je décidai d'assortir avec un sac de même coloris. La robe me descendait jusqu'aux chevilles.

Je descendis jusqu'au rez-de-chaussée et choisis d'aller faire un tour à l'extérieur. La clairière me semblait être toute appropriée pour profiter d'un rare moment de soleil. Je me dirigeai donc vers celle-ci. Le chemin étroit qui y menait semblait m’appeler. Je m'y engageai, mais avant d'arriver à la clairière, j'entendis une musique douce. Avançant un peu plus vite par peur de ne pas savoir qui se cachait derrière ce morceau de musique, je finis par déboucher sur le parfait cercle sans arbres, que je n'avais jamais vu ensoleillé. C'était... Beau, magnifique, féerique... Oui, voilà, c'était le bon mot. Féerique. Et le jeune homme qui jouait du violon à l'intérieur ne cassait pas le charme, bien au contraire. Il était charmant, d'ailleurs. Il termina son morceau et se rendit compte de ma présence. Il devint rouge comme une pivoine et se mit à bafouiller. Il m'informa de son prénom. Andrew. Joli prénom. Il reprit la parole, cette fois il s'excusa de m'avoir importunée avec sa musique. Toujours aussi rouge, il sortit une cigarette et se mit à fumer. Le pauvre. Sa gêne faisait presque pitié. Avec un sourire encourageant, je décidai de lui répondre.

- Andrew... C'est joli, comme prénom. Moi, c'est Esther. Tu ne m'a pas du tout importunée avec ton violon. D'ailleurs, tu joues très bien. Moi, je joues du piano. On pourrait peut-être jouer ensemble, un de ces jours, qu'est-ce que tu en dis ?

Il avait l'air atrocement gêné. Son air de petit garçon qu'on venait de prendre en train de faire une bêtise me fit rire. Je lui adressai un nouveau sourire, et je jetai un regard désapprobateur à la cigarette.

- Fumer tue, tu dois le savoir, non ?

Je l'avais dis avec humour, en faisant allusion au message noté en gros sur le paquet, mais le fond de ma pensée était sérieux. Mon oncle fumait deux paquets de cigarettes par jour, cela l'avait tué. Ça faisait tout juste un an qu'il était mort, et cela ne m'attristait absolument pas. De toute façon, je ne l'avais jamais rencontré, ou une fois. J'avais l'intention de m'en servir d'exemple pour prouver que la cigarette pouvait tuer.

L

a musique était magique, définitivement magique. Elle avait un pouvoir sur les espirts bien supérieur a tous ceux qui possédaient des dons psychiques ici, a cet institut. Et en jouer me faisait presque perdre le contrôle de moi même. J'avais eu la chance de tomber sur une famille d'accueil qui pouvait se permettre de m'offrir des leçons et j'en avais beaucoup profité. Ce n'était pas a l'orphelinat qu'on nous payerait des leçons de violon et surtout pas un violon. Je jouais aussi de la guitare, mais je restais attaché a mon vieux violon. Le son était beaucoup plus expressif que la guitare, je trouve et il m'arrivait parfois de composer moi même des mélodies, comme maintenant, en improvisation. J'ai malgré mes capacité en sciences et en cours plus généraux une véritable âme d'artiste. Un jour, je rêve de jouer dans des salles de concerts remplies ou bien d'exposer mes photos ou mes dessins dans une gallerie reconnue ... J'adorerais devenir célèbre pour ce que j'aime.

Mais la, j'étais horrifié a l'idée que l'on m'ait entendu, surtout que ce soit une jolie fille comme ça. Mais apparemment, ça lui avait plu de m'entendre jouer. Elle était assez aimable, peut être parce que ma gêne se voyait beaucoup, je ne sais pas. J'essayais de reprendre contenance en fumant, tirant de longues bouffées sur ma cigarette et les recrachant dans un soupir. Je commençais déjà a me calmer.

"- Enchanté Esther. "

Enchanté c'était le mot. Elle était si belle que oui, j'étais même presque ensorcelé. Je n'arrivais plus a détacher mon regard de son visage. Elle était ... magnifique. J'aurais adoré la dessiner, elle serait un modèle de choix! Enfin, elle complimenta mon prénom et je ris doucement en répondant.

"- Je ne trouve pas mon prénom très beau ... Il est plutôt banal non ? Alors que Esther, c'est plus original et ça sonne comme un personnage principal d'opéra... J'envierais presque ton prénom. "

Je réussis a sourire gentiment, et tirais une nouvelle bouffée de fumée. Le tabac semblait détendre chacun de mes muscles, c'était toujours ça de pris : mon sourire était beaucoup moins crispé et je me sentais plus ... calme.

"- Je serais ravi de jouer un duo avec toi ! Tu composes un petit peu de ton côté ou alors tu préfère une reprise ? Excuse moi, je m'emballe mais je ne connais pas beaucoup de musiciens ici. "

Puis la jeune fille me fit remarquer que fumer tuait. Je ris légèrement, étant donné qu'elle n'était pas la première a me le faire remarquer. Je savais bien que fumer tuait, mais c'était ... apaisant. Et puis, avec mon pouvoir, je devrais bien trouver un moyen de décrasser mes poumons ! Mais ça, je me retins bien de lui dire.

