Ah je m’égare jeunes gens. A chaque rayon de soleil que j’essaye d’attraper, je replonge dans les ténèbres.

Tout est néant. Depuis bien longtemps. Que des souvenirs vagues et pesants. Toujours la même chose, les mêmes notes de musiques qui s’effilent peu à peu comme une chanson qui t’hypnotise. Les gens partent et toi tu restes. Tu restes seul et tu resteras seul. Un sentiment de solitude emplie ton cœur depuis très longtemps, aussi longtemps que tu te souviennes. Car au fond de toi, ta mémoire te joue des tours ? Elle joue avec toi ? Elle te fait perdre tes moyens, tout tes désirs, tout tes espoirs. Tu dois supporter le poids de tout ce que tu éprouves pour ces vieilles choses. Ces choses qui disparaissent. Et depuis très longtemps, tu regardes le même spectacle s’accomplir. Tu as été seul spectateur de cette pièce de théâtre qui n’a l’air de jamais se terminer.

1886. Londres.

Il existe depuis maintenant quelques années. Un petit enfant lunatique mais tellement attachant. Qui passe son temps a faire rigoler et a sourire. Une famille aisée comme on dit, a décidé de son avenir. Il va grandir et faire de longues études pour vivre le plus décemment possible.

1896. Londres.

L’adolescence. Il a augmenté en taille, en poids. Il a grandiet maintenant, tout est différent. Ses parents ne le comprennent pas, il ne rêve que d’étoiles et d’évasion. De planète, de l’espace infini. Pourtant, on révèle chez lui un potentiel très intéressant qui pourrait bien être exploité. Alors on le force a étudier, a travailler, à s’ennuyer. Alors, il étudie, il travaille, il s’ennuie. A chaque fois qu’il ferme les yeux, il s’envole a travers les comètes.

1906. Londres.

Un jeune adulte. Un nouveau siècle. Ses parents sont fiers de lui. Il a fait des études de médecine. Il gagne bien sa vie. Mais … il s’ennuie. La maladie, les épidémies, la mort. Trop … glauque. Il avait besoin d’énergie, de rire ! De vivre … pour de vrai. La nuit, il s’éclipse au sous-sol vers la grosse machine. Celle qui lui permet de voir les étoiles. Celle qui lui permet de s’éclipser vers un autre monde.


1908. Londres.

Un matin, une chaleur dans sa poitrine, une pulsion, une nausée, une migraine, un étrange sentiment. Un jour … comme les autres.
Un jour qui allait marquer le commencement. Le commencement sans fin. Le cycle infernal. Mais a ce jour, il ne savait rien. Rien de cette malédiction.

1909. Londres.

Il a quelqu’un dans sa vie. Holly. La belle et magnifique Holly. L’unique … L’irremplaçable … Il s’installe avec elle. Ses parents le surveillent d’un œil mauvais, elle n’est pas noble. Il est heureux. Il lui montre les étoiles. Elle les aime, comme lui. Elle n’est pas comme les autres. Elle l’aime.

1914. Londres.

La guerre. Il se cache avec Holly. Il ne veut pas y participer. Il préfère les étoiles. La violence, ce n’est pas pour lui. Oh non. Holly est d’accord. Ils s’aiment. Le sang des soldats colorent le ciel. Il est aveugle, meurtri. Tristesse et désespoir règnent en maitre. Ou est passé la beauté d’un sourire ?

1920. Liverpool.

Il s’évade, avec Holly. Très loin de Londres et de ses parents. Au fil des années, un doute persiste, dans le cœur de tout ceux qui l’entourent. Il n’a pas pris une ride depuis les années 1910. étrange … étrange … Mais. Mais tout s’arrête au Mais.