"- C'est vrai, fumer tue. Mais ne pas fumer ne rends pas immortel pour autant ... D'après moi, la vie est si imprévisible qu'il faut en apprécier tous les aspects, même les plus dangereux et explorer tous ses bienfaits et ses vices. La cigarette en fait partie, malheureusement. "

Je lui fis un sourire d'excuse tout en écrasant tout de même ma cigarette.

"- Cependant, je n'imposerais pas le tabagisme a une jolie fille comme toi. Tes poumons sont propres, je ne voudrais pas les salir, je m'en voudrais terriblement ! "

Andrew affirma que son prénom était banal. A vrai dire, j'étais née en Australie, j'avais passé la moitié de ma vie en Inde et l'autre moitié en Afrique du Sud. Je ne vivais en Angleterre que depuis que mes parents m'avaient inscrits à Rédemption. Alors, non, pour moi, Andrew n'était pas banal. Bien entendu, je ne lui expliquai pas tout cela, et je me contentais de sourire tandis que mon interlocuteur déclarait qu'il serait ravi de jouer en duo avec moi. Il me demanda si je composais.

- Non, je ne fais pas de compositions. Ou très peu. Je reprends surtout du classique comme Chopin, Beethoven... Et du moins classique, comme Einaudi. Tu connais ?

Bon, c'est vrai que je jouais du piano depuis que je savais lire. Mes parents m'avaient délaissée pendant mon enfance, et la seule gouvernante que j'avais eu n'avait rien trouvé de mieux que de me coller au piano pendant qu'elle profitait de la richesse et de la modernité du mobilier de mes parents. Alors, j'avais commencé à jouer du piano. Mes parents, ravis de se débarrasser de moi deux heures par semaines, m'avaient inscrite à des cours particuliers ou j'avais appris à jouer avec une partition. Cela me faisait plaisir de rencontrer un musicien. Andrew répondit à ma remarque sur la cigarette. Ce garçon parlait fort, savait s'exprimer, tourner les phrases... J'avais vu suffisamment d'hommes politiques dans ma vie, grâce à l'influence de mon père, pour savoir que ce garçon était doué. Il me fit une réflexion et éteignit sa cigarette. Je décidai de lui faire part de mon idée.

- Andrew, tu sais que tu es doué pour parler ? Tu parles fort, tu n'es pas timide... Tu pourrais faire un bon comédien.

J'espérais qu'il ne prendrait pas mal ma remarque. Après tout, peut-être que sa vie avait été détruite par un comédien, je n'en savais rien... Et je ne pouvais rien en savoir. Ce qui était sûr, c'est qu'Andrew avait du talent... pour parler, en tous cas. Car pour être bon comédien, il fallait aussi avoir de la mémoire. Inconsciemment, je tentais de me rapprocher de lui par une autre de mes passions : le théâtre. Rédemption disposait d'une salle de théâtre, et personne ne s'en servait, c'était bien triste !

M

algré la gène premièrement occasionnée par ma rencontre avec Esther, elle savait me mettre a l'aise. M'entraîner sur le terrain de la musique c'était l'un des meilleurs moyens pour que je me mette a parler. Je n'avais pas eu de leçons de musique a proprement parler, je n'avais qu'appris a jouer l'instrument, mais je m'étais instruit personnellement, je voulais m'inspirer des meilleurs. Je ne connaissais Einaudi que de nom, cependant. A New York, il était plus courant que des pianistes de Jazz soient connus plutôt que des minimalistes européens.

"- Einaudi n'est pas très connu a New York, les pianistes sont souvent des jazzman comme Eubie Black, Cecil Taylor ou encore Bobbie Timmons. Mais je serais ravi que tu m'apprennes un petit peu la musique européenne, après tout, ce continent est le berceau du piano, du violon , de la musique en somme.

J'esquissais un nouveau sourire en disant cela. J'avais souvent eu l'occasion de voir des jazzmen jouer, dans les bars ou dans les salles de concerts, j'adorais ce genre de musique. Mais l'Europe était clairement un berceau culturel incroyable, on lui devait l'invention de beaucoup d'instruments de musique et les plus grands artistes classiques étaient européens.

Lorsque je lui avais expliqué mon raisonnement pour la cigarette, je m'attendais a une réaction virulente, peut être même a ce qu'elle me traite d'imbécile... Mais il n'en fut rien, elle me dit qu'elle me verrait bien comédien. Je ris doucement a cette suggestion : moi comédien ? Moi celui qui ne peut pas s'empêcher de bafouiller lorsqu'il parle a une jolie fille, moi qui doit me cacher pour jouer du violon ?

"- Je ne sais pas si je suis vraiment fait pour être sur scène ... Tu vois, rien que pour faire du violon je vais me cacher dans une clairière alors si je devais en plus parler... Je ne me vois pas vraiment jouer un rôle... Enfin, il faut dire que c'est quelque chose qui s'apprends évidemment, mais je ne sais pas ... Après tout, c'est vrai qu'il y'a une salle de théâtre ici, peut être que si j'avais un bon professeur...

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