1930. Paris.

Il faut beau. Il faut chaud. Il fait lourd même. Holly s’éloigne … de plus en plus. Elle est parti a Paris. David a suivi. Que se passe t-il ? La cinquantaine et la même tête que durant ses vingt ans. Holly a peur. David aussi. Alors qu’on remarque chez elle des traits de vieille femme … Il essaye de la convaincre. C’est difficile. Elle le traite de monstre. Elle est surement lassée. Elle l’aimait. Elle l’aime. Elle a peur. Elle se convint qu’elle ne l’aime plus. Il reste seul.

1931. Londres.

Il revient a la maison, comme un pauvre petit agneau abandonné. Il est troublé. On l’appelle chez lui, c’est le médecin de son père. Celui-ci est en train de mourir. Il court. Il court. Le dernier regard de son paternel fut une once de dégout en voyant le visage de son fils, le même que ce matin là. Le même depuis toujours. Il a peur. Il en meurt sur le coup. La mère, troublée du cœur, suit son mari vers les étoiles et l’infini. Seul. Tout seul.

1950. Cardiff.

Les moutons. Le vert. Les moutons.

1951. Cardiff.

Il est policier aux pays de Galles. C’est l’après guerre, la reconstruction. Il s’en fiche. C’est juste qu’on dit que les étoiles se joignent dans le ciel au d’ssus de Cardiff et des ses montagnes. Il en rêve. Après son service, il a le droit d’aller dans la tour d’astronomie.

1955. Cardiff.

Il est maitre de la tour d’Astronomie. L’ancien est mort.

1970. Cardiff.

Il ne sort plus de la tour. Prisonnier de son apparence. Il ne veut pas se montrer, il ne veut pas qu’on regarde ses traits, ses traits si jeunes et si beaux. Il ne veut pas être un monstre. Enfin … il en est un mais personne ne doit savoir.

1986. Inverness.

Le Loch Ness. David a fui avec Gwen, il en est tombé amoureux a Cardiff. Son cœur a mal, il sait qu’il va le regretter. Elle est jeune et belle, comme lui. Elle aime prier quand elle voit une étoile filante, elle aime observer Mars. Elle croit aux aliens.

1990. Londres.

De retour aux pays. Gwen … Gwen est enceinte … C’est le bonheur. Ou plutôt l’inverse. David ne dort plus. Il ne sait plus quoi faire. Et si son enfant mourrait avant lui ? Le bébé né dans l’année. C’est un garçon. David est tellement heureux. Il renferme ses frayeurs a l’intérieur de son cœur et se force a vivre comme les autres.

1995. Londres.

Cela fait cinq ans qu’il est père… a son tour. Un soir, il prends son enfant dans ses bras. Il se sentit bizarre. Étrange comme ce fameux matin ou il sut. A cet instant, il sait également. Que plus rien ne sera comme avant. Le bébé est au sol. Ce n’est plus rien. Plus rien qu’un embryon. Il ne comprends pas. Il crie désespérément. Gwen arrive, le regarde, se regarde dans un miroir. Elle avait fait des recherches. Elle cri. David tente de la calmer. Elle le gifle, l’insulte, le traite de menteur, d’assassin, puis encore de menteur, puis de … monstre. Elle part en pleurant. On apprends deux jours plus tard qu’elle s’est jeté dans la tamise.

2000. New York.

Un nouveau siècle. Youhou. Le nouveau millénaire. 5 ans pour s’en remettre. Lunatique. David est malheureux mais il parait en pleine forme ! Il accepte son triste destin. Il ne fait que sourire. Il étudie a l’observatoire lunaire. Il essaye de faire croire l’existence des aliens. Personne le croit. Il s’ennuie. On dit qu'avec l'âge, la mémoire se trouble. Il ne se rends pas compte.

2009. Sur la route du paradis.

Rédemption … ce mot sonne comme une roue de secours. Comme si on répondait a son cri de SOS depuis des années. Des gens … comme lui ? Il va pouvoir s’amuser sans se cacher, rire sans qu’on le regarde, croire a ce qu’il veut, rester autant qu’il veut. Le paradis sur terre